12/07/2021
EURO 2020 - Palmarès
En gagnant son second Euro, après celui de 1968, l'Italie rejoint la France avec deux sacres (1984, 2000), derrière l'Allemagne (1972, 1980, 1996) et l'Espagne (1964, 2008, 2012), trois victoires chacune. Suivent avec une victoire le Portugal, la Grèce, le Danemark, les Pays-Bas, la Tchécoslovaquie et l'URSS, premier vainqueur de l'épreuve en 1960.
Si la finale 2020 a comporté un nouveau finaliste (l'Angleterre) depuis 2004 (Portugal et Grèce), l'édition n'a pas connu, toutefois, de nouveau vainqueur. Ce qui est certain par contre est que l'Euro est plus inclusif que la Coupe du monde. En 21 éditions, celle-ci n'a connu que 8 vainqueurs (Brésil, Allemagne, Italie, Argentine, Uruguay, France, Angleterre, Espagne) tandis que l'épreuve continentale connaît déjà 10 nations victorieuses en 16 éditions.
A titre de comparaison avec les autres coupes continentales, la beaucoup moins médiatisée et populaire Coupe d'Asie des nations est proche (9 vainqueurs en 17 éditions ; compétition créée en 1956). Il ne peut y avoir par contre de comparaison avec la Coupe d'Afrique des nations (14/33 ; 1957), la Gold Cup (Amérique du nord, centrale et Caraïbe ; 7/25 ; 1963) et la Copa America (8/45 ; 1916) car ces compétitions se déroulent généralement tous les 2 ans. La dernière citée, plus vieille compétition de football au monde, ne comprend que 10 nations (sont régulièrement invitées une ou deux nations d'autres fédérations). Parmi celles-ci, seuls l'Equateur et le Venezuela n'ont pas encore gagné l'épreuve, remportée le 9 juillet dernier par l'Argentine. J N
2020 (Europe, disputé en 2021) : Italie - Angleterre 1-1 ap (3-2 tab)
2016 (France) : France - Portugal 0-1 ap
2012 (Ukraine/Pologne) : Espagne - Italie 4-0
2008 (Suisse/Autriche) : Allemagne - Espagne 0-1
2004 (Portugal) : Portugal - Grèce 0-1
2000 (Pays-Bas/Belgique) : France - Italie 2-1 ap (but en or)
1996 (Angleterre) : Allemagne - Tchéquie 2-1 ap (but en or)
1992 (Suède) : Allemagne - Danemark 0-2
1988 (RFA) : Pays-Bas - URSS 2-0
1984 (France) : France - Espagne 2-0
1980 (Italie) : RFA - Belgique 2-1
1976 (Yougoslavie) : Tchécoslovaquie - RFA 2-2 ap (5-3 tab)
1972 (Belgique) : RFA - URSS 3-0
1968 (Italie) : Italie - Yougoslavie 2-0
1964 (Espagne) : Espagne - URSS 2-1
1960 (France) : URSS - Yougoslavie 2-1 ap
14:18 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro, euro 2020, euro 2021, palmarès euro, france, allemagne, urss, italie, espagne, angleterre, grèce, portugal, danemark, tchécoslovaquie, pays-bas
04/07/2021
EURO 2020 - A propos de France - Suisse (3)
Après le sens de France-Suisse et les choix effectués par le sélectionneur Didier Deschamps, nous abordons rapidement le sens de la performance française à l'Euro 2021 et tentons de même un classement des éliminations des Bleus depuis 1998.
S H, J N
Nous avons l'impression que l'Euro 2021 de l'équipe de France de football a été décevant mais pas dramatique. Ce n'est pas un fiasco mais un échec (nous sommes loin quand même des campagnes de 2002 et 2010...). Le président de la Fédération française de football, Noël Le Graet a pour sa part parlé de "compétition ratée", sans remettre en cause le travail de Didier Deschamps.
Comme nous le disions dans notre premier volet, il est toujours difficile de confirmer après un sacre mondial et continental et trois équipes seulement ont réussi depuis 1972 à remporter une Coupe du monde puis l'Euro (ou l'inverse). En difficulté dans les 4 matchs joués, la France n'est jamais apparue totalement sereine, hormis contre l'Allemagne dans certaines séquences. En tant que championne du monde, elle n'a pas été à la mesure des attentes placées en elle. Etonnamment fébrile en défense et incapable de fluidifier son animation offensive, elle n'a finalement été meilleure qu'aucune équipe qu'elle a affronté. Invaincue toutefois, son bilan aurait pu être considéré mitigé mais pour cela il aurait fallu passer les 8èmes. Son Euro est donc un ratage sérieux mais pas dramatique. Ce qui nous renvoie vers la question finale : où placer cet Euro?
Nous avons tenté de placer cet échec parmi toutes les éliminations depuis le sacre de 1998. Soit la Coupe du monde et l'Euro. Rappelons concernant ce dernier qu'un tour supplémentaire (les 8èmes) a été ajouté depuis l'édition de 2016 (incluse). Difficile de faire pire que 2010. Le classement est décroissant, soit de l'infâme au très honorable
1. Coupe du monde 2010 : L'expulsion du groupe de Nicolas Anelka pour injures envers le sélectionneur Raymond Domenech est suivie du fameux incident de Knysna et ses retombées multiples. L'équipe de France, pitoyable de bout en bout termine à la dernière place, en phase de poules, dans un groupe comprenant l'Uruguay, le Mexique et l'Afrique du Sud. Bilan : 1 nul, 2 défaites / 1 but marqué, 4 encaissés. Honteux.
2. Coupe du monde 2002 : Privée avant la compétition de Pirès (blessé avec Arsenal), puis de Zidane (blessé en match de préparation) pour les deux premières rencontres au moins, la France, tenante du titre, possède toutefois dans ses rangs les meilleurs buteurs des championnats d'Italie (Trézeguet), d'Angleterre (Henry) et de France (Cissé). Résultat ? Elle ne marque aucun but en 3 matchs, Henry se fait expulser lors du second match (Uruguay) et Zidane joue le troisième (Danemark) sur une jambe. Pour la première fois, le tenant du titre se fait éliminer d'entreé. La loose.
3. Euro 2008 : Malgré des éliminatoires réussis (2ème de son groupe, derrière l'Italie), la France est orpheline de son leader Zidane, parti à la retraite. Après l'après-Kopa et l'après-Platini, l'après-Zidane s'avère compliqué. Placés dans le groupe de la mort, les Bleus réalisent une prestation famélique contre la Roumanie (0-0) avant de se faire balayer par les Pays-Bas (1-4). Dépassé rapidement contre l'Italie (blessure de Ribery et exclusion d'Abidal), le vice-champion du monde s'incline (0-2) et sort dès le premier tour avec 1 point au compteur. Lamentable.
4. Euro 2012 : L'après-Knysna est un vaste chantier. Sans briller mais en effectuant des prestations plutôt solides, la France se qualifie lors de la dernière journée des éliminatoires. Après des débuts encourageants (1-1 contre l'Angleterre, 2-0 contre l'Ukraine), la France se rate complètement lors du dernier match contre la Suède, pourtant déjà éliminée (0-2). Terminant seconde du groupe, elle affronte l'imbattable Espagne (futur champion) en quart et s'incline sans gloire (0-2). Vertement critiqués pour leur suffisance face à la Suède, les Bleus se signalent par des polémiques liés aux comportements dans le vestiaire et avec les médias. Décevant.
5. Euro 2004 : Annoncés comme favoris, les Bleus débutent par une victoire arrachée dans les dernières secondes contre l'Angleterre (2-1) grâce à un coup-franc et un penalty de Zidane. Considérée d'abord encourageante, cette performance en trompe-l'oeil masque en fait ce qui allait suivre. Les Bleus frisent la correctionnelle contre la Croatie (2-2) puis dominent sans convaincre une faible équipe de Suisse (3-1). Laborieux et limité tactiquement, le jeu français est incapable en quarts de venir à bout du catenaccio grec. C'est au contraire l'équipe d'Otto Rehhagel qui marque sur un contre en seconde mi-temps avant de tenir la baraque (1-0). Après cette déception et notamment une première mi-temps pitoyable, Zidane, Makelele, Thuram et Lizarazu (à la rue sur le but grec) annoncent leur retraite. Pénible.
6. Euro 2021 : Insuffisant (voir ci-dessus)
7. Coupe du monde 2014 : En construction après la prise en main de Didier Deschamps deux ans plus tôt, la bande aux prometteurs Pogba et Griezmann joue un bon football et bloque en quarts (objectif atteint) face au schéma tactique incompressible d'une Allemagne future championne (0-1). Prometteur.
8. Euro 2016 : Dans la continuité de 2014, les Tricolores montent en puissance. Objectif : atteindre les demi-finales d'un Euro se jouant en France. Après un premier tour poussif, la finale est atteinte après une grande victoire contre l'Allemagne en demi-finale (2-0). Plutôt dominatrice en finale contre le Portugal de Ronaldo, l'équipe de Didier Deschamps touche du bois dans les arrêts de jeu (Gignac) puis s'incline en prolongations sur une frappe venue de nulle part d'Eder (109e). On entendra plus jamais parler de l'ex-joueur de Lille mais la France échoue si près du but. En travers de la gorge.
9. Coupe du monde 2006 : Loin d'être favorite et poussive dans le jeu, la France s'extrait difficilement du premier tour, dans un groupe pourtant fort abordable (Suisse, Corée du Sud, Togo). Transformée en phase à élimination directe avec un Zidane étincelant, elle élimine succéssivement l'Espagne, le Brésil et le Portugal, tous battus dans le temps réglementaire. Dominatrice contre l'Italie, elle subit deux coups durs, avec la sortie sur blessure en 2ème mi-temps de Viera puis le fameux coup de boule de Zidane durant la prolongation. L'Italie s'impose finalement aux tirs aux buts (1-1 ; 5-4 tab). Une défaite imméritée pour des Bleus qui mettront des années à s'en remettre. Injuste.
15:27 Publié dans Football, Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, équipe de france de football, euro, euro 2020, euro 2021, france-italie, knysna, zidane, domenech, zinedine zidane, raymond domenech, grèce, didier deschamps, deschamps, gignac, eder
06/08/2019
Macédoine du Nord
Après le Swaziland en 2018, c'est un autre Etat qui a récemment changé de nom. Le 12 février 2019, la Macédoine (capitale : Skopje), pays des Balkans coincé entre la Grèce, la Bulgarie, l'Albanie, la Serbie et le Kosovo (25.713 km² ; 3 millions d'habitants) devenait officiellement la "République de Macédoine du Nord". La raison? Un long contentieux avec la Grèce qui reprochait à cet Etat, né le 8 septembre 1991 de l'éclatement de la Yougoslavie, de s’approprier son héritage culturel par le biais de son nom et de son drapeau national. Après que la Grèce eut suspendu son commerce avec le nouvel Etat (1994), celui-ci modifiait le drapeau en 1995. Mais la question du nom n'était toujours pas réglée (l’appellation Ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM) était validée par l'ONU en 1993) et la Grèce opposait son veto aussi bien à l'adhésion de la Macédoine à l'OTAN (candidate depuis 1999) qu'à son entrée à l'UE (candidate depuis 2004). Après l'Accord de Prespa (12 juin 2018), signé entre la Grèce et la Macédoine, cette dernière changeait donc de nom. Après validation des parlements des deux pays, l'accord entrait donc en vigueur en février 2019. Retour ici sur la problématique du drapeau et du nom du pays.
En août 1992, la Macédoine adopte un drapeau comprenant le "soleil de Vergina" (drapeau ci-contre). Découvert en 1977 à Aigéai (près de Vergina, au nord de la Grèce) par l'archéologue grec Manolis Andronikos dans une tombe royale macédonienne attribuée à Philippe II de Macédoine (382-336 avant J.C), ce symbole serait un emblème de la dynastie des Argéades qui régna sur le Royaume de Macédoine de -700 à -309 (cette interprétation ne fait toutefois pas l'unanimité). Le soleil de Vergina étant un symbole du Royaume de Macédoine (Vergina en fut la première capitale) qui fut à l'origine de l'expansion - sous Alexandre le Grand - de l’hellénisme en Asie (traversée de l'Hellespont puis victoire lors de la Bataille du Granique, en -334), l'Etat grec a contesté avec véhémence sa présence sur ce drapeau, le considérant comme faisant partie exclusivement de son héritage historique et culturel. La Grèce demandait également à ce que le nom Macédoine ne figure pas dans l’appellation officielle de la nouvelle république. Celle-ci était quand même admise à l'ONU le 8 avril 1993 et était reconnue par un nombre conséquent d'Etats dont les Etats-Unis, la Chine et la Russie.
Pour appréhender le problème du nom Macédoine, il est nécessaire de faire un survol historique et géographique de cette dernière. La "première" Macédoine correspond aujourd'hui à la Macédoine grecque (carte ci-contre) - qui recouvre les régions administratives grecques de Macédoine orientale-et-Thrace (en partie), de Macédoine de l'Ouest, de Macédoine centrale, ainsi que la République monastique du Mont Athos (région à statut particulier) - au sud-ouest de la Bulgarie, au sud-est de l'Albanie, et au sud et sud-est de l'Etat actuel de Macédoine du Nord (carte ci-contre). La langue parlée sur ce territoire peuplé de tribus thraces est le macédonien ancien, langue hellénique mais non-grecque. C'est là qu'apparaît le Royaume de Macédoine (VIIe s. avant J.C). Dans sa guerre contre l'Empire perse, Philippe II de Macédoine (382-336 avant J.C) parvient à unifier en 357 toutes les tribus (Grecs, Illyriens, Béotiens notamment) des régions voisines et agrandit son royaume de la Thessalie, de l'Epire, et de la Thrace méridionale (-340).
De même, la proportion dans ce royaume de l'actuelle Macédoine s'agrandit (carte ci-contre). Fils de Philippe II, Alexandre III de Macédoine, dit "le grand", poursuit son oeuvre et étend le royaume jusqu'en Asie. A sa mort, ses généraux se partagent son empire. La dynastie des Antigonides s'octroie la Macédoine qui, à ce moment-là comprend géographiquement ce qui correspond aujourd'hui à la Macédoine du Nord, à la Macédoine grecque, et à l'Oblast de Blagoevgrad (Bulgarie).
En -168, dans le contexte de la Troisième guerre de Macédoine, les Antigonides sont battus par la République romaine. La Macédoine passe sous sa souveraineté puis devient officiellement une province romaine en -146 (carte ci-contre), comprenant les territoires cités précédemment (la portion bulgare est beaucoup plus petite) auxquels il faut ajouter une partie de l'Albanie ainsi qu'une extension ver le sud. La région passe ensuite sous domination byzantine puis ottomane. Après la fin de la Seconde guerre mondiale, la Macédoine slave (c'est-à-dire correspondant à la Macédoine du Nord actuelle) rejoint le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes qui devient en 1930 le Royaume de Yougoslavie.
En 1945, est fondée la République populaire fédérative de Yougoslavie, composée de 6 Républiques populaires dont celle de Macédoine. Celle-ci adopte un drapeau rouge sur lequel figure une étoile décentrée rouge et bordurée de jaune (drapeau ci-contre). C'est ainsi, qu'à peu de choses près, le Royaume antique de Macédoine correspond en grande partie à la Grèce actuelle. Celle-ci estime qu'elle seule peut revendiquer l'héritage hellénique et s'en sert pour mettre en avant une continuité historique entre Macédoine antique et Macédoine grecque actuelle. Mais cela ne clôt pas le débat pour autant. Est-ce suffisant pour réclamer qu'une région voisine faisant partie de ce royaume et qui se nomme Macédoine dans ses frontières actuelles depuis 1918 ne puisse revendiquer également l'héritage d'Alexandre le Grand ? Il n'est pas aisé de répondre car même l'origine du nom "Macédoine" a droit à des versions historiques divergentes. De même, la langue parlée et l'ethnie dominante du Royaume de Macédoine n'étant pas grecques, il est légitime, d'une certaine manière, que la Macédoine du Nord est droit à revendiquer cet héritage.
Concernant le drapeau, celui-ci était donc modifié le 2 octobre 1995. Si la couleur rouge, symbolique de la région, fut préservée, le soleil de Vergina à 16 étoiles céda la place à un autre, non connoté, à 8 étoiles. Créé par l'architecte, graphiste et dessinateur Miroslav Grcev, le nouveau drapeau (proportions 1:2) divisa quelque temps la société macédonienne. Après un sondage montrant que 56.33% de la population était en faveur d'un nouveau drapeau, l'Assemblée nationale vota pour ce dernier par une majorité écrasante (110 pour, 2 abstentions, 4 contre).
Concernant l'Accord de Prespa, celui-ci entraîna en Grèce l'opposition des partis d'extrême-droite, d'extrême-gauche et du parti conservateur, Nouvelle Démocratie. La victoire de ce dernier aux élections législatives grecques du 7 juillet 2019 est considérée, selon certaines analyses, comme un vote sanction contre le premier ministre Alexis Tsipras et son parti de gauche, en raison - entre autres - de la signature de cet accord. Majoritairement nationaliste, la société grecque - non consultée - est farouchement opposée à la présence du nom "Macédoine" dans le nom officiel de l'Etat voisin. J. N
10:13 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grèce, yougoslavie, macédoine, macédoine du nord, balkans, soleil de vergina, ex-yougoslavie, accord de prespa, miroslav grcev, argéades, philippe ii, philippe ii de macédoine, alexandre le grand, aigéai, manolis andronikos, ancienne république yougoslave de macédoine, macédoine antique, macédoine historique, albanie, bulgarie
05/05/2018
De la résistance à la guerre civile en Grèce
Diplômée de Sciences Po, agrégée, et spécialiste de la Résistance grecque (Seconde guerre mondiale), Joëlle Fontaine, fait bien de retracer les jalonnements politiques survenues en Grèce durant la période 1941-1946, période méconnue du grand public. Elle y explique comment la Résistance grecque (1), l'une des plus actives et efficaces de l'Europe occupée par les nazis, fut systématiquement court-circuitée par les Anglais (on ne percevra plus jamais Winston Churchill de la même manière) en pleine résistance à l'occupant allemand, avant d'être définitivement massacrée vers la fin de la guerre par ces mêmes Anglais travaillant main dans la main avec les collaborateurs.
Cette période, racontée de manière on ne peut plus claire et s'appuyant sur une documentation très solide, est le prélude de la guerre civile qui dura du 12 février 1946 au 16 octobre 1949 et qui opposa le Parti communiste de Grèce (appuyé par l'URSS et la Yougoslavie) au Royaume de Grèce (2), soutenu fort logiquement par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, désireux coûte que coûte d'éradiquer la "menace communiste" dans un contexte de début de Guerre froide et du bipolarité du monde (3).
Comprendre l'état politique et économique de la Grèce d'aujourd'hui mais également la période de la dictature des colonels (1967-1974) passe nécessairement par appréhender cette période critique qui annonce que la Grèce sera maintenue "dans le statut de pays dominé qui est le sien depuis sa création, avec la complicité de ses gouvernements successifs" (p. 360). Un ouvrage précieux.
Extraits
"On ne peut comprendre ce qu'est la Grèce actuelle en ignorant toutes ces années de guerre et de dictature qui ont laissé des traces profondes. Elles expliquent en partie le maintien jusqu'à aujourd'hui d'une armée surdimensionnée par rapport à ce petit pays. Elles ont retardé la modernisation des structures économiques et sociales qui s'est faite dans la plupart des pays européens après la guerre. Elles ont au contraire permis le maintien en place d'élites parasites, complices de la domination des grandes puissances, entretenant la corruption et le clientélisme à l'origine du gonflement de la fonction publique. [...]
La tutelle financière et politique actuellement imposée à la Grèce par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, le scandale déclenché en novembre 2011 par la timide tentative du premier ministre grec pour consulter le peuple et "l'invitation" humiliante à y renoncer qui s'en est suivie - tout cela rappelle que la Grèce ne dispose que d'une souveraineté très limitée, comme elle en a fait maintes fois la douloureuse expérience au cours de son histoire."
J. N
Joëlle Fontaine, De la résistance à la guerre civile en Grèce. 1941-1946, Paris, La Fabrique, 2012, 373 p.
(1) Le Front de libération nationale (ELAM) et sa branche armée, l'Armée populaire de libération nationale grecque (ELAS) constituaient le principal mouvement de résistance à l'occupation nazie. Ils étaient contrôlés par le Parti communiste de Grèce (KKE).
(2) La Grèce fut politiquement un Royaume durant trois périodes : 1832-1924, 1935-1941 et 1944-1973. Le retour en Grèce du roi Georges II en septembre 1946 est assuré par les Anglais.
(3) C'est le 5 mars 1946 que Winston Churchill popularise l'expression "rideau de fer", désignant une Europe divisée en deux blocs politiques et idéologiques antagonistes.
12:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de la résistance à la guerre civile en grèce. 1941-1946, joëlle fontaine, grèce, communisme, seconde guerre mondiale, guerre civile grecque, goerges ii, winston churchill
12/12/2014
Indice de liberté de presse - 2014
Pour la quatrième année consécutive, la Finlande - archétype d'un système démocratique abouti - est le pays respectant le plus la liberté de presse, d'après les critères retenus par Reporters sans Frontières. Son classement annuel comprend 180 Etats (179 l'an passé, 178 en 2012). Les Pays-Bas sont seconds et la Norvège troisième.
Les pays scandinaves (dans la définition large du terme 'Scandinavie') sont d'ailleurs tous présents dans le Top 10 qui est également inchangé par rapport à l'année passée, à la différence près que d'une part le Liechtenstein (6e) et le Danemark (7e) et que d'autre part l'Islande (8e) et la Nouvelle-Zélande (9e) échangent de place.
Liberté de presse et niveau de corruption sont tous deux des indicateurs de démocratie. Par conséquent, il est fort logique que parmi les 10 premiers, 7 Etats figurent aussi dans le TOP 10 du classement selon l'Indice de corruption, effectué par l'ONG allemande Transparency International (voir notre note à ce propos).
En bas de classement, l'Erythrée est dernière à son habitude, suivie de la Corée du Nord et du Turkménistan, 3 Etats que l'on peut qualifier sans ambiguïté de "prisons à ciel ouvert". Ce top 10 des bonnets d'âne par rapport à l'an passé, à la différence que le Laos (171e) prend la place de Cuba (170e).
La France et les Etats-Unis sont respectivement 40ème et 46ème, la Russie 148ème. Au sein du continent africain, la Namibie est première (22e), suivie du Ghana (27e). Il faut descendre jusqu'au 91ème rang pour retrouver un pays arabe, le Koweit. Vient ensuite le Liban (106e).
Au niveau progression/régression, le Panama (87e) et l'Equateur (95e) font un bon de 24 places, suivis de l'Abanie (85e) qui en gagne 16. A contrario, la République centrafricaine (109e) enregistre la pire chute (-44). Le conflit en cours n'y est certainement pas étranger. Guerre et absence de liberté sont d'ailleurs intimement liés. Le Guatemala (125e ; -30), le Mali (122e ; -23), et la Zambie (93e ; -21) suivent. Mais il faut surtout noter la forte régression des Etats-Unis, autoproclamés pays de la liberté (-14). Enfin, la Grèce (99e) marque la plus mauvaise régression en Europe (-15) tandis que la Serbie (54e) y accomplit la meilleure progression (+9). J. N
Les 10 premiers
1.Finlande
2.Pays-Bas
3.Norvège
4.Luxembourg
5.Andorre
6.Liechtenstein (+1)
7.Danemark (-1)
8.Islande (+1)
9.Nouvelle-Zélande (-1)
10.Suède
Les 10 derniers
180.Erythrée (-1)
179.Corée du Nord (-1)
178.Turkménistan (-1)
177.Syrie (-1)
176.Somalie (-1)
175.Chine (-2)
174.Vietnam (-2)
173.Iran (+1)
172.Soudan (-2)
171.Laos (-3)
Classement complet
http://rsf.org/index2014/fr-index2014.php
19:20 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grèce, serbie, panama, équateur, albanie, guatemala, république centrfricaine, mali, syrie, somalie, vietnam, iran, soudan, états-unis, indice de liberté de presse 2014, reporters sans frontières, indice de liberté de presse, norvège, pays-bas, finlande, luxembourg, andorre, liechtenstein, danemark, suède, islande, nouvelle-zélande, chine, laos, erythrée, corée du nord, turkménistan