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22/01/2022

Le goût de l'immortalité

catherine dufour,le goût de l'immortalité,science-fictionOn a également découvert cette autrice sur le tard, lauréate ici du Grand prix de l'imaginaire (2007), du Prix Bob Morane (2006) et du Prix du lundi de la SF française (2007). La structure du roman est une longue lettre, inspirée des Mémoires d'Hadrien (1951) de Marguerite Yourcenar. Racontée par une adolescente étrange et âgée de plusieurs siècles, l'histoire se situe en Mandchourie, en l'an 2213, plus précisément dans la ville hautement technologique de Ha Rebin. Secondé par cette fille, l'entomologiste Cmatic y mène son enquête tandis qu'une pandémie décime nos sociétés déjà ravagées par une pollution endémique (thématique remise d'ailleurs à l'ordre du jour avec la pandémie de Covic-19). Cette association le ménera vers l'immortalité, ou tout simplement vers un enfer sans nom. Le texte est riche, vertigineux, complexe à souhait, l'histoire est envoutante... Hormis la structure narrative qui participe de ce renouveau de la SF française, nous avons été fascinés par cette inventivité lexicalle et par ce récit sans compromis. Brillant. J. N.

Catherine Dufour, Le goût de l'immortalité, Le Livre de Poche, 2020, 318 p.

(publié pour la première fois en 2005 aux éditions Mnémos)

22/12/2021

La vérité avant-dernière

philip k. dick,la vérité avant-dernière,anticipation,science-fiction,dystopie,contre-utopie,lutte des classes,manipulation des médias,manipulation de l'information,fake news,désinformationDans les tréfonds de la terre, bien à l'étroit dans leurs abris anti-atomiques, hommes, femmes et enfants continuent à fabriquer des soldats-robots à la chaîne, contraints en cela par un quota mensuel et encouragés par la voix du dirigeant "protecteur" Talbot Yancy. Car au-dessus, la guerre fait rage et il en va du futur de l'humanité. Mais est-ce vraiment le cas? Cela fait un moment que les informations récoltées par ci par là, semblent contradictoires. Que se passe-t-il réellement à la surface? Prenant son courage à deux mains, Nicholas Saint-James décide de s'y rendre...

Notre auteur préféré, qu'on ne présente plus et dont on vient d'écouter sur France Culture un excellent podcast qui lui est consacré ("Philip K. Dick, de la mystification à la psychose : des réalités malmenées (1928-1982"), continue de nous exalter avec ses dystopies tranchantes. A ce concept typique de l'anticipation (synonyme de contre-utopie) se conjuguent ici le thème de la manipulation de l'information (propagande et manipulation des masses ne sont pas en reste non plus), 50 ans avant que désinformation et fake news ne fassent des ravages dans nos sociétés débilisées par l'infobésité et le trop-plein de micro-information, et une réflexion futuriste sur la lutte des classes, qui n'est pas sans rappeler Le pianiste déchaîné, première oeuvre du brillant Kurt Vonnegut. Cette ultime vérité qui nous balance à la figure un simulacre (encore et toujours) de manière on ne peut plus cynique et perverse (adjectifs caractérisant, in fine, les mondes hallucinés de Philip K. Dick), fait partie de ces romans dickiens se lisant d'une traite tout en restant incisifs. L'essentiel en ce qui nous concerne. J. N.

 

Philip K. Dick, La vérité avant-dernière, J'ai Lu, 2014 (1974), 283 p.

(publié pour la première fois sous le titre original The Penultimate Truth, 1966)

13/10/2021

La patrouille du temps

51ae-eggz9L._SX307_BO1,204,203,200_.jpgEncore un auteur qu'on lit sur le tard. On a clairement compris, en lisant cette nouvelle d'une centaine de pages (les autres nouvelles qui lui font suite dans cette édition Le Livre de Poche sont des histoires connexes), la raison pour laquelle Poul Anderson (1926-2001), lauréat de 7 prix Hugo et trois prix Nebulla (excusez du peu) était un auteur de science-fiction avec une grande influence, aussi bien sur la littérature du même genre que sur le cinéma (une de ses oeuvres a d'ailleurs inspiré l'ambitieux Avatar de James Cameron).

Poul-Anderson-Guardians-of-Time-Cover-1961.jpgDans les années 1950, Manse Everard, en quête désespérée de travail, est recrutée par la "Patrouille du temps". Lors d'un stage intensif, les recrues apprennent le "temporel", la langue commune des patrouilleurs. Et pour cause, ces derniers sont éparpillés sur d'incalculables temporalités. Le voyage dans le temps? Découvert 100 siècles plus tard par les Danelliens, cette race de surhommes qui n'en peut plus que des hurluberlus sautent dans le temps qui pour se tailler un empire qui pour effacer une civilisation. Car au final, c'est eux l'enjeu... Les patrouilleurs ont pour mission de "restaurer" le temps, ce qui n'est sans rappeler Loki et le Tribunal des variations anchroniques. Everard est balancé d'époque en époque (ça commence en Angleterre, au XIXe) pour résoudre plusieurs énigmes pressantes. Il n'en sortira pas indemne.

Vaste projet débuté avec cette nouvelle dont les suites seront innombrables : place de l'homme dans l'univers, thématique de la renaissance métaphysique, sujet incontournable du libre-arbitre, clash des civilisations, le temps, la mémoire...etc. C'est foisonnant et c'est brillamment distillé dans un récit aussi court. Au final, il s'agit essentiellement d'un traitement intelligent via le space opera du thème du paradoxe du temps, qu'on retrouvera également chez de nombreux auteurs de SF de la même génération (Robert Silverberg, Richard Matheson) ou qui les précéda (Clifford Simak, Robert Heinlein). Avec un peu plus de temps, on arrivera bien à "choper" et lire deux autres romans majeurs de celui qui a reçu également le prix de Grand maître de la science-fiction (1997), Barrière mentale (1954) et Tau Zero (1970). J. N.

Poul Anderson, La patrouille du temps (et autres nouvelles), Le Livre de Poche, 2020 (2014), 286 p.

(publié pour la première fois en 1960 sous le titre original Guardians of Time)

06/10/2021

Mondocane

jacques barbéri,mondocane,science-fictionEncore et toujours ces hasards que nous aimons bien. Encore un auteur de SF confirmé depuis un moment déjà et que nous avons découvert il y a quelques temps seulement, dans une librairie d'un pays certes francophone (au Moyen-Orient) mais où il n'y a quasiment pas de public pour la Science-Fiction, catégorie littéraire au "style très codifié" disait N. En termes de hasard, on découvrait également que l'auteur - publié chez La Volte depuis la fin des années 2000 - était né à Nice, la ville où on se rendait pour la première fois. On s'est étonné d'avoir pu abattre la moitié de ce roman de SF décousue durant ce vol de nuit de 04h30.

Il faut dire que l'univers de l'auteur était présenté comme proche de celui de Philip K. Dick (1), notre auteur préféré, et que ses thématiques le rapprochaient de même de notre cinéaste préféré, David Cronenberg. La messe était dite. Plus aucune hésitation possible. Un monde aseptisé mais distordu à souhait et géré par les intelligences artificielles Petit Poucet et Guerre et Paix. Préserver la race humaine. Mais peut-on encore parler de "race" ou d'"espèce" à l'heure de la recomposition permanente? Dans ce spectacle fantasmagorique où parler de désespoir humain dans un monde post-apocalyptique serait un euphémisme, Jack Ebner se réveille après 7 ans ce cryogénisation. Un monde qui lui est inconnu mais qui ne l'empêche pas de s'enfoncer dans sa quête désespérée. Il faut avoir beaucoup de talent et une imagination puissante pour concocter du post-cyberpunk retourné dans tous les sens. De la grande SF sombre et surréaliste que nous aurions sans doute gagné à lire dans un contexte plus tranquille. Un récit inoubliable. J. N.

Jacques Barbéri, Mondocane, Folio SF, 2018, 277 p. 

(Publié pour la première fois aux éditions La Volte en 2016)

 

(1) Le dieu venu du centaure (1965), un des romans phares de Philip K. Dick aurait définitivement fait pencher Barbéri vers l'écriture de la SF durant les années 1970. Il rédigera en 2010 Le tueur venu du Centaure...

30/09/2021

L'étoile et le fouet

L-etoile-et-le-fouet.jpgEn attendant d'aller regarder Dune (pass sanitaire oblige...), nouvelle adaptation du chef-d'oeuvre incontournable de Frank Herbert, nous avions décidé de lire une saga moins connue, notre première de l'auteur. L'étoile et le fouet - traduction imparfaite mais obligée de Whipping Star... - est le premier volet du Cycle des Saboteurs (titre original : ConSentiency), écrit en 1973 et 1979 (The Dosadi Experiment constitue le volet 2) mais fréfigurée par deux nouvelles, écrites en 1958 (Tracer son sillon) et 1964 (Délicatesse de terroristes).

Au menu : univers de la CoSentience, Bureau du Sabotage, couloirs S'oeils... Les autorités n'ont d'autre choix que d'envoyer en mission Jorj X. McKie, saboteur Extraordinaire, auprès d'une Calibane, pour un résoudre un problème urgent : l'augmentation vertigineuse de suicides de Calibans un peu partout dans l'univers. Le problème est d'autant plus grave que ces derniers sont les seuls qui maîtrisent les couloirs S'oeils permettant de se déplacer instantanément à travers la galaxie. On retrouve à travers ce récit d'êtres omnipotents bien malgré eux un  thème central (et jamais épuisé) chez Frank Herbert, celui de la divinité. Apparaît également l'autre thème central, problème ô combien fondamental aujourd'hui, la communication, à la fois pierre angulaire et noeud gordien de sociétés qui n'en finissent pas de dépérir. De la SF complexe et intellectualisée. Comme on l'aime.

J. N.

Frank Herbert, L'étoile et le fouet, Le Livre de Poche, 2018, 219 p.

(publié pour la première fois en 1973 sous le titre original Whipping Star)