12/12/2020
Mank
Ca fait un bail qu'on attendait un opus d'un de nos réalisateurs US fétiches, lui qui n'avait plus dirigé de long-métrage depuis Gone Girl (2014). L'attente ne fut pas déçue avec ce film miroir d'un grand classique du cinéma, Citizen Kane (1941). Plongé dans un alcoolisme irrémédiable, le scénariste Herman J. Mankiewicz tente, tant bien que mal, de boucler le script du film culte d'Orson Welles, devant également composer avec le caractère peu conciliant de ce dernier et la surveillance du cerbère de service, le producteur John Houseman.
On pensait donc à un film sur les coulisses d'un film, comme ce fut le cas avec Hitchcock (2012) mais les nombreux flashbacks reviennent d'une part sur l'évolution d'Hollywood durant la Grande Dépression et d'autre part sur les relations qu'entretient Mankiewicz avec le producteur Louis B. Meyer, le magnat de la presse William Randoph Hearst (qui a inspiré le personnage principal de Citizen Kane) et sa maîtresse Marion Davies (Amanda Seyfried) avec qui il se lie d'amitié, le tout permettant de comprendre la véritable génèse de Citizen Kane et l'état d'esprit de son scénariste longtemps occulté.
A ces différentes dimensions, il y a bien entendu le regard critique et sarcastique porté sur l'industrie hollywoodienne, à travers les punchlines acerbes et dévastatrices du principal intéressé dont la performance brillante n'est pas sans rappeler celle qui lui valut l'oscar du meilleur acteur dans un premier rôle il y a quelques années (Darkest Hour, 2017). Tandis que The Player (Robert Altman, 1992) était une satire du hollywood contemporain, que Hail, Caesar! des frères Coen (2016) parodiait le Hollywood des années 1950 et que l'uchronie Once upon a time... in Hollywood (Tarantino, 2019) se penchait sur la fin de l'âge d'or hollywoodien (années 1960), Mank fait de même pour les années 1930 tout en effectuant le même procédé que Hitchcock et en cernant une période de la vie de celui qui rapportera le seul oscar (meilleur scénario original) à Citizen Kane. L'adjonction d'une mise en scène léchée, d'une reconstitution impeccable de l'âge d'or hollywoodien et d'une réflexion fine sur les mécanismes de pouvoir dans un pays qui n'a jamais cessé de fasciner ne font qu'ajouter au brio de ce film qui sauf accident devrait rafler nombreuses récompenses aux prochains Golden Globe et Academy Awards (s'ils ont lieu). Finalement, le 11ème fim de Fincher (voir la filmographie ci-dessous), le moins grand public, est le plus abouti et déjà culte. J N
Mank (David Fincher, USA, 2020, 131 min)
Cast : Gary Oldman, Lily Collins, Amanda Seyfried, Tuppence Middleton, Tom Pelphrey, Tom Burke, Charles Dance, Toby Leonard Moore.
Les 11 films de David Fincher
- Mank (2020)
- Gone Girl (2014)
- Millenium (2011)
- The Social Network (2010)
- The curious case of Benjamin Button (2008)
- Zodiac (2007)
- Panic Room (2002)
- Fight Club (1999)
- The Game (1997)
- Seven (1995)
- Alien 3 (1992)
11:31 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david fincher, mank, hollywood, gary oldman, amanda seyfried, lily collins, tuppence middleton, tom burke, tom pelphrey, charles dance, toby leonard moore, citizen kane, herman j. mankiewicz, orson welles
31/08/2013
House of Cards
La série dont on a beaucoup parlé cette année (légèrement moins que Game of thrones et Breaking Bad tout de même) nous vient de David Fincher. Adaptée de la série britannique qui porte le même nom (1990), elle-même adaptation du roman au titre éponyme de Michael Dobbs, et diffusée gratuitement sur le site internet Netflix, House of cards (1) est centrée autour de Frank Underwood (Kevin Spacey), membre démocrate du Congrès et whip (2) à la Chambre des représentants (3).
Pour avoir aidé Garrett Walker à accéder à l'investiture suprême, Underwood devait être nommé Secrétaire d'Etat, comme promis. Mais finalement cette promesse n'est pas tenue, Underwood étant trop précieux dans ses fonctions actuelles. Furieux de cette "trahison", il décide de se venger de ceux qui l'ont trahis. Pour cela, il va mettre en place un échiquier, centré autour de deux pions principaux, le député de Pensylvanie, Peter Russo (Corey Stoll), et une jeune journaliste ambitieuse, Zoe Barnes (Kate Mara) ; et va s'évertuer ainsi à faire tomber les cartes l'une après l'autre...
House of Cards s'inscrit donc dans cette catégorie de séries US politiques. Il faut souligner dans cette optique que si le pouvoir exécutif a longtemps tenu le haut de l'affiche (comme par exemple l'excellente The West Wing de NBC), les autres formes de pouvoir ont pris le dessus depuis une dizaine d'années. Si The Wire (2002-2008), Boss (Starz, 2011-2012), et The Killing (AMC, 2011 - ), traitaient du pouvoir au niveau municipal (4), la première série d'un Fincher poursuivant son oeuvre désenchantée sur la société contemporaine (5), décortique les jeux de pouvoir au niveau du pouvoir législatif. Entre manipulation, compromis et compromissions, abus de pouvoir, et coups bas, cette réflexion politique n'est pas très loin d'égaler les modèles du genre, entre autres The Wire et Rome (tous deux produits par HBO). On attend la suite. J. N
House of Cards
(Netflix, 2013 - saison 1, 13 épisodes)
Avec Kevin Spacey, Robin Wright, Michael Kelly, Kate Mara, Kristen Conolly, Sakina Jeffrey, Corey Stoll, Michael Gill, Sandrine Holt.
(1) Première série en ligne à obtenir des nominations aux Emmy Awardx (dont la cérémonie sera tenue le 22 septembre prochain à Los Angeles).
(2) Le whip est un membre du parti, élu au Parlement, et chargé de donner des consignes aux membres du Parti.
(3) Le Congrès américain est composé du Sénat et de la Chambre des représentants.
(4) En l’occurrence et respectivement, les villes de Baltimore, Chicago, et Seattle.
(5) Seven (1995), The Game (1997), Fight Club (1999), Zodiac (2007), Millenium (2011)...etc.
17:40 Publié dans Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kristen connolly, sakina jaffrey, michael gill, netflix, house of cards, david fincher, kevin spacey, robin wright, kate mara, corey stoll, michael kelly, politique, jeux de pouvoir
11/04/2013
The Following
Professeur charismatique de littérature, Joe Caroll (James Purefoy) est arrêté en 2004 pour l'assassinat de quatorze de ses étudiantes par Ryan Hardy (James Bacon), agent du FBI. Neuf plus tard, il s'évade de prison et entend parachever son oeuvre. En effet, admirateur invétéré de l'écrivain américian Edgar Allan Poe (1809-1849), considéré comme l'inventeur du roman policier, il entend comme ce dernier "prouver sa théorie" en faisant en sorte que tous les éléments concourent à la réalisation d'un effet unique. Pour ça, il doit donc ramener Hardy (avec qui il a des comptes à régler) sur le terrain et ce dernier, n'a de toute façon pas le choix puisque le FBI ne peut se passer de sa collaboration, étant celui qui connaît le mieux Caroll. S'instaure donc un chassé-croisé entre un homme alcoolique, torturé mais extrêmement compétent (c'est souvent le cas) et un psychopathe fasciné par la mort. Habitué sur grand écran aux seconds rôles ou à ceux du "méchant", Kevin Bacon est à l'affiche dans sa deuxième série télévisée, après Taking Chance (2009) pour laquelle il obtint le Golden Globe du meilleur acteur (2010). Excellent ici, il n'est pas sans rappeler Idris Elba dans un rôle similaire (la série policière britannique Luther). Quant à James Purefoy, hallucinant de bout en bout, on l'avait déjà vu dans une dégaine identique lorsqu'il jouait le personnage du tribun romain Marc Antoine dans la série made in HBO Rome (2005-2007). Noire, extrêmement violente par le message qu'elle véhicule (une secte de "gens normaux" a pour hobby essentiel de faire souffrir et donner la mort), cette série bien ficelée pour le moment (l'épisode 13 sera diffusé le 15 avril prochain) est exactement un croisement entre le film ultra-glauque Seven (David Fincher, 1996) et la série 24 heures chrono. Il y a d'ailleurs beaucoup de Jack Bauer en Ryan Hardy qui devra vraisemblablement se sacrifier pour tout le monde sans que cela change quoi que ce soit à sa vie déglinguée. Si le scénario est somme toute invraisemblable, le tout se regarde toutefois avec intérêt grâce à un excellent jeu d'acteurs et un suspense trépidant. Le 4 mars 2013, la série a été prolongée pour une deuxième saison. Jihad Naoufal.
The Following
(FOX, 2013 - Saison 1, 15 épisodes)
Avec Kevin Bacon, James Purefoy, Natalie Zea, Shawn Ashmore, Annie Parisse, Valorie Curry, Nico Tortorella.
10:58 Publié dans Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the following, fox, kevin bacon, james purefoy, edgar allan poe, natalie zea, shawn ashmore, annie parisse, valorie curry, 24, david fincher, seven, jack bauer
28/02/2011
Oscars 2011
Pas de surprise pour les Oscars 2011. Comme attendu, Colin Firth et Natalie Portman remportent les Oscars des meilleurs acteurs dans un premier rôle. Ils avaient déja été consacrés par le Golden Globe de la même catégorie. Excellent dans The Fighter où il partage l'affiche avec Mark Wahlberg, le colérique Christian Bale est également consacré aux 2 cérémonies dans la catégorie "meilleur acteur dans un second rôle". Le grand vainqueur est le très beau The king's speech (Tom Hooper) qui repart avec 4 statuettes dont les 2 plus prestigieuses (meilleur film, meilleur réalisateur). Le très visuel Inception du talentueux Christopher Nolan rafle également 4 Oscars dont trois "techniques". Annoncé comme potentiel meilleur film, The social network ou la genèse de Facebook, remporte 3 oscars dont le meilleur scénario adapté. A better World de la réalisatrise danoise Susanne Bier repart avec l'Oscar du meilleur film étranger (également consacré Golden globe dans la même catégorie) et Inside Job, le documentaire qui traite de la crise économique de 2008 est comme prévu consacré meilleur docu.
Palmarès de la 83ème cérémonie des Oscars, tenue le 27 février 2011 à Hollywood :
Meilleur film : The king's speech (Tom Hooper).
Meilleur réalisateur : Tom Hooper (The king's speech).
Meilleur acteur : Colin Firth (The king's speech).
Meilleur acteur dans un second rôle : Christian Bale (The Fighter).
Meilleure actrice : Nathalie Portman (Black Swan).
Meilleure actrice dans un second rôle : Melissa Leo (The Fighter).
Meilleur scénario original : David Seidler (The king's speech).
Meilleure photographie : Wally Pfister (Inception).
Meilleur scénario adapté : Aaron Sorkin (The social network).
Meilleure montage : The social network.
Meilleur montage sonore : Inception.
Meilleur mixage de son : Inception.
Meilleur film étranger : In a better world (Danemark / Susanne Bier).
Meilleurs effets visuels : Inception.
Meilleure musique originale : Trent Reznor et Atticus Ross (The social network).
Meilleurs direction artistique : Alice in Wonderland.
Meilleur documentaire : Inside Job (Charles H. Ferguson, Audrey Marss).
Meilleur film d'animation : Toy Story 3.
Meilleurs costumes : Alice in Wonderland.
Meilleurs maquillages : Wolfman.
20:13 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oscars, the king's speech, colin firth, natalie portman, christian bale, tom hooper, inception, christopher nolan, the social network, david fincher, the fighter, oscars 2011, inside job
26/01/2011
The social network
Le temps des long-métrages sombres du talentueux David Fincher semble révolu (1). Après l'odyssée d'un homme hors du commun, qui naquit à l'âge de 80 ans et qui vécut sa vie à l'envers, sans être capable de stopper le cours du temps, adaptation d'une nouvelle de F. Scott Fitzgerald (2), Fincher adapte cette fois-ci The accidental billionaires: The Founding of Facebook, A Tale of Sex, Money, Genius, and Betrayal, roman de Ben Mezrich, publié en 2009. Retour donc sur la genèse de la création de Facebook, le site internet le plus visité au monde après Google. Cela débute en octobre 2003. Mark Zuckerberg (excellent Jessie Eisenberg), geek de l'informatique, vient de se faire larguer par sa copine. Revanchard, il pirate le système informatique de l'Université prestigieuse de Harvard, pique les photos des étudiantes et met en ligne une page ("Facemash") qui demande aux internautes de sélectionner la fille la plus canon du campus. La controverse engendrée (3) lui vaut d'être suspendu de la fac. Sur sa lancée, il crée par la suite The Facebook (qui deviendra donc Facebook tout court) qui sera mis en ligne le 4 février 2004. Limité d'abord à Harvard, le site s'étend ensuite aux universités de l'Ivy League (4) puis à la Californie pour ensuite gagner l'Europe et le reste du monde. Cette création révolutionnaire ne s'est pas faite sans heurts et débouchera sur un conflit entre les différents protagonistes s'en réclamant. Avec le savoir-faire qu'on lui connait, David Fincher établit les principaux faits de ce faux conte de fées. Mise en scène trépidante, sens de la narration, acteurs impeccables. Tout y est. On regrettera cependant un dénouement qui nous aura laissé sur notre faim. Le film a en tout cas été acclamé par la critique et a obtenu 8 nominations pour les prochains Oscars. Quant à Mark Zuckerberg, il est actuellement le plus jeune milliardaire au monde. Après Facebook, aurons-nous droit à un long-métrage sur les deux génies (5) qui inventèrent Google ?
The social network (David Fincher, USA, 2010, 120 mins). Avec Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Rooney Mara, Joseph Mazello, Brenda Song, Justin Timberlake, Bryan Barter.
- Meilleur réalisateur - Golden Globe 2011.
- Meilleur film - Golden Globe 2011.
- Meilleure musique (Trent Reznor) - Golden Globe 2011.
- Meilleur scénario (Aaron Sorkin) - Golden Globe 2011.
- 8 nominations - Oscars 2011 (en février prochain).
- 6 nominations - BAFTA awards 2011.
......
(1) Alien 3, Seven, Fight Club...
(2) The curious case of Benjamin Button (2008), avec Brad Pitt et Cate Blanchett.
(3) Zuckerberg est accusé de violation du respect de la vie privée, de droits d'auteurs et de piratage informatique.
(4) L'Ivy League est le groupe de 8 universités privées du nord-est des Etats-Unis. Elles sont parmi les plus anciennes et les plus prestigieuses.
(5) Larry Page et Sergei Brin.
17:06 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the social network, david fincher, jesse eisenberg, facebook, rooney mara, andrew garfield, justin timberlake, mark zuckerberg, brenda song, oscar