01/08/2020
De Gaulle
Il y a certaines grandes figures politiques qui ne meurent jamais, semble-t-il, témoin les productions filmiques qu'on leur consacre encore. Il faut reconnaître ici la grandeur du personnage - qu'on apprécie ou pas le contenu de sa carrière politique post-Seconde guerre mondiale et sa gestion de la politique intérieure de la France -, sans qui la France aurait été synonyme uniquement d'infamie, de lâcheté et de déshonneur (la collaboration d'Etat était passée par là).
Contrairement donc à ce que le titre du film aurait pu indiquer, De Gaulle n'est pas un biopic mais un retour sur une période cruciale de la France (et de celui qui deviendra par la suite le premier président de la Vème République), à l'instar de Darkest Hour (2017) pour Winston Churchill. Il y a d'ailleurs de grandes similitudes entre les deux scénarios qui se situent de même à la même période - mai-juin 1940 -, marquée par la fin de la Drôle de guerre, les défaites militaires de la France et du Royaume-Uni (face à l'Allemagne nazie), et l'érosion des gouvernements de ces nations.
Tandis que Churchill, fraîchement nommé Premier ministre, lutte contre ses adversaires politiques (notamment Lord Halifax) afin d'imposer son projet politique, avec au passage une relation difficile avec le roi Georges VI, de Gaulle doit d'abord batailler contre la frange défaitiste du gouvernement de Paul Reynaud, notamment Philippe Pétain, puis fuir pour l'Angleterre où il doit convaincre ce même Chruchill (avec qui sa relation est tout aussi compliquée) de reconnaître la légitimité politique de la France libre.
A une différence près, De Gaulle alterne entre les missions du colonel puis général à Paris, Bordeaux et Londres, l'exode de sa femme Yvonne vers la Bretagne puis l'Angleterre, et des séquences de famille. C'est ce parallèle entre les péripéties dramatiques de deux êtres à la fois fragiles et solides mentalement, auquel est adjoint des scènes avec Anne, la fille du couple (atteinte de trisomie 21) qui constitue un dépassement subtil d'un biopic classique.
Très pertinent historiquement, ce long-métrage a l'intelligence de ne pas partir dans des longueurs inutiles et de cerner avec beaucoup d'humanisme et de délicatesse le moment le plus grave de la vie de Charles de Gaulle. Sur le point de perdre sa patrie et sa famille, celui-ci parvient dans l'adversité à faire front. Hormis un Lambert Wilson qui surjoue par moments (qui n'est pas sans rappeler Jean Dujardin interprétant le colonel Picquart dans J'accuse), l'interprétation impeccable des acteurs renforce l'intelligence émotionnelle du récit. Au final, nous regretterons quelque peu un traitement un peu lisse du principal protagoniste. Les grandes hommes politiques ne sont, en effet, jamais dépourvus d'une certaine complexité. J. N
De Gaulle (Gabriel Le Bomin, 2020, France, 108 min)
Cast : Lambert Wilson, Isabelle Carré, Olivier Gourmet, Tim Hudson, Gilles Cohen, Philippe Laudenbach.
18:40 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de gaulle, seconde guerre mondiale, lambert wilson, isabelle carré, olivier gourmet, drôle de guerre, churchill, angleterre, royaume-uni, france libre, résistance française
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