23/06/2014
Coupe du monde : bilan Groupe B
(Espagne, Chili, Australie, Pays-Bas)
Après l'élimination de l'Espagne et de l'Australie, toutes deux défaites lors de leurs deux premiers matchs, l'unique enjeu du troisième match était l'attribution de la première place du groupe, jouée entre les Pays-Bas et le Chili. Très solide collectivement (victoire 2-0) contre une Espagne abasourdie par sa défaite contre les Pays-Bas (1-5), le Chili s'est cette fois-ci cassé les dents contre des Pays-Bas rugueux et disciplinés (0-2). Vaillante contre le Chili (1-3), intéressante contre les Pays-Bas (2-3), l'Australie, privée de son buteur Tim Cahill (suspendu) a montré ses limites face à l'Espagne (0-3) dans un match sans enjeu. Si l'élimination espagnole est synonyme de cataclysme, la Roja termine toutefois sur une bonne note.
Espagne : fin de cycle
C'est bien connu, le football, comme tout autre phénomène, est cyclique. Championne du monde en titre et double championne d'Europe (2008, 2012) la Roja a fini par chuter. C'est plus l'ampleur des défaites (1-5 contre l'Espagne ; 0-2 contre le Chili) que l'échec en soi, qui étonne.
Nombreuses raisons expliquent probablement l'échec espagnol. Parmi celles-ci, un style de jeu désormais stéréotypé et donc prévisible, et un appui sur les mêmes joueurs depuis le sacre européen de 2008 n'y sont pas étrangers. Selon un adage familier, "on ne change pas une équipe qui gagne". Le problème est que, d'une part, toute équipe finit par perdre, et que d'autre part, il est impossible de modifier celle-ci entre deux compétitions lorsqu'on sait qu'il faut plusieurs années pour bâtir un collectif solide. La déroute ne pouvait qu'être innatendue. On reprochera quand même à l'entraîneur Vicente del Bosque d'avoir emmené dans son 23 des joueurs qui n'avaient plus vraiment leur place. Pourquoi avoir sélectionné les vieillissants David Villa et Fernando Torres, peu fringants cette saison avec leurs clubs respectifs, alors que des joueurs comme Llorente (Juventus) et Negredo (Manchester City) avaient leur place ? Le pire est que le coach espagnol, privilégiant le milieu de terrain, n'a emmené que 4 attaquants (pour 9 milieux de terrains) dont Diego Costa. Néo-international (comment l'intégrer dans un collectif huilé depuis 2008 ?), et blessé avant la compétition, le futur ex-joueur de l'Atletico Madrid a quand même été titularisé lors des deux premiers matchs. Résultat : une prestation fantomatique.
La longue saison des joueurs de Barcelone et du Real Madrid (ossature de la sélection espagnole) explique certainement la fatigue accumulée. Mais les joueurs espagnols ne sont pas les seuls dans ce cas de figure... Enfin, comment oublier le cas Casillas ? Le portier du Real Madrid, star adulée, est certes brillant mais n'est plus titulaire en club depuis deux saisons. Résultat : une boulette monumentale contre l'Espagne (but de Van Persie), et une erreur fatale sur le deuxième but chilien.
En tout état de cause, l'Espagne se penche désormais sur la reconstruction de son équipe. Dans cette perspective, vont certainement arrêter (ou être écartés) : Xavi, Villa, Torres, Xavi Alonso, Casillas, Piqué...etc. Place à Koke, Alcantara et compagnie.
Pas une première
L'Espagne n'est pas le premier champion en titre à sortir d'entrée. En 1950 (au Brésil), l'Italie, double championne du monde (1934, 1938) est éliminée au premier tour. Mais son élimination fut loin d'être cataclysmique puisque lors de cette édition, le premier tour comprenait 4 groupes, le premier de chaque groupe rejoignant une poule finale de 4 équipes (l'Uruguay devança le Brésil). L'Italie termina 2ème de son groupe derrière la Suède. Qui plus est, ces deux équipes ainsi que le Paraguay (3ème) ne jouèrent que 2 rencontres, l'Inde ayant finalement déclaré forfait.
En 1966, le Brésil de Pelé quitta également l'épreuve dès le premier tour, après deux défaites contre le Portugal d'Eusebio (1-3) et la Hongrie (1-3), et une victoire contre la Bulgarie (2-0). On se souvient bien entendu du fiasco français de 2002. Egalement championne d'Europe en titre, la France s'incline d'entrée contre le Sénégal (0-1) qui jouait sa première coupe du monde. Après un nul contre l'Uruguay (0-0) et une nouvelle défaite face au Danemark (0-2), elle quittait la compétition en terminant dernière de son groupe et sans avoir marqué le moindre but malgré la présence du meilleur buteur de Série A (Trézéguet), de Premier League (Henry), et de Ligue 1 (Djibril Cissé)... Là encore, le sélectionneur de l'époque (Roger Lemerre) avait tablé sur l'ossature 1998-2000, qui pourtant était en fin de cycle. La présence de certains joueurs (Djorkaeff, Boghossian, Dugarry) était franchement incompréhensible...
Plus récemment, l'Italie (championne en 2006) fut éliminée en 2010 au premier tour, terminant dernière de son groupe derrière... le Paraguay, la Slovaquie, et la Nouvelle-Zélande...
Les Oranje de retour
Après une Coupe du monde 2010 brillante, ponctuée toutefois par une défaite contre l'Espagne lors d'une finale "minable" (les Bataves ont récolté 8 cartons jaunes et un rouge), les Pays-Bas, arrivés en fin de cycle, ont complètement raté l'Euro 2012 (3 défaites lors du premier tour). Depuis, l'équipe a été renouvelée (exit les vieux). Après, comme souvent, des éliminatoires réussis, l'équipe entraînée par l'expérimenté Louis Van Gaal attaquait cette coupe du monde sans savoir réellement où elle en était. La correction infligée à l'Espagne (5-1), en guise de revanche, lors du premier match, a montré que l'ajout de jeunes joueurs talentueux (Blind, Maupay, De Vrij...) et le maintien de certains joueurs d'expérience (De Jong, Sneijder, Van Persie, Robben) fonctionne parfaitement pour le moment. Après une confirmation lors du second match contre une équipe australienne accrocheuse (3-2), Robben et compagnie devaient préserver leur première place face au Chili, afin d'éviter le Brésil en huitièmes de finale. Sans Van Persie (suspendu pour deux cartons jaunes reçus lors des deux premiers matchs), les Oranje ont contenu en première mi-temps un Chili obligé de marquer, avant d'attaquer à leur tour en seconde et d’assommer leur adversaire en fin de match. Leroy Fer, étrangement délaissé dans la surface, marquait de la tête sur un centre de Janmaat (77e) avant que le jeune Memphis Maupay (20 ans), déjà buteur contre l'Australie, ne tue le match dans les arrêts de jeu, suite à un contre éclair et un caviar de Robben (encore lui). Fébrile contre l'Australie, la jeune défense hollandaise a tenu le choc cette fois-ci. Quant à Van Gaal, son expérience et son excellent coaching (deux joueurs entrants ont marqué) lui ont permis de remporter la bataille tactique contre le coach chilien Jorge Sampaoli. Il faudra désormais compter avec ces Pays-Bas new look.
Quant au Chili, il demeure une énigme. Solides contre l'Australie mais bousculés, les coéquipiers de la star Arturo Vidal, avaient dominé l'Espagne sans réellement forcer leur talent, avant de se montrer totalement inefficace face aux Pays-Bas. On en saura probablement plus en huitièmes. A priori, le Chili tombera sur le Brésil, une équipe qui ne lui réussit pas. Au même stade de la compétition, en 1998, Ronaldo et compagnie n'avaient fait qu'une bouchée de la bande à Zamorano (4-1). Rebelote en 2010 avec une victoire sans appel de la selecao (3-0). J. N
Les matchs
Espagne - Pays-Bas 1-5 : Xavi Alonso (27e s.p) ; van Persie (44e, 72e), Robben (53e, 80e), De Vrij (64e).
Chili - Australie 3- 1 : A. Sanchez (12e), Valdivia (14e), Beauséjour (90e+2) ; Cahill (35e).
Australie - Pays-Bas 2-3 : Cahill (21e), Jedinak (54e s.p) ; Robben (20e), van Persie (58e), Depay (68e).
Espagne - Chili 0-2 : Vargas (20e), Aranguiz (43e).
Australie - Espagne 0-3 : Villa (36e), Torres (69e), Mata (82e).
Pays-Bas - Chili 2-0 : Fer (77e), Depay (90e+2).
Classement
1.Pays-Bas 9 points (+7)
2.Chili 6 (+1)
3.Espagne 3 (-3)
4.Australie 0 (-6)
Chiffres
- L'attaquant du PSV Eindhoven Memphis Maupay est le plus jeune buteur des Pays-Bas en Coupe du monde, à 20 ans et 4 mois, après avoir inscrit contre l'Australie le but victorieux de son équipe (3-2). Il en marquera même un second contre le Chili. Toutes compétitions confondues, le record est détenu par Jan van Breda Kolff qui avait marqué en 1911 en match amical contre la Belgique à l'âge de 17 ans.
- L'Espagne a subi contre les Pays-Bas (1-5) sa plus lourde défaite en compétition officielle depuis la Coupe du monde 1950 (Brésil - Espagne 6-1).
- L'attaquant australien Tim Cahill, inscrivant 2 buts lors de cette coupe du monde (contre le Chili et les Pays-Bas), entre dans le cercle des joueurs ayant marqué lors de 3 Coupes du monde (2 en 2006 et 1 en 2010). Idem pour David Villa qui pour son dernier match en sélection marque contre l'Australie. Il en avait marqué 3 en 2006 et 5 en 2010. Rappelons qu'à ce jour, seuls le brésilien Pelé (58, 62, 66, 70) et les allemands Seeler (58, 62, 66, 70) et Klose (2002, 2006, 2010, 2014) ont marqué lors de 4 coupes du monde.
21:38 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coupe du monde 2014, espagne, pays-bas, chili, australie, coupe du monde, espagne - pays-bas 1-5
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