07/01/2018
Godless
On s'était justement étonné qu'un thème aussi popularisé au cinéma que le western l'ait été si peu sur le petit écran version séries modernes. En effet, mis à part les excellents Deadwood (HBO, 2004-2006), Hell on Wheels (AMC, 2011-2016) et Westworld (également HBO, en cours depuis fin 2016), rien à se mettre sous la dent alors qu'au cinéma, le thème est déjà saturé (1). C'est chose fait avec le déjà célèbre Netflix qui prend un malin plaisir à réinventer, copier ou reformuler (c'est selon) les thèmes/recettes développées par des chaînes de TV US, voire à fusionner les structures de série de ces différentes chaînes (notamment HBO, AMC, Showtime et Starz) puis à balancer le Jour J l'intégralité des épisodes de la série en question (2).
Soit le Far West fin XIXème siècle et un certain Frank Griffin (excellent Jeff Daniels), desperado sans pitié traquant sans merci son ex-associé Roy Good. Celui-ci se retrouve par hasard à La Belle, un patelin géré exclusivement par des femmes... Il y a bientôt dix ans, nous affirmions dans nos commentaires sur Appaloosa (2008) et 3:10 to Yuma (2007) qu'il n'est pas absolument nécessaire d'innover pour faire un bon western. C'est ce que réussit Godless avec son atmosphère délétère, son scénario bien ficelé et ses personnages complexes. Produite par Steven Soderbergh, créée et réalisée par Scott Frank, Godless réalise tout de même une touche d'innovation en proposant une mini-série western d'un point de vue féministe, là où l'ouest américain était régi par la gente masculine. La série se regarde d'une traite (7 épisodes ça passe vite) avec plaisir. J. N
GODLESS (Neflix, 7 épisodes diffusés le 22 novembre 2017)
- Création : Scott Frank
- Cast : Jeff Daniels, Jack O'Connell, Michelle Dockery, Scoot McNairy, Merritt Wever, Thomas Brodie-Sangster.
(1) Notons les sorties récentes de The Magnificent Seven (Antoine Fuqua, 2016) et de Hostiles (Scott Cooper, 2017).
(2) Nous pouvons considérer que House of Cards (2013 - ) reprend la formule (en moins brutal) de Boss (Starz, 2011-2012), que Ozark (2017 - ) reprend l'idée de Breaking Bad (AMC, 2008-2013), que Sense8 (2015 - ) brasse les thèmes de la SF, que Narcos (2015 - ) reprend le thème de la mafia (Boardwalk Empire, HBO ; Peaky Blinders, BBC), que Orange is the New Black (2013 - ) est une version soft de OZ (HBO, 2002-2006)...etc.
15:00 Publié dans Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : netflix, western, godless, jeff daniels
24/02/2009
Traitor
Les films sur le terrorisme international lié à l'islam se multiplient dernièrement. Ancien officier des forces spéciales de l'armée US, Samir Horn (Don Cheadle) est capturé au Yemen lors d'une rafle opérée contre un QG de terroristes. Classé terroriste, il croupit en prison, refuse d'expliquer quoi que ce soit aux agents du FBI dépêchés sur place et s'évade finalement avec quelques codétenus. Grâce à ses liens d'amitié avec Omar, il parvient à se rapprocher du noyau dur d'un réseau terroriste, grâce à sa mise en exécution d'attentats spéctaculaires. Terroriste ? C'est ce que nous découvrirons. Il y a du bon et du moins bon dans ce thriller nerveux, que nous pouvons classer entre The Kingdom (Peter Berg, 07) et Body of lies (Ridley Scott, 08), plus intelligent que le premier, moins analytique que le second. Bon car le côté documentaire (comment infiltrer un groupuscule) est très instructif et car le film parvient à dépasser le thème habituel, la sécurité des Etats-Unis, les attentats touchant des villes européennes (Londres, Paris, Nice). Moins bon car l'idée d'expliquer que les "vrais musulmans pratiquants" sont opposés à la violence et au terrorisme et que "pas tous les musulmans sont des terroristes", si louable soit-elle, est trop stéréotypée (citations du Coran en permanence, dernière séquence qui clôture le film sur Samir Horn en train de prier...). Ce qui nous incline à penser que le film est adressé en premier au citoyen américain de base. Quoi qu'il en soit, dans le genre, le tout reste solide et efficace.
Traitor (Jeffrey Nachmanoff, USA, 2008, 113 mins). Avec Don Cheadle, Guy Pearce, Saïd Taghmaoui, Neal McDonough, Alvy Khan, Jeff Daniels, Archie Panjabi.
- 3 nominations - Black Reel Awards 2008.
- 1 nomination - Image Awards 2009.
17:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : traitor, jeffrey nachmanoff, don cheadle, guy pearce, archie panjabi, jeff daniels
22/09/2006
Good night, and good luck (reprise)
Sorti dans les salles françaises en janvier 2006, ce deuxième film réalisé par Georges Clooney (après Confessions of a dangerous mind, en 2002) est un hommage à Edward R. Murrow, journalisté très respecté par ses pairs et engagé à l'époque (1953) contre les méthodes (faux procès, mensonges, atteinte au libertés individuelles) du sénateur Joseph McCarthy. Nous sommes donc en pleine guerre froide et en période accrue de "chasse aux sorcières". Directeur de l'information à CBS, Murrow (David Strathairn) va dénoncer dans son émission "See it now" la politique du tristement célèbre McCarthy, s'attirant même les foudres de son supérieur, William S. Paley (Frank Langella). Même menacé, Murrow luttera jusqu'au bout, contre ce qu'il dénonçait comme un système dictatorial, une atteinte aux droits de l'homme, dans un pays (les USA) qui se considère comme la plus grande démocratie au monde. C'est ainsi qu'il va s'atteler à défendre Milo Radulovich, aviateur de l'armée de l'air, accusé à tort (et radié de l'armée) d'être un espion communiste. On considère que les nombreuses attaques portées à McCarthy (il y eut même une confrontation télévisée entre les 2 hommes) furent le début de la chute du sénateur controversé.
"See it now" fut créé par Murrow et son collègue Fred W. Friendly (interprété ici par Georges Clooney). L'émission obtint 4 "Emmy Awards" (Oscars récompensant les meilleures programmes télévisés, en 1953, 54, 57 et 58. La durée de l'émission était de 30 mins, le dernier épisode fut tourné le 7 juillet 1958.
Plusieurs documentaires sur Edward R. Murrow ont été réalisés, ainsi qu'un long métrage : Murrow (Jack Gold, USA, 1985, 114 mins). On peut voir dans ce très bon film de G. Clooney, un clin d'oeil sur l'Amérique d'aujourd'hui, les méthodes de McCarthy rappelant que le 26 octobre 2001, une loi fut votée par le Congrès : le "USA Patriot act" ("Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism"). Cette loi qui renforce les agences gouvernementales (CIA, FBI, NSA...) devait restreindre les libertés publiques (mises sur écoute).
Le film est en noir et blanc, les acteurs sont très bons (meilleur acteur - Festival de Venise - pour David Strathairn) et la période du film est parfaitement reconstituée, concernant les dialogues, la gestuelle et la façon de parler des acteurs. On se croirait vraiment dans un film américain des années 50.
On a vu pas mal de films américains politiquement engagés (contre la politique américaine), sortir cette année. Dans des styles très différents : Jarhead (Sam Mendes, réalisateur de American beauty), V for vendetta (James Mc Teigue), Syriana (Stephen Gaghan, scénariste de Traffic), A scanner darkly (plus implicite, Richard Linklater). Georges Clooney (un futur grand réalisateur) est en train de revêtir progressivement l'étiquette d'un réalisateur engagé. Il est d'aiileurs producteur exécutif dans les 2 derniers films cités.
GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK (Georges Clooney, USA, 2005, 93 mins). Avec David Strathairn, Georges Clooney, Robert Downey Jr., Patricia Clarkson, Frank Langella, Jeff Daniels, Ray Wise.
- Prix du meilleur acteur (David Strathairn) - Festival de Venise 2005.
- Prix de la mise en scène (Georges Clooney et Grant Heslov) - Festival de Venise 2005.
- 6 nominations aux Oscars 2005.
- 4 nominations aux Golden Globe 2005.
22:05 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : good night and good luck, david strathairn, george clooney, jeff daniels, robert downey Jr.