30/06/2016
Qu'est-ce qu'un footix ?
Au vu du nombre élevé d'amis qui ne connaissent pas le nom "Footix", nous avons eu à coeur (ou plutôt un intérêt amusé) de faire une mise au point concernant cette expression faisant partie depuis quelques temps déjà de la culture populaire footballistique made in France.
A la base, Footix est le nom de la mascote de la Coupe du monde 1998 (voir photo) remportée par la France. Par la suite, le terme prend un autre sens. L'encyclopédie en ligne Wikipédia nous affirme qu'"il désigne péjorativement une personne auto-proclamée fan de football du jour au lendemain après un grand événement sportif (comme la coupe du monde), et qui ignore tout ou presque de ce sport. Généralement, les footix supportent plusieurs équipes qui ont les meilleures performances, et changent d'équipe soutenue en fonction des résultats sportifs" (1).
Dans un article intéressant, Jérôme Platta explique que "cette marque déposée allait désormais servir à désigner, sans beaucoup de respect, ces fans convertis à la cause du football en général et de l'équipe de France en particulier, reconnaissables à leurs panoplies complètes de produits dérivés et à leurs maquillages tricolores" (2).
Pour notre part, nous avons noté - sans condescendance - à quel point certains se disent spécialistes es football mais sans y comprendre grand chose (moins en tout cas qu'ils ne le laissent croire), et proposons notre propre réflexion autour du footix, nourrie par 25 ans de suivi, lecture d'articles, écoute de nombreux fans de football.
Contrairement à ce que dit Wikipédia, le footix ne change pas nécessairement d'équipe (qu'il supporte). Par contre, une de ses marques de fabrique est le fait de supporter plusieurs équipes d'envergure. Un ancien ami supportait à la fois le PSG, le Real Madrid et Chesea, sans oublier le Brésil et la France. Rien que ça... Le Footix adore les records battus (de buts en général), les joueurs qui réalisent des triplés, ceux qui font des come-backs (Zidane en 2006), des dribblomanes hors-pairs mais nullissimes tactiquement ou hyper-individualistes : aujourd'hui Ben Arfa, il y a 15 ans le Brésilien Denilson...
Le Footix, au stade, ne peut s'empêcher de siffler l'équipe adverse lors de la présentation des équipes, sa propre équipe à la mi-temps (s'il elle n'a pas encore marqué), de faire une ola, de bouder lorsque les résultats ne sont pas là puis de crier corps et âme qu'il supporte son équipe à la vie à la mort lorsque les résultats reviennet. Devant la télé, il hurlera à chaque fois que son équipe aura une demi-occasion et traitera l'arbitre de fils de pute s'il siffle un penalty à l'équipe adverse.
Côté français, il déteste systématiquement les Italiens et les Allemands et trente ans plus tard parle encore de l'Allemagne de l'Ouest - France de 1982 (certains parlent encore des poteaux carrés de 1976...). Le complexe vis-à-vis des Allemands est endémique en France. Même un journal respecté comme L'Equipe s'y est mis en 2014 avant le quart de finale France - Allemagne, affirmant que "Ces gars-là, on ne les aime pas", citant cinq joueurs allemands qui firent la misère aux Français, en 1982, 1986, 1992, et 1996... Quand même...
Toujours concernant le quart de finale de 2014, ceux qui supportaient la France rappellent encore que l'Allemagne n'était pas impressionnante. C'est là rappeler la pauvreté de leur analyse tactique, l'Allemagne n'ayant jamais laissé son adversaire développer son jeu. Bien entendu, ces mêmes n'ont rien capté au brio du schéma tactique mis en place par Antonio Conte pour contrecarrer les vélléités offensives d'une Belgique stérile (Italie - Belgique 2-0, premier tour de l'Euro 2016). Ces mêmes, dès qu'une équipe a du mal à développer son jeu, vous sortent des expressions bateau du style "c'est poussif", oubliant qu'il y a deux équipes sur le terrain. Lorsque la Suisse a une grosse possession de balle contre la France, ils disent qu'elle est forte, oubliant qu'elle n'a cadré aucun tir. Bref, les uns et les autres oublient que dominer n'est pas gagner et qu'il n'est point besoin de développer un football chatoyant pour l'emporter...
Dans la même logique, dès qu'une équipe se montre prometteuse, le Footix pense qu'elle gagnera la Coupe du monde ou l'Euro. Soit la Colombie en 1994, le Portugal en 2004, l'Espagne en 2006, les Pays-Bas en 2008, l'Argentine en 2010...etc. Quid de la Belgique cette année ?
Enfin, le footix adore les grandes gueules comme Ibrahimovic (et dit désormais "zlataner") et Mourinho, nonobstant l'état d'esprit médiocre de ces deux-là. Comme il adore de même les scores fleuves et vous rappelle inlassablement que Chelsea - Liverpool (4-4) en 2009 et Juventus - Ajax Amsterdam (4-1) en 1997 sont les plus beaux matchs de l'histoire de la Champions League.
Côté joueurs controversés, il déteste Maradona pour son but de la main, Schumacher pour sa charge sur Battiston, Cantona pour son agression d'un supporter, Di Canio pour son salut romain, Joey Barton pour son jeu limite...etc. Au niveau commentateurs, il appréciait un beauf comme Thierry Rolland (6) et trouve les analyses de Pierre Ménès très solides (bien qu'elles ne le soient pas).
Notre définition est évidemment très personnelle et subjective. Les Cahiers du football rappellent justement que ce terme "connaît désormais tellement d'acceptions différentes qu'on peut aisément l'opposer à n'importe qui pour n'importe quoi" (3). Rien de bien identifiable selon le magazine au second degré, qui définiit tout de même un "supporter à distance, amateur d'équipes à la mode ou de plusieurs équipes à la fois, ignorant des règles du jeu"(...) (4). Définition opératoire à notre sens. Quant à dresser une typologie du Footix, tentons une liste qui n'a rien d'exhaustif ou de scientifique :
- Etre mauvais (sans le savoir) en analyse tactique et
- N'avoir aucune objectivité et crier au scandale lorsque son équipe perd.
- Dans la même logique, ruminer pendant un siècle des "injustices" subites par son équipe fétiche.
- Supporter plusieurs équipes d'envergure à la fois.
- Adorer les joueurs techniques et ne jamais prêter attention au jeu défensif.
- S'extasier des statistiques affolantes des grands buteurs et aimer les scores fleuves.
- Aimer les come-backs.
- Supporter toutes les équipes françaises en Coupe d'Europe (5).
- Détester les italiens car ce sont des comédiens.
- Rappeler systématiquement que si les clubs français ne sont pas performants c'est parce qu'ils ne peuvent avoir les mêmes effectifs que les grosses cylindrées d'Europe.
- Détester les joueurs controversés.
...etc.
Finalement, le Footix, "c'est en quelque sorte le beauf du football, mais généralement innofensif, sympathique et assez candide pour ignorer l'étiquette qu'on lui coll. Une étiquette assez avantagueuse pour ceux qui l'utilisent à ses dépens (...). Alors qu'au fond, il y a du Footix en chacun de nous" (7). En gros, nous sommes tous le Footix de quelqu'un... J. N et M. K.
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Footix
(2) http://latta.blog.lemonde.fr/2012/04/16/linvention-du-footix/
(3) http://www.cahiersdufootball.net/article-en-finir-avec-les-footix-5230
(4) Ibid.
(5) http://www.topito.com/top-signes-tu-es-un-footix-allez-les-bleus
(6) http://www.sofoot.com/tu-sais-que-tu-es-un-footix-quand-128381.html
(7) Jérôme Latta, op. cit.
http://latta.blog.lemonde.fr/2012/04/16/linvention-du-footix/
18:45 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0)
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