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07/01/2020
Drapeau avec dragon
Le seul Etat indépendant à présenter au centre de son drapeau un dragon est le Bhoutan, ancienne colonie indienne (indépendance le 8 août 1949), enclavée, et coincée entre l'Inde et la Chine (38.394 km² ; 758.000 hab.). Monarchie "absolue" depuis le 17 décembre 1907 (jour de la fête nationale), le Bhoutan devient une monarchie constitutionnelle en 2008, année durant laquelle se tiennent les premières élections parlementaires. Ce petit pays dont la langue officielle est le tibétain a deux particularités, la première est d'avoir créé son propre indicateur de développement. Point d'IDH ou de PIB/hab. Le Bonheur National Brut (BNB) mesure le bien-être et le bonheur de la population et a pour objectif de guider l'établissement de plans économiques et de développement pour le pays tout en respectant les valeurs spirituelles bouddhistes (le bouddhisme vajrayana est la religion officielle). 2ème singularité : le Bhoutan est le seul Etat au monde où la production et vente de tabac sont strictement interdites.
Officiel sous sa forme actuelle depuis 1969 (proportions 2:3), le drapeau présente au centre le "Druk", dragon de la mythologie bhoutanaise. Celui-ci tient dans ses griffes des perles représentant la richesse. La couleur jaune symbolise la monarchie tandis que l'orange symbolise la tradition spirituelle bouddhiste. Le dragon est au centre pour signifier l'égalité entre les deux traditions. Kuzmolovsky (second drapeau) était à la base un village qui s'appelait Kuzmolovo et qui fut fondé à la fin du XIXème siècle dans la région de Saint-Pétersbourg. Le 21 avril 1961, il obtenait le statut de colonie urbaine qui compte aujourd'hui 10.000 habitants. Compte tenu du fait qu'y fut construit en 1953 une usine chimique, l'hexagone présent sur le drapeau est probablement une représentation de cela. Quant à la présence d'un dragon (qui tient l'hexagone entre ses pattes) dont le dessin est stylé à notre sens, nous n'avons hélas, trouvé aucune explication plausible concernant celle-ci. Il existe également d'autres territoires administratifs russes arborant un dragon sur leur drapeau.
Nation constitutive du Royaume-Uni (mais Etat non indépendant), le Pays de Galles (20.779 km² ; 3 millions d'habitants ; capitale : Cardiff) arbore également un dragon au centre de son drapeau. Celui-ci est le dragon rouge de Cadwaladr ap Cadwallon (633 ? - 682), roi de Gnywedd (655-682), un des royaumes du Pays de Galles au Moyen-Age. Les chroniqueurs gallois considèrent ce monarque comme étant le plus grand des rois britanniques à avoir jamais vécu. Officiel depuis 1959 (proportions 3:5), le drapeau est toutefois lié au Pays de Galles depuis des siècles. Le blanc et vert symbolisent la dynastie des Tudors qui occupa le trône anglais de 1485 à 1603, mais aussi le poireau, symbole gallois. Le drapeau fut d'ailleurs utilisé par le roi Henri VII (premier roi Tudor) lors de la Bataille de Bosworth en 1485. A noter également que les villes de Cardiff (capitale du Pays de Galles) et de Puerto Madryn (ville argentine créée en 1865 par une communauté galloise) arborent également sur leur drapeau le dragon rouge (voir ci-dessous). J. N
Puerto Madryn, province de Chubut (Argentine)
Ville de Cardiff (Pays de Galles)
22:01 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drapeau bhoutan, tibétain, bouddhisme vajrayana, bonheur national brut, cadwaladr ap cadwallon, henri vii, pays de galles, cardiff, poireau, tudor, puerto madryn, argentine, royaume-uni, gynwed, bhoutan, russie, ville russe, drapeau russe
05/01/2020
The Kleptocrats
A l'instar du documentaire The Panama Papers décryptant le scandale portant le même nom, The Kleptocrats effectue la même chose concernant le "Scandale 1MDB" (IMDB Scandal ou 1 Malysia Development Berhad Scandal). 1MDB est une compagnie stratégique de développement créée en 2009 et pilotée directement par le ministère malaisien des finances. Établie dans le but de mener des stratégies de développement économique à long terme, la compagnie est impliquée dans les secteurs de l'énergie, de l'immobilier, du tourisme et de l'agrobusiness. A partir de 2015, éclate le Scandale 1MDB. Explication (succincte).
En mars 2014, 1MDB est endetté de 10 milliards de dollars. En janvier 2015, les médias britanniques Sarawak Report et The Sunday Times, et l'américain The Wall Street Journal reçoivent d'un lanceur d'alerte (le banquier suisse Xavier Justo) 227.000 documents provenant de 1MDB et dévoilant fraude fiscale et blanchiment d'argent massifs. En juin et juillet, des enquêtes sont lancées par la Banque centrale de Malaisie et par la Commission malaisienne anti-corruption. Dans le même temps, le Wall Street Journal révèle que 700 millions de dollars (provenant de 1MDB) ont été transférés vers des comptes en banque appartenant au premier ministre malaisien Najib Razak. Le même journal révèle en mars 2017 que Razak aurait acheté à sa femme - avec les fonds détournés de 1MDB - un une bague en diamant d'une valeur de 27 millions de dollars (l'équivalent en Malaisie des salaires annuels de plus de 3300 enseignants, explique une personne interviewée dans le documentaire).
Finalement, après avoir perdu les élections législatives malaisiennes de mai 2018 (une première), Najib Razak est arrêté en juillet 2018 et son procès débute le 3 avril 2019. Il est inculpé pour 42 chefs d'accusation (dont blanchiment d'argent, corruption, fraude fiscale, abus de pouvoir, et abus de confiance).
Au total, c'est plusieurs milliards de dollars qui ont été détournés du fonds 1MDB. L'affaire a des ramifications (comptes en banques, sociétés, opérations financières...etc) à Singapour, aux Iles Vierges britanniques, aux Emirats Arabes Unis, en Arabie Saoudite, en Suisse, en Australie, au Luxembourg, aux Etats-Unis, et aux Seychelles. Au centre de ce gigantesque scandale financier, un homme-clé, le businessman malaisien Jho Low. Toujours en cavale (recherché par les autorités malaisienne et américaine et traqué par Interpol), celui-ci a détourné 457 millions de dollars du fonds 1MDB dont 160 millions ont servi au financement du film The Wolf of Wall Street (Martin Scorsese, 2013) - notamment le cachet de 25 millions de dollars payé à l'acteur principal Leonardo DiCaprio - via la société de production Red Granite Pictures (cofondée par Riza Aziz, beau-fils de Najib razak...). Ironie du sort, cette fiction décryptant des magouilles financières s'est faite financer par les mêmes procédés. Quant aux producteurs, ils s'en sont sortis en remboursant à la justice américaine 60 millions de dollars... J N
The Kleptocrats (Sam Hobkinson, Havana Marking, USA, 2018, 115 min)
20:24 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the kleptocrats, riza aziz, sam hobkison, havana marking, scandale financier, malaisie, jho low, the wolf of wall street, leonardo dicaprio, 1mdb, 1mdb scandal, 1 malaysia development berhad, najib razak, red granite pictures, interpol, the wall street journal, sarawak report, the sunday times, finance, finance internationale
03/01/2020
The Panama Papers
Comme le titre l'indique, ce documentaire traite des Panama Papers, soit le plus grand scandale financier de tous les temps, auquel le réalisateur américain Steven Soderbergh a également accordé récemment une fiction (The Laundromat, 2019). "Plus grand" car il s'agit d'une fuite de plus de 11.5 millions de documents provenant de la firme d'avocats Mossack Fonseca (basée au Panama), détaillant des informations sur plus de 214.000 sociétés offshore ainsi que les noms des actionnaires de ces sociétés. Fournies par un lanceur d'alerte anonyme (appelé John Doe), les données concernent des activités s'étalant de 1970 à 2015 et constituent un volume informatique de 2.6 téraoctets.
Envoyées d'abord, en 2015, au journaliste Bastian Obermayer du quotidien allemand de centre-gauche, Süddeutsche Zeitung, les données sont ensuite partagées avec les rédactions de médias de plus de 80 pays par l'intermédiaire du Consortium international des journalistes d'investigation (fondé en 1997 et basé à Washington). Désormais spécialiste des scandales financiers (LuxLeaks, Offshore Leaks, Paradise Papers...etc), ce dernier a également révélé en 2018 un scandale sanitaire mondial concernant plusieurs types d'implants médicaux ("Implant Files"), et en novembre 2019 le fonctionnement des camps d'internement de la population ouïgour dans la province chinoise du Xinjiang ("China Cables").
Les premiers articles (accompagnés de 149 documents) sont publiés le 3 avril 2016 (suivront d'autres). Le tout dévoile des identités et montre comment le cabinet d'avocats panaméen a aidé à créer des sociétés écran qui permettent ensuite l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent, véritables fléaux mondiaux. C'est sur cela que revient ce documentaire qui décrypte de même comment les journalistes ont opéré dans l'analyse des données et leur révélation publique. Il n'aborde cependant pas avec détails le mode de fonctionnement des opérations financières, aspect très technique, ce qui lui permet de s'adresser à un public large.
Il serait futile de dresser une liste des personnes citées dans les Panama Papers, tellement celle-ci est longue. Elle comprend de nombreux hommes politiques de premier plan, des hommes d'affaires connus, des collectionneurs d'art, acteurs et réalisateurs de cinéma, footballeurs...etc. Le scandale entraîne la démission du premier ministre islandais, l'inculpation du premier ministre pakistanais, la démission d'un ministre espagnol, et la destitution au Brésil de la présidente Dilma Roussef. Mais hormis, ceux-là, des personnalités d'envergure politique, citées dans les Panama Papers (les présidents d'Ukraine et d'Argentine, le roi d'Arabie Saoudite, et des ministres et députés d'une trentaine d'Etats) ne sont pas inquiétées, comme c'est souvent le cas dans ce type de scandale.
S'il n'est pas tout à fait un réquisitoire contre la financiarisation de l'économie mondiale (comme le fut l'excellent Noire Finance), The Panama Papers constitue toutefois un plaidoyer pour plus de démocratie économique et un appel à lutter davantage contre les combines financières permises par l'existence des paradis fiscaux. Ces derniers constituent probablement le problème économique le plus grave puisqu'ils contribuent amplement au creusement des inégalités socio-économiques. Le documentaire apporte à ce sujet des statistiques ahurissantes : depuis 2015, les 1% les plus riches de la planète ont plus d'argent que les 99% restant tandis qu'entre 1988 et 2011, les revenus des 10% les plus pauvres ont augmenté de moins de 3%. Or, tout cet argent caché (représentant des milliards de dollars) sert à construire routes, écoles, hôpitaux, infrastructures...etc. Hélas, rien ne semble vraiment changer à ce niveau-là lorsqu'on connaît la collusion inévitable et systématique entre élites politiques et économiques. Les scandales se poursuivent et les sanctions (lorsqu'il y en a) demeurent dérisoires. J N
The Panama Papers (Alex Winter, 2018, USA, 100 min)
22:10 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the panama papers, the laundromat, consortium international des journalistes d'investigation, alex winter, bastian obermayer, süddeutsche zeitung, panama papers, mossack fonseca, scandale financier, finance, finance internationale