14/12/2012
Argo
Téhéran. 4 novembre 1979. Quelques mois après la Révolution iranienne, une foule d'enragés, furieuse de la présence aux Etats-Unis du chah Mohamad Reza Pahlavi, l'ancien dictateur, prend d'assaut l'ambassade US. C'est le fameux Irangate qui va durer 444 jours. Six diplomates prennent la fuite et se réfugient dans l'ambassade du Canada. Ce n'est qu'une question de temps pour qu'ils ne soient attrapés, dans un Iran au summum de l'histérie anti-occidentale. Spécialiste de l'ex-filtration, l'agent de la CIA Tony Mendez (Ben Affleck) monte un plan incroyable pour les faire sortir du pays : les faire passer pour l'équipe de tournage du "faux-film" Argo (voir l'affiche ci-dessous). Inspiré de la vraie histoire (les 6 furent évacués par avion le 28 janvier 1980), ce thriller d'espionnage, troisième opus de Ben Affleck, après Gone baby gone (1) et The Town (2), était l'occasion de voir si le jeune réalisateur allait confirmer tout le talent entrevu dans ses deux premiers longs. Mise en scène virtuose, narration intelligente, direction d'acteurs et reconstitution historique impeccables et pour terminer, un jeune réalisateur qui entre dans la cour des grands. J. N
Argo (Ben Affleck, USA, 2012, 120 mins). Avec Ben Affleck, Byan Cranston, Alan Arkin, John Goodman, Victor Garber, Tate Donovan, Clea DuVall, Scoot McNairy, Kerry Bishé, Rory Cochrane.
- 4 nominations - Golden Globe 2013.
- Présenté - Festival de Toronto 2012.
- Présenté - Festival de San Sebastian 2012.
- Présenté - Festival de Zurich 2012.
- Meilleur scénario - Los Angeles Film Critics Association Awards 2012.
(1) Voir le commentaire sur ce film dans la note suivante :
http://eklektik.hautetfort.com/archive/2008/01/05/gone-baby-gone.html
(2) Voir le commentaire sur ce film dans la note suivante :
http://eklektik.hautetfort.com/archive/2010/11/04/the-town.html
16:04 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : argo, ben affleck, bryan cranston, alan arkin, john goodman, victor garber, tate donovan, rory cochrane, clea duvall, kerry bishé, scoot mcnairy, irangate, iran, téhéran, révolution iranienne
16/09/2006
A scanner darkly
A propos de Philip K. Dick
"A scanner darkly" est le 5ème long-métrage hollywoodien adapté de l'oeuvre de Philip K. Dick. Publié pour la première fois en 1952, celui-ci s'oriente rapidement, après des débuts classiques, vers une science-fiction plus personnelle, où se déploient un questionnement permanent de la réalité et une réflexion radicale sur la folie. On peut considérer que A scanner darkly (en français : "Substance M", disponible aux éditions Folio) est l'oeuvre la plus personnelle de Philip K. Dick. Explorateur inlassable de mondes schizophrènes, désorganisés et équivoques, il clame tout au long de ses oeuvres que la réalité n'est qu'une illusion, figée par une perception humaine imparfaite.
Philip K. Dick (1928-1982) eut une existence instable, faite de divorces multiples, de drogues, de tentatives de suicide ou de recherches mystiques. La rapidité avec laquelle sont écrites certaines de ses oeuvres (notamment Minority Report) s'explique par des consommations très fréquentes de LSD et d'amphétamines.
Avant A scanner darkly, le cultissime Blade Runner (inspiré de son roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?) fut réalisé par Ridley Scott (1982, avec Harrison Ford et Sean Young). Suivit Total Recall, inspiré de sa longue nouvelle "Souvenirs à vendre" et réalisé par Paul Verhoeven (1990, avec Arnold Schwarzenegger) puis Minority Report (adapté du roman homonyme), réalisé par Steven Spielberg (2002, avec Tom Cruise et Collin Farell) et le très moyen Paycheck (2003, avec Ben Affleck, Uma Thurman et Aaron Eckart), normal c'est réalisé par John Woo.
Le premier a avoir tenté de réaliser A scanner darkly fut le "réalisateur à risques" Terry Gilliam (Brazil, The fisher king, 12 monkeys, Fear and loathing in Las Vegas). Ensuite, Georges Clooney et Steven Soderbergh se sont emparés de l'affaire, ils sont tous les deux producteurs exécutifs dans ce long-métrage, réalisé par Richard Linklater.
Lorsqu'il décède à l'âge de 54 ans, P. K. Dick est peu connu du public. Toute sa vie durant, il fut relativement pauvre, parfois même miséreux (dans un de ses articles, il décrit avec humour l'époque où sa femme et lui étaient contraints de se nourrir avec des boîtes de chien) alors que d'autres écrivains américains de science-fiction, comme Isaac Asimov (auteur culte du cycle Fondation), Robert A. Heinlein et Franck Herbert (Dune). (Cf. la préface de Julie Péjos dans Minority Report, éditions Folio, 2002) vivaient un grand succès.
Aujourd'hui, il est considéré comme un génie de la science-fiction même s'il ne possède pas le style le plus affiné (il écrivait trop vite). Inventions multiples, décalages vertigineux et hallucinants dans la perception du futur constituent sa marque de fabrique. On considère que sa façon de percevoir le futur était différente de celle d'autres écrivains ayant plus de succès que lui. Sa façon de percevoir le futur était différente. Au lieu de construire ses histoires sur des concepts (comme les autres), il le faisait autour de personnages. Ceux-ci n'étaient pas des héros mais des citoyens ordinaires du futur confrontés à toutes sortes de soucis quotidiens (argent, relations, emploi...). Comme tout le monde.
Dick fut sans doute inspiré dans ses oeuvres par sa vie même : soucis financiers, 5 fois marié, grosse consommation de drogues... Normal que certaines de ses oeuvres soient assez glauques (Substance M) : beaucoup de LSD. En 1982, il vu une avant-première de Blade Runner mais décéda avant la sortie de ce dernier. Dommage qu'il soit décédé avant la sortie des autres films adaptés de son oeuvre. Celle-ci demeure immense aujourd'hui et il est désormais considéré comme un éminent auteur de science-fiction.
Dans A scanner Darkly de Richard Linklater, l'univers de Philip K. Dick est revisité par l'animation : aux prises de vue des acteurs sont superposées des créations infographique très sophistiquées (comme dans Waking Life, 2001, du même réalisateur) : la performance des comédiens est recréée par les procédés de l'animation. Robert Downey Jr. est énorme. A travers ce monde déglingué où se conjuguent paranoïa, schizophrénie, hallucinations et démence, confusion entre le réel et l'irréel, on peut entrevoir une certaine critique de l'Amérique d'aujourd'hui marquée par la psychose qui résulte du 11 septembre 2001 (même si l'oeuvre est antérieure), sans que le film soit tout à fait politiquement engagé. Tout le monde est suspect et chacun est coupable jusqu'à preuve du contaire.
A SCANNER DARKLY (Richard Linklater, USA, 2006, 100 mins). Avec Keanu Reeves, Winona Ryder, Robert Downey Jr., Woody Harrelson, Rory Cochrane.
02:55 Publié dans Film, Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : science-fiction, philip k. dick, a scanner darkly, steven soderbergh, blade runner, keanu reeves, winona ryder, robert downey jr., rory cochrane, woody harrelson