05/07/2013
World War Z
Recyclage outrancier et racisme en filigrane
Dans ce raz-de-marée actuel de films de science-fiction, tous relatifs à l’avenir incertain de l’humanité, World War Z (adaptation de livre au titre éponyme, de Max Brooks) a excellé d’une part par un recyclage tout azimut de séquences piquées à gauche et à droite (les geeks seront ravis de s’y retrouver), et d’autre part, par des petites touches de racisme à peine voilé. L’histoire démarre en trombe. Dans les rues de Philadephie, le protagoniste principal (Brad Pitt, sauveur de l’humanité) et son épouse (Mireille Enos, vue dans la série The Killing) sont surpris par une explosion à l’autre bout de l’avenue (Cloverfield, 2008), s’ensuit un mouvement de foule paniquée et attaquée par des humains infectés (28 weeks later, 2007). Le couple est exfiltré par un hélicoptère de l’armée et emmené sur un bateau où l’humanité s’est mise à l’abri (2012, 2009). Pitt est dépêché dans un camp militaire en Corée du sud où le virus se serait pour la première fois manifesté. Là, il apprend que la Corée du nord serait peut-être derrière le virus (histoire de pointer du doigt un « rogue State ») et y discute avec un prisonnier fou (Silence of the Lambs, 1991, scène copiée-collée) qui lui enjoint de se rendre à Jérusalem (Terre promise ?), où un ancien du Mossad détient la solution à son problème… Et c’est là que transparaît la myopie intellectuelle des scénaristes : derrière la muraille géante de la ville, des juifs orthodoxes et des musulmans fraternisent (…) mais c’est l’arabe qui tient un micro et chante très fort, ce qui va attirer les morts-vivants situés de l’autre côté du mur et qui vont escalader celui-ci avec frénésie pour ce qui sera le climax du film (l’unique satisfaction visuelle). Secondé par une brave soldate de Tsahal (…) qui survit à l’amputation d’un membre en raison d’une morsure (The Walking Dead, s03ep01), Pitt parvient à se sortir de la nasse.
Notre héros se rend plus tard au Pays de Galles, à bord d’un avion de ligne biélorusse où l’équipage est incompétent (encore un pays mis au ban par la communauté internationale). Dans les toilettes, un humain se métamorphose (Fringe, s01ep13), puis sème la panique à bord. L’avion explose, se scinde en deux (Lost, s03ep01), et s’écrase. Les deux héros arrivent devant un centre hospitalier et observent attentivement la caméra de surveillance (The Walking Dead, s01ep06). Pitt parvient à accéder à un laboratoire hermétique pour y dépêcher un vaccin. Face à la vitre du labo, les morts-vivants n’en démordent pas (I am legend, 2007). Pitt s’administre une dose qui le sauve face aux monstres (30 days of night, 2006). L’antidote est là, le monde est sauvé.
Outre tout cet assemblage ridicule (il faut dire que la thématique traitée est largement éculée) et une dose de manichéisme made in Hollywood, le trop d’action et l’absence de réflexion quelconque (où est donc passée la dimension politique ?) font de World War Z une production comme tant d’autres, à oublier très vite. J. N
World War Z (Marc Forster, USA, 2013, ). Avec Brad Pitt, Mireille Enos, Daniella Kertesz, Fana Mokoena, David Morse, James Badge Dale, Ludi Boeken, Moritz Bleibtreu, Pierfrancesco Favino.
20:49 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : world war z, marc forster, brad pitt, mireille enos, david morse, james badge dale, moritz bleibtreu
13/01/2009
Der Baader-Meinhof Komplex
Adapté du livre éponyme de Stefan Aust, Der Baader-Meinhof Komplex est une saga sur la RAF (Rotte Fraktion Armee), ce groupuscule anarcho-communiste qui sema la terreur en Allemagne de l'Ouest durant les années 70. A l'origine de la création de la "Bande à Baader", une insatisfaction du capitalisme et de l'industrialisation dans les milieux ouvrier et étudiant. Le Parti communiste est interdit depuis 1956. Une coaliltion conservatrice est au pouvoir, dont certains membres comme Kurt Georg Kiesinger sont d'anciens nazis. Nous sommes également en pleine guerre du Vietnam, conjuguée à une inféodation totale de la part de l'Allemagne de l'Ouest à la puissance américaine. Le groupe Baader-Meinhof, créé à la fin des années 60 par Andreas Baader et Gudrun Enslin (1), mènera son combat contre ce qu'il considère comme une idéologie impérialiste et fasciste. L'élément catalyseur de cette prise de conscience puis de la "guerre" qui sera menée, fut la visite du shah d'Iran en Allemagne de l'Ouest le 2 juin 1967. Une manifestation étudiante contre la venue de ce dernier sera réprimée par la police (2 morts). Le groupe rejoint par d'autres acolytes débute la guerilla urbaine, inspirée par les écrits de Carlos Marighella (2) mais également ceux d'autres penseurs célèbres (3).
Aidés par leur ami et avocat Horst Mahler, Baader et ses amis vont s'entraîner en Cisjordanie où le FPLP est actif. Après plusieurs attentats notoires (4), Baader, Enslin et Meinhof sont arrêtés (juin 1972). Mais leur action ne s'éssoufle pas. C'est ainsi que la 2ème génération de la RAF fait son apparition et poursuit l'action de ses prédécesseurs. On peut considérer que la RAF fut active de 1970 à 1993 (une 3ème génération naîtra également). Le 20 avril 1998, le groupe sera auto-dissous. Ce film, plus gros budget du cinéma allemand (20 millions d'euros) retrace donc l'apogée et le déclin d'un groupe d'idéalistes qui de par leur action violente, défrayèrent la chronique. Si nombreuses critiques, notamment en France, n'ont pas du tout adhéré à cette saga de deux heures et demi, lui reprochant entre autres son absence d'analyse, il convient de rappeler justement que ce type de long-métrage n'a justement pas pour but d'analyser mais de dépeindre l'atmosphère d'une époque, les années 70, leur bouillonnement politique et les nombreux groupuscules communistes (5) qui y sévissaient contre l'impérialisme (la guerre froide n'était pas encore terminée). C'est ensuite au spectateur de se faire une opinion. Car le film est très objectif et retrace (chronologiquement) sans prétention et avec force réalisme le parcours de la "Bande à Baader". Une grande qualité, qu'on ne peut nullement nier, que l'on ait apprécié le sujet ou pas.
Der Baader-Meinhof Komplex (Uli Edel, Allemagne, 2007, 145 mins). Avec Martina Gedeck, Moritz Bleibtreu, Johanna Wokalek, Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Simon Licht.
- 1 nomination (Meilleur film étranger) - Golden Globe 2009.
(1) Rejoints ensuite par Ulrike Meinhof.
(2) Carlos Marighella (1911-1969) était un révolutionnaire et écrivaint marxsisant brésilien. On lui doit un manifeste de la guérilla urbaine, écrit en 1969 et intitulé Minimanual of the urban guerrilla.
(3) Che Guevara, Karl Marx, Antonio Gramsci, Herbert Marcuse, Frantz Fanon...
(4) Assassinats de policiers, braquage d'une banque et attentat à l'explosif contre le QG du Ve Corps de l'Armée américaine.
(5) Brigades Rouges en Italie, Action Directe en France, Armée de libération simbionaise (USA).... Sans oublier les attentats perpétrés par Carlos.
22:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : der baader-meinhof komplex, raf, uli edel, moritz bleibtreu, bruno ganz, martina gedeck