21/10/2019
Ad Astra
C'est avec retard que nous commentons ce film de science-fiction sorti il y a quelques semaines. Devenu un grand classique de la SF depuis 2001, A Space Odyssey (Stanley Kubrick, 1968), le thème des voyages dans l'espace se divise généralement en deux catégories : missions à haut risque (Apollo 13, 1995 ; Event Horizon, 1997 ; Gravity, 2013 ; The Martian, 2015) et sauver la Terre (Deep Impact, 1997 ; Armageddon, 1998 ; Red Planet, 2000 ; Sunshine, 2007 ; Moon, 2009 ; Interstellar, 2014). Les deux catégories peuvent, fort logiquement, se croiser ; et dans cette liste récente et loin d'être exhaustive, le traitement du thème (horrifique, esthétique, mainstream...etc) est très varié. Ad Astra (locution latine signifiant "vers les étoiles") se situe dans la seconde catégorie.
Astronaute de la NASA, Roy McBride (Brad Pitt) est responsable du maintien d'une antenne géante. Lorsque celle-ci est détruite par des surcharges électriques provenant de Neptune et mettant en péril la Terre, il est chargé de se rendre sur Neptune même, où son père - scientifique brillant mais fort controversé - semble se trouver, 16 ans après son dernier contact avec la Terre... Pour arriver à destination, le principal protagoniste effectuera un long périple, passant d'abord par la Lune et Mars. Dans un style élégant et sobre (magnifique course-poursuite sur la Lune) et teinté de mélancolie, James Gray nous livre le périple d'un homme qui doit se rendre au fin fond du système solaire pour renouer avec un père qu'il n'a jamais vraiment connu. Référence en terme de sang-froid (c'est sans gros souci qu'il échappe à des pirates de l'espace et qu'il se débarrasse d'un singe féroce et de tout un équipage), McBride se découvre des émotions au fur et à mesure que sa rencontre avec son père approche. Simple en apparence, le scénario est en fait un emboîtement de trois thèmes traités avec grande intelligence émotionnelle : la quête de soi, l'amour filial et le voyage interplanétaire. Une belle odyssée (rendant au passage hommage à Kubrick), apportant une fraîcheur certaine à l'univers intersidéral. J. N
Ad Astra (James Gray, USA, 2019, 120 min)
Cast : Brad Pitt, Tommy Lee Jones, Donald Sutherland, Ruth Negga, Kimberly Elise.
- 1 nomination (Lion d'or) - Mostra de Venise 2019
11:59 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : système solaire, james gray, ad astra, brad pitt, donald sutherland, science-fiction, voyage interplanétaire
05/07/2013
World War Z
Recyclage outrancier et racisme en filigrane
Dans ce raz-de-marée actuel de films de science-fiction, tous relatifs à l’avenir incertain de l’humanité, World War Z (adaptation de livre au titre éponyme, de Max Brooks) a excellé d’une part par un recyclage tout azimut de séquences piquées à gauche et à droite (les geeks seront ravis de s’y retrouver), et d’autre part, par des petites touches de racisme à peine voilé. L’histoire démarre en trombe. Dans les rues de Philadephie, le protagoniste principal (Brad Pitt, sauveur de l’humanité) et son épouse (Mireille Enos, vue dans la série The Killing) sont surpris par une explosion à l’autre bout de l’avenue (Cloverfield, 2008), s’ensuit un mouvement de foule paniquée et attaquée par des humains infectés (28 weeks later, 2007). Le couple est exfiltré par un hélicoptère de l’armée et emmené sur un bateau où l’humanité s’est mise à l’abri (2012, 2009). Pitt est dépêché dans un camp militaire en Corée du sud où le virus se serait pour la première fois manifesté. Là, il apprend que la Corée du nord serait peut-être derrière le virus (histoire de pointer du doigt un « rogue State ») et y discute avec un prisonnier fou (Silence of the Lambs, 1991, scène copiée-collée) qui lui enjoint de se rendre à Jérusalem (Terre promise ?), où un ancien du Mossad détient la solution à son problème… Et c’est là que transparaît la myopie intellectuelle des scénaristes : derrière la muraille géante de la ville, des juifs orthodoxes et des musulmans fraternisent (…) mais c’est l’arabe qui tient un micro et chante très fort, ce qui va attirer les morts-vivants situés de l’autre côté du mur et qui vont escalader celui-ci avec frénésie pour ce qui sera le climax du film (l’unique satisfaction visuelle). Secondé par une brave soldate de Tsahal (…) qui survit à l’amputation d’un membre en raison d’une morsure (The Walking Dead, s03ep01), Pitt parvient à se sortir de la nasse.
Notre héros se rend plus tard au Pays de Galles, à bord d’un avion de ligne biélorusse où l’équipage est incompétent (encore un pays mis au ban par la communauté internationale). Dans les toilettes, un humain se métamorphose (Fringe, s01ep13), puis sème la panique à bord. L’avion explose, se scinde en deux (Lost, s03ep01), et s’écrase. Les deux héros arrivent devant un centre hospitalier et observent attentivement la caméra de surveillance (The Walking Dead, s01ep06). Pitt parvient à accéder à un laboratoire hermétique pour y dépêcher un vaccin. Face à la vitre du labo, les morts-vivants n’en démordent pas (I am legend, 2007). Pitt s’administre une dose qui le sauve face aux monstres (30 days of night, 2006). L’antidote est là, le monde est sauvé.
Outre tout cet assemblage ridicule (il faut dire que la thématique traitée est largement éculée) et une dose de manichéisme made in Hollywood, le trop d’action et l’absence de réflexion quelconque (où est donc passée la dimension politique ?) font de World War Z une production comme tant d’autres, à oublier très vite. J. N
World War Z (Marc Forster, USA, 2013, ). Avec Brad Pitt, Mireille Enos, Daniella Kertesz, Fana Mokoena, David Morse, James Badge Dale, Ludi Boeken, Moritz Bleibtreu, Pierfrancesco Favino.
20:49 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : world war z, marc forster, brad pitt, mireille enos, david morse, james badge dale, moritz bleibtreu
20/12/2012
Killing them softly
Une mafia sur le déclin qui embauche un tueur compliqué (Brad Pitt) qui lui-même engage un autre tueur, désabusé celui-ci (James Gandolfini), pour éliminer deux braqueurs amateurs. Le tout sur fond de discours dithyrambiques de Georges W. Bush et Barak Obama. Après son contemplatif The assassination of Jesse James by the coward Robert Ford (1), Andrew Dominik s'adonne au film de gangsters. S'il ne parvient à transcender le genre - là où justement le détonant Drive (2) avait réussi à le faire l'an passé -, reprenant au niveau de la mise en scène des formules éculées (Quentin Tarantino, Martin Scorsese), il réussit toutefois un film solide et nous conte une histoire intéressante, allégorie d'une Amérique violente et complètement déboussolée, qui n'est pas sans rappeler No country for old men (3) des frères Coen. Et on se délecte de cette séquence finale où Brad Pitt déclare à son interlocuteur "America is not a country, it's just business. Now pay me my fuckin money". J. N
Killing them soflty (Andrew Dominik, USA, 2012, 97 mins). Avec Brad Pitt, Richard Jenkins, Scoot McNairy, James Gandolfini, Ben Mendelsohn, Vincent Curatola, Ray Liotta.
(1) Voir le commentaire sur ce film dans la note suivante :
http://eklektik.hautetfort.com/archive/2007/10/15/the-assassination-of-jesse-james.html
(2) Voir le commentaire sur ce film dans la note suivante :
http://eklektik.hautetfort.com/archive/2011/09/30/drive.html
(3) Voir le commentaire sur ce film dans la note suivante :
http://eklektik.hautetfort.com/archive/2008/03/11/no-country-for-old-men.html
11:38 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : killing them sofly, cogan, andrew dominik, brad pitt, richard jenkins, scoot mcnairy, james gandolfini, ray liotta, ben mendelsohn
13/02/2009
Benjamin Button...
Selon nous, une chose est certaine. Pour apprécier le dernier opus de David Fincher, il faut avoir aimé Forrest Gump (Robert Zemeckis, 1994), cette longue odyssée d'un homme simple à travers plusieurs décennies d'une histoire tumultueuse des Etats-Unis, cette saga de 2 heures 20 qui rafla tous les oscars (1). Pas étonnant d'ailleurs que ces deux films soient tellement similaires puisqu'ils ont en commun le même scénariste, Eric Roth. Par contre, il est navrant de retrouver David Fincher à la réalisation, l'homme qui nous avait habitué aux oeuvres (très) sombres, Alien 3, Seven, Fight club, pour ne citer que ceux-là. Roth adapte ici une nouvelle de F. Scott Fitzgerald, soit les aventures de Benjamin Button, de 1918 jusqu'à nos jours, cet homme hors du commun, qui naquit à l'âge de 80 ans et qui vécut sa vie à l'envers, sans être capable de stopper le cours du temps. Curieux... Dans Youth without youth de Coppola, un vieil homme frappé par la foudre, rajeunit d'un coup avant de revieillir. Ici, un homme naît vieux, grandit en étant vieux puis rajeunit à l'infini. Soit les thèmes humains les plus angoissants, toujours aussi délicats à traiter : la quête de l'amour, l'angoisse de vieillir, la peur de mourir (2)... Tout cela est ambitieux mais fastidieux à notre goût. 02h30. Ennui total. Le pire est que fort de 13 nominations aux oscars, le film va certainement repartir avec un bon paquet.
The curious case of Benjamin Button (David Fincher, USA, 2008, 167 mins). Avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Taraji P. Henson, Julia Ormond, Jason Flemyng.
- 13 nominations - Oscars 2009.
- Meilleure production, Meilleurs effets visuels, Meilleur maquillage - BAFTA Awards 2009.
- Meilleur réalisateur, Meilleur scénario adapté - National Board of Review 2008.
- Meilleure actrice dans un second rôle (Taraji P. Henson) - Austin Film Critics Association 2008.
(1) Meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleur montage, meilleure photographie, meilleurs effets visuels.
(2) Thème traité également dans The Fountain (2006) de Darren Aronofsky.
19:35 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : the curious case of benjamin button, david fincher, brad pitt, cate blanchett, forrest gump, youth without youth, the fountain
13/10/2007
The assassination of Jesse James
Jesse James fut au grand banditisme ce qu'était Elvis Presley au rock, c'est-à-dire le King. Né en 1847, il participe à la Guerre de sécession dès l'âge de 16 ans (dans le camp sudiste). En 1864, il rejoint le gang des bushwhackers puis braque sa première banque en 1866. Avec son frère Frank, il va multiplier durant 15 ans les attaques de banques, trains et diligences. Devenus trop célèbres, les frères James sont obligés de freiner leurs activités et de se cacher en permanence. Jesse James est finalement trahi par les frères Ford, membres de son gang. C'est Robert qui l'assassine dans sa maison le 3 avril 1882. A contre-pied de nombreux westerns qui ont relaté la vie et les forfaits de Jesse James, le réalisateur Andrew Dominik (Chopper, 2000) a proposé une reflexion sur la manière dont était perçu le célèbre desperado par ses proches mais aussi une méditation sur le mythe du "hors la loi bien aimé". Les acteurs sont très crédibles (Prix d'interprétation pour Brad Pitt à la Mostra de Venise), phénomène plutôt rare dans les reconstitutions historiques. La bande son est signée Nick Cave qui effectue une apparition dans le film.
The assassination of Jesse James by the coward Robert Ford (Andrew Dominik, USA, 2007, 155 mins). Avec Brad Pitt, Casey Affleck, Sam Shepard, Mary-Louise Parker, Sam Rockwell, Paul Schneider, Zooey Deschanel, Jeremy Renner.
- Meilleur acteur (Brad Pitt) - Mostra de Venise 2007.
- En compétition (Lion d'or) - Mostra de Venise 2007.
- Présenté - Festival de Toronto 2007.
02:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the assassination of jesse james by the coward robert ford, andrew dominik, brad pitt, casey affleck