03/04/2007
Itchkéri Kenti
Lorsque l'Union soviétique s'effondre en 1991, la petite République de Tchétchénie (15.500 km², capitale : Grozny) profite du chaos et proclame son indépendance. Entre 1991 et 1994, ce petit pays montagneux bénéficie d'une indépendance de facto, durant laquelle illégalité et banditisme sont de mise. Moscou intervient finalement en décembre 1994, officiellement pour "restaurer l'ordre". S'ensuit une guerre violente entre indépendantistes tchétchènes et troupes russes. Moscou est incapable de remporter cette guerre d'usure (les montagnes tchétchènes sont imprenables) et se voit contrainte de négocier un accord (à Khassaviourt, au Daghestan) en août 1996, arrangé par le général Alexandre Lebed. Les clauses de l'accord sont floues mais une élection a quand même lieu en Tchétchénie en 1997 (supervisiée par l'OSCE). Aslan Maskhadov est élu président. La période 1997-1999 est marquée par le chaos politique, les dissenssions, et les kidnappings d'étrangers. En 1999, sous prétexte que la Tchétchénie est responsable d'attentats survenus dans plusieurs villes de Russie, Moscou intervient une seconde fois, sous la férule de Vladimir Poutine. En 2002, la situation est officiellement normalisée. Un gouvernement tchétchène pro-russe est mis en place. La guerilla continue depuis, contre les troupes russes mais elle est beaucoup moins organisée et coordonnée, en raison notamment du décès des leaders Aslan Maskhdov (mars 2005) et Chamil Bassaïev (juillet 2006).
Un petit résumé rapide pour re-situer cet excellent documentaire filmé durant le premier conflit (1994-1996). L'auteur a monté son documentaire dix ans après l'avoir filmé dans des conditions difficiles. Difficiles car il l'a vécu aux cotés de civils tchétchènes, partageant leur quotidien, leurs douleurs et leurs angoisses. C'est ce qu'il faut retenir. L'auteur a risqué sa vie en réalisant un documentaire essentiel. Pas de discours anti-russe. Juste témoigner du quotidien misérable de gens qui n'ont rien à voir avec la politique. Essentiel mais aussi précieux car c'est le seul jusqu'ici qui a décrit la situation de la population locale, dans une région très fermée au monde extérieur, et surtout aux journalistes. D'autres ont payé un prix très élevé pour avoir mis les pieds en Tchétchénie... Itchkérie signifie en tchétchène "Tchétchénie". C'était son appelation avant la conquête tsariste au 18ème siècle. Aujourd'hui, les indépendantistes continuent de l'appeler ainsi. "Kent" signifie jeune homme valeureux. "Les fils de l'Itchkérie". J N
Itchkéri Kenti (Florent Marcie, France, 2006, 145 min)
21:00 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : itchkéri kenti, guerre de tchétchénie, florent marcie
Les commentaires sont fermés.