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07/04/2014

Black Sails

MV5BNTY5NzE1NjQ4M15BMl5BanBnXkFtZTcwODQ5Mzg0OQ@@._V1_SX214_.jpgou la permanence du thème de la piraterie...

La dernière série en date de la chaîne Starz (Spartacus, Magic City, Boss, Da Vinci's Demons) relate les aventures du capitaine Flint et de sa bande de flibustiers vingt ans avant L’Ile au trésor, le roman culte de Robert Louis Stevenson, durant l'âge d'or de la piraterie (grosso modo entre 1650 et 1730). Si Flint est un personnage fictif, il côtoie toutefois des personnages ayant réellement existé comme le ténébreux Charles Vane, Anne Bony, et John Rackham, tous pirates de leur métier. On retrouve également comme protagoniste essentiel le futur John Silver de Stevenson qui n'est encore que moussaillon ici. Il convient de comprendre cette série à travers plusieurs paramètres. Explication.

 

220px-Pirate.jpgUne thématique populaire

Thème populaire, la piraterie est logiquement déclinée en série (les fans de piraterie et de narration longue et lente seront ravis), après qu'elle l'ait été dans un nombre incalculables de longs-métrages, les derniers en date étant la saga Pirates of the Caribbean (1) de Gore Verbinski (3 films réalisés entre 2003 et 2007). L'île au trésor a par ailleurs eu droit à toutes sortes d'adaptations : plus d'une dizaine de longs-métrages, une série animée japonaise au titre éponyme (1978), une vingtaine de bandes dessinées dont l'excellente Long John Silver (2), des jeux vidéos...etc, ce qui en dit long sur l'impact de ce roman qui n'en finit pas d'influencer l'imaginaire collectif. Par ailleurs, la piraterie moderne, très présente du côté de la Corne de l'Afrique, a eu droit en 2013 à deux excellents films (3).

téléchargement.jpgMade in Starz

Principale concurrente des chaînes HBO et Showtime (4), Starz reprend les mêmes structures façonnant ses séries précédentes : ses héros immoraux, le côté démonstratif, sa fine reconstitution historique (ici, l'ambiance régnant dans l'univers de la navigation, dans Spartacus, celle des gladiateurs, dans Da Vinci's Demons, celle de la République florentine), un héros espiègle (John Silver effarant de ressemblance psychologique avec le personnage campant Léonard de Vinci), et surtout cette tonalité à la fois légère et grave, marque de fabrique de Starz (Magic City, Da Vinci's Demons), qui est en fait un croisement entre celles justement de HBO et Showtime. Le mélange entre réalité et fiction est d'ailleurs de mise dans Black Sails et Da Vinci's Demons (5). Comme quoi, les séries d'une même chaîne possèdent les mêmes "patterns". 

images (1).jpgNouvelle vague de séries

Black Sails s'inscrit dans cette nouvelle vague de séries américaines. Celles-ci constituant encore et toujours un business qui fonctionne à plein régime, leur renouvellement s'avère nécessaire, faute de devoir répéter des thématiques éculées qui engendreraient nécessairement une perte d'audience, synonyme de manque à gagner. Cette nouvelle vague se décline en fait en quatre catégories :

- des séries traitant de thèmes précis déjà traités au cinéma : c'est ainsi que Masters of Sex (Showtime) reprend la thématique du film Kinsey (2005), The Following (Fox) (6), celle de Seven (1995), la future Salem (WGN, diffusion à partir du 21 avril prochain) (7), celle de The Crucible (1996). Les exemples sont nombreux et même la britannique BBC s'y met, Peaky Blinders (8) reprenant dans un contexte différent la thématique développée dans Gangs of New York (2002).

- des séries déclinant carrément un film en série, en préservant ou pas le titre original : Mob City (TNT) (9) développe ce qui a été esquissé dans Gangster Squad (2012), alors que FX déclinera à partir du 15 avril prochain Fargo, le film culte des frères Coen, en préservant le même titre (10), que CBS adaptera à partir du 24 avril la comédie Bad Teacher (2011) (11), et que SyFy vient de commander une adaptation de 12 Monkeys (1995) (12). Quant à Stargate, la déclinaison en série a déjà été effectuée il y a bien longtemps (1997-2007).

- des préquels : comme Bates Motel (A & E) (13), autrement dit "aux origines de Psycho", ou Black Sails, qui rentre donc dans cette catégorie.

- des adaptations de séries européennes (signe d'une panne d'idées chez les américains ?) : The Killing (AMC, 2011-2014), adaptation de la série danoise Forbrydelsen (2007-2012), et The Bridge (FX, 2013), adaptation de la série suédo-danoise Bron (2011-2013).

téléchargement (1).jpgBlack Sails en question

Difficile de se faire une opinion tranchée. Première constatation : si la série avait pour ambition de renouveler le genre, c'est chose ratée. Le mélange action/aventure et histoires de personnages à moralité floue n'a rien d'innovant et constitue depuis belle lurette la pierre angulaire de très nombreuses séries (notamment chez HBO et AMC). Pour une série subversive et traitant le thème des écumeurs de mer, se pencher sur la série Vikings (History) sera bien plus instructif. Solide de par ses décors (belle reconstitution de la ville de Nassau, plaque tournante de la piraterie), son casting, et ses dialogues, elle est finalement classique de par sa structure : narration (trop) lente (il ne se passe pas grand chose encore) conjuguée à des scènes de castagne. Dans cette optique, les combats maritimes sont forts réalistes. La dimension la plus intéressante en fait est le traitement des relations entre les très nombreux protagonistes, ou comment coopérer dans un monde où les intérêts sont égoïstes et où chacun veut sa part du gâteau, et d'autre part de la mise en place d'une expédition maritime dont les contours sont bien plus complexes qu'on ne l'aurait cru. Il faudra toutefois attendre la saison 2 pour se faire une opinion plus prononcée car 8 épisodes (mot d'ordre chez Starz), c'est court, et point d'addiction pour le moment.   Jihad Naoufal.

 

Black Sails (Starz / 25 janvier - 15 mars 2014 / 8 épisodes de 60 minutes)

Créateurs : Robert Levine, Jonathan E. Steinberg.

Avec Toby Sephens, Luke Arnold, Hannah New, Zach McGowan, Toby Schmitz, Mark Ryan, Hakeem Kae-Kazim, Tom Hopper, Clara Paget.

 

(1) Qui a elle-même eu droit à deux parodies pornographiques... : Pirates (2005) et sa suite Pirates II: Stagnetti's Revenge (2008), plus gros budget de l'histoire de la pornographie.

(2) http://www.dargaud.com/long-john-silver 

(3) http://eklektik.hautetfort.com/archive/2013/12/04/captain-philips-kapringen-5238026.html

(4) Ce sont d'ailleurs les trois chaînes cablées américaines qui montrent une nudité explicite.

(5) Les bandes sons de ces deux séries sont à créditer au même Bear McReary, compositeur spécialisé es series.

(6) http://eklektik.hautetfort.com/archive/2013/03/29/the-following.html

(7) http://www.imdb.com/title/tt2963254/?ref_=fn_al_tt_1

(8) http://eklektik.hautetfort.com/archive/2013/11/10/peaky-blinders-5217909.html

(9) http://eklektik.hautetfort.com/archive/2014/02/05/mob-city-5290725.html

(10) http://www.imdb.com/title/tt2802850/?ref_=ttep_ep_tt

(11) http://itstvnews.com/2014/02/14/la-comedie-bad-teacher-et-la-suite-de-unforgettable-en-avril-sur-cbs/

(12) http://itstvnews.com/2014/04/05/syfy-commande-ladaptation-de-larmee-des-12-singes/

(13) http://eklektik.hautetfort.com/archive/2014/02/15/bates-motel-5298941.html

04/12/2013

Captain Philips / Kapringen

danemark,captain philips,kapringen,piraterie,somalie,tom hanks,paul greengrassLa piraterie comme expression d'enjeux géopolitiques et de lutte des classes

La multiplication ces dernières années d'actes de piraterie dans la région allant de la corne de l'Afrique à l'Océan indien suscite fort logiquement un intérêt visuel pour ce type particulier d'assaut contre des civils, et a entraîné, à quelques mois d'intervalle, la production de deux longs métrages - danois et américain, qui en parlent.

danemark,captain philips,kapringen,piraterie,somalie,tom hanks,paul greengrassSorti récemment en salles, Captain Philips de Paul Greengrass est l'adaptation du livre "A Captain's Duty: Somali Pirates, Navy Seals, and Dangerous Days at Sea", écrit par le capitaine Richard Philips (campé dans le film par un époustouflant Tom Hanks). Il retrace la prise d'otages du capitaine et de son équipage à bord du porte-conteneur américain Maersk Alabama (du 8 au 12 avril 2009) par quelques pirates somaliens. En virtuose de la caméra épaule (sa marque de fabrique), Paul Greengrass nous conte ce drame, de son commencement à son épilogue. Le réalisateur britannique n'en est d'ailleurs pas à son galop d'essai puisqu'il avait déjà traité d'autres événements tragiques dans Bloody Sunday (2002) (1) et dans United 93 (2006) (2).

Au courage et à l'abnégation d'un homme qui sauvera l'intégralité de son équipage, s'ajoute un deuxième cercle concentrique, celui de la confrontation entre le chef des pirates, et Philips, que tout sépare : le premier symbolisant les laissés pour compte, autrement dit une partie du monde se trouvant à l'écart de la mondialisation, et le second représentant l'économie globalisée. Le troisième cercle se focalise sur les enjeux qui dépassent cette confrontation, les pirates opérant pour des "patrons", qui eux-mêmes appartiennent certainement à un large réseau de piraterie, et la mission de sauvetage du bateau, revenant dans un premier temps à la marine US se trouvant dans les parages puis tombant dans l'escarcelle des Navy Seals, l'élite des Marines, spécialiste entre autres en contre-terrorisme et sabotage. Petit bémol, la deuxième dimension n'a pas bénéficié d'un traitement égal à celui accordé aux deux autres. Finalement, nous nous trouvons face à des protagonistes qui ne souhaitent pas cette situation et veulent en terminer le plus rapidement possible. Le contact entre le leader des somaliens et le capitaine n'est jamais rompu, ce qui a pour conséquence une compréhension mutuelle et la naissance d'un syndrome de Stockholm qui rendra la dernière demie heure du film haletante quant à la résolution de la prise d'otage. Ici, ni l'otage, ni les somaliens ne sont déshumanisés. L’élément humain est au centre du film, sans que l'américain ne prédomine sur le somalien. Des hommes sont simplement aux prises d'une situation qui les dépasse.

danemark,captain philips,kapringen,piraterie,somalie,tom hanks,paul greengrassMoins nerveux mais plus angoissant, Kapringen (deuxième long-métrage de Tobias Lindholm) s'est concentré sur un autre aspect de la prise d'otage en mer : le déroulement de la négociation. Et pour cause, si la première prise d'otage ne dura "que" quelques jours, celle-ci s'étala sur plusieurs mois, les deux parties ne trouvant pas de modus vivendi concernant le montant de la rançon. Et plus le temps passe, plus cette négociation se transforme en véritable guerre psychologique, usant les nerfs de tous les protagonistes, qu'il s'agisse du PDG danois - jouant sa carrière -, du négociateur des pirates - mettant sa vie en péril ? - et surtout d'un équipage usé par la soif et la faim. Au dynamisme de Captain Philips (Hollywood oblige) s'est substitué ici un huis-clos étouffant, tendant à accentuer un suspense haletant et à rapprocher le spectateur de l'événement. Le film a eu également le mérite d'utiliser des acteurs non-professionnels (équipage et pirates), ce qui a accentué un réalisme déroutant. Le tournage du film en mer était d'ailleurs encadré par des forces de sécurité, ce qui tendit davantage l'atmosphère. 

A l'inverse du film de Greengrass, les rapports entre preneurs d'otages et victimes sont froids, déterminés et violents. Le but est le paiement de la rançon et tout est mis en œuvre pour l'obtenir, manipulations, menaces, fausses exécutions... Les rapports sont bien moins cordiaux que dans Capitaine Philips, aucune empathie ne naît entre les deux bords, non pas par manque d'humanité, mais simplement par une différence de vécue bien trop importante. Les pirates d'un pays en guerre civile depuis 20 ans réagissent avec une violence simple et  gratuite envers des hommes qui a leur sens ont une vie meilleure que la leur. La communication est quasi impossible, à part avec le négociateur au jeu trouble. A aucun moment une estime ne naît entre les deux bords, les rapports sont froids, l'argent mène les débats. Les conséquences psychologiques rendent ce long métrage terrifiant, car les dérapages violents ne sont jamais guidés par le besoin, mais par la bêtise, l'absurde ou l'humour macabre. L’affaiblissement physique et moral des otages, l'angoisse des familles, mettent finalement le parti des négociateurs au centre du film. Eux, ont les moyens d'agir, de s'affronter, de s'apprivoiser, de se mentir.

Du côté de Greengrass, la consigne fut qu'il n'y ait aucun contact entre pirates et équipage durant le tournage, ce qui eut pour effet de terrifier le second nommé. Par conséquent, les deux films s'inscrivent dans le registre du thriller psychologique, une étude complémentaire d'une situation trouble où l'homme est tour à tour impuissant et manipulé, jouet d'une situation économique, géopolitique et culturelle qui s'exprime de manière primaire à travers les armes et l'argent. Les preneurs d'otages et les otages eux-mêmes sont dépassés par les enjeux bien qu'ils en soient les victimes. M. S, J. N

 

Captain Philips (Paul Greengrass, USA, 2013, 134 min).   Avec Tom Hanks, Barkhadi Abdi, Barkhad Abdirahman, Michael Chernus, Catherine Keener, Faysal Ahmed.

Kapringen (Tobias Lindholm, Danemark, 2013, 103 min).   Avec Pilou Asbaek, Soren Malling, Dar Salim, Roland Moller, Abdihakin Asgar, Gary Skjoldmose Porter.

(1) Relatant les événements du 30 janvier 1972 lorsqu'en Irlande du Nord, l'armée britannique ouvrit le feu sur une foule d'Irlandais manifestant pacifiquement.

(2) Retraçant le crash de l'un des quatre avions détournés lors du 11 septembre 2001, qui s'écrasa près de la ville de Shanksville, en Pennsylvanie.