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29/11/2006

A propos du Dahlia

860a6eaf9ec783094d1bea9ca959d1f9.jpgEh ben non, nous n'avons pas du tout été convaincus par l'adaptation faite par Brian De Palma. La première raison est bien entendu le bafouement total du roman explosif de James Ellroy. Comme pour Le Parfum (le chef-d'oeuvre de Patrick Süskind), adapté par Tom Tykwer, tout dépend  du fait qu'on ait lu ou pas le livre. "La fidelité au matériau d'origine est ici parfaitement bafouée, et les Ellroyistes intégristes ne manquerons pas de condamner le bon Brian au bûcher (des vanités ?)", déclare l'excellent magazine Mad Movies (n° 191, nov 2006, "Le Dahlia noir de Brian De Palma - Mission impossible ?, de Fausto Fasulo). En dépit du fait d'avoir vu le film juste après avoir finis le livre (le lendemain même), nous ne nous considérons pas comme des fanatiques d'Ellroy et ne considérons pas que le film ne s'analyse qu'à l'aune de la structure et du contenu du roman. Nous n'entrerons pas non plus dans une analyse détaillée, nous ne sommes pas assez "calés" pour cela. D'ailleurs, les critiques en ont beaucoup parlé déja, certains à tort et à travers d'ailleurs. ex : on reproche un scénario trop complexe. Mais l'intrigue du livre est justement complexe et possède des ramifications aussi tentaculaires que confuses.

Un livre n'est jamais parfaitement adapté, cela est impossbile, nous l'avions compris. Seulement, un minimum doit être respecté. Ce minimum chez Ellroy, c'est l'inventivité verbale crue et acide. Elle façonne les dialogues et constitue un élément-clé de la structure littéraire de l'oeuvre. Ces dialogues là stigmatisent l'atmosphère (tout le monde est corrompu et dépravé, flics, monde du cinéma...) régnante dans le L.A des années 40. Dans le film justement, les dialogues sont baclés. Où sont passés tous ces interrogatoires et ces entretiens "destroy" ? Ensuite, l'oeuvre est fondée sur la relation ambigue qui lie Bucky Bleichert et Lee Blanchard, amis, adversaires sur le ring et inspecteurs-partenaires. Ceci n'est pas vraiment exploité dans le film, tout comme la complexité du personnage interprété par Josh Hartett (Bleichert), homme de principes, mais qui en torture plus d'un lors d'interrogatoires bien musclés (curieusement absents du film). Idem pour le triangle amoureux (Hartnett - Johansson - Eckhart aka Bleichert - Lake - Blanchard) dont on entrevoit qu'une simple esquisse. 

Malgré une consistance grandissante acquise de film en film (génial dans Lucky number Slevin), Josh Hartnett était peut-être trop jeune pour interpréter ce personnage très complexe. C'est d'ailleurs Mark Wahlberg qui devait tenir ce rôle mais suite à une embrouille avec la production, il y a renoncé. On explique que Brian De Palma serait le réalisateur idéal, n'est-il pas le maître du film noir ? (Body double, Blow Out, The untouchables). Cette période est certainement révolue et nous pouvons rappeler quelques ratés récents à son actif (Mission to Mars, Femme Fatale). Peut-être que la créativité des scénarios de David Fincher, prévu initialement pour diriger le film, aurait abouti à un résultat plus original et plus solide. Mais ce dernier voulait tourner le film en 3 heures et en noir et blanc, ce qui a fait flipper les producteurs !!

Pourtant, la complexité de l'intrigue du livre, ses inextricables et lointaines ramifications (jusqu'à la frontière du Méxique), le nombre incalculable de personnes qui y sont mêlés de près ou de loin, font que 3 heures n'auraient pas été de trop. Entièrement d'accord avec l'article de Mad Movies, nous nous demandons comment James Ellroy a pu affirmer avec tant d'enthousiasme et de conviction que le film était très réussi (dans la post-face du livre, aux éditions Payot - Rivaves/Noir). Mais après tout, on l'a payé pour ça non ? Sur 20 ans, il a perçu 25.000 dollars/an pour les droits d'adaptation de son roman au cinéma...

The Black Dahlia (Brian De Palma, USA, 2006, 120 mins).   Avec Josh Hartnett, Scarlett Johansson, Aaron Eckhart, Hilary Swank, Mia Kirshner, Mike Starr, Patrick Fischler, John Kavanagh, Fiona Shaw.

- En compétition - Festival international de Venise 2006.

- 1 nomination aux Oscars 2006 (Meilleure mise en scène).

- 2 nominations aux Satellite Awards 2006.