09/11/2006
La mémoire dans la peau
Comment traquez-vous un homme lorsque lui-même vous traque ?
C'est ce que vous découvrirez en lisant ce roman d'espionnage haletant et génial. Près de Marseille, un homme grièvement blessé et inconscient est repêché. Sur l'île de Port-Noir, un médecin anglais, alcoolo à ses heures, le sauve. L'homme survit mais a perdu la mémoire, il ne se souvient de rien, même pas de son identité. Un seul indice : un microfilm implanté dans sa hanche et contenant un numéro de compte bancaire à Zurich. Départ donc pour la Suisse où il apprend qu'il se nomme Jason Bourne (le titre original du livre, en anglais, est The Bourne Identity), et où il découvre très vite qu'il est traqué par nombreux tueurs. Mais qui donc peut-il bien être ? et que signifie ce leitmotiv lancinant qui lui revient sans cesse : "Delta est pour Charlie et Charlie est pour Caïn" ? Il mène l'enquête, au péril de sa vie, passant par Paris et New York, pour décourvir qui il est.
Ecrit en 1980 par Robert Ludlum (1927-2001), le maître de l'espionnage, ce roman a obtenu le prix Mystère du meilleur roman étranger 1982. Le premier roman de l'auteur, L'héritage Scarlatti (The Scarlatti Inheritance, 1971) fut imédiatement un succès. R. Ludlum a écrit 26 romans d'espionnage et vendu 210 millions de livres. Son oeuvre est traduite dans 32 langues.
Le roman a inspiré la bande dessinée XIII, dessinée par William Vance, sur un scénario de Jean Van Hamme (scénariste également de Thorgal et Largo Winch).
La trilogie comporte 2 autres volets : La mort dans la peau (1987, The Bourne supremacy) et La vengeance dans la peau (1990, The Bourne ultimatum).
A l'écran, le livre est d'abord adapté par Roger Young en feuilleton télévisé (durée 3 heures), Richard Chamberlain incarnant Jason Bourne, puis en long-métrage, en 2002, par Doug Liman (Go). Jason Bourne est cette fois-ci incarné par l'excellent Matt Damon (Good will hunting, The talented Mr. Ripley, Ocean's 12, Syriana...). On retrouve dans le rôle de Marie, la compagne de Jason, Franka Potente (Run Lola run), et Chris Cooper dans le rôle d'Alexander Conklin.
Même si le feuilleton est beaucoup plus proche de l'histoire du roman, il demeure assez moyen, il faut dire qu'il est réalisé en 1988 et les moyens n'étaient pas encore au point (effets spéciaux). L'image n'est pas très bien évidemment, une scène d'amour très kitch, musique qui ne fait pas penser à un film d'espionnage... Et puis ça reste un produit prévu initialement pour la télévision. Le "Bourne identity" de 2002 chamboule complètement le livre. Normal, un polar de 600 pages ne peut être que difficilement transposable en film d'espionnage moderne. D'abord l'histoire se passe au XXIème siècle et non en 1980, ce qui veut dire déja que les téléphones portables existent. Le film de Doug Liman est très efficace, avec un suspense mené à un train d'enfer, pas le temps de refléchir, ni de respirer. Un peu linéaire mais cela permet de ne pas tomber dans une certaine complaisance avec le spectateur et d'éviter toute refléxion morale. Car dans le monde des espions, il n'y a pas de place pour l'ethique et les moindres hésitations d'ordre émotionnel.
Le 2ème volet, La mort dans la peau, est sorti en 2004, réalisé par Paul Greengrass (Bloody sunday, 2002). Moins bon que le précédent car cette fois-ci le suspense est bien moins maîtrisé et les coups de théâtre sont prévisibles. Bourne est toujours en quête de retrouver son identité. Pour cela il doit passer par Goa, Berlin et Moscou. Le 3ème volet, La vengeance dans la peau, toujours avec Matt Damon alias Bourne, est prévu pour 2007. La réalisation devrait être confiée à Paul Greengrass.
Robert Ludlum, La mémoire dans la peau, Lgf, 1983, 667 p.
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