02/07/2014
Coupe du monde : les quarts en question
Mis à part Colombie - Uruguay (2-0), les huitièmes de finale (voir les résultats plus bas) nous ont offert des matchs spectaculaires et disputés, de bout en bout (aucun 0-0). Et pour cause, cinq rencontres se sont terminées sur une prolongation (deux sur les tirs aux buts), ce qui bat le précédent record de 1990 pour ce même stade de la compétition (4). Les quarts de finale qui s'annoncent de même palpitants nous proposent un duel latino entre l'organisateur du tournoi (Brésil) et l'équipe la plus séduisante du moment (Colombie), un match déséquilibré a priori entre le finaliste de 2010 (Pays-Bas) et l'équipe surprise (Costa Rica), une partie d'échecs entre de vieilles connaissances (France - Allemagne), et un choc entre une Argentine sur les traces de Maradona et une Belgique en devenir.
BRÉSIL - COLOMBIE (4 juillet)
NEYMAR vs JAMES
Impressionnants d'aisance technique, les Cafeteros ont littéralement croqué en un Uruguay manifestement atteint par la suspension de son buteur Luis Suarez (2-0), tandis que les Auriverdes ont peiné à sortir le Chili (aux tirs aux buts après que ce dernier eut touché le poteau dans les dernières secondes de la prolongation). Jamais opposées en Coupe du monde, les deux équipes se sont affrontées 24 fois, avec un large avantage pour le Brésil (15 victoires, pour 2 colombiennes). En 9 matchs de Copa America, la Seleçao s'est imposé à 8 reprises. La seule victoire colombienne dans cette compétition (en juin 1991) est la dernière en date contre un adversaire qui ne lui a jamais réussi. En 10 matchs de qualification pour la Coupe du monde (1970, 1978, 2006, 2010), elle ne s'est jamais imposée. A noter que dans cette catégorie de matchs, les trois dernières rencontres se sont soldées par un score nul et vierge.
Décrié pour son animation collective manquant cruellement de liant, le Brésil n'a pas rassuré face au Chili. Neymar a beaucoup tenté mais fut surtout esseulé sur le front de l'attaque où Fred (encore une fois) et Oscar furent aux abonnés absents. Après un premier tour sans faute (3 victoires), la Colombie, elle, a régalé face à l'Uruguay. Désigné meilleur joueur de la première phase, le génial meneur de jeu James Rodriguez a marqué un but magnifique (contrôle orienté, volée de l'extérieur de la surface sous la barre), avant d'en inscrire un second à la suite d'un mouvement collectif brillant. Déjà auteur de 5 buts (il a marqué dans tous les matchs) et 2 passes décisives, il constituera avec son coéquipier Cuadrado (dribbleur invétéré, auteur de 4 passes décisives) le principal danger pour le Brésil. Celui-ci semble devoir à nouveau se tourner vers Neymar, sa seule satisfaction offensive pour le moment.
Sixième meilleur buteur de la Seleçao à seulement 22 ans (35 buts en 53 sélections), le joueur de Barcelone ne pourra pas toujours tout faire seul. Si le Brésil rééditait la performance de son match précédent, il ne passerait pas, d'autant plus que les Cafeteros, aussi à l'aise techniquement que les Auriverdes, sont plus rapides.
FRANCE - ALLEMAGNE (4 juillet)
DES RETROUVAILLES TRÈS ATTENDUES
On se souvient bien entendu du fameux RFA - France (3-3 a.p ; 5-3 tirs aux buts), demi-finale de la Coupe du monde 1982, jouée à Séville. L'agression du gardien de but allemand Harald Schumacher sur Patrick Bastiston, le retour de l'Allemagne après les deux buts magnifiques de Marius Trésor et Alain Giresse, et la défaite finale aux tirs aux buts (première rencontre de Coupe du monde à se terminer sur ce coup de poker) laissèrent pendant très longtemps des traces dans la conscience collective française. D'autant plus que les deux équipes se retrouvèrent à nouveau au stade des demis en 1986, pour une nouvelle victoire allemande (2-0). Depuis ces deux désillusions françaises, elles ne se rencontrèrent plus en match officiel. En 1958, lors du match comptant pour la troisième place, la France corrigea son adversaire (6-3), avec notamment un quadruplé de Just Fontaine, recordman du nombre de buts marqués lors d'une phase finale (13).
En amical par contre, selon une tradition établie depuis longtemps, Français et Allemands se rencontrèrent 22 fois, avec un léger avantage aux Tricolores (10 victoires pour 7 défaites, 5 matchs nuls). Les deux derniers matchs se soldèrent par une victoire de part et d'autre à l'extérieur. La France s'impose en février 2012 à Brême (2-1) mais s'incline un an plus tard à Saint-Denis (1-2). Comme les Pays-Bas et le Costa Rica, ces deux équipes ont cravaché dur pour passer les huitièmes. Bousculée par un Nigéria généreux, la France, incapable de mettre du rythme à son jeu collectif a dû son salut aux infortunes de son adversaire. C'est d'abord un but d'Emenike (19e) qui fut injustement invalidé (pour cause de hors-jeu), puis une faute de Matuidi sur Onnazi (54e) qui sortait sur blessure (le français aurait du avoir un carton rouge), et enfin une sortie complètement raté d'Enyeama sur corner qui permettait à Pogba de délivrer les siens (19e). Le second but, marqué dans les arrêts de jeu (90e+2), fut anecdotique.
Pour l'Allemagne, ce fut une autre paire de manches. Positionnée très haut, la Mannschaft s'attendait à avoir affaire à un adversaire jouant regroupé. Mais l'Algérie de Vahid Halilodzic a bluffé tout le monde et joué crânement sa chance et a également tablé sur l'offensive, effectuant en première mi-temps un pressing constant. Le score aurait bu basculer d'un côté comme de l'autre avant la pause. Les Allemands prirent l'ascendant en seconde mi-temps mais tombèrent sur un gardien en état de grâce. Leur expérience (l'Allemagne a toujours atteint les quarts depuis 1954...) a finalement payé en prolongation (2-1). L'Algérie a fait le match de sa vie et quitte le tournoi la tête haute.
Difficile d'établir un pronostic pour ce quart de finale le plus alléchant. La France et l'Allemagne font partie des quatre équipes (avec les Pays-Bas et la Colombie) qui ont le mieux joué jusqu'ici. Toutefois, après un début canon, elles sont rentrées dans le rang. Balayant Honduriens (3-0) et Suisses (5-2), les Tricolores ont concédé le nul avec l'Equateur (0-0) et gagné difficilement leur huitième. Idem pour l'Allemagne qui après avoir atomisé le Portugal (4-0), a été bousculée par le Ghana (2-2) avant de s'imposer sur la plus petite des marques face aux Etats-Unis (1-0), et de jouer une prolongation éprouvante face à l'Algérie. Le match devrait être très serré, entre deux équipes très solides physiquement et évoluant dans un schéma tactique (4-3-3 sans meneur axial) identique. A noter que les deux milieux défensifs français Blaise Matuidi et Paul Pogba sont sont le coup d'une suspension en cas de carton jaune (Höwedes et Lahm côté allemand).
PAYS-BAS - COSTA RICA (5 juillet)
DAVID contre GOLIATH
Ne s'étant jamais rencontrées en match officiel ou amical, Hollandais et Costaricains ont pour point commun immédiat avoir failli ne jamais accéder aux quarts. Les circonstances sont toutefois différentes. Éliminés jusqu'à la 88ème minute, les Pays-Bas sont revenus de très loin, la faute à un adversaire - le Mexique - qui n'a cessé de reculer, et grâce une nouvelle fois à ses joueurs d'expérience. Suite à un remise de Huntelar, Sneijder (meilleur néerlandais lors du mondial 2010) expédiait des 16 mètres une demi-volée puissante qui ne laissait aucun à l'excellent gardien mexicain Ochoa, qui ne pouvait rien faire sur ce coup-ci. Il faut d'ailleurs noter la prestation brillante des gardiens latinos (Ochoa, Navas, Bravo, Julio Cesar). Dans les arrêts de jeu, Robben se faisait faucher dans la surface (simulation ?) par Marquez. Le penalty était transformé par Huntelaar (90e+4).
Éliminés à deux minutes près, les joueurs de Louis Van Gaal se qualifiaient en évitant la prolongation, à laquelle ne put échapper par contre le Costa Rica. Légèrement supérieur à une Grèce qui jouait en reculant, celui-ci prenait l'avantage grâce à son capitaine Bryan Ruiz (52e) et contrôlait le match . L'expulsion du défenseur Duarte pour un second avertissement (66e) allait changer la donne, déstabilisant complètement le schéma tactique (3-5-2) mis en place par. Épuisés, les Ticos était finalement rejoints à la 91ème minute et voyaient se profiler une prolongation compliquée. L'incroyable maladresse des Grecs (une action à 5 contre 2 était gâchée à la 112e) leur permettait d'accéder aux tirs aux but qu'ils remportèrent grâce à un 5/5 et un arrêt de l'excellent Kevin Navas.
Ce match inédit mettra donc aux prises une équipe ayant inscrit deux buts dans le money time à une autre s'étant faite rejoindre dans les arrêts de jeu et ayant disputé une éreintante prolongation (ce qui pèsera certainement dans la balance). Pays-Bas - Costa Rica sera surtout un duel entre une équipe de classe mondiale possédant la meilleure attaque actuelle (10 buts sur 12 marqués en 2ème mi-temps) et finaliste du dernier mondial, et le petit poucet de la compétition qui lui, participe à sa quatrième Coupe du monde et son premier quart de finale. Les Pays-Bas sont largement favoris.
ARGENTINE - BELGIQUE (5 juillet) :
DANS L'OMBRE DES ILLUSTRES PRÉDÉCESSEURS
Les Albicelestes et les Diables Rouges ont également dû jouer une prolongation pour se défaire de leurs adversaires respectifs. Dominée par la Suisse en première mi-temps, l'Argentine a ensuite entièrement dominé les débats et est tombée sur un excellent gardien (décidément...) qui a réalisé 18 arrêts sur l'ensemble du match. Alors qu'on se dirigeait vers les prolongations, Angel Di Maria, meilleur joueur du match marquait d'un plat du pied suite à une action lumineuse de Messi (118e). Egalement dominateurs face à une Team USA moins fringante que lors de ses matchs précédents, la Belgique a également buté sur un grand gardien (Tim Howard) qui repoussa longtemps l'échéance. Comme pour Allemagne - Algérie, nous avons eu droit à des prolongations d'anthologie. Et c'est à nouveau un remplaçant belge (après Fellaini, Mertens, et Origi au premier tour) qui fit la différence, en la personne de Lukaku. Il décalait d'abord De Bruyne qui contournait deux défenseurs avant de marquer dans un angle fermé (93e), puis servi par ce même De Bruyne, il battait de près son coéquipier à Everton (105e). Julian Green redonnait espoir aux siens (107e) mais ces derniers n'avaient plus assez de jus pour revenir malgré une énorme occasion de Dempsey (114e).
Argentins et Belges se sont déjà affrontés deux fois en Coupe du monde. Contre toute attente, la Belgique s'imposait en 1982 au premier tour (1-0). Quatre ans plus tard, elle se faisait crucifier par Maradona, auteur d'un doublé (2-0), en demi-finale. Les deux équipes ne se reverront plus par la suite (en match amical non plus) et ne connaîtront plus de génération prodigieuse depuis la bande à Enzo Scifo et celle de Diego Maradona. Mais l'Argentine a désormais Lionel Messi, capable à lui seul de débloquer un match, et la Belgique a justement sa meilleure génération depuis les années 80. Là encore, les deux équipes partent à égalité. Elles ont toutes les deux prouvé qu'elles étaient capables d'arracher des victoires en fin de rencontre et sont aguerries au niveau des duels physiques. Possédant plus de joueurs techniques et un banc de touche mieux fourni, alors que l'Argentine fera sans Aguero, blessé pour le reste de la coméptition, la Belgique pourrait toutefois pâtir d'une équipe plus jeune et donc moins expérimentée. Elle a surtout 5 joueurs (dont 4 titulaires) sous la menace d'un carton jaune entraînant une suspension en cas de qualification et pourrait ne pas défendre de manière optimale. Ce match pourrait également constituer un duel à distance entre Messi et Eden Hazard. Mais le joueur de Chelsea, décevant jusque-là, devra élever son niveau de jeu.
J. N
HUITIEMES DE FINALE
Brésil - Chili (28 juin) 1-1 a.p (3-2, tirs aux buts) : David Luiz (18e) ; Alexis Sanchez (32e).
Tirs aux buts : David Luiz, Willian (raté), Marcelo, Hulk (raté), Neymar ; Pinilla (raté), A. Sanchez (raté), Aranguiz, Diaz, Jara (raté).
Colombie - Uruguay (28 juin) 2-0 : James Rodriguez (28e, 50e).
Pays-Bas - Mexique (29 juin) 2-1 : Sneijder (88e), Huntelaar (90e+5) ; Dos Santos (48e).
Costa Rica - Grèce (29 juin) 1-1 a.p (5-3, tirs aux buts) : B. Ruiz (52e) ; Papasthatopoulos (90e+1).
Tirs aux buts : Borges, Ruiz, G. Gonzalez, J. Campbell, Umana ; Mitroglou, Christodoulopoulos, Holebas, Gekas (raté).
France - Nigeria (30 juin) 2-0 : Pogba (79e), Yobo (90e+2 c.s.c).
Allemagne - Algérie (30 juin) 2-1 a.p : Schürrle (92e), Ozil (120e) ; Djabou (120e+1).
Argentine - Suisse (1er juillet) 1-0 a.p : Di Maria (118e).
Belgique - Etats-Unis (1er juillet) 2-1 a.p : De Bruyne (93e), Lukaku (105e) ; Green (107e).
09:47 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france - allemagne, coupe du monde 2014, coupe du monde, pays-bas, costa rica, colombie, brésil, james rodriguez, neymar, france, allemagne, belgique, argentine, suisse, nigeria, grèce, argentine - belgique, brésil - colombie
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