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17/09/2010

Green zone

green zone.jpgLa liste des films sur le conflit en Irak s'allonge et c'est Paul Greegrass (Bloody Sunday, la trilogie Jason Bourne), en virtuose de la caméra épaule qui s'y met. La bonne nouvelle est que toutes ces fictions sur l'Irak traite de thèmes différents. Pour rappel : In the valley of Elah (Paul Haggis, 2007) s'attache aux conséquences psychologiques d'une guerre qui n'en finit pas sur la population américaine. Lions for lambs (Robert Redford, 07) tire à boulets rouges sur l'administration Bush et fustige l'interventionnisme US au Moyen-Orient quand Body of Lies (Ridley Scott, 08) décortique le métier d'agent secret, toujours au Moyen-Orient. Battle for Haditha (Mark Bloomberg, 07) revient sur une tuerie perpétrée par l'armée US dans le village irakien de Haditha et démontre l'engrenage entre présence américaine et radicalisation de la population irakienne. Un film précieux. Stop Loss (Kimberley Pierce, 07) et Home of the brave (Irwin Winkler, 07) racontent le difficile retour au pays des soldats américains envoyés en Irak. Puis c'est un Brian De Palma ulcéré qui dans Redacted (2007) s'interroge sur les formes modernes de médias couvrant la guerre, sur toile de fond des exactions de soldats US sur la population. Un documentaire "fictif" innovant. Enfin, l'oscarisée Kathryn Bigelow nous immerge dans le quotidien d'une section US de déminage en Irak dans le brillant Hurt Locker (2009).

Quant à Paul Greegrass, il revient sur le début du conflit (2003) et la constitution d'un gouvernement provisoire irakien fantoche. L'adjudant-chef Roy Miller (Matt Damon) est chargé avec son unité de retrouver les fameuses armes de destruction massive. Ballotté d'un site à l'autre, il rentre bredouille et découvre les machinations US menant à une collusion entre CIA, armée US, insurgés et anciens dignitaires irakiens. Semi-documentaire, réquisitoire anti-US, film d'action trépidant et surtout, terriblement efficace, Green Zone jette un regard lucide sur le fiasco américain en Irak. A ne pas manquer.

Green zone (Paul Greegrass, USA, 2010, 115 mins).   Avec Matt Damon, Greg Kinnear, Yigal Naor, Amy Ryan, Brandon Gleeson, Khalid Abdalla, Yigal Naor.

30/11/2006

Fast Food Nation

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Le dernier opus de Richard Linklater (Tape, School of rock, Before sunrise, Waking life, A scanner darkly), mi-fiction, mi-documentaire est l'adaptation du livre éponyme de Eric Schlosser, vendu à 1.4 million d'exemplaires dans le monde (disponible actuellement en France aux éditions Autrement au prix de 19 euros).

"I'm telling you that there is shit in the meat."

Un directeur marketing de Mickey's Burger (l'équivalent de Burger King, Mac Do, Quick et autres) découvre par l'intermédiaire de son supérieur hiérarchique que la présence de coliformes fécaux dans les burgers est attestée. Sidéré, il va remonter la chaîne jusqu'aux élevages de bovins et les abattoirs, découvrant les pratiques illicites du monde de l'industrie agro-alimentaire... Dans les usines, la chaîne étant trop rapide, les travailleurs n'ont pas le temps de bien "traiter la viande", ce qui fait qu'à tous les coups (tous les jours pratiquement), de la bouse de vache est mélangée à la viande qui sera ensuite mangée par les consommateurs. En gros, nous mangeons de la merde depuis belle lurette. Vous l'avez donc compris, un film qui vous donne envie de ne plus mettre les pieds au Mac Do (et chez les autres aussi). Soit dit en passant, on savait déja que le Fast food c'est de la très mauvaise nourriture non ?

Mais il n'y a pas que ça, le film dénonce également les divers dégâts collatéraux engendrés par l'univers impitoyable des grosses entreprises agroalimentaires : appel à des travailleurs immigrés (méxicains car ils coûtent moins cher que les autochtones), surexploitation de ces gens-là, conditions de travail dégoûtantes (à l'abattoir, on peut facilement perdre un bras ou une jambe). Richard Linklater : "Nous voulions des personnages représentant l'intégralité de l'industrie du fast food : les enfants qui travaillent, les ouvriers qui sont employés dans les usines de conditionnement de la viande, la communauté des ranchs... [...] Nous dénonçons les dégâts occasionnés, à tous les niveaux par les lobbies de l'agroalimentaire, autant sur la santé des gens que sur l'environnement."  Les nombreuses péripéties du film montrent que tout est relié : les travailleurs méxicains sont des immigrés clandestins, ils ne peuvent pas passer la frontière sans l'aide d'un passeur aussi impitoyable que les lobbiyistes des firmes multinationales, celles-ci, pour faire encore plus de bénéfices et supporter la concurrence des autres, achètent toutes les terres possibles, n'hésitant pas à chasser les propriétaires par le biais de procès qu'elles seront sûres de remporter, impossible par ailleurs de les stopper car comme toujours il y a collusion entre elles et les politiques. Dans le même registre que des films comme Traffic et Thank you for smoking, ce "semi-documentaire" stigmatise la bassesse et l'hypocrisie du business-marketing et porte un regard noir (non sans humour) sur l'état de ce qu'est devenu l'humanité. Un monde cupide, où tout est bon pour faire de l'argent. Car tout ceci après tout est le produit de l'esprit des hommes. J. N

 

Fast Food Nation (Richard Linklater, 2006, USA, 105 mins).   Avec Greg Kinnear, Catalina Sandino Moreno, Wilmer Valderrama, Luiz Guzman, Ana  Claudia Talancon, Kris Kristofferson, Bruce Willis, Ashley Johnsson, Ethan Hawk, Patricia Arquette, Avril Lavigne.

 - Festival de Cannes - 2006 - En compétition.

 - Festival de Londres - 2006 - Présenté.