free website counter html
free website counter html

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/05/2014

Les ailes de la nuit

41QpSSb4S9L._SY300_.jpgIl est loin le temps où la civilisation humaine fût à son apogée, passant à une vitesse vertigineuse d'un premier cycle durant lequel l'homme commençait à maîtriser son environnement et accumuler des informations, à un second, marqué par les avancées dans les sciences et la technologie, et in fine la conquête de l'espace. Colonisés par les galactiques, au bord de l'extinction, les humains ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Les habitants de la planète H362 - que les humains ont finis par esclavagiser - les avaient pourtant mis en garde d'un probable retour de bâton... De ce glorieux passé, subsiste la Guilde des Guetteurs, chargée de surveiller le ciel en cas de nouvelle invasion. Résigné, le vieux guetteur n'en poursuit pas moins son long périple, en espérant de meilleurs lendemains.

Si l'on en croit le philosophe anglais Thomas Hobbes et sa vision de l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme. S'inspirant de ce dernier à la fin du XXème siècle, Kenneth Waltz, chef de file du courant néo-réaliste dans les théories des relations internationales, affirmera que "la guerre existe car rien ne l'empêche" (1) et que la violence entre les États est une réalité incontournable de la scène internationale. Faisant écho au film culte Le jour où la terre s'arrêta (2) (tant pis pour les humains s'ils n'écoutent pas les mises en garde), ce roman phare de Robert Silverberg est une allégorie on ne peut plus claire de notre monde actuel. C'est ainsi que les villes de Jorslem, Atin, Roum, Perris renvoient à Jérusalem, Athènes, Rome, et Paris... Et lorsque l'auteur affirme que "nos ancêtres sont passés directement de la sauvagerie au contact galactique" (p. 105), il est impossible de ne pas établir un parallèle avec cette citation attribuée à Oscar Wilde, affirmant que "les Etats-Unis sont le seul Etat passé directement de la barbarie à la décadence sans passer par la civilisation". Triste mais sans être dénue d'un message d'espoir, ce récit aura pour "sorte" de suite quelques années plus tard Les profondeurs de la terre, plaidoyer pour la tolérance et renversement du choc des civilisations, thème présent dans les deux livres et thèse popularisée (et controversée) par Samuel Huntington (4). Plus de quarante ans plus tard, à l'ère des nouvelles technologies et de leur possible dérive, ce récit brillant est toujours d'actualité.  J. N

 

Robert Silverberg, Les ailes de la nuit, J'ai Lu, 2008, 213 p.

Publié pour la première fois en 1968 sous le titre original Nightwings.

- Prix Apollo - 1976

- Prix Hugo du meilleur roman court - 1969

 

(1) WALTZ (Kenneth), Theory of International Politics, 1979.

(2) The day the earth stood still (1951), réalisé par Robert Wise.

(3) HUNTINGTON (Samuel P.), The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, 1996.

 

Les commentaires sont fermés.