25/07/2018
Le bal des schizos
Une fois le roman terminé, la première constatation est que le titre n'a (presque) rien à voir avec le contenu. Ça arrive souvent, surtout chez Philip K. Dick (vu la bizarrerie de certains de ses titres de romans) mais là c'est vraiment trompeur. Là où on s'attendait à un trip de schizophrénie, il s'agissait en fait de quelque chose d'ostensiblement différent. Dans une Amérique dystopique (une fois n'est pas coutume), toute manifestation chez les humains de dépression ou de trouble mental est scrutée par les autorités et vaut à la personne en question d'être internée dans un centre rigoureusement contrôlé par le Bureau Fédéral de Santé Mentale. Le principal protagoniste, Louis Rosen, personnage en rupture de ban (c'est souvent le cas chez Philip K. Dick), voit son monde basculer le jour où il rencontre Pris, schizophrène qui vient d'être libérée par le système. Avec son père, celle-ci fabrique des automates plus vrais que nature. Après Edwin Stanton, héros de la guerre de Sécession, ces derniers s'attaquent ni plus ni moins à Abraham Lincoln. Alors qu'il semble y avoir une absence totale de sentiments chez Pris, les automates en question semblent plus humains que les humains eux-mêmes. C'est là où le titre en anglais prend tout son sens : "We can build you" (difficile en effet d'effectuer ici une traduction littérale - "nous vous façonnons" ?). Étrange monde où d'une part, les humains sont déshumanisés et les robots humanisés... C'est autour de ce thème que s'articule l'histoire (et où le titre en français n'a donc pas de sens). Un thème à deux volets qui prolonge une oeuvre comme Blade Runner (1968) et préfigure une autre, Radio Libre Albemuth (1985). J. N
Philip K. Dick, Le bal des schizos, Paris, J'ai lu, 2014, 283 p.
Paru pour la première fois en 1972 sous le titre original We can build you.
12:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philip k. dick, le bal des schizos, dystopie, we can build you, schizophrénie