21/11/2020
Raised by Wolves
Il faut reconnaître qu'on ne s'attendait pas à grand chose d'une série de science-fiction liée à Ridley Scott (producteur exécutif et réalisateur des épisodes 1 et 2 tandis que son fils Luke a réalisé les épisodes 3, 4 et 10), vu que le réalisateur des cultes Alien et Blade Runner est sur le déclin depuis un bon moment déjà (vu ses 82 ans, c'est compréhensible) et que ses derniers opus SF n'étaient pas spécialement incisifs (Prometheus (2012), Alien: Covenant (2017). Mais au final, nous avons été agréablement surpris par cette série diffusée par le nouveau service de vidéo à la demande, affilié à HBO, HBO Max (il va bien falloir tenir la concurrence face à Netflix, Amazon, Apple+ et les autres).
XXIIème siècle. Tandis que la Terre a été détruite par la Grande guerre, deux androïdes - Mother and Father - élèvent des enfants sur la planète Kepler-22-b. Mais la colonie humaine débarque et son fanatisme religieux mortifère n'annonce rien de reluisant... Dans cette atmosphère minimaliste et aseptisée (des classiques de la SF), arride et hostile, l'angle d'attaque est osé mais plutôt réussi : soit la confrontation entre la dystopie humaine et l'utopie cybernétique. On retrouve ici la patte de Ridley "Blade Runner" Scott, où ces deux machines sont finalement plus attachantes que les envahisseurs humanoïdes, incapables de s'extirper de cet "opium des peuples" (ce qui explique peut-être que la psychologie des personnages est peu travaillée). La vision de l'avenir est sombre, fascinante et brutale, et nous y adhérons pleinement.
Petit bémol : après avoir couvert beaucoup de terrain durant les premiers épisodes, le scénario s'essoufle vers la fin. C'est dommage. Mais cela n'empêche pas ce récit complexe et cérébral d'apporter un vent de fraîcheur à l'univers de la science-fiction. Malgré ses imperfections, la série vaut largement le détour et nous attendons la suite avec curiosité. J N
Raised by Wolves
(10 épisodes diffusiés du 3 septembre au 1er octobre 2020)
Production : HBO Max
Création : Aaron Guzilowski
Cast : Travis Fimmel, Amanda Collin, Abubakar Salim, Winta McGrath, Niamh Algar, Jordan Loughran.
22:14 Publié dans Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raised by wolves, hbo max, science-fiction, ridley scott, luke scott, dystopie, blade runner, aaron guzilowski, travis fimmel, amanda collin, abubakar salim, winta mcgrath
08/07/2012
Prometheus
Pour les fans invétérés de la saga Alien, le dernier opus de l'infatigable Ridley Scott, annoncé comme un préquel à la quadrilogie, était logiquement attendu avec impatience. Avant Alien donc, deux scientifiques obsédés par les origines de l'humanité (un thème très à la mode), découvrent un indice qui les entrainera vers une planète très lointaine. Le groupe d'explorateurs se retrouve dès lors dans un lieu hostile où malheur pour lui, il va ouvrir la boîte de Pandore qui ne demandait que ça... Avec les derniers longs (American Gangster, Body of Lies, Robin Hood...), nous affirmions que le réalisateur prolixe, à défaut de ne plus être novateur (Blade Runner, Thelma and Louise...), demeurait un excellent conteur d'histoires. Avec Prometheus, nous avons eu la preuve qu'il n'en était plus grand chose. Si l'atmosphère "film de science-fiction angoissant" est plutôt réussie et que les décors sont époustouflants (merci Giger), le scénario (mais aussi les personnages) manque cruellement d'épaisseur. Exit la reflexion qui fit la notoriété de Scott (Blade Runner, Alien) pour une SF horrifique mais sympatoche. Bref, une grosse déception.
Prometheus (Ridley Scott, USA, 2012, 120 min). Avec Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Noomi Rapace, Logan Marshall-Green, Guy Pearce, Sean Harris, Rafe Spall.
17:15 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : american gangster, body of lies, robin hood, blade runner, ridley scott, prometheus, alien, michael fassbender, charlize theron, idris elba, noomi rapace, logan marshall-green, guy pearce, sean harris, rafe spall
05/08/2008
Blade runner
Parce qu'ils ne supportaient plus la vie sur Mars, six androïdes Nexus 6 (le type de robot le plus évolué) ont assassiné leur gardien et sont partis se cacher sur Terre. L'agent Rick Deckard, inspecteur de la brigade spéciale des Blade Runners est envoyé à leurs trousses. Périlleuse mission car ces androïdes ne sont pas n'importe qui, ils sont presque aussi intelligents que les humains. Mais la paye vaut la peine : 1000 dollars par androïde liquidé. Ainsi, Rick pourra remplacer son mouton électrique par un vrai...
Brillamment adapté au cinéma par Ridley Scott, Blade Runner demeure une des oeuvres fondamentales de Philip K. Dick. Mort en 1982, celui-ci pu se rendre à l'avant-première du film mais mourut avant la sortie en salles de cinéma. Si le thème du robot qui s'affranchit de la servitude est courant en science-fiction, Dick y apporte une touche différente. Son récit est centré sur les humains (comme dans la plupart de ses ouvrages). Il ne pose pas la question habituelle "Et si les robots se rebellaient et prenaient le dessus sur les hommes (Asimov par exemple)" ? Mais pose plutôt le postulat suivant : Et si les humains, être froids, impersonnels, dénués de sentiments, cupides, n'étaient pas plus "humains" que les robots ? Et si ces derniers étaient en fait pourvus de sentiments ?
"[...] Les androïdes rêveraient-ils ? se demanda Rick. Bien sûr, puisqu'il leur arrive de tuer leur patron pour s'enfuir vers la Terre. Vers une vie meilleure, sans servitude. [...]"
"[...] Nous sommes bel et bien des machines, on nous emboutit à la chaîne, comme des capsules de bouteille. Je - moi, personnellement -, je croyais exister en tant que telle, et ce n'est qu'une illusion... Je ne suis qu'un modèle de série parmi des milliers d'autres. Elle frissonna.
Rick ne put s'empêcher de se moquer d'une morosité qu'il jugeait outrée.
- Les fourmis n'ont pas ce genre de sentiments et pourtant elles sont physiquement identiques.
- Les fourmis ! Elles n'ont pas de sentiments du tout. [...]"
Philip K. Dick, Blade Runner, J'ai Lu, n° 1768, 251 p. Traduit de l'américain par Serge Quadruppani. Paru pour la première fois en 1968 sous le titre original Do androids dream of electric sheep ?
17:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blade runner, philip k. dick, science-fiction
11/05/2007
Next
Une chose est certaine, si Philip K. Dick entrevoyait se qui se passait dans les prétendues adaptations de ses romans ou nouvelles, il se retournerait dans sa tombe. Même lorsque le matériau d'origine (la nouvelle écrite), est plus ou moins respecté, il est difficile de présenter un film crédible, tellement l'oeuvre de ce génie de P. Dick est complexe et difficile justement à "transformer" en film. Blade Runner, adaptation faite par Ridley Scott (1982, de la nouvelle Est-ce que les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?) fut considéré comme un chef d'oeuvre, même s'il n'a presque rien à voir avec le livre. Suivront Total Recall (Paul Verhoeven, 1990) et Minority Report (Steven Spielberg, 2002), plutôt moyens. A préciser toutefois que Spielberg n'a pas pu s'empêcher, comme d'habitude, d'apporter sa touche mannichéenne et humaniste à l'adaptation, en bafouant par exemple le dualisme des personnages (notamment celui de l'officier John Anderton, interprété par le pote de Spielberg, Tom Cruise). La nouvelle "Minority report" fait une centaine de pages et se termine mal (comme très nombreux livres de Dick). Or, le film de Spielberg finit sur un happy end...
Paycheck de John Woo (2003) est très mauvais. C'est un film d'action, sans plus, interprété par Ben Affleck, acteur médiocre. A scanner darkly (Richard Linklater, 2006) est un bon film également, difficile de faire mieux tant le roman est compliqué et confus. D'autres films, moins connus que les précédents, se sont inspirés de l'oeuvre de Philip. K. Dick : Impostor (2002, Gary Fleder), Screamers (1995, Christian Duguay) et Confessions d'un barjo (1992, Jérôme Boivin). Place maintenant à Next. La nouvelle de K. Dick fait 48 pages (ancienne edition J'ai lu, 1982, n° 1291), écrite en 1954 et se passe dans le futur. Le film par contre se passe dans le présent... 48 pages ce n'est pas beaucoup pour produire un long-métrage alors on ajoute du "spectacle" à gauche et à droite. Dans le film, Chris Cooper, personnage possédant des pouvoirs surhumains, est aussi Franck Cadillac, magicien à ses heures dans un hotel de Las Vegas... Pas de problème nous dira-t-on, il faut bien modifier pour pouvoir vendre le film. Mais là où le bât blesse c'est le non-respect total (de la part du film) de l'essence même de l'oeuvre qui est une critique implicite des humains. Dans celle-ci, les "Dèves" sont des espèces de mutants. Mi humains, mi-quelque chose d'indescriptible. Chris Cooper fait partie de ces êtres dotés de pouvoirs surnaturels. Lui peut prédire le futur. Nous sommes en pleine psychose. Tous les Dèves repérés sont euthanasiés, de peur qu'ils ne nuisent aux "humains", or la plupart d'entre eux ne possèdent que des malformations physiques (plusieurs jambes ou poitrines...), pourquoi donc les tuer ? car l'homme est primaire. Sauf que Chris Cooper, "l'homme doré" (il possède une crinière dorée naturelle), est vraiment doué pour sa part (même s'il est muet) et les autorites feront tout pour le liquider. Mais grâce à une femme qui ne peut s'empêcher de tomber amoureuse de lui, tant sa beauté physique hypnotise, il parvient à passer à travers les mailles du filet. Les humains n'auront qu'a bien se tenir car gare à eux s'il parvient à se reproduire. Après tout, il peut séduire n'importe quelle femme... Que propose donc la paire réalisateur-scénariste ? une menace terroriste (bombe nucléaire) pèse sur les Etats-Unis, c'est très à la mode depuis le 11 septembre (syndrome 24 heures chrono), le FBI a besoin de Chris Cooper (Nicolas Cage en perruque (!!?) et pas du tout crédible) pour sauver le monde. Celui-ci est amoureux d'une femme destinée à le rencontrer (Jessica Biel en vraie potiche de service) et qui va lui permettre de suivre la piste des terroristes, français !! Dans Déja vu de Tony Scott, Denzel Washington remonte le passé, ici, Nicolas Cage (pitoyable comme jamais) traque le futur. On se demande lequel de ses deux films est le plus mauvais. "Next" probablement. A fuir absolument.
Next (Lee Tamahori, USA, 2007, 96 mins). Avec Nicolas Cage, Julianne Moore, Jessica Biel, Nicolas Pajon, Jessica Barth, Charles Chun.
16:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philip k. dick, next, l'homme doré, nicolas cage, blade runner
16/09/2006
A scanner darkly
A propos de Philip K. Dick
"A scanner darkly" est le 5ème long-métrage hollywoodien adapté de l'oeuvre de Philip K. Dick. Publié pour la première fois en 1952, celui-ci s'oriente rapidement, après des débuts classiques, vers une science-fiction plus personnelle, où se déploient un questionnement permanent de la réalité et une réflexion radicale sur la folie. On peut considérer que A scanner darkly (en français : "Substance M", disponible aux éditions Folio) est l'oeuvre la plus personnelle de Philip K. Dick. Explorateur inlassable de mondes schizophrènes, désorganisés et équivoques, il clame tout au long de ses oeuvres que la réalité n'est qu'une illusion, figée par une perception humaine imparfaite.
Philip K. Dick (1928-1982) eut une existence instable, faite de divorces multiples, de drogues, de tentatives de suicide ou de recherches mystiques. La rapidité avec laquelle sont écrites certaines de ses oeuvres (notamment Minority Report) s'explique par des consommations très fréquentes de LSD et d'amphétamines.
Avant A scanner darkly, le cultissime Blade Runner (inspiré de son roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?) fut réalisé par Ridley Scott (1982, avec Harrison Ford et Sean Young). Suivit Total Recall, inspiré de sa longue nouvelle "Souvenirs à vendre" et réalisé par Paul Verhoeven (1990, avec Arnold Schwarzenegger) puis Minority Report (adapté du roman homonyme), réalisé par Steven Spielberg (2002, avec Tom Cruise et Collin Farell) et le très moyen Paycheck (2003, avec Ben Affleck, Uma Thurman et Aaron Eckart), normal c'est réalisé par John Woo.
Le premier a avoir tenté de réaliser A scanner darkly fut le "réalisateur à risques" Terry Gilliam (Brazil, The fisher king, 12 monkeys, Fear and loathing in Las Vegas). Ensuite, Georges Clooney et Steven Soderbergh se sont emparés de l'affaire, ils sont tous les deux producteurs exécutifs dans ce long-métrage, réalisé par Richard Linklater.
Lorsqu'il décède à l'âge de 54 ans, P. K. Dick est peu connu du public. Toute sa vie durant, il fut relativement pauvre, parfois même miséreux (dans un de ses articles, il décrit avec humour l'époque où sa femme et lui étaient contraints de se nourrir avec des boîtes de chien) alors que d'autres écrivains américains de science-fiction, comme Isaac Asimov (auteur culte du cycle Fondation), Robert A. Heinlein et Franck Herbert (Dune). (Cf. la préface de Julie Péjos dans Minority Report, éditions Folio, 2002) vivaient un grand succès.
Aujourd'hui, il est considéré comme un génie de la science-fiction même s'il ne possède pas le style le plus affiné (il écrivait trop vite). Inventions multiples, décalages vertigineux et hallucinants dans la perception du futur constituent sa marque de fabrique. On considère que sa façon de percevoir le futur était différente de celle d'autres écrivains ayant plus de succès que lui. Sa façon de percevoir le futur était différente. Au lieu de construire ses histoires sur des concepts (comme les autres), il le faisait autour de personnages. Ceux-ci n'étaient pas des héros mais des citoyens ordinaires du futur confrontés à toutes sortes de soucis quotidiens (argent, relations, emploi...). Comme tout le monde.
Dick fut sans doute inspiré dans ses oeuvres par sa vie même : soucis financiers, 5 fois marié, grosse consommation de drogues... Normal que certaines de ses oeuvres soient assez glauques (Substance M) : beaucoup de LSD. En 1982, il vu une avant-première de Blade Runner mais décéda avant la sortie de ce dernier. Dommage qu'il soit décédé avant la sortie des autres films adaptés de son oeuvre. Celle-ci demeure immense aujourd'hui et il est désormais considéré comme un éminent auteur de science-fiction.
Dans A scanner Darkly de Richard Linklater, l'univers de Philip K. Dick est revisité par l'animation : aux prises de vue des acteurs sont superposées des créations infographique très sophistiquées (comme dans Waking Life, 2001, du même réalisateur) : la performance des comédiens est recréée par les procédés de l'animation. Robert Downey Jr. est énorme. A travers ce monde déglingué où se conjuguent paranoïa, schizophrénie, hallucinations et démence, confusion entre le réel et l'irréel, on peut entrevoir une certaine critique de l'Amérique d'aujourd'hui marquée par la psychose qui résulte du 11 septembre 2001 (même si l'oeuvre est antérieure), sans que le film soit tout à fait politiquement engagé. Tout le monde est suspect et chacun est coupable jusqu'à preuve du contaire.
A SCANNER DARKLY (Richard Linklater, USA, 2006, 100 mins). Avec Keanu Reeves, Winona Ryder, Robert Downey Jr., Woody Harrelson, Rory Cochrane.
02:55 Publié dans Film, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : science-fiction, philip k. dick, a scanner darkly, steven soderbergh, blade runner, keanu reeves, winona ryder, robert downey jr., rory cochrane, woody harrelson