08/11/2020
Ghost in the Shell SAC 2045
Il fallait s'attendre à ce que Netlix, spécialiste de la récup' (entre autres) adapte la série animée japonaise culte Ghost in the Shell - Stand Alone Complex, adaptation elle-même du manga éponyme de Mamoru Oshii.
La première saison de Ghost in the Shell - SAC (2002-2003) se déroulait en 2030 dans la ville de Niihama-shi, nouvelle capitale d'un Japon post-Quatrième Guerre mondiale. Dans ce monde post-futuriste où quasiment toute personne porte des implants électro-mécaniques, la Section 9 - unité spéciale de la sécurité publique -, dirigée par l'éternelle Motoko Kusanagi, enquête sur toutes sortes de cybercrimes et traque Le Rieur (The Laughing Man), le maître du hacking.
Tandis que la structure de la saison 1 est constituée d'une intrigue générale tournant autour du Rieur (les épisodes appelés Complex) et de nombreux épisodes indépendants (appelés Stand Alone), la saison 2 ("2nd GIG", 2004-2005), plus sombre, traite d'un Etat japonais policier et plus précisément du problème de l'intrégation des réfugiés à Dejima (et de leur confrontation avec les autochtones) et de la récupération politique de cette question sociale.
Entre ces deux saisons, sortira en 2004 le long-métrage Ghost in the shell 2:Innocence, suite du premier opus adaptant le manga (Ghost in the Shell, 1995). Les deux films furent réalisés par Mamoru Oshii. En 2006, un film animé d'environ 2 heures (Ghost in the Shell: SAC Solid State Society) faisait suite à la série, en 2030. Tandis que Motoko avait quitté la Section 9 depuis deux ans, cette dernière - dirigée désormais par Togusa - enquête sur un étrange suicide collectif d'une secte (une scène marquante du début, qui devient culte) et découvre l'implication d'un autre maître du hacking, le Marionnetiste (The Puppet Master). Puis suivra en 2013-2014, Ghost in the Shell: Arise, une série de 5 OAV, reprenant l'histoire en 2027.
En 2017, le manga est adapté pour la première fois par les Américains, en l'occurence Dreamworks, avec Scarlett Johansson interprétant Motoko. Comme cela était prévisible, la forme l'a largement emporté sur la forme.
Ca faisait déjà beaucoup mais comme déjà dit, le site de streaming le plus célèbre s'est emparé du projet en 2017 et a diffusé au printemps dernier la première saison de la série commentée ici. Nous sommes donc en 2045 dans un monde où, à la suite d'une catastrophe économique, toute forme de monnaie papier ou électronique a été détruite. Le "Big 4" (les 4 principales puissances) est engagé dans une guerre durable afin de préserver une certaine stabilité économique. Les membres de la section 9 travaillent désormais comme mercenaires sous le Groupe "GHOST", chargés d'éliminer des menaces terroristes. Mais la découverte par leur ancien chef, Aramaki, d'un complot politique et l'émergence de ce qu'on appelle les "Post-humains" entraîne la Section 9 à se reformer.
Premier constat désolant : le graphisme, différent et en 3D, est d'une laideur visuelle aberrante et on se croirait dans un jeu vidéo. On ne comprend pas d'ailleurs pourquoi Motoko ressemble à une sexdole. Mais le plus grave est la simplication du scénario (faut attirer un public large et américain...) : moins de réflexion et beaucoup d'action spectaculaire (scènes de combat réussies par ailleurs), des personnages peu travaillés et sans profondeur aucune, et des dialogues franchement pauvres. Etonnant, vu que Kenji Kamiyama, scénariste de la saison 2 de Ghost in the Shell - SAC, était également aux commandes ici. Mais la pression des producteurs US a du jouer... Le dernier tiers de cette première saison prend un peu d'épaisseur et pose quelques questionnements sociopolitiques. Mais cela ne change pas grand chose au constat général. Après avoir détruit le manga (et série animée) culte qu'est Death Note, Netflix a dénaturé une oeuvre cyberpunk majeure. Et dire qu'une saison 2 va suivre...
J. N
GHOST IN THE SHELL - SAC 2045
(12 épisodes diffusés le 23 avril 2020)
Production : Netflix
Scénario : Kenji Kamiyama
Réalisation : Shinji Aramaki, Kenji Kamiyama
00:29 Publié dans Anime, Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : motoko kusanagi, ghost in the shell, ghost in the shel sac 2045, mamoru oshii, section 9, ghost in the shell stand alone complex, le rieur, the laughing man, post-humains, cyberpunk
06/01/2018
Dans la dèche au Royaume enchanté
Dans un monde futuriste, la société Bitchum a créé une technique rendant les humains virutellement immortels grâce à un système de sauvegarde régulière du cerveau (comme pour un disque dur) greffé ensuite sur la personne défunte. Alors que tout le monde est connecté par son esprit à un réseau central (sorte de matrice), le système monétaire n'existe plus, remplacé par un système de réputation et de popularité... L'histoire débute avec Julius qui travaille à Disney World et qui se fait assassiner. Ses soupçons se portent immédiatement sur Debra, une concurrente.
Considéré par le magazine Forbes comme une des personnalités les plus influentes du web, le blogueur Cory Doctorow (qui milite également pour des lois moins contraignantes concernant les droits d'auteur sur internet (1)) propose pour son premier roman un croisement entre polar, reflexion sur les réseaux sociaux et leur impact sur la société (2), et cyberpunk, où l'immersion de l'humanité dans un gigantesque système électronique (3) n'est pas sans rappeler des oeuvres comme Le passeur (1993) de Lois Lowry, Neuromancien (1980) de William Gibson, Ubik (1969) de Philip K. Dick ou encore Simulacron 3 (1964) de Daniel F. Galouye. Plus un tour de force qu'un chef-d'oeuvre, ce roman croise donc et subtilement plusieurs tendances de la science-fiction moderne couplées au roman noir, et a valu à son auteur le prix Locus du meilleur premier roman. Stimulante, l'oeuvre - assez courte - se lit d'une traite. J. N
Cory Doctorow, Dans la dèche au Royaume Enchanté, Folio SF, 2008, 230 p.
Paru pour la première fois en 2003 sous le titre original Down and Out in the Magic Kingdom.
- Prix Locus du meilleur premier roman - 2003
- Nomination au Prix Nebula - 2004
(1) Son roman est téléchargeable gratuitement.
(2) On peut considérer que le thème est avant-gardiste vu la date de parution du roman (2003).
(3) ou ce qu'un internaute a appelé dans son commentaire sur Amazon "une "pannexion" de l'humanité dans un internet ubiquitaire".
20:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cory doctorow, science-fiction, cyberpunk, dans la dèche au royaume enchanté