07/07/2021
EURO 2020 - 1/2 : Espagne - Italie 1-1 ap (2-4 tab)
L'ITALIE EN FINALE APRES UN GROS COMBAT CONTRE L'ESPAGNE
Après avoir résisté à l'Espagne dans un match âpre, l'Italie s'est finalement imposée aux tirs aux buts et jouera la finale dimanche contre l'Angleterre ou le Danemark. Retour rapide sur ce beau match et cette rivalité entre latins.
J N
Il était dit que cette demi-finale très attendue entre deux équipes très techniques, qui défendent bien en général et qui sont capables de marquer à tout moment - soit très identiques au final (mais des schémas tactiques différents) - serait serrée, comme le sont souvent d'ailleurs les rencontres entre les deux (voir ci-dessous). Dans cette rencontre intense et rythmée, chaque équipe aura eu ses temps forts et le match nul paraît équitable même si l'Espagne a davantage dominé, notamment en fin de rencontre et durant la première prolongation. Mais en face c'est costaud à l'image d'un grand Bonucci, toujours aussi guerrier, qui a porté une équipe solidaire et vaillante jusqu'au bout.
Car après son égalisation à la 80ème minute, l'Espagne prenait le dessus et se procurait les situations les plus chaudes. En vain. Comme contre la Belgique en quart de finale, la Nazionale a tenu et a encore prouvé que ses 32 matchs d'affilée sans défaite (désormais 33) et ses 2 buts seulement encaissés sur les 12 derniers ne devaient rien au hasard. Les 2 buts de cette rencontre sont emblématiques des deux équipes dans cet Euro et dans les deux sens. Exerçant une grosse possession de balle, l'Espagne encaisse des buts en contre. Ici, il fut initié par le gardien Donnarumma. En 3 passes, Federico Chiesa (élu homme du match) se plaçait en position idéale dans la surface et fusillait Simon d'une superbe frappe enroulée (0-1, 60e). Les Transalpins sont rapides mais peuvent aussi manquer de concentration comme ce fut le cas (redhibitoire) contre l'Autriche et la Belgique, et comme ce fut le cas ce soir. Réactive, la Roja transperçait plein axe et après un une-deux avec Olmo, Morata fixait Donnarumma de près (1-1, 80e).
C'est finalement aux tirs aux buts que l'Italie s'est montrée moins maladroite (malgré un raté de Locatelli). Héros du match coté espagnol, Morata condamnait les siens, sa tentative étant repoussée par le gardien italien tandis qu'Olmo avait précédemment envoyé son tir dans les tribunes. Pour un tir décisif, le 4ème homme italien, Jorginho, se permettait une sorte de panenka décentrée. Le sang-froid culotté. Favorite depuis un moment déjà, la Squadra Azzura venait d'assurer que ce sera très dur de la battre en finale.
Montée en puissance après un début d'Euro poussif, la Roja méritait peut-être mieux. En tous les cas, la performance de cette génération prometteuse face à une équipe d'un tel calibre, couplée à trois prolongations jouées, annonce peut-être un futur brillant.
La rivalité en question
Encore un classique du football européen. Avant la rencontre de ce soir, les deux équipes s'étaient déjà rencontré 37 fois, pour un bilan équilibré : 11 victoires chacunes et 15 nuls. Mais au niveau des matchs officiels, l'Italie domine. Dans le climat politique tendu des années 1930, les deux se sont croisés dans une double demi-finale (il n'y avait pas encore de tirs aux buts à l'époque et les matchs nuls devaient être rejoués) lors de la Coupe du monde 1934, se jouant dans l'Italie fasciste de Mussolini. Lors de la première rencontre (1-1), véritable match de quartier, 11 joueurs sortent blessés (7 espagnols dont le gardien, 2 italiens). L'acte 2 est remporté par la Nazionale (1-0), favorisée par l'arbitre dans un mondial qui est lui était promis et qu'elle gagnera.
Les deux ne se retrouveront plus avant les premiers tours de l'Euro 1980 (0-0) et de l'Euro 1988 (victoire italienne 1-0). Mais comme Patrick Battisston en 1982, c'est un incident qui fera naître une certaine animosité entre Espagnols et Italiens. En quart de finale du mondial 1994, la Roja domine la seconde mi-temps après avoir égalisé et est à deux doigts de marquer en fin de match mais Julio Salinas manque l'immanquable. En contre, la star Roberto Baggio libère les siens (1-2, 88e) et crucifie les autres. Dans les arrêts de jeu, le défenseur central Mauro Tassotti assène à Luis Enrique un coup de coude dans le nez. Ce dernier, en sang, réclame un penalty mais l'arbitre n'a rien vu. L'Italie l'emporte et Enrique termine le match en pleurs. Quant à Tassotti, il sera rattrapé par la patrouille. La FIFA ouvre une enquête et inflige 8 matchs de suspension au vétéran,(34 ans) qui ne jouera ni la demi ni la finale et ne reverra plus l'équipe nationale.
Le vent tourne pour les Espagnols durant les années 2000 et le renouveau mis en place par Luis Aragones (sélectionneur de 2004 à 2008). En quart de finale de l'Euro 2008, dominateurs, ils l'emportent finalement aux tirs aux buts (0-0 ap) puis s'offrent la victoire finale. La Squadra Azzura accompagne de plus près encore la victoire espagnole à l'Euro 2012 puisqu'après un nul au premier tour (1-1), elle se fait étriller en finale (0-4). Entretemps, la Roja a été sacrée championne du monde.
Elle remet ça un an plus tard en demi-finale de Coupe des confédérations, où elle l'emporte à nouveau aux tirs aux buts (0-0). Mais pas de victoire finale cette fois-ci, avec une lourde défaite contre le Brésil (0-3). En déclin en 2016, la Roja fait face en 8èmes de l'Euro à une Italie qui tente de se trouver un nouveau souffle après 10 ans de disette. Celle-ci neutralise son advsersaire et lui inflige une défaite sans appel (2-0). Buteur, le défenseur Chiellini et capitaine actuel, est le seul rescapé, avec Bonucci, de ce match. En face, Alba, Morata et Busquets y étaient également.
L'Italie sera éliminée en quarts par l'Allemagne aux tirs aux buts et le renouveau ne sera pas confirmé. Lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018, l'Italie termine seconde de son groupe derrière l'Espagne qui la défait chez elle (3-0), pour un nul en Italie (1-1). Les Italiens doivent passer par les barrages qu'ils perdent contre la Suède (0-1, 0-0). La Squadra rate une Coupe du monde pour la première fois depuis 1958. Force est de constater par conséquent que quel que soit l'enjeu, les matchs entre ces deux équipes sont souvent dramatiques.
Finalement, avec cette victoire italienne aux tirs aux buts, la nouvelle Italie remet les pendules à l'heure. Au niveau comptable, elle domine toujours le bilan officiel avec 4 victoires pour 2 défaites et 6 nuls. Mais dans les faits, celui-ci semble égal. L'Espagne a accompagné le sacre mondial de l'Italie en 1934 et cette dernière a accompagné la victoire espagnole à deux Euro (2008, 2012). La suite de la compétition actuelle donnera davantage de sens (ou pas) à la victoire italienne de ce soir.
Buts : Morata (80e) pour l'Espagne ; Chiesa (80e) pour l'Italie.
Avertissements : Busquets (51e) pour l'Espagne ; Toloi (97e), Bonucci (118e) pour l'Italie.
Espagne : Simon - Azpilicueta (Llorente, 85e), Laporte, Eric Garcia (Pau Torres, 109e), Alba - Koke (Rodrigo Hernandez, 70e), Busquets (cap.) (Alcantara, 106e), Pedri (Rodrigo Hernandez, 119e) - Oyarzabal, Olmo, Ferran Torres (Morata, 62e).
Italie : Donnarumma - Di Lorenzo, Bonucci, Chiellini (cap.), Emerson (Toloi, 74e) - Barella (Locatelli, 85e), Jorginho, Verratti (Pessina, 73e) - Chiesa (Bernardeschi, 107e), Immobile (Berardi, 61e), Insigne (Belotti, 85e).
02:22 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : italie, espagne, espagne-italie, euro, euro 2020, euro 2021, espagne-italie 1-1, jorginho, chiesa, morata
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