17/07/2021
Mare of Easttown
On avait bien dit, il y a quelques mois, avec The Undoing, que notre pourvoyeur préféré de séries peine à renouveler ses drames. Mais qu'importe, ça reste très souvent solide et même déroutant (The Outsider, 2020) ou détonant (Lovecraft Country, 2020 - ). Devenue le format le plus usité, la mini-série s'avère être judicieuse dans ces cas. Nous sommes tombés, avec quelque retard, sur celle-ci en cherchant sur IMDB des productions avec Kate Winslet, une de nos actrices fétiches. Une petite ville de Pennsylvanie où des choses louchent surviennent (thématique made in US très classique).
Une détective (Winslet) qui enquête à la fois sur l'enlèvement d'une adolescente et le meurtre d'une autre (classique également), tout en luttant pour que sa vie personnelle ne s'effondre complètement. On s'attendait à une fiction criminelle très dark avec un anti-héros pendant de Matthew McConaughey (mais dans un contexte familial complètement différent) dans True Detective (2014-2019). C'est ce que le début supposait, accompagné de thèmes déja vus, qu'il s'agisse de celui général du féminicide, terrible fléau de nos sociétés violentes (The Killing, 2011-2014 ; The Bridge, 2013-2014), ou de pédophilie (Top of the Lake, 2013-2017), de suicide d'adolescents (13 reasons why, 2017-2020), d'activités louches de l'Eglise (True Detective) ou encore d'effritement inexorable des liens familiaux/sociaux (The Kettering Incident, 2016 ; Sharp Objects, 2018), auxquels il faut ajouter une réflexion sur le deuil (The Leftovers, 2014-2017).
Il y a tout cela mais au-delà, il y a surtout des femmes meurtries par la vie, dans une société machiste. La grande force du récit est qu'il est à la fois sobre et excessif (des ados enceintes, des liens de parenté très ramifiés), un équilibre réussi grâce à un ton réaliste mais plein d'intelligence émotionnelle. Une narration finement cousue et soulignant au passage l'effacement de la barrière inter-générationnelle. Le traitement en filigrane du danger des réseaux sociaux pour des jeunnes filles paumées renforce le réalisme. Il y a finalement un portrait de femme, poignant mais lucide, porté par une Kate Winslet toujours aussi exceptionnelle. J N
Mare of Easttown
(7 épisodes diffusés du 19 avril au 30 mai 2021)
Production : HBO
Créateur : Brad Ingelsby
Cast : Kate Winslet, Julianne Nicholson, Jean Smart, Guy Pearce, John Tippett, Angourie Rice, Evan Peters.
07:00 Publié dans Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kate winslet, mare of easttown, brad ingesby, pennsylvanie, guy pearce, julianne nicholson, hbo, féminicide, féminisme, fiction criminelle, evan peters
24/04/2021
The Mystery of D.B. Cooper
Les Etats-Unis et leurs affaires rocambolesques... En plus d'être le pays spécialisé en tueurs en série (et concentrant également 25% de la population carcérale mondiale), la première puissance au monde a également son nombre élevé de pirates de l'air. Celui-ci a la double particularité de n'avoir pas été appréhendé et de n'avoir pas donné de signe de vie ou de mort par la suite. L'Affaire D.B. Cooper est par conséquent la seule affaire de piratage d'avion aux Etats-Unis non résolue, dossier abandonné officiellement par le FBI le 12 juillet 2016.
Le documentaire nous a par ailleurs rappelé The Assassination of Richard Nixon (2004) qui relatait un fait similaire, la tentative de détournement d'un avion à l'aéroport de Baltymore-Washington par Samuel Byck (Sean Penn) qui avait pour objectif de le faire s'écraser sur la Maison-Blanche. Dans le film, le protagoniste fut abattu par la police. Dans l'histoire réelle, il se suicida, constatant l'échec de sa tentative. L'affaire D.B. Cooper débutait le 24 novembre 1971 à 16h35 lorsqu'un homme à bord du vol 305 d'un Boeing 727-051 décollant de Portland menaçait de faire sauter une bombe se trouvant dans sa malette. Ayant obtenu gain de cause (200.000 dollars US et 4 parachutes), il relachait les passagers à 17h45 à l'aéroport de Seattle (la destination originellement prévue). A 19h45, il ordonnait à l'équipage de prendre la direction de Mexico mais sautait en parachute en début de trajet (vers 20h11 et au dessus de la région de Portland, dans l'Etat de Washington d'après les autorités américaines). Et puis plus rien, aucune trace de Dan Cooper...
Ce documentaire HBO Max revient donc sur l'affaire, reconstituant le déroulement du piratage de l'avion, et avec pour point focal la question suivante : qui aurait pu être D.B. Cooper? Pour cela, sont examinés les cas de quelques suspects potentiels (les plus plausibles) : Richard McCoy, Duane Weber, John List et Barbara Dayton (leur histoire, leur profil, des interviews de proches...etc.). Finalement, on n'est pas plus avancé que cela. Si certains suspects pencheraient plus que d'autres pour être Cooper (au vu des éléments avancés), rien n'est moins sûr puisque c'est bien connu, dans la vie, les choses ne sont, souvent, pas ce qu'elles semblent être et par conséquent, D.B. Cooper pourrait être n'importe qui. In fine, hormis proposer une réflexion sur un crime non élucidé (et qui ne le sera problablement jamais), le documentaire n'apporte rien de bien incisif. C'est là que selon un article du site Roger Ebert, le docu s'est éloigné de sa mission initiale qui aurait du être de se poser la question suivante : pourquoi cette histoire fascine tellement aux Etats-Unis?
Pour preuve, D.B. Cooper fait partie depuis un moment déjà de la culture populaire (musique, romans, bandes dessinées, références ou clins d'oeil au personnage dans plusieurs séries TV, notamment Prison Break, Twin Peaks, Breaking Bad...). Il aurait sans doute été intéressant de croiser ce thème à l'angle d'attaque précédemment cité. Ou tout simplement, l'histoire fascine en raison du mystère qui persiste... J N
The Mystery of D.B. Cooper (John Dower, USA, 2020, 85 min)
- 1 nomination (Grand Prix du Jury) - Nashville Film Festival 2020
08:59 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hbo, the mystery of d.b. cooper, hbo max, pirate de l'air, etats-unis, d.b. cooper, dan cooper
07/04/2021
After Truth
Ou "après la vérité". Un documentaire sur les fake news vu il y a quelques mois et paru sur HBO en mars 2020. Nous avons l'habitude, dans notre enseignement de la spécialité en Première (Histoire-Géographie-Géopolitique-Science Politique) d'accompagner notre propos d'une affiche de film ou documentaire (vu bien entendu). Le chapitre "L'information à l'heure d'Internet" (Thème 4 - S'informer : un regard critique sur les sources et modes de communication) est très propice à cette pratique vu qu'il aborde dans sa section sur internet la question des lanceurs d'alerte, thème devenu à la mode à Hollywood, et le problème de la généralisation sur le web du complotisme et des fake news.
Abordant ce troisème thème, nous disions que "l'absence de contrôle et la rapidité de diffusion des informations sur les réseaux sociaux sont propices à la généralisation des fake news (information manipulée ou créée de toutes pièces, généralement avec un objectif de nuisance). Elles portent très généralement sur des sujets polémiques (politique, finance, immigration, guerre, terrorisme), touchent des millions d’internautes et sèment parfois le doute dans l’opinion publique. Tout individu maîtrisant les réseaux sociaux peut être à l’origine de fausses informations. Certains Etats en diffusent également à des fins propagandistes. La capacité des fausses nouvelles à induire en erreur entraîne une perception erronée de la vérité et, conséquemment, des jugements erronés relativement à des événements, actions et situations". L'adjonction de l'affiche du film avait pour but de faire le lien avec le paragraphe suivant :
"Face à la multiplication de fausses informations et à l’heure de la « post-vérité », des outils de décodage ont fait leur apparition. Le fact checking (procédure qui consiste à vérifier la fiabilité d’une information) s’est généralisé à partir d’initiatives journalistiques".
L'idée était de faire comprendre que nous sommes actuellement dans ce phénomène sociopolitique de "post-vérité", définie dans le manuel scolaire de manière simplifiée comme une "situation dans laquelle il est donné plus d'importance aux émotions et aux opinions qu'à la réalité des faits". Apparu selon certaines sources au début des années 2000 et selon d'autres dès 1992, ce néologisme désigne "une culture politique au sein de laquelle les leaders politiques orientent les débats vers l'émotion en usant abondamment d'éléments de langage et en ignorant (ou en faisant mine d'ignorer) les faits et la nécessité d'y soumettre leur argumentation, ceci à des fins électorales".
Le problème aujourd'hui est que cette tendance ("être dans la post-vérité") touche un large éventail de personnes alors que les réseaux sociaux (la partie de la leçon sur internet concerne précisément ces réseaux sociaux) encourage cela en raison de leur large dimension émotionnelle en ce qui concerne la diffusion d'informations (un post est souvent accompagné d'un émoji...). Bref, on espère que cette leçon aura fait réflechir nos élèves. Il est certain par ailleurs qu'il est impératif de lutter contre ce phénomène mais à l'heure où le lien social est affaibli un peu partout et sachant que les humains dans leur majorité n'ont jamais été performants en matière de discernement et de recul, la tendance ne devrait pas faiblir. Quant au documentaire, centré sur ce qu'il se passe aux Etats-Unis, il examine certaines théories du complot locales et des affaires célèbres de fake news (comme le Pizzagate), rappelant (propos de notre leçon également) que fake news et complotisme ne sont pas récents mais sont considérablement amplifiés par les nouvelles technologies de l'information et de la communication. J N
After Truth: Disinformation and the Cost of Fake News (Andrew Rossi, USA, 2020, 95 min)
20:17 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fake news, complotisme, médias, post-vérité, after truth, hbo, lanceur d'alerte, théorie du complot, pizzagate
02/01/2021
The Flight Attendant
Face à la concurrence féroce du streaming (Netflix, Apple+, Primevideo), il a bien fallu que la culte HBO que nous avons cité ô combien de fois et qui est toujours dépositaire de la meilleure série de tous les temps (The Wire, 2002-2008) mais aussi d'autres productions incontournables (The Sopranos, Game of Thrones, Deadwood, Westworld pour ne citer que celles-ci), ne se lance dans la tendance actuelle (depuis le 27 mai 2020).
Après la science-fiction cérébrale et l'étonnante Raised by Wolves, place à l'humour noir et The Flight Attendant, qui est la deuxième série originale proposée par la petite soeur d'HBO. La série fait parler d'elle car c'est le premier rôle principal de Kaley Cuoco, l'ex-actrice télé la mieux payée, qui connut la notoriété grâce à son interprétation de Penny dans la sitcom The Big Bang Theory.
Comme nous n'apprécions pas spécialement ni les comédies, ni les sitcoms et que nous ne n'avions jamais vu l'actrice/mannequin à l'écran, l'engouement n'était pas spécialement de mise. Mais la curiosité de découvrir ce que mijotent les concurrents de l'empire Netflix l'a emporté. L'histoire? Une hotesse de l'air un peu délurée qui se réveille - gueule de bois - dans un hotel de Bangkok près d'un cadavre avec qui elle avait passé la nuit à batifoler. Comme si de rien n'était, elle retourne à New York mais les ennuis commencent avec le FBI qui s'intéresse de près à elle...
Niveau scénario, du classique : enquête rocambolesque et interminable (normal, faut que l'histoire se poursuive), personnages malfaisants qui apparaissent au fur et à mesure que la trame se poursuit, situations complexes...etc et des flashbacks un peu trop nombreux. Mise en scène endiablée mais qui devient rapidement redondante. Sinon, il faut aimer le mix comédie/drame (pas vraiment notre sauce). Il y a une chose qui nous a extrêmement agacé : la mimique de la principale intéressée (c'est ce que ça donne logiquement quand on est hystérique, plutôt nympho et alcoolique), pleine de manières et de grimaces et qui n'est pas sans rappeler les bimbos écervelées de la série Beverly Hills 90210. L'actrice est née dans l'agglomération de Los Angeles. Ca explique... Les amateurs apprécieront (à leur plus grand bonheur, une saison 2 est prévue), pas nous. J N
The Flight Attendant
(8 épisodes diffusées du 18 novembre au 17 décembre)
Production : HBO Max
Créateur : Steve Yockey
Cast : Kaley Cuoco, Michiel Huisman, Zosia Mamet, Colin Woodell, Michelle Gomez, Griffin Mattews.
10:00 Publié dans Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hbo max, the flight attendant, kaley cuoco, streaming, hbo
17/12/2020
The Perfect Weapon
Vu le début du documentaire, nous pensions que celui-ci traitait du même sujet que Zero Days (2016). Les premières images et paroles concernaient en effet l'affaire du virus Stuxnet qui détruisit en 2009 une partie du complexe nucléaire de Natanz en Iran, complot dans lequel étaient hautement impliqués les Etats-Unis et cette affaire était décryptée dans l'autre documentaire, réalisé par le prolifique Alex Gibney. Mais nous constations assez rapidement que c'est en fait une suite/conséquence de Zero Days. L'affaire Natanz n'était pas sans conséquences pour les Etats-Unis puisque l'Iran répliquait en infectant le système électronique d'un géant du casino à Las Vegas. 2ème cas abordé : la Corée du Nord s'attaquant au système électronique de firme Sony en raison d'un film américain en production et dans lequel Kim Jong-un devait être assassiné par un commando américain. 3ème cas, le GRU (les services de renseignements de l'armée russe s'attaquaient au quartier général du Comité national démocrate (à Washington), l'organisme américain chargé de diriger le Parti démocrate au niveau national.
La Russie n'était pas en reste puisqu'elle interférait par la suite dans la campagne présidentielle américaine de 2016, en inondant les réseaux sociaux de désinformation ternissant l'image de la candidate démocrate Hillary Clinton. Finalement, comme Zero Days, même s'il se concentre sur la première puissance mondiale, ce documentaire - basé sur l'ouvrage éponyme de David E. Sanger et diffusé le 16 octobre dernier sur HBO - a le mérite de mettre en exergue un phénomène récent : la place de plus en plus importante de la cyberguerre (la guerre "silencieuse") dans les guerres intertétatiques. De même, l'abord du cas de la présidentielle américaine et de la désinformation (abordés également dans les documentaires The Great Hack et The Social Dilemma) soulève une nouvelle question géopolitique fondamentale : l'impact de la cyberguerre sur la souveraineté des Etats. J. N et C. A
The Perfect Weapon (John Maggio, USA, 2020, 97 min)
21:08 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : john maggio, the perfect weapon, hbo, hbo max, cyberguerre, cybercriminalité, russie, corée du nord, gru, etats-unis, natanz, iran, souveraineté des etats