free website counter html
free website counter html

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/05/2008

L'avocat de la terreur

1070526614.jpgPlus qu'une biographie de Jacques Verges, ce documentaire explosif de Barbet Schroder est une histoire du terrorisme international qui épouse une période (années 50-80) particulièrement marquée par les bouillonements idéologiques. Fils d'un père réunionnais et d'une mère vietnamiène, Jacques Vergès est né "colonisé" comme le dira un journaliste dans ce documentaire. Le très controversé avocat français (et fort détesté par certains) est connu pour avoir "défendu des causes indéfendables". Son premier procès médiatisé débute en Algérie, encore colonisée par la France, lorsqu'il prend la défense de Djamilah Bouhired, condamnée à mort mais finalement graciée. Il défendra ensuite le FLN, Carlos, Magdalena Kopp, Anis Naccache... et bien d'autres (pour ne citer que ceux-là : Milosevic, Omar Bongo, Kieu Samphan, Tarek Aziz, Bernard Bonnet...) dont le tortionnaire nazi Klaus Barbie (décédé en prison en 1991).

De 1970 à 1978, Verges disparaît et on ne sait toujours pas où il se trouvait : Cambodge ? (il était proche de Pol Pot), Chine ? Vietnam ? URSS ? Liban ? Difficile de savoir. Vergès entretient toujours le mystère. On sait que durant sa disparition, les mouvements palestiniens de libération (FPLP, FDLP) montent en puissance et Verges avait défendu des membres de ces organisations. L'avocat de la terreur est un documentaire-thriller puissant, riche en instructions et déroutant de par les connexions invraisemblables qu'il met en lumière. Minuscule défaut : le docu diverge par moments du sujet principal pour s'égarer dans des détails secondaires (comme par exemple lorsque le cas Wadi Haddad est abordé pendant 20 minutes). Mais l'essentiel est là. Schroeder distille à la fois une double reflexion sur un personnage énigmatique et complexe, et une époque riche en jalonnements politiques et idéologiques, à laquelle il est intimement lié. Un documentaire précieux, fort justement récompensé à la dernière cérémonie des Césars. J N

L'avocat de la terreur (Barbet Schroeder, France, 2007, 145 min)

- Sélection officielle - Un certain regard - Festival de Cannes 2007.

- Meilleur documentaire - Césars 2008.

- Meilleur documentaire - Etoiles d'or 2008.

- Présenté - Festival de Londres 2007.

- Présenté - Festival de Toronto 2007.

- Présenté - Festival de San Sebastian 2007.

- Présenté - Festival de Vancouver 2007.

- Présenté - Festival de Rotterdam 2008.

15/11/2007

Mon meilleur ennemi

c9a615a5df519faf91baa5b1d5df17a8.jpgAprès la tuerie des Jeux Olympiques de 1972 (One day in september, 99 - Oscar du meilleur documentaire) et Idi Amin Dada (The last king of Scotland, 06), Kevin MacDonald s'attaque au cas Klaus Barbie. Chef de la Gestapo à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale, surnommé "le boucher de Lyon", Barbie fut notamment responsable de la mort de Jean Moulin. Grâce à des connexions, il fuit après la fin des hostilités et part pour l'Amérique du Sud. En 1983, la Bolivie l'expulse en France. Il est jugé en 1987 pour crimes de guerre et est condamné à la prison à perpétuité. Il décède d'un cancer en 1991, à l'âge de 77 ans. Ce documentaire intelligent ne relate pas une chronologie des atrocités effectuées par le tortionnaire nazi mais montre plutôt par quels moyens et pourquoi ce dernier a pu fuir l'Europe et se réfugier en Bolivie. Pour les mêmes personnes qui ont gagné la guerre, Klaus Barbie était précieux. Agent redoutable de repression anti-communiste, il alllait aider la CIA dans la mise en place de régimes politiques dictatoriaux en Amérique du Sud (et notamment l'exécution de Che Guevara). Barbie est finalement capturé dans les années 80 et ramené en France pour être jugé.

La partie du procès est un peu courte dans le documentaire mais l'essentiel est dit, pourquoi le condamner si longtemps après ? pourquoi lui et pas d'autres ? Loin des abrutis fans du Front National que l'on a vu dans le film réclamer la libération de Klaus Barbie (on voit même un interviewé cracher implicitement sur le génocide des Juifs), le message du réalisateur est le suivant : c'est le même "establishment politique" jugeant Barbie en 1987, qui lui avait permis de fuir l'Europe en toute impunité à la fin du Second conflit mondial. C'est l'hypocrisie des hommes politiques qui y est stigmatisée et plus particulièrement les agissements de la CIA, soucieuse d'utiliser les services de Barbie dans sa lutte idéologique contre l'URSS (la Guerre Froide succède à la Seconde Guerre Mondiale). Si le film suscite des polémiques concernant la véracité de certains faits énoncés et la tonalité de son message, cela n'a rien de surprenant. Un documentaire politique ne peut être totalement objectif. J N

Mon meilleur ennemi (Kevin MacDonald, UK/France, 2007, 90 min)

- Présenté - Festival de Toronto 2007.