25/12/2017
The Armstrong Lie
Difficile de ne pas connaître ce sportif considéré comme le plus grand tricheur de tous les temps... Septuple champion cycliste du Tour de France entre 1999 et 2005 (un record), Lance Armstrong, déjà soupçonné de dopage, décide de raccrocher en 2005 avant de faire un come-back quatre ans plus tard. L'erreur fatale puisque ce retour "raté" (1) le remettra dans le collimateur de la justice sportive...
Mai 2010 constitue le prélude à la descente aux enfers du Texan. Un de ses anciens coéquipiers, Floyd Landis (maillot jaune en 2006 mais convaincu de dopage...) accuse Armstrong de dopage. La puissante agence américaine Food and Drug Administration (FDA) ouvre une enquête. Celle-ci est abandonnée en février 2012 mais l'Agence américaine antidopage (USADA, United States Anti-Doping Agency) mène alors sa propre investigation. Le 13 juin 2012, elle ouvre une procédure contre Armstrong et annonce disposer de témoignages d'anciens coéquipiers d'Armstrong attestant qu'il "avait eu recours au dopage à l'EPO, aux transfusions sanguines, à la testostérone, et à la cortisone d'une période allant d'avant 1998 jusqu'à 2005, et qu'il avait auparavant utilisé de l'EPO, de la testostérone et de l'hormone de croissance en 1996".
N'ayant pas de pouvoirs exécutifs, l'USADA transmet le 10 octobre 2012 (avec plusieurs mois de retard) le dossier à l'Union cycliste internationale (UCI). Le dossier de plus de 1000 pages contient des témoignages de 26 personnes dont 15 cyclistes (parmi lesquels 11 anciens coéquipiers d'Armstrong). La sanction tombe le 22 octobre 2012. L'UCI retire à Armstrong ses 7 titres (2) et le radie à vie.
Dans ce documentaire instructif (3), le réalisateur Alex Gibney filme les coulisses du retour d'Armstrong en 2009 jusqu'à sa chute finale. Au travers d'interviews exclusives d'Armstrong, d'autres cyclistes et du sulfureux docteur Michelle Ferrari (maillon important du "système Armstrong") ainsi que d'images d'archives, Gibney dresse un portrait inquiétant et fascinant à la fois d'un homme qui a combattu avec succès un cancer des testicules mais qui fut également le plus grand mafieux du cyclisme moderne. "Expansion et déclin de Lance Armstrong" pourrions-nous dire. Comme Icare, pour avoir volé trop haut, Lance Armstrong s'est brûlé les ailes. Pourquoi être revenu en 2009 ? On ne le saura jamais vraiment. Ce qui est sûr est que l'essence du personnage (texan, fan de George W. Bush, arrogant, colérique, anti-français) a fait qu'il n'allait pas cette fois-ci passer entre les mailles du filet...
Sans vraiment convaincre et sans montrer de remords, Lance Armstrong reconnaîtra le 17 janvier 2013 lors d'une interview télévisée avec Oprah Winfrey s'être dopé durant les 7 tours qu'il a remportés. Des extraits de cette interview figurent également dans ce documentaire dont le grand mérite est de dévoiler les arcanes du système Armstrong.
Le dopage - véritable plaie du cyclisme - a-t-il baissé depuis le coup de tonnerre qu'a constité l'affaire Armstrong ? Loin s'en faut. Il existait bien avant et continue de polluer ce sport, comme vient de l'attester tout récemment l'annonce d'un contrôle anti-dopage "anormal" pour Christopher Froome qui a remporté en 2017 son 4ème Tour de France mais également le Tour d'Espagne. Si la nouvelle ne choque pas vraiment, il est certain que Froome deviendra également un paria. Reste une question posée par certains : pourquoi Armstrong a-t-il été sanctionné alors que d'autres vainqueurs du Tour de France ne l'ont pas été ? (4) La réponse classique est qu'ils ne furent pas contrôlés positifs lors de leur victoire en question. Pour autant, cet état de fait stipule qu'il y a une flagrante et malheureuse banalisation du dopage dans le cyclisme mais également un deux poids deux mesures car les cyclistes en question ont avoué s'être dopé lors de leur victoire (ou ont été convaincus de dopage à d'autres moments) et la liste n'est pas courte :
1991-1995 : Miguel Indurain : soupçonné de dopage, le seul coureur à avoir remporté 5 Tours de France à la suite n'aurait pas pu d'après des études affiché de telles performances en montagne pour un coureur mesurant 1,88 mètre et pesant 80 kg.
1996 : Bjarne Riis (a reconnu s'être dopé a posteriori).
1997 : Jan Ulrich (convaincu de dopage mais pas lors du Tour qu'il remporta).
1998 : Marco Pantani (convaincu de dopage mais pas lors du Tour qu'il remporta).
2007 et 2009 : Alberto Contador (déchu de son titre de 2010 pour dopage...).
J.N, M.K
The Armstrong Lie (Alex Gibney, USA, 2013, 122 min)
- 3 nominations (meilleur documentaire) - Festival international de Moscou (2013), BAFTA Awards (2014), Chicago Film Critics Association Awards (2013), San Francisco Film Critics Circle (2013).
- 1 nomination (meilleur réalisateur) - London Film Festival (2013).
(1) Il termine 3ème en 2009 et 23ème en 2010.
(2) Tous ses résultats sportifs à partir d'août 1998 (Tour de France et autres) sont retirés. Par conséquent, ses victoires d'étape sur le Tour de France (8ème étape en 1993 et 18ème en 1995) demeurent comptabilisées.
(3) D'autres documentaires (que nous n'avons pas vu) traitent également de ce thème : Stop at Nothing: The Lance Armstrong Story (Alex Holmes, 2014) et Cycling's Greatest Fraud: Lance Armstrong (2013). A signaler de même la fiction The Program (2015).
(4) De même, les 7 titres retirés à Armstrong n'ont pas été réattribués tandis que ceux retirés à Floyd Landis en 2006 et à Alberto Contador en 2010 l'ont été...
13:16 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lance armstrong, cyclisme, dopage, tour de france, christopher froome, alex gibney
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