23/12/2012
Les enfants d'Icare
Des extraterrestres à la technologie extrêmement avancée débarquent un jour sur terre, dans un but officiellement pacifique. Restant dans leurs vaisseaux suspendus au dessus de la planète (1), ils n'interfèrent jamais dans les affaires humaines, apportant uniquement leur science au service du bien et à la pacification, celle-ci mettant fin aux conflits. Toutefois, des interrogations demeurent : pourquoi sont-ils vraiment là ? Quel est leur véritable objectif ? Et pourquoi n'est-il pas possible de les voir ? Car en effet, les "Suzerrains", comme on les appelle, ne communiquent que par l'intermédiaire de leur représentant, Karellen, "Superviseur de la Terre", celui-ci entrant en contact - par le biais d'un miroir sans teint - avec Stormgren, secrétaire général de l'ONU. Les Suzerrains promettent toutefois que dans 50 ans, ils se révéleront à l'humanité.
Ecrit par l'auteur culte de science-fiction Arthur C. Clark (2), décédé en 2008, ce roman paraît dans un contexte (les années 50), marqué aussi bien par la peur du guerre nucléaire (nous sommes au début de la guerre froide et les deux superpuissances - USA et URSS - possèdent l'arme atomique) que de celle d'une éventuelle invasion extraterrestre. Clark prend d'ailleurs le contrepieds d'ouvrages dépeignant les extraterrestres comme agressifs et colonisateurs, comme le fameux La guerre des mondes de H.G Wells, écrit en 1898 mais adapté au cinéma en 1953 (la même année où paraît Les enfants d'Icare), ou encore L'invasion des profanateurs, paru en 1955. A noter de même qu'en 1951, sortait le film, toujours culte, Le jour où la terre s'arrêta (Robert Wise), qui traite du même thème qu'Arthur C. Clark, qui s'en est peut-être inspiré.
Quoi qu'il en soit, sur ce thème d'extraterrestres "bienveillants", ce livre - une des œuvres majeures de l'auteur - est un récit passionnant, intelligent et à lire par les amateurs du genre.
Arthur C. Clark, Les enfants d'Icare, J'ai Lu, 2001, 256 p.
Titre original : Childhood's End (publié pour la 1ère fois en 1953).
(1) Image reprise au cinéma par Roland Emmerich (Independence Day, 1996), Neil Blomkamp (District 9, 2009) et d'autres...
(2) Connu pour ses ouvrages phares 2001 : l'Odyssée de l'espace (1968, adapté au cinéma par Stanley Kubrick) et Les fontaines du paradis (1978).
12:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les enfants d'icare, childhood's end, arthur c. clark, l'invasion des profanateurs, science-fiction, le jour où la terre s'arrêta, la guerre des mondes
04/11/2012
Looper
Dans un monde futuriste, l'avancée technologique ne permet plus aussi bien de masquer un crime que de faire disparaître un corps. Mais la mafia locale, jamais en panne d'idées, a mis au point une parade: elle expédie les personnes assassinées trente ans dans le passé, où des agents spéciaux, les "loopers", les font disparaître. Le jour où l'un d'entre eux, Joe (Joseph Gordon-Levitt), doit exécuter... lui-même (Bruce Willis), c'est tout le système qui est remis en cause... Dans cette catégorie déja bien fournie de longs portant sur un monde totalitaire où les plus forts éliminent implacablement les sans-grades, Looper ressemble étrangement à Repo Men (2010), où les "Repos", autre genre de Loopers, agents des firmes surpuissantes, éliminaient les personnes incapables de payer des implants d'organes au prix exorbitant. Là où un autre film du genre, In time (2011), s'était complètement embourbé (1), Looper a réussi à ne jamais s'essoufler, proposant un scénario solide jusqu'à la fin. S'il n'invente rien, il demeure un thriller d'anticipation efficace. J. N
Looper (Rian Johnson, USA, 2012, 120 min). Avec Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt, Jeff Bridges, Paul Dano, Piper Perabo, Qing Xu, Garret Dillahunt.
(1) Voir le commentaire sur ce film dans la note suivante :
14:44 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : looper, rian johnson, joseph gordon-levitt, bruce willis, emily blunt, jeff bridges, paul dano, piper perabo, qing xu, science-fiction, anticipation
02/06/2012
Les monades urbaines
2381. La population mondiale culmine à 70 milliards d'habitants, avec pour devise "se multiplier". Avoir 4 enfants est quelque chose de tout à fait banal... Dans ce monde post-moderne, post-urbain, les humains vivent dans des tours géantes de mille étages - les monades urbaines - où jouissant d'une entière liberté sexuelle (le concept de fidélité n'existe plus), sont a priori parfaitement adaptés à un espace vital restreint et à un faible coefficient d'intimité privée. Dans ce monde "parfait", point d'espace vert, la Terre est devenue un gigantesque bloc de béton où le nouveau homo-sapiens ne quitte jamais sa tour, voire son étage et vit pleinement l'utopie. Ceux qui ne sont pas heureux sont soignés et ceux qui sont incurables sont exécutés car constituant une tendance antisociale pernicieuse, ils représentent une menace à l'harmonie et à la stabilité. Comme disait un penseur, l'égalité consiste à trancher ce qui dépasse.
A l'instar de 1984 (George Orwell) du Meilleur des mondes (Aldous Huxley), cette société idyllique n'est-elle pas en fait synonyme de monde totalitaire ? Sur cette thématique, l'oeuvre de Robert Silverberg (qu'on ne présente plus), postérieure aux deux autres, en est tout aussi culte et constitue une des oeuvres phares de l'auteur. J. N
Robert Silverberg, Les monades urbaines, Le Livre de Poche, Science-Fiction, 2000, 253 p.
Titre original : The World Inside (paru pour la 1ere fois en 1971).
- Nominé pour le Prix Nebula (1972).
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12/02/2012
L'invasion des profanateurs
"Chaque cosse avait éclaté en quatre ou cinq endroits, laissant échapper une partie de la substance grise qu'elle contenait. Cette matière était en train de blanchir, comme si elle se décolorait au contact de l'air. Nous ne pouvions le nier, cela se passait sous nos yeux : cette substance molle et duveteuse se comprimait d'elle-même et prenait lentement forme."
Dans une petite ville de Californie (on est en 1976), certaines personnes commencent à agir bizarrement. Le psychanaliste local ne décèle rien de particulièrement chez les patients qu'on lui présente. Et pourtant, ces derniers semblent bel et bien avoir été dépossédés de leur identité, voire "vidés de leur substance"... The invasion of the Body Snatchers est le premier roman de Jack Finney (1911-1955). Son style d'écriture, plutôt monotone, privilégie une atmosphère sombre, faite d'inquiètude et de paranoïa, à l'action, très lente. L'intrigue est décelable à travers la psychologie de personnages terrifiés. Le récit comporte par ailleurs divers niveaux, décelables par des détails minuscules, reflexion sur les humains (et les extra-terrestres), psychanalise, allégorie politique...
Preuve de l'attrait du thème traité, ce roman a été adapté pas moins de quatre fois au cinéma. Don Siegel (1912-1991) réalisa la première adaptation, Invasion of the body snatchers, en 1956. Un chef-d'oeuvre. C'est ensuite Philip Kaufman qui s'y colle (même titre que le précédent) en 1978, pour un très bon remake, avec à l'affiche Donald Sutherland et Brooke Adams. Puis on pensait que Abel Ferrara allait terminer la boucle, avec son Body snatchers (1993), et un résultat assez médiocre. Mais voilà que le réalisateur allemand Oliver Hirschbiegel (Das Experiment, 01 ;Der Untergang, 04) s'y est mis à son tour. Si Ferrara avait retiré "invasion" du titre original, en ne préservant que "body snatchers", Hirschbiegel a fait le contraire. Il a supprimé "body snatchers" pour ne garder que "Invasion" (2007). Alors que les précédentes adapatations se terminaient par un dénouement sombre, celle de Hirschbiegel aboutit à un happy end... Hormis une discussion intéressante entre Carol (Nicole Kidman) et l'ambassadeur russe à propos des tares de l'espèce humaine, ce dernier (nous l'espérons) opus fut aussi inutile qu'insipide.
Jack Finney, L'invasion des profanateurs, Gallimard, Folio SF, 2000, 248 p.
Titre original : The invasion of the Body Snatchers (publié pour la première fois en 1955).
19:32 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jack finney, science-fiction, gallimard, the invasion of the body snatchers, l'invasion des profanateurs de sépultures, don siegel, abel ferrara, philip kaufman
07/01/2012
Les marteaux de Vulcain
En 2029, le monde est régi par une intelligence artificielle appelée Vulcain III, une sorte d'ordinateur géant faisant office de gouvernement mondial. Vulcain III a sorti la race humaine de la guerre et des autres fléaux (chômage, pauvreté...). Un monde parfait ? Dans cet univers post-machiniste, les humains sont contrôlés dès leur naissance et aucune contestation de l'ordre établi n'est autorisée car les fameaux marteaux veillent au grain. Pourtant, une certaine organisation subversive n'entend pas les choses de cette manière... Les marteaux de Vulcain est un des premiers romans écrits par Philip K. Dick et renvoie à un de ses principaux thèmes de prédilection, la menace d'un monde totalitaire, qui n'est pas sans rappeler Le meilleur des mondes (1931) de Aldous Huxley, Les monades urbaines (1971) de Robert Silverberg, ou plus plus proche encore, Le lendemain de la machine (1951) de francis G. Rayer, où la terre est également dirigée par un ordinateur géant, la Mens Magna... J. N
Philip K. Dick, Les marteaux de Vulcain, Le Masque, Science-Fiction, 1975, 251 p.
Titre original : Vulcan's Hammers (paru pour la 1ère fois en 1960).
15:25 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philip k. dick, les marteaux de vulcain, science-fiction, vulcain iii, mens magna, robert silverberg, aldous huxley, le meilleur des mondes, francis g. rayer, le lendemain de la machine, les monades urbaines, monde totalitaire, intelligence artificielle