24/04/2020
Indice de liberté de presse - 2020
La pandémie actuelle du Coronavirus/Covid-19 est du pain béni pour de nombreux gouvernements. Dans certains cas, elle permet de masquer la crise économique aiguë traversée en ce moment (Liban) mais plus généralement, elle fournit un prétexte à de nombreux gouvernements pour restreindre encore plus les libertés individuelles, notamment la liberté de la presse.
C'est ce qu'affirme l'ONG Reporters sans Frontières qui a publié le 21 avril 2020 son classement annuel de la liberté de la presse. C'est le cas par exemple de la Chine (177e) et de l'Iran (173e) - les deux premiers foyers de l'épidémie - qui ont mis en place des dispositifs de censure massifs. En Irak (162e), la licence de l'agence de presse Reuters a été suspendue car cette dernière a remis en cause via une dépêche les chiffres officiels concernant le coronavirus. Au Turkménistan (179e), l'un des pays les plus autoritaires et fermés au monde et où il y a officiellement zéro cas de coronavirus, l'emploi du mot "coronavirus" est passible d'une peine de prison. Considéré comme l'Etat le plus autoritaire au monde (et où il n'y a également - officiellement - aucun cas de contamination), la Corée du Nord occupe la dernière place du classement.
Si l'Occident se classe généralement bien (8 Etats dans le TOP 10, 16 dans le TOP 20) et que les pays nordiques occupent encore une fois le TOP 4 (voir classement ci-dessous), il n'échappe pas pour autant à cette tendance mondiale de musellement des médias. En pleine dérive autoritaire depuis des années, la Hongrie (89e, -2 places) de Viktor Orban a fait passer une "loi coronavirus" sanctionnant jusqu'à 5 ans de prison ferme la "diffusion de fausses informations" concernant le virus.
Progressions et régressions
Pour la 4ème année consécutive, la Norvège - exemple de démocratie - demeure 1ère du classement. Mais la meilleure progression est à créditer à la Malaise (101e) et aux Maldives (179e), après une alternance politique (en Malaisie, le premier ministre Najib Razak a quitté le pouvoir en 2018) qui leur fait respectivement gagner 22 et 19 places. Le Soudan (où l'ancien dictateur Omar el-Bashir a été écarté l'an passé) gagne de même 16 places. Les pires reculs sont du côté des pays en développement : Haïti (83e) et les Iles Comores (75e) perdent respectivement 21 et 19 places.
C'est la région Asie-Pacifique qui marque le recul le plus important (+1.7%). Généralement modèle de démocratie, l'Australie perd 5 places (26e) tandis que Singapour (158e) - Etat autoritaire - en perd 7. La région Moyen-Orient/Afrique du Nord demeure par ailleurs le coin le plus dangereux pour le journalisme, où l'Arabie Saoudite (170e, +2) et l'Egypte (166e, -3) sont - au niveau mondial - les pays où il y a le plus de journalistes emprisonnés.
Si l'Europe et l'Amérique sont généralement les bons élèves de ce classement, cela n'empêche pas des reculs notoires dans certains Etats. La première puissance mondiale - les USA - n'est "que" 45ème (+3) tandis que la première puissance d'Amérique du Sud - le Brésil - est 107ème (-2). Dans ces deux cas, les présidents (respectivement Trump et Bolsonaro) participent activement de cette état de la liberté de la presse, de par leur attitude anti-démocratique et anti-médias, incitant même publiquement à une haine contre les médias.
Même l'Europe occidentale n'échappe pas à une certaine régression. La France, où les journalistes sont victimes d'agressions policières (crise des gilets jaunes) n'est "que" 34ème (-2). Le Royaume-Uni ne fait pas mieux (35e, -2) tandis que des démocraties authentiques comme la Belgique (12e, -3) et la Suisse (8e, -2) régressent également.
Dans le monde arabe, c'est la Tunisie (une transition démocratique plutôt réussie lors du Printemps arabe) qui se classe le mieux (72e, 0) tandis que le Liban (107e, -1) est le pays arabe du Moyen-Orient qui fait le mieux (107e, -1), suivi du Koweït (109e, -1). Les 20 derniers pays du classement sont fort logiquement des pays du sud et autoritaires. Certains sont également instables sur le plan politique. Il convient de même de souligner la corrélation entre crise économique et répression (ou absence de confiance envers) des médias. En effet, tous les Etats marqués par une crise socio-économique durant la période 2019-2020 (Liban, Irak, Iran, Bolivie, Chili, Haïti, Equateur..etc) régressent. En tout état de cause, cette reculade de la liberté de la presse un peu partout semble devenir une normalité. Et c'est une très mauvaise nouvelle. J. N
TOP 20
1. Norvège
2. Finlande
3. Danemark
4. Suède
5. Pays-Bas
6. Jamaïque
7. Costa Rica
8. Suisse
9. Nouvelle-Zélande
10. Portugal
11. Allemagne
12. Belgique
13. Irlande
14. Estonie
15. Islande
16. Canada
17. Luxembourg
18. Autriche
19. Uruguay
20. Suriname
Les 20 Etats les moins bien classés
161. Tadjikistan
162. Irak
163. Somalie
164. Libye
165. Guinée Equatoriale
166. Egypte
167. Yémen
168. Azerbaïdjan
169. Bahreïn
170. Arabie Saoudite
171. Cuba
172. Laos
173. Iran
174. Syrie
175. Vietnam
176. Djibouti
177. Chine
178. Érythrée
179. Turkménistan
180. Corée du Nord
Classement complet
15:11 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : norvège, finlande, danemark, erythrée, corée du nord, turkménistan, chine, donald trump, trump, bolsonaro, bolivie, chili, soudan, singapour, maldives, reporters sans frontières, coronavirus, covid-19, indice de liberté de presse, indice de liberté de presse 2020, journalisme, irak, iran, liban, tunisie, tadjikistan, haïti, france, etats-unis, brésil, malaisie, iles comores, cuba, vietnam, yémen, djibouti, syrie, laos, portugal, pays-bas, jamaïque, costa rica, nouvelle-zélande, koweït, suède, suisse, equateur, rsf
29/03/2020
Lanceurs d'alerte au cinéma
C'est en pleine pandémie de coronavirus (avec un chiffre alarmant de plus de 660.000 personnes atteintes dont 30.000 décédées) que nous publions finalement cette note sur les lanceurs d'alerte. Le virus dévastateur, apparu dans la ville chinoise de Wuhan, a également son lot de lanceurs d'alerte, qui, comme souvent dans ces situations-là, n'ont pas été écoutés par des autorités supérieures incompétentes. Parmi eux, un médecin français qui sonne l'alerte dès 2015, Li Wenliang, premier médecin chinois à tenter de lancer l'alerte sur l'irruption du coronavirus mais censuré par le pouvoir chinois (il décède du virus le 7 février dernier et a été réhabilité à titre posthume par une commission d'enquête), et la médecin Ai Fen, l'"autre lanceuse d'alerte de Wuhan", également court-circuitée par les autorités chinoises mais toujours en vie. Ces personnages (notamment les deux derniers cités) auront peut-être leur histoire portée un jour à l'écran.
Ces derniers années, les films sur les lanceurs d'alerte se sont multipliés. Rien de plus logique puisque les actions des lanceurs d'alerte se sont également multipliées depuis le début des années 2000. Passage en revue des films de ce genre devenu à part.
Un lanceur d'alerte (whistleblower) est un individu ou groupes d'individus qui révèle des comportements illicites et/ou dangereux pouvant constituer une menace pour l'homme (Scandale du Mediator - La fille de Brest, 2015), l'économie (Panama Papers - The Laundromat, 2019), la société (espionnage de la NSA - Snowden, 2016) et l'environnement (pollution de l'eau potable en Californie - Erin Brockovich, 2000). Il est évident de même que ces situations peuvent se croiser.
Médias et pouvoir politique
Animé de bonnes intentions et désintéressé, le lanceur d'alerte porte les éléments qu'il a découvert à la connaissance, le plus souvent, des médias (première puissance de diffusion de la vérité), soit la presse écrite (ancien analyste de la RAND Corporation, Daniel Ellsberg (interprété par Matthew Rhys) transmet en 1971 une étude secrète du ministère américain de la Défense au New York Times et au Washington Post qui révèlent le scandale des Pentagon Papers - The Post, 2017), ou la télévision : en 1995, Jeffrey Wigand (Russell Crowe) dénonce dans l'émission 60 minutes de CBS l'utilisation de substances addictives par l'industrie du tabac qui l'employait. Celle-ci a dû payer 246 millions de dollars de dommages et intérêts pour atteinte à la santé publique (The Insider, 1999).
Après le scandale des Pentagon Papers, le président américain Richard Nixon n'était pas au bout de ses peines. Un an plus tard, 5 hommes étaient arrêtés pour être entrés par infraction dans les locaux du Parti démocrate. Alors que l'affaire était présentée comme un fait divers, les journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, décident de creuser et sont tuyautés par un informateur secret appelé "gorge profonde" (Liam Neeson). Celui-ci ne révélera son identité qu'en 2005, en la personne de Mark Felt, n° 2 du FBI (Mark Felt: The Man Who Brought down the White House, 2017). Le scandale du Watergate mènera à un complit ourdi par les hautes sphères du pouvoir et entraînera la première et seule démission d'un président des Etats-Unis (All the President's Men, 1976). C'est également la presse US qui contribua durant les années 1950 à la chute du sénateur Joseph McCarthy (et sa tristement célèbre "chasse aux sorcières" des années 1950-1954), en l’occurrence le journaliste Edward R. Murrow (David Strathairn) et son producteur, Fred Friendly (George Clooney), par le biais du journal télévisé de CBS (Good Night, and Good Luck, 2005).
A qui s'adresser
S'adresser directement aux autorités officielles peut également être une (unique) option. C'est ainsi que Daniel J. Jones (Adam Driver), directeur d'une enquête de la Commission spéciale du Sénat américain sur le programme de détention et d'interrogation de la CIA à la suite des attentats du 11 septembre 2011 (The Report, 2019), découvre les méthodes brutales et sadiques de cette dernière, ou ce qui a été appelé "technique d'interrogatoire renforcée". Menant la plus grande enquête jamais effectuée par la Commission du Sénat, Jones ne peut présenter ses résultats qu'à son supérieur, la sénatrice Dianne Feinstein (2014). Cette affaire mènera en 2015 à l'amendement McCain-Feinstein, mettant fin au programme en question. Mais aucun membre de la CIA ne sera poursuivi... Dans The Informant! (2009), c'est la CIA qui collecte les informations de Mark Whitacre (Matt Damon) qui rapporte les pratiques illégales du groupe alimentaire pour lequel il travaillait. Sauf qu'ici le lanceur d'alerte use de sa position pour s'enrichir illégalement, comme quoi certaines situations peuvent être ambiguës.
Une autorité officielle peut être la justice. C'est dont se saisit Lois Jenson (Charlize Theron) durant les années 1990, menant le premier recours collectif pour harcèlement sexuel aux Etats-Unis (date assez tardive pour un pays vantant sa "démocratie") et entre dans l'histoire de ce pays en faisant condamner pour cette accusation la mine qui l'employait dans l'Etat du Minnesota (North Country, 2005). Dans l'Affaire Harvey Weinstein - l'un des scandales sexuels les plus retentissants - pas moins de 93 femmes ont affirmé avoir été agressées sexuellement par l'ex-producteur vedette de Hollywood. Celui-ci a écope le 24 février dernier de 23 ans de prison pour agressions sexuelles et viols. Il ne serait pas étonnant qu'une fiction sur cette affaire voit le jour, centrée à la fois sur les victimes et la vie du prédateur sexuel (en mode "ascension et chute"). Enfin, un lanceur d'alerte peut s'adresser à une association. Découvrant la chasse aux dauphins à Taiji (Japon), Ric O'Barry, ancien dresseur de dauphins devenu activiste, s'adresse à Louie Psihoyos (ancien photographe du National Geographic) qui avec l'aide de l'ONG qu'il dirige (Oceanic Preservation Society) met en place une équipe qui parvient à filmer ce forfait caché par les autorités japonaises et à en faire un documentaire (The Cove, oscarisé en 2009).
A noter de même qu'un média peut être lui-même le lanceur d'alerte. Ce sont des journalistes d'investigation du Boston Globe qui dévoilent au début des années 2000 (obtenant le Prix Pulitzer en 2003) le Scandale d'abus sexuels dans l'archidiocèse de Boston. Entraînant une crise de l'Eglise catholique aux Etats-Unis, cette affaire mènera, notamment, à la démission de l'archevêque de Boston, Bernard Law en 2003 (Spotlight, 2015).
Lanceurs d'alerte et cinéma
La multiplication des lancements d'alerte constituent un filon intarissable pour le cinéma, notamment Hollywood, toujours à l'affût d'un bon coup. Ce thème très à la mode désormais permet, en effet, de renouveler celui - plus général - du héros, bassiné à toutes les sauces au cinéma et à la télévision, et depuis belle lurette. A ce thème réactualisé viennent se greffer trois dimensions attrayantes : la réalité des faits (les personnages ont existé), un plaidoyer pour la justice et la transparence, et le combat de David contre Goliath. Ces deux dernières caractéristiques se combinent parfaitement puisque dans un monde où la justice sociale n'a jamais existé, les dominés réclament justement un partage équitable des ressources, des pratiques économiques transparentes et une justice impartiale. On s'identifie au lanceur d'alerte, celui-ci étant souvent de la classe moyenne et menant une vie ordinaire. Force d'ailleurs est de constater que les films dévoilant des scandales et centrés sur le protagoniste principal présentent des structures narratives similaires.
Une action périlleuse
Si les actions des lanceurs d'alerte entraînent un processus de régulation, de controverse ou de mobilisation sociale, elles mènent de même à une mise en danger du protagoniste. Wigand (The Insider) fut menacé de mort. Le même sort fut réservé à Robert Bilott (Mark Ruffalo) en 2016. Cet avocat d'un grand cabinet partit en guerre contre l'entreprise de produits chimiques DuPont, responsable de l'empoisonnement à petit feu des habitants et des animaux de la localité de Parkersburg (Virginie occidentale). Sa dénonciation médiatique mit en péril sa carrière et sa famille (Dark Waters, 2019). Fondateur de Wikileaks, Julian Assange (interprété par Benedict Cumberbatch dans The Fifth Estate, 2013) est actuellement en prison, à Londres. Quant à Edward Snowden (Joseph Gordon-Levitt), véritable porte-drapeau de cet univers, immortalisé d'abord dans un documentaire oscarisé (Citizenfour, 2014) puis fictivement par Oliver Stone (Snowden, 2016), il est poursuivi par la justice américaine pour espionnage mais a obtenu l'asile politique temporaire en Russie.
En 2004, Dan Rather, journaliste vedette et sa productrice Mary Maples diffusent sur CBS un reportage racontant comment George W. Bush aurait essayé d'échapper à ses obligations militaires entre 1968 et 1974 - grâce à ses connections familiales et politiques - afin d'éviter de participer à la guerre du Vietnam. Les deux audacieux perdront leur emploi (Truth, 2015). Toujours dans le domaine politique (mais dans une dimension plus choquante), le journaliste Gary Webb (Jeremy Renner) du San José Mercury News, perdra la vie pour avoir osé défier la CIA et le gouvernement américain, révélant au grand public en 1996 que ces deux instances avaient monté et orchestré une opération secrète durant les années 1980, consistant à inonder les quartiers afro-américains de Los Angeles de crack en provenance du Nicaragua et à armer en contrepartie la rébellion contra dans sa guerre contre le gouvernement sandiniste (Kill the Messenger, 2014).
L'organisation des nations unies, supposé porte-flamme de la paix et de l'éthique, n'échappe pas non plus aux scandales. Les crimes sexuels commis ces dernières années par des casques bleus sur des mineures en Centrafrique (et dénoncés en 2016 par l'ONG CodeBlue) rappellent l'histoire de Kathryn Bolkovac (Rachel Weisz). Cette policière travaillant pour la compagnie privée américaine DynCorp dans le cadre d'un contrat dépendant de l'ONU, démantèle un réseau de prostitution impliquant des officiels de l'instance internationale en Bosnie-Herzégovine (années 1990). Vu les enjeux financiers (l'ONU a payé 15 millions de dollars à DynCorp) et les possibles retombées politiques, elle faillit y perdre la vie et ne travailla plus jamais pour la justice internationale. Des officiels onusiens durent démissionner mais aucun ne fut poursuivi en raison de leur immunité diplomatique (The Whistleblower, 2010).
Dans le domaine du sport, le neurologue pathologiste d'origine nigériane Bennet I. Omalu (Will Smith) révolutionne en 2002 le monde de la neurologie en découvrant des cas d'encéphalopathie traumatique chronique au sein de la National Football League. Dénonçant les dangers du sport le plus populaire aux Etats-Unis, il se fait vilipender par la NFL (vu les millions de dollars que brasse ce sport) qui tente de ruiner sa carrière (Concussion, 2015).
Lanceurs d'alerte et Guerre d'Irak (2003)
Dans le sillage de la guerre d'Irak de 2003, l'agente de la CIA, Valerie Plame (Naomi Watts), parvient à prouver avec l'aide de son époux (l'ambassadeur Joseph Wilson) que l'Irak ne s'est pas fourni en uranium auprès du Niger, argument qu'utilise le président américain George W. Bush pour justifier une invasion US de l'Irak. Mais les conclusions de son rapport sont ignorées par l'administration Bush... Wilson publie donc le rapport dans le New York Times. Conséquence : des membres de l'administration US dévoilent via la presse l'identité de Valerie Plame, grillant sa couverture (et mettant en danger ses contacts à l'étranger) et la discréditant (Fair Game, 2010).
A la même époque, Katharine Gun (Kiera Knightley) - agente des renseignements britanniques - transmet au quotidien The Observer un document transmis par la NSA et attestant d'un plan américain visant à soudoyer des membres non-permanents du Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir leur vote en vue d'une invasion de l'Irak. Gun sera poursuivie par la justice mais finalement acquittée car d'après la justice britannique, la condamner aurait entraîné la justice britannique à reconnaître l'illégalité d'une agression contre l'Irak (Official Secrets, 2019).
Toujours en 2003, l'armée américaine et la CIA sont empêtrés dans le Scandale d'Abou Ghraib. Dans cette prison située à 32 km de Bagdad, des membres des deux institutions infligeaient aux prisonniers irakiens des sévices dépassant l'entendement. C'est l'ONG de défense des droits de l'homme Amnesty International qui dévoilait le scandale, relayée ensuite par les médias américains (Standard Operating Procedure, 2008). Le même scandale touchera une autre prison d'un pays occupé par l'armée américaine, celle de Bagram en Afghanistan, sauf que dans ce cas-là, la torture volontaire mènera au meurtre prémédité de deux prisonniers (Taxi to the Dark Side, 2007). Pays très pauvre (le mot est faible), en guerre sans discontinuité depuis 1989 et foyer de l'islamisme radical, l'Afghanistan sera au cœur du programme secret de drones du gouvernement américain, révélé par The Guardian grâce aux informations de trois lanceurs d'alerte (National Bird, 2015).
Le trident Maison-Blanche/CIA/NSA est d'ailleurs systématiquement dans les mauvais coups. En 2010, c'est grâce, notamment, aux révélations d'anciens employés de la NSA qu'est dévoilée une opération secrète conjointe (renseignements américains, britanniques et israéliens) - appelée "Olympic Games" - visant à détériorer le fonctionnement du programme nucléaire iranien via une cyber-attaque (Zero days, 2016). Cette même NSA aurait pu, semble-t-il, éviter à la première puissance mondiale le plus grand attentat terroriste survenu sur son territoire, d'après les révélations d'un de ses anciens analystes (A Good American, 2015). La CIA et le FBI avaient également les moyens d'arrêter cela mais leur compétition couplée aux manigances de la CIA et à l'incompétence de l'administration Georges W. Bush n'a pas permis de contrecarrer les plans de la nébuleuse Al Qaïda (l'histoire est racontée dans la série The Looming Tower de la chaîne Hulu - 2018).
Récemment : les arnaques du siècle
Le temps passe et les dimensions scandaleuses des affaires s'amplifient. Deux scandales récents et survenus à deux années d'intervalle constituent tout simplement le summum en termes de volume d'informations, de sommes d'argent brassées et d'impact politique ou financier. Le scandale des Panama Papers (2016), impliquant fraude fiscale, évasion fiscale et blanchiment d'argent démarre avec une fuite de plus de 10 millions de documents (2.6 téraoctets de données) attestant de plusieurs milliards de dollars volés (The Panama Papers, 2018). Quant au scandale Facebook-Cambridge Analytica (2018), il révèle l'utilisation illégale de données de 87 millions de personnes (toujours The Guardian) et le rôle fondamental d'une société de stratégie politique dans deux événements politiques majeurs (The Great Hack, 2019).
Quant aux facteurs expliquant la multiplication des lancements d'alerte, ils sont sans aucun doute multiples et nous pouvons mettre en avant parmi ceux-là l'impact des nouvelles technologies (internet et réseaux sociaux). Tout est traçable désormais et rien ne peut être longtemps caché. Nous pouvons ajouter à cela un phénomène mondial de creusement des inégalités socio-économiques et de paupérisation massive des classes moyennes et pauvres. C'est ce facteur - induit par un phénomène de mondialisation ultra-libérale contrôlée par les plus riches - qui explique les crises sociales, économiques ou politiques (souvent les trois à la fois) de 2019 dans de nombreux pays (Chili, Liban, Honduras, Haïti, Iran, Colombie, Venezuela, Irak...etc).
Or, ces inégalités sont essentiellement causées par des combines financières illicites : fraude fiscale et évasion fiscale lorsqu'il s'agit du secteur privé (mais les politiques usent largement de ces pratiques), détournement de fonds (et autres) lorsqu'il s'agit de fonctionnaires de l'Etat. Cette deuxième tendance donne lieu à ce qu'on appelle une kleptocratie, soit le "gouvernement des voleurs" (kleptos = vol ; kratos = gouverner), un terme que l'on peut appliquer à la Russie de Poutine, la Libye de Kaddhafi, la Tunisie de Ben Ali, le Liban depuis belle lurette et bien d'autres... C'est d'ailleurs le titre d'un documentaire décryptant le Scandale 1MDB, démarrant en Malaisie et ayant des ramifications mondiales (The Kleptocrats, 2018). C'est ainsi que la possibilité pour des spécialistes de tracer tout et n'importe quoi via internet et la poursuite (le monde ne change pas) en parallèle de pratiques financières illégales mènent au dévoilement régulier de scandales : Offshore Leaks (2013), LuxLeaks (2014), SwissLeaks (2015), Panama Papers (2016), Football Leaks (2016), Bahamas Leaks (2016), Paradise Papers (2017), Football Leaks 2 (2018), Mauritius Leaks (2019), Luanda Leaks (2020)... La liste est longue (pour des scandales récents de tout genre, voir la série-documentaire Dirty Money (2018 - ) de Netflix) et devrait continuer à constituer un filon intarissable pour le cinéma ou la télévision.
J. N
Fictions/documentaires liés au dévoilement de comportements illicites (liste non-exhaustive).
- Official Secrets (Gavin Hood, 2019)
- Dark Waters (Todd Haynes, 2019)
- The Great Hack (Karim Amer, Jehane Noujaim, 2019) - documentaire
- XY Chelsea (Tim Travers Hawkins, 2019) - documentaire
- The Report (Scott Z. Burns, 2019)
- The Laundromat (Steven Soderbergh, 2019)
- The Kleptocrats (Sam Hobkinson, Havana Marking, 2018) - documentaire
- The Panama Papers (Alex Winter, 2018) - documentaire
- The Post (Steven Spielberg, 2017)
- Mark Felt: The Man who Brought Down the White House (Peter Landesman, 2017)
- Snowden (Oliver Stone, 2016)
- Zero Days (Alex Gibney, 2016)
- National Bird (Sonia Kennebeck, 2016) - documentaire
- La fille de Brest (Emmanuelle Bercot, 2016)
- Concussion (Peter Landesman, 2015)
- Spotlight (Tom McCarthy, 2015)
- Truth (James Vanderbilt, 2015)
- A Good American (Friedrich Moser, 2015) - documentaire
- L'enquête (Vincent Garenq, 2014)
- Citizenfour (Laura Poitras, 2014) - documentaire
- The Fifth Estate (Bill Condon, 2013)
- We Steal Secrets: the Story of Wikileaks (Alex Gibney, 2013) - documentaire
- The Whistleblower (Larysa Kondracki, 2010)
- Fair Game (Doug Liman, 2010)
- The Informant! (Steven Soderbergh, 2009)
- The Cove (Louie Psihoyos, 2009) - documentaire
- Standard Operating Procedure (Erroll Morris, 2008) - documentaire
- Taxi to the Dark Side (Alex Gibney, 2007) - documentaire
- North County (Niki Caro, 2005)
- Good Night, and Good Luck (George Clooney, 2005)
- Erin Brockovich (Steven Soderbergh, 2000)
- The Insider (Michael Mann, 1999)
- Silkwood (Mike Nichols, 1983)
- All the President's Men (Alan J. Pakula, 1976)
01:34 Publié dans Documentaire, Film, Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the report, adam driver, dianne feinstein, lois jenson, charlize theron, north country, oceanic preservation society, boston globe, louie psihoyos, ric o'barry, the cove, daniel j. jones, benedict cumberbatch, irak, joseph wilson, niger, fair game, panama papers, the great hack, the kleptocrats, ai fen, li wenliang, coronavirus, zero days, mossad, cia, the looming tower, harvey weistein, mauritius leaks, russie, luxleaks, swissleaks, bahamas leaks, paradise papers, offshore leaks, kleptocratie, luanda leaks, football leaks, liban, chili, iran, honduras, cambridge analytica, facebook, netflix, the panama papers, lanceur d'alerte, edward snowden, daniel ellsberg, mark felt
10/08/2019
Pays autorisant le mariage homosexuel
Une tendance qui s'accélère?
Par rapport à août 2013, le nombre d'Etats autorisant le mariage homosexuel passe de 15 à 27, soit une augmentation de 80%. Si le pourcentage de ces pays par rapport aux 193 membres de l'ONU demeure faible (13.9%), il est toutefois en augmentation puisqu'en août 2010, ils n'étaient que 10. En comptant Taïwan (qui n'est pas membre de l'ONU, en raison du litige avec la Chine), cela fait 28 pays, soit une augmentation de 86.67% par rapport à 2013. Si ces chiffres sont élevés en raison du nombre de départ qui est faible, il convient de considérer que la tendance se poursuit, l'évolution entre 2010 et 2019 étant de 180%. Il y a 20 ans seulement, aucun pays n'autorisait le mariage gay.
De même, ce fait devrait survenir prochainement en Irlande du Nord, et est à l'étude au Costa Rica, au Pérou, en Suisse, République Tchèque, Cuba, Chili, Népal, Panama et Venezuela. Sur ces 28 Etats adoptant déjà le mariage gay, 2 ne l'appliquent pas encore sur l'ensemble de leur territoire. Au Mexique, il est autorisé dans le District fédéral de Mexico, dans l'intégralité de 18 Etats (sur 32) et dans certaines municipalités de l'Etat de Querétaro. D'autres Etats fédéraux (Etats-Unis, Brésil, Canada) l'ont également adopté progressivement (par Etat) avant que la loi ne devienne fédérale. C'est l'Etat du Massachusetts (17 mai 2004) qui ouvrit la voie aux Etats-Unis. Au Royaume-Uni, manque donc à l'appel l'Irlande du Nord (application aux autres nations ainsi qu'à la plupart des Territoires britanniques d'Outre-Mer). Le Brésil adopta la loi dans certains Etats à partir de janvier 2012 puis celle-ci devint fédérale en mai 2013. Au Danemark (2012), le Groenland (avril 2016) et les Iles Féroé (juillet 2017) - provinces autonomes - rejoignirent la tendance quelques années plus tard.
Attention toutefois à l'appréciation de ces chiffres car s'il y a en effet une évolution nette ces dernières années, force est de constater que le phénomène touche essentiellement des pays occidentaux qui représentent 71.4% du total. Parmi ceux-là, 57.1% sont en Europe où la situation est assez disparate. Si 11 Etats autorisent une forme d'union civile, 18 autres n'en reconnaissent aucune, dont 6 interdisent explicitement le mariage homosexuel dans leurs textes constitutionnels (Bulgarie, Lettonie, Lituanie, Monténégro, Pologne et Serbie). Si le phénomène devrait s'amplifier en Amérique Latine (21.4% du total actuel), il ne devrait pas par contre évoluer sur le continent asiatique, représenté uniquement par Taïwan. Difficile de l'imaginer par exemple au Moyen-Orient où ultra-conservatisme et homophobie sont des phénomènes socialement ancrés et évoluant très lentement (peine de mort pour l'homosexualité en Iran, en Arabie Saoudite et au Yémen). Même constat pour le continent africain où l'Afrique du Sud fait figure d'intrus et où l'homosexualité constitue encore un crime dans de nombreux Etats (et passible de la prison à vie ou de la peine de mort dans certains).
Enfin, à une époque où conservatisme, intolérance et comportements rétrogrades reviennent en force (ou se maintiennent vaille que vaille) dans nombreuses parties du monde, nous pouvons estimer que 28 Etats c'est déjà pas mal.
J. N
Pays autorisant le mariage homosexuel (par ordre chronologique)
- Pays-Bas (avril 2001)
- Belgique (juin 2003)
- Espagne (juillet 2005)
- Canada (juillet 2005)
- Afrique du Sud (novembre 2006)
- Norvège (janvier 2009)
- Suède (avril 2009)
- Mexique (mars 2010-2019)
- Portugal (mai 2010)
- Islande (juin 2010)
- Argentine (juillet 2010)
- Danemark (juin 2012)
- Brésil (mai 2013)
- France (mai 2013)
- Uruguay (août 2013)
- Nouvelle-Zélande (août 2013)
- Royaume-Uni (mars 2014)
- Luxembourg (janvier 2015)
- Etats-Unis (juin 2015)
- Irlande (novembre 2015)
- Colombie (avril 2016)
- Finlande (mars 2017)
- Malte (septembre 2017)
- Allemagne (octobre 2017)
- Australie (décembre 2017)
- Autriche (janvier 2019)
- Taïwan (mai 2019)
- Equateur (juillet 2019)
09:41 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, royaume-uni, irlande du nord, norvège, suède, islande, finlande, costa rica, pays-bas, belgique, espagne, portugal, argentine, mexique, mexico, canada, etats-unis, luxembourg, autriche, allemagne, taïwan, venezuela, suisse, chili, panama, brésil, querétaro, loi fédérale, mariage gay, pérou, république tchèque, cuba, népal, afrique du sud, groenland, iles féroé, massachussets, mariage homosexuel, danemark, pologne, serbie, lettonie, lituanie, monténégro, bulgarie
27/06/2014
Coupe du monde : les huitièmes en question
LE RETOUR DES LATINOS
Avec les derniers matchs, hier, des groupes G et H, le premier tour d'une Coupe du monde portée sur l'offensive a livré son verdict final. Pour la première fois, sept équipes d'Amérique Latine s'en sont extirpées. Passage en revue des huit affiches.
Pour la première fois depuis bien longtemps, il y aura 7 équipes latino-américaines en huitièmes de finale (6 en 2010, 4 en 2006). Éliminé, l'Equateur n'était également pas loin d'en faire partie. C'est une première puisque depuis l'instauration des huitièmes en 1986, jamais plus de 6 équipes n'avaient atteint ce stade de la compétition (jusqu'en 1982, le premier tour était suivi d'un second, donnant accès aux quarts de finale). De ces 7 équipes, deux ne seront plus là au tour suivant.
Brésil - Chili et Colombie - Uruguay constituent d'ailleurs les affiches les plus attendues et les duels les plus âpres tant ces quatre équipes ont montré de belles choses au tour précédent. C'est une belle revanche de l'Amérique Latine, habituée - à l'exception du Brésil - aux accessits, sur le football européen. Décomplexée, joueuse, et rigoureuse sur le plan tactique, elle semble avoir également bénéficié d'une meilleure préparation, les championnats locaux se terminant avant leurs équivalents européens. Avec la qualification des Etats-Unis, l'Amérique dans son ensemble aura 8 représentants, soit deux de plus que l'Europe, une première.
Les surprises
L'absence du champion en titre, l'Espagne, constitue bien entendu le forfait le plus inattendu. A celui-ci, s'ajoutent ceux de l'Italie (2ème élimination de suite au premier tour, après 2010) et dans une moindre mesure de l'Angleterre (ce qui va relancer le débat sur la faible présence de joueurs anglais dans les grosses cylindrées de Premier League). Ces deux équipes ont eu le malheur de tomber dans le groupe de la mort (le Costa-Rica et l'Uruguay leur ont volé la vedette). On attendait mieux du Portugal mais une entame catastrophique (0-4 contre l'Allemagne, expulsion de Pepe), de nombreux blessés, et une dépendance maladive à un Cristiano Ronaldo au bout du rouleau ont coûté cher à la Selecçao.
Au niveau des présences, celle - historique - de l'Algérie, seul représentant du monde arabe, constitue sans contestation possible la plus grande surprise. Le Costa Rica a également réalisé un sacré coup. Pas attendu à pareille fête, il a terminé premier du groupe de la mort sans perdre et battant au passage l'Uruguay et l'Italie. Rien que ça. Enfin, la présence des Etats-Unis n'est pas une surprise en soi mais les joueurs de Jürgen Klinsmann ont du se frotter à l'Allemagne, au Portugal, et au Ghana. Terminer deuxième n'était pas évident.
Au total, 7 équipes représentent l'Amérique Latine (le Mexique compris), 6 l'Europe, 2 l'Afrique, et 1 l'Amérique du Nord. La Belgique est le plus petit Etat (30.528 km²).
BRÉSIL - CHILI (28 juin)
Lors de ses deux dernières coupes du monde (1998, 2010), le Chili s'était déjà retrouvé face au Brésil à ce stade de la compétition. Étrillée la première fois (4-1), la Roja s'inclinait lourdement à nouveau en 2010 (3-0). Entre-temps, la Selaçao avait écrasé son adversaire (6-1) en quart de finale de la Copa America 2007. Dans cette compétition d'ailleurs, les confrontations ont presque toujours tourné à l'avantage des brésiliens : victoires lors du tour final en 1991 (2-0), lors du premier tour en 1999 (1-0) et deux fois en 2004 (3-0 au premier tour, 1-0 en quarts). En éliminatoires de la Coupe du monde 2010, le Brésil s'est également imposé deux fois (3-0 au Chili, 4-2 à domicile). Il faut en fait remonter à août 2000 pour une victoire chilienne (3-0, éliminatoires de la Coupe du monde 2002). En novembre dernier, le Brésil s'imposait également en amical (2-1).
Au total, le Brésil a remporté 48 des 68 rencontres officielles ou amicales (pour 13 nuls et 7 défaites), soit 70.5%. Ces statistiques seront-elles déterminantes ? Entre un Brésil dont les performances jusqu'ici ne sont pas simples à évaluer (la défense n'est pas toujours rassurante et l'animation collective a souvent été désordonnée) et un Chili solide collectivement mais inefficace contre les Pays-Bas (0-2), les débats devraient être très serrés. Les Auriverdes pourront compter sur leur pépite Neymar (4 buts) alors que du côté chilien, on attend beaucoup de l'association Vidal - Sanchez. Jouer à domicile pourrait faire pencher la balance du côté brésilien.
COLOMBIE - URUGUAY (28 juin)
Il faut remonter loin dans le temps pour trouver trace d'une confrontation en Coupe du monde entre ces deux équipes, ce qui est normal vu que la Colombie ne dispute que sa 5ème coupe du monde (l'Uruguay sa 12ème). En 1962 (au Chili), la Celeste s'était imposée (2-1) au premier tour, les deux équipes ne dépassant pas ce stade de la compétition.
En Copa America, les deux équipes ne se sont croisées qu'une fois ces dix dernières années. Lors de l'édition 2004, l'Uruguay remportait le match pour la 3ème place (2-1). En éliminatoires de la Coupe du monde actuelle, la Colombie s'imposait très largement à domicile (4-0) en septembre 2012, avant de s'incliner un an plus tard à Montevideo (0-2). Pour celles de 2010, l'Uruguay s'était deux fois imposé (1-0 à Bogota, 3-1 à domicile). Au vu des prestations du premier tour, la Colombie semble légèrement plus solide que l'Uruguay, d'autant plus que ce dernier est désormais orphelin de son buteur Luis Suarez, suspendu pour 9 matchs suite à son agression sur l'italien Chiellini. Mais les joueurs d'Oscar Tabarez étaient tombés dans un groupe bien plus compliqué que celui de la Colombie et savent se transcender dans les matchs à couperet (victoires contre l'Angleterre et l'Italie après une première défaite).
Cette affiche s'annonce en fait comme la plus équilibrée. Rapide et technique, la Colombie se frottera à une équipe très rugueuse. Le match constituera de même un duel à distance entre le monégasque James Rodriguez et le parisien Edison Cavani.
PAYS-BAS - MEXIQUE (29 juin)
Ces deux équipes se sont rencontrées une seule fois en Coupe du monde, leur seule confrontation officielle. Elles avaient fait match nul en 1998, lors du premier tour (2-2). En amical, elles ne furent opposées que 5 fois. Le Mexique s'est imposé en 1960 et 1961 (3-1 ; 2-1) mais s'est incliné en février 1998 (2-3), en 2006 (1-2), et en 2010 (1-2). Il n'a donc plus battu son adversaire des huitièmes depuis plus de 50 ans. Si le Mexique a toujours atteint ce stade de la compétition depuis 1994, il ne la cependant jamais dépassé (la Tri tomba sur l'Argentine en 2006 et 2010, et sur l'Allemagne en 1998).
Les Pays-Bas, quant à eux, atteignirent les quarts en 1994, les demis en 1998, et la finale en 2010. Ils partent donc avec un léger avantage. Ce match opposera deux styles différents, une attaque détonante (10 buts inscrits par les Oranje) et une défense de fer pourvue d'un excellent gardien (1 but encaissé). Très physiques (voire brutaux) également, les Pays-Bas partent légèrement favoris.
COSTA RICA - GRECE (29 juin)
Jouant respectivement leur 4ème et 3ème Coupe du monde, le Costa Rica et la Grèce ne se sont jamais rencontrés, aussi bien en compétition officielle qu'en match amical. Séduisants au premier tour durant duquel ils se sont extirpés du groupe de la mort sans perdre , les Ticos tableront sur leur rigueur tactique et leur solidité défensive (1 seul but encaissé, sur penalty), et partent favoris. L'équipe surprise du tournoi pourrait toutefois se casser les dents contre une équipe qui joue habituellement regroupée (ce qui ne l'a toutefois pas empêché d'encaisser 5 buts en 3 matchs).
FRANCE - NIGERIA (30 juin)
Lors de ses quatre autres coupes du monde (1994, 1998, 2002, 2010), le Nigeria n'a jamais dépassé le stade des huitièmes qu'il avait atteint en 94 (Italie, 1-2 a.p) et 98 (Danemark, 1-4). Chose qui peut paraître étrange, les deux équipes ne se sont affrontées qu'une seule fois en amical, en 2009, pour une victoire nigériane à Saint-Etienne (1-0). Au vu du niveau de jeu affiché jusqu'ici, la France part largement favorite. Attention toutefois aux Super Eagles, très rapides en contre. L'Argentine et la Bosnie l'ont apprises à leurs dépens. Néanmoins, ils n'abordent pas cette rencontre dans les meilleures conditions. En conflit avec leur fédération au sujet des primes de match (c'est une habitude dans les sélections africaines), les joueurs ont boycotté hier l'entraînement...
ALLEMAGNE - ALGÉRIE (30 juin)
L'invité surprise des huitièmes de finale n'est pas verni puisqu'il affrontera l'Allemagne, un des grands favoris pour la victoire finale. Cette rencontre fait évidemment penser au "match de la honte" de la Coupe du monde 1982, arrangé entre Allemands et Autrichiens (victoire de la RFA 1-0) afin de passer tous deux le premier tour, ce qui éliminait l'Algérie qui avait justement réalisé la grand exploit de battre la Mannschaft (2-1). A l'époque, les derniers matchs du premier tour ne se jouaient pas en même temps et c'est depuis cette infamie justement qu'ils se jouent simultanément afin d'éviter que cela ne se reproduise.
Fort logiquement, les deux équipes ne se sont plus rencontrées depuis. Précédemment, l'Allemagne l'avait emporté en amical (2-0), en 1964. Compte tenu du niveau affiché jusqu'ici par l'Allemagne, du fait qu'elle a toujours atteint au minimum les quarts de finale depuis 1982 (également 4 fois finaliste et 3 fois demi-finaliste), et du fait que l'Algérie est néophyte à ce stade de la compétition, les joueurs de Joachim devraient l'emporter sans surprise.
ARGENTINE - SUISSE (1er juillet)
Lors de la Coupe du monde 1966, l'Albiceleste battait la Nati au premier tour (2-0). Les deux équipes se sont ensuite retrouvées cinq fois en amical (de 1980 à 2012), pour trois victoires argentines et deux matchs nuls. Sur ces cinq matchs, quatre se déroulèrent en Suisse. Lors du dernier (février 2012), l'Argentine l'emportait 3-1. Habituée à franchir le cap des huitièmes, elle devrait logiquement s'imposer face à son adversaire, qui lui n'a pas atteint les quarts depuis 1954. Tandis que l'Argentine est progressivement montée en puissance, avec un Lionel Messi en grande forme (4 buts), la Suisse a montré pour sa part un style de jeu assez anarchique.
BELGIQUE - ETATS-UNIS (1er juillet)
Lors de la première Coupe du monde de l'histoire (1930), les Etats-Unis s'imposaient largement au premier tour (3-0). Il faudra attendre les années 90 pour que les deux équipes se retrouvent, les Diables Rouges l'emportant cinq fois en amical (1995, 1998, 2011, 2013). Si elle a remporté ses trois matchs du premier tour, la Belgique n'a pas brillé pour autant, face à des adversaires moyens (Algérie, Russie, Corée du Sud) qu'elle battit sur le fil. Efficace contre le Ghana (un but marqué à la première minute, le deuxième en toute fin de match), impressionnante de combativité contre le Portugal (2-2), la Team USA n'a rien pu faire contre la déferlante allemande (0-1). Supérieurs techniquement, les Belges partent favoris.
J. N
18:10 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coupe du monde, coupe du monde 2014, brésil - chili, colombie - uruguay, pays-bas - mexique, costa rica - grèce, grèce, costa rica, pays-bas, mexique, uruguay, colombie, brésil, chili, argentine, france, nigeria, etats-unis, allemagne, suisse, belgique, algérie, espagne, italie, angleterre, portugal, france - nigeria, allemagne - algérie, argentine - suisse, belgique - etats-unis
23/06/2014
Coupe du monde : bilan Groupe B
(Espagne, Chili, Australie, Pays-Bas)
Après l'élimination de l'Espagne et de l'Australie, toutes deux défaites lors de leurs deux premiers matchs, l'unique enjeu du troisième match était l'attribution de la première place du groupe, jouée entre les Pays-Bas et le Chili. Très solide collectivement (victoire 2-0) contre une Espagne abasourdie par sa défaite contre les Pays-Bas (1-5), le Chili s'est cette fois-ci cassé les dents contre des Pays-Bas rugueux et disciplinés (0-2). Vaillante contre le Chili (1-3), intéressante contre les Pays-Bas (2-3), l'Australie, privée de son buteur Tim Cahill (suspendu) a montré ses limites face à l'Espagne (0-3) dans un match sans enjeu. Si l'élimination espagnole est synonyme de cataclysme, la Roja termine toutefois sur une bonne note.
Espagne : fin de cycle
C'est bien connu, le football, comme tout autre phénomène, est cyclique. Championne du monde en titre et double championne d'Europe (2008, 2012) la Roja a fini par chuter. C'est plus l'ampleur des défaites (1-5 contre l'Espagne ; 0-2 contre le Chili) que l'échec en soi, qui étonne.
Nombreuses raisons expliquent probablement l'échec espagnol. Parmi celles-ci, un style de jeu désormais stéréotypé et donc prévisible, et un appui sur les mêmes joueurs depuis le sacre européen de 2008 n'y sont pas étrangers. Selon un adage familier, "on ne change pas une équipe qui gagne". Le problème est que, d'une part, toute équipe finit par perdre, et que d'autre part, il est impossible de modifier celle-ci entre deux compétitions lorsqu'on sait qu'il faut plusieurs années pour bâtir un collectif solide. La déroute ne pouvait qu'être innatendue. On reprochera quand même à l'entraîneur Vicente del Bosque d'avoir emmené dans son 23 des joueurs qui n'avaient plus vraiment leur place. Pourquoi avoir sélectionné les vieillissants David Villa et Fernando Torres, peu fringants cette saison avec leurs clubs respectifs, alors que des joueurs comme Llorente (Juventus) et Negredo (Manchester City) avaient leur place ? Le pire est que le coach espagnol, privilégiant le milieu de terrain, n'a emmené que 4 attaquants (pour 9 milieux de terrains) dont Diego Costa. Néo-international (comment l'intégrer dans un collectif huilé depuis 2008 ?), et blessé avant la compétition, le futur ex-joueur de l'Atletico Madrid a quand même été titularisé lors des deux premiers matchs. Résultat : une prestation fantomatique.
La longue saison des joueurs de Barcelone et du Real Madrid (ossature de la sélection espagnole) explique certainement la fatigue accumulée. Mais les joueurs espagnols ne sont pas les seuls dans ce cas de figure... Enfin, comment oublier le cas Casillas ? Le portier du Real Madrid, star adulée, est certes brillant mais n'est plus titulaire en club depuis deux saisons. Résultat : une boulette monumentale contre l'Espagne (but de Van Persie), et une erreur fatale sur le deuxième but chilien.
En tout état de cause, l'Espagne se penche désormais sur la reconstruction de son équipe. Dans cette perspective, vont certainement arrêter (ou être écartés) : Xavi, Villa, Torres, Xavi Alonso, Casillas, Piqué...etc. Place à Koke, Alcantara et compagnie.
Pas une première
L'Espagne n'est pas le premier champion en titre à sortir d'entrée. En 1950 (au Brésil), l'Italie, double championne du monde (1934, 1938) est éliminée au premier tour. Mais son élimination fut loin d'être cataclysmique puisque lors de cette édition, le premier tour comprenait 4 groupes, le premier de chaque groupe rejoignant une poule finale de 4 équipes (l'Uruguay devança le Brésil). L'Italie termina 2ème de son groupe derrière la Suède. Qui plus est, ces deux équipes ainsi que le Paraguay (3ème) ne jouèrent que 2 rencontres, l'Inde ayant finalement déclaré forfait.
En 1966, le Brésil de Pelé quitta également l'épreuve dès le premier tour, après deux défaites contre le Portugal d'Eusebio (1-3) et la Hongrie (1-3), et une victoire contre la Bulgarie (2-0). On se souvient bien entendu du fiasco français de 2002. Egalement championne d'Europe en titre, la France s'incline d'entrée contre le Sénégal (0-1) qui jouait sa première coupe du monde. Après un nul contre l'Uruguay (0-0) et une nouvelle défaite face au Danemark (0-2), elle quittait la compétition en terminant dernière de son groupe et sans avoir marqué le moindre but malgré la présence du meilleur buteur de Série A (Trézéguet), de Premier League (Henry), et de Ligue 1 (Djibril Cissé)... Là encore, le sélectionneur de l'époque (Roger Lemerre) avait tablé sur l'ossature 1998-2000, qui pourtant était en fin de cycle. La présence de certains joueurs (Djorkaeff, Boghossian, Dugarry) était franchement incompréhensible...
Plus récemment, l'Italie (championne en 2006) fut éliminée en 2010 au premier tour, terminant dernière de son groupe derrière... le Paraguay, la Slovaquie, et la Nouvelle-Zélande...
Les Oranje de retour
Après une Coupe du monde 2010 brillante, ponctuée toutefois par une défaite contre l'Espagne lors d'une finale "minable" (les Bataves ont récolté 8 cartons jaunes et un rouge), les Pays-Bas, arrivés en fin de cycle, ont complètement raté l'Euro 2012 (3 défaites lors du premier tour). Depuis, l'équipe a été renouvelée (exit les vieux). Après, comme souvent, des éliminatoires réussis, l'équipe entraînée par l'expérimenté Louis Van Gaal attaquait cette coupe du monde sans savoir réellement où elle en était. La correction infligée à l'Espagne (5-1), en guise de revanche, lors du premier match, a montré que l'ajout de jeunes joueurs talentueux (Blind, Maupay, De Vrij...) et le maintien de certains joueurs d'expérience (De Jong, Sneijder, Van Persie, Robben) fonctionne parfaitement pour le moment. Après une confirmation lors du second match contre une équipe australienne accrocheuse (3-2), Robben et compagnie devaient préserver leur première place face au Chili, afin d'éviter le Brésil en huitièmes de finale. Sans Van Persie (suspendu pour deux cartons jaunes reçus lors des deux premiers matchs), les Oranje ont contenu en première mi-temps un Chili obligé de marquer, avant d'attaquer à leur tour en seconde et d’assommer leur adversaire en fin de match. Leroy Fer, étrangement délaissé dans la surface, marquait de la tête sur un centre de Janmaat (77e) avant que le jeune Memphis Maupay (20 ans), déjà buteur contre l'Australie, ne tue le match dans les arrêts de jeu, suite à un contre éclair et un caviar de Robben (encore lui). Fébrile contre l'Australie, la jeune défense hollandaise a tenu le choc cette fois-ci. Quant à Van Gaal, son expérience et son excellent coaching (deux joueurs entrants ont marqué) lui ont permis de remporter la bataille tactique contre le coach chilien Jorge Sampaoli. Il faudra désormais compter avec ces Pays-Bas new look.
Quant au Chili, il demeure une énigme. Solides contre l'Australie mais bousculés, les coéquipiers de la star Arturo Vidal, avaient dominé l'Espagne sans réellement forcer leur talent, avant de se montrer totalement inefficace face aux Pays-Bas. On en saura probablement plus en huitièmes. A priori, le Chili tombera sur le Brésil, une équipe qui ne lui réussit pas. Au même stade de la compétition, en 1998, Ronaldo et compagnie n'avaient fait qu'une bouchée de la bande à Zamorano (4-1). Rebelote en 2010 avec une victoire sans appel de la selecao (3-0). J. N
Les matchs
Espagne - Pays-Bas 1-5 : Xavi Alonso (27e s.p) ; van Persie (44e, 72e), Robben (53e, 80e), De Vrij (64e).
Chili - Australie 3- 1 : A. Sanchez (12e), Valdivia (14e), Beauséjour (90e+2) ; Cahill (35e).
Australie - Pays-Bas 2-3 : Cahill (21e), Jedinak (54e s.p) ; Robben (20e), van Persie (58e), Depay (68e).
Espagne - Chili 0-2 : Vargas (20e), Aranguiz (43e).
Australie - Espagne 0-3 : Villa (36e), Torres (69e), Mata (82e).
Pays-Bas - Chili 2-0 : Fer (77e), Depay (90e+2).
Classement
1.Pays-Bas 9 points (+7)
2.Chili 6 (+1)
3.Espagne 3 (-3)
4.Australie 0 (-6)
Chiffres
- L'attaquant du PSV Eindhoven Memphis Maupay est le plus jeune buteur des Pays-Bas en Coupe du monde, à 20 ans et 4 mois, après avoir inscrit contre l'Australie le but victorieux de son équipe (3-2). Il en marquera même un second contre le Chili. Toutes compétitions confondues, le record est détenu par Jan van Breda Kolff qui avait marqué en 1911 en match amical contre la Belgique à l'âge de 17 ans.
- L'Espagne a subi contre les Pays-Bas (1-5) sa plus lourde défaite en compétition officielle depuis la Coupe du monde 1950 (Brésil - Espagne 6-1).
- L'attaquant australien Tim Cahill, inscrivant 2 buts lors de cette coupe du monde (contre le Chili et les Pays-Bas), entre dans le cercle des joueurs ayant marqué lors de 3 Coupes du monde (2 en 2006 et 1 en 2010). Idem pour David Villa qui pour son dernier match en sélection marque contre l'Australie. Il en avait marqué 3 en 2006 et 5 en 2010. Rappelons qu'à ce jour, seuls le brésilien Pelé (58, 62, 66, 70) et les allemands Seeler (58, 62, 66, 70) et Klose (2002, 2006, 2010, 2014) ont marqué lors de 4 coupes du monde.
21:38 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coupe du monde 2014, espagne, pays-bas, chili, australie, coupe du monde, espagne - pays-bas 1-5