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12/04/2021

Les Fantômes du roi Léopold

adam hochschild,les fantômes du roi léopoldIl est évident que nous avions une idée  - en tant qu'historien de formation -  de la "mise en esclavage" effectuée au Congo (l'actuelle République Démocratique du Congo - ou Congo-Kinshasa) à la fin du XIXème siècle par les autorités bélges. Nous n'imaginions pas, par contre, l'ampleur de cette colonisation hyper repressive dont l'unique objectif était bien évidemment l'enrichissement personnel du roi belge de l'époque, Léopold II (1835-1909), désirant rehauser le statut de puissance de la Belgique à un moment où les autres puissances européennes (notamment britanniques et françaises) faisaient la course à la colonisation de l'Afrique.

Dans ce qui deviendra un best-seller, l'historien, écrivain et reporter américain Adam Hochschild (1942 -  ) décortique les crimes coloniaux commis par la Belgique au Congo, c'est-à-dire la réduction en esclavage (accompagnée de mutilations, sévices en tous genres et exécutions sommaires) d'une large population assignée à exploiter les ressources naturelles, notamment le caoutchouc dont l'expédition à Bruxelles servira à renforcer la puissance économique de la Belgique. Cette politique systématique se met en place dans le territoire actuel de la RDC, annexé à titre personnel par Léopold II et devenant l'"Etat indépendant du Congo" (1885-1908).

En parallèle de ce tableau dressant les horreurs infligées aux autochtones, Hochschild raconte l'histoire de ces (anti)héros qui brisèrent le silence et osèrent dénoncer cette colonisation acceptée en Occident au nom de l'exportation de la civilisation : missionnaires, écrivains, avocats, diplomates dont l'action courageuse entraînera le premier mouvement international de défense des droits de l'homme, prémisse de la fondation de futures associations luttant pour les droits de l'homme.

Vu le statut de l'ouvrage (traduit en plusieurs langues), celui-ci a fort logiquement été examiné par de nombreux historiens et académiciens, certains pointant des raccourcis fallacieux et d'autres des erreurs factuelles. Le principal point de discorde concerne le nombre de morts et il est reproché à l'auteur des approximations démographiques. C'est la question la plus problématique car avancer tel ou tel chiffre mène obligatoirement - lorsqu'il y a massacre d'une population spécifique - à aborder les questions de nettoyage ethnique, crime contre l'humanité et génocide. Dans ce sens, certains reprochent à Hochshild qui avance le chiffre de 10 millions de morts un "tour de passe-passe statistique". C'est le principal bémol de l'ouvrage car il impossible d'estimer le nombre de personnes massacrées vu que l'estimation de la population totale du Congo à l'époque ne met personne d'accord. Quant aux morts, les chiffres avancés vont - selon les auteurs des recherches - de 3 millions à 30 millions.

Pour sa part, Hochshild n'hésite pas à parler de génocide, affirmant qu'il "acquit la conviction que le nombre de morts ayant décimé le Congo au siècle dernier était comparable à celui de l'Holocauste" (p. 17). La comparaison est dangereuse et un peu rapide pour la raison déjà évoquée (l'impossibilité de chiffrer la population de l'époque et le nombre de morts) mais également en ce qui concerne la nature du génocide. Celui-ci est défini comme "un crime consistant en l'élimination concrète intentionnelle, totale ou partielle, d'un groupe national, ethnique, ou encore religieux, en tant que tel". Il faut donc prouver qu'il y avait une intention politique (mais également un système planifié et appliqué de manière systémique) d'éradiquer une population. Or, il semblerait que cette politique léopoldienne - toute effroyable qu'elle fut et à juste titre condamnable - avait pour objectif l'enrichissement et son corrolaire la répression. Dans cette optique, l'historienne britannique Barbara Emerson affirme : "Léopold n'a pas fait un génocide. Il était avant tout avide de richesse".

L'utilisation abusive du terme 'génocide' doit expliquer que le premier sous-titre français de l'ouvrage (l'édition de 1998), "Un holocauste oublié", ait été modifié en 2007 en une déclaration moins "radicale" ("La terreur coloniale").

Il n'en reste pas moins que génocide ou pas, l'ouvrage jette une lueur crue et lucide sur les atrocités commises par les colonisateurs belges (et autres) en Afrique, au nom de valeurs civilisationnelles, inspirées des Lumières... A lire absolument. J N

Adam Hochshild, Les Fantômes du roi Léopold. La terreur coloniale dans l'Etat du Congo 1884-1908, Paris, Editions Tallandier, Texto, 2019 (2007), 618 p. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie-Claude Elsen et Frank Straschitz.

20/02/2020

Democracy Index - 2019

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L’indice de démocratie se concentre sur 5 catégories générales :

  • Processus électoral et pluralisme
  • Libertés civiles
  • Fonctionnement du gouvernement
  • Participation politique
  • Culture politique

Le classement comprend 167 Etats. Après l’étude faite, ces derniers sont répartis en 4 catégories :

  • les démocraties complètes (Indice de 8 à 10) – 22 Etats
  • les démocraties incomplètes (Indice de 6 à 8) – 54 Etats
  • les régimes hybrides (Indice de 4 à 6) – 37 Etats
  • les régimes autoritaires (Indice inférieur à 4) – 54 Etats

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Les pays nordiques (3 premiers rangs) sont des exemples de démocraties complètes (ils ont également un niveau de corruption très faible). Le bas du classement est composé de pays du Moyen-Orient et d’Afrique. Le pays le plus autoritaire d’Europe – la Biélorussie – est 150ème. Au Moyen-Orient, le pays arabe le plus démocratique est le Liban (106e) tandis que le pays arabe le mieux classé est la Tunisie (53e). La France et les Etats-Unis ne sont respectivement "que" 20ème et 25ème. L'Afrique du Sud se classe le mieux en Afrique (40ème). La Russie de l'autoritaire Vladimir Poutine est 134ème et la Chine de Xi Jinping 153ème. J. N

TOP 10 des démocraties

1.Norvège (9.87)

2.Islande (9.58)

3.Suède (9.39)

4.Nouvelle-Zélande (9.26)

5.Finlande (9.25)

6.Irlande (9.24)

7.Danemark (9.22)

   Canada (9.22)

9.Australie (9.09)

10.Suisse (9.03)

Les Etats les moins démocratiques

158.Yémen (1.95)

159.Arabie Saoudite (1.93)

      Tadjikistan (1.93)

161.Guinée Equatoriale (1.92)

162.Turkménistan (1.72)

163.Tchad (1.61)

164.Syrie (1.43)

165.Centrafrique (1.32)

166.Congo-Kinshasa (1.13)

167.Corée du Nord (1.08)