07/02/2013
Ligue 1 - opinion
Le PSG galactique : une contribution à la Ligue 1 en trompe-l’œil
L’arrivée d’une énième star au Paris-Saint-Germain version Qatar, en la personne de David Beckham – a suscité nombreuses réactions contrastées dans le monde du football français. Parmi celles-ci, d’aucuns affirment que la présence de joueurs de haut niveau ne peut être que bénéfique pour la Ligue 1. Mais est-ce vraiment le cas ? L’armada redoutable du PSG ne masque-t-elle pas plutôt un championnat français qui continue à baisser de niveau ? Explications.
Paris et les autres
Ce n’est point un euphémisme. A regarder de près l’effectif parisien, il y a bien plus qu’un gouffre entre l’équipe de Carlos Ancelotti et le reste des poursuivants, y compris Lyon et Marseille, qui à la trêve étaient les plus à même de tenir la cadence infernale affichée par un PSG qui n’a plus encaissé de buts depuis 8 matchs et ce, même quand ses piliers défensifs sont absents (les deux Thiago et Alex). Lyon et Marseille affichant le même nombre de points que l’épouvantail (38 points à la trêve) n’était qu’une question de temps. Le week-end dernier, une nouvelle victoire parisienne (4-0 au Stadium contre un Toulouse nullissime) conjuguée aux défaites lyonnaise et marseillaise, place l’équipe de la capitale respectivement à 3 points de Lyon et 6 de l’OM. Que ces deux équipes ne suivent pas est dans la logique des choses mais qu’elles s’inclinent respectivement contre Ajaccio et Nancy, des équipes qui luttent pour le maintien (qui plus est, Marseille sans aucun fond de jeu s’incline à domicile), stigmatise la poursuite du nivellement de la Ligue 1 par le bas.
Signe de la folie des grandeurs des propriétaires du club (une folie qui fonctionne pour le moment), le PSG a doublé voire triplé tous les postes. Si des joueurs à la réputation solide (Néné, Sissoko) ou pas (Bodmer, Lugano) sont partis, le reste de l’effectif ferait rêver n’importe quelle écurie de Ligue 1 : 9 défenseurs solides dont 5 sont encore internationaux (Thiago Silva, Sakho, Jallet, Van der Wiel, Tiéné), 4 milieux défensifs dont 3 internationaux (Matuidi, Thiago Motta, Verratti, et Chantôme), 3 stars offensives (Pastore, Beckham, et Lucas, auteur de 3 passes décisives pour ses 3 premiers matchs), 4 attaquants de niveau international (Ibrahimovic incontournable, Ménez, Lavezzi, Gameiro).
Dans le même temps, Lyon et Marseille se séparent de leurs valeurs sûres, parties respectivement en Allemagne (Bastos) et en Angleterre, où Rémy rejoint deux autres ex-marseillais, lâchés l’été dernier (M’bia et Alou Diarra, ce dernier de retour à Rennes). Quant au désormais ex-international M’Vila (Rennes), il prend la direction du championnat de Russie (Rubin Kazan), nouvel eldorado des footballeurs souhaitant devenir archi-millionnaires.
Braconage outre-manche
Si la Premier League a toujours constitué en raison de ses salaires affolants la destination favorite des footballeurs français (et autres désormais), force nous est de constater que cette tendance s’est muée en quasi-routine, témoin le nombre de joueurs partis cet hiver pour Newcastle malgré le mauvais classement de cette équipe (Moussa Sissoko, Gouffran, Debuchy, Yanga-Mbiwa), auxquels il convient d’ajouter le pillage toute nationalités confondues effectué ces dernières années. Pour ne citer que ceux-là : Sagna, Nasri, Diaby, Song, Koscielny, Giroud, Gervinho (Arsenal), Ben Arfa, Marveaux, Cabaye (Newcastle), Rémy (Queens Park Rangers), Piquionne (West Ham), Obertan (Manchester United), Malouda, Hazard (Chelsea). Les autres ne sont pas en reste. Valence (Espagne) récupère Rami, Mathieu et Cissokho, Malaga l’ancien lyonnais Toulalan. Le Real Madrid et l’AC Milan chipent même des joueurs à peine sortis de l’adolescence, respectivement Varane (Lens, 19 ans) et Niang (Caen, 16 ans)… Par ailleurs, des joueurs vieillissants ou/et en manque de jeu préféreront de même aller voir ailleurs (Hoarau en Chine, Néné au Qatar, Mohamed Sissoko à la Fiorentina)…
L’impossibilité de la Ligue 1 à s’aligner sur les salaires des quatre autres grands championnats (Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne) fait que ce processus va inéluctablement se poursuivre. Si ces 4 pays présentent chacun au moins 2 clubs possédant de grosses capacités financières (1), en France il n’y a désormais que le PSG. Et comme les caisses qataries ressemblent à un puits sans fond, le club continuera à recruter des stars pendant que les autres auront du mal à préserver leurs meilleurs éléments (2). Bien pour le PSG comme on dit. Mais au vu du niveau technique affiché dans un nombre (trop) élevé de rencontres de Ligue 1 (pour Bastia-Evian de la 23ème journée, le journal L’équipe a indiqué que "le niveau technique était effarant"), dire que la présence de stars au PSG est bénéfique pour la Ligue 1 constitue un pas que nous ne franchirons pas.
Maroun Khair et Jihad Naoufal
(1) Barcelone et le Real Madrid en Espagne, le Bayern Munich, Schalke, et le Borussia Dortmund en Allemagne, et au moins 5 clubs en Angleterre et Italie.
(2) A noter que les footballeurs qui migrent le plus en Europe sont les français et les Brésiliens.
17:25 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : psg, lyon, marseille, paris-saint-germain, ligue 1, football français, qatar, angleterre, premier league, david beckham, ibrahimovic, lucas moura, thiago silva, thiago motta, leonardo, arsenal, newcastle, yanga-mbiwa, sissoko, gouffran, nasri, rami, sagna, giroud
28/11/2011
Marseille terrasse Paris
Le clasico a tourné, hier dimanche (15ème journée de Ligue 1), largement à l'avantage des Olympiens, victorieux sans bavure (3-0). Malmené en championnat, l'OM revit. Sans victoires depuis trois matchs, le PSG pourrait entrer dans sa sempiternelle crise d'automne.
L'enjeu était gros pour les deux ennemis jurés de ligue 1. Englué dans le ventre mou du classement après un début de championnat catastrophique (l'OM était bon dernier après 6 journées) (1) et défait de manière pitoyable en ligue des champions à domicile contre l'Olympiakos (mercredi dernier), Marseille avait une chance unique de se faire pardonner ses pêchés, quoi de mieux pour se reconcilier avec son public et sauver la place d'un Didier Deschamps sur la selette qu'une victoire contre un PSG dominateur depuis le début de saison ?
A Paris, ambiance plus ou moins tendue également avant cette rencontre. Une défaite innatendue à domicile contre le mal classé Nancy (1-0), après un nul à Bordeaux (1-1) rappelaient que la crise parisienne intervient généralement à cette période de l'année. Comme Deschamps, Kombouaré est au pied du mur, certains médias l'annonçant sur un siège éjectable, les émirs qataris, proprios du club, désirant ramener un entraîneur plus prestigieux. Et pour couronner le tout, les parisiens perdaient samedi soir leur place de leader au profit d'une équipe de Montpellier décidément détonante, victorieuse à Sochaux (3-1) grâce à son canonier maison, Olivier Giroud (un triplé), meilleur buteur actuel du championnat. Tous les ingrédients étaient donc réunis pour faire de la rencontre un match à gros enjeux dépassant largement la performance sur le terrain.
Sur le terrain justement, il n'a fallu que 9 minutes à Marseille pour ouvrir le score, Loïc Rémy décochant une tête croisée sur un centre impeccable d'Azpilicueta. C'est ensuite Jordan Ayew et Amalfitano qui mystifiaient une défense complètement aux abois pour finalement une belle frappe croisée du transfuge lorientais (2-0, 65e). Puis c'est encore Amalfitano qui centrait pour André Ayew qui marquait d'une tête déviée dans ses buts par Ceara (3-0, 83e). Sans rentrer dans les détails du match, une certitude est évidente, Marseille était supérieur à son rival, dans l'envie comme dans le jeu.
Au delà de l'ampleur du score, quelques enseignements sont à tirer. Même lorsqu'il est en difficulté et que son niveau de jeu est moyen, l'OM parvient toujours à se transcender contre Paris - du moins au Vélodrome - qui vient d'encaisser contre son rival sa 22ème défaite en 33 matchs de championnat. D'ailleurs, depuis la saison 2005-2006, soit 13 matchs de Ligue 1, le PSG n'a remporté que 2 matchs, pour 8 victoires olympiennes et 3 matchs nuls (2). Au rayon entraîneurs, si Didier Deschamps a désormais un sursis, Antoine Kombouaré est de plus en plus fragilisé et son éviction ne devrait pas tarder.
En tout état de cause, cette victoire psychologique d'un club moribond jusqu'ici contre un autre, dominateur (Paris est 2ème et compte 9 victoires en 15 matchs) laissera certainement des traces. L'OM a démontré hier à Paris qu'un investissement massif (150 millions d'euros "qataris" injectés) ne paye pas toujours ; il n'y a qu'à voir les notes attibuées par l'Equipe aux stars parisiennes alignées : 3 pour la "perle" argentine Pastore (insipide), même note pour Gameiro et Menez, 4 pour Nenê... seul Sissoko s'en sortant avec un très honorable 6. Côté marseillais, il faut souligner qu'aucun joueur n'est en dessous de 6, quatre joueurs affichent un 7 et le revenant Azpilicueta (3), décrochant un 8 (4).
Reste maintenant à savoir ce qui va vraiment changer du côté des deux clubs, c'est-à-dire si la crise va se poursuivre aux camps des loges et si l'OM va vraiment décoller au classement après ce gros regain de confiance. En tous les cas, Paris reste 2ème, à 3 points du leader et Marseille est à 9 points de son adveraire du jour... Mais comme les choses peuvent aller très vite en football, rien n'est sûr. Ce dernier mois de foot avant la trêve hivernale nous éclairera certainement sur la tendance à venir.
(1) Sur le début de championnat des Olympiens, voir la note suivante :
http://eklektik.hautetfort.com/archive/2011/09/19/rien-ne...
(2) Pour un détail des confrontations entre les deux clubs, voir la note suivante :
http://eklektik.hautetfort.com/archive/2011/03/23/om-psg....
(3) Il fut éloigné des terrains l'an passé pour une période de 6 mois en raison d'une rupture des ligaments croisés.
(4) http://www.lequipe.fr/Football/FootballFicheMatch34854_22...
21:44 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ligue 1, om, psg, marseille-paris 3-0, didier deschamps, antoine kombouaré, loïc rémy, amalfitano, paris, marseille, pastore, andré ayew, montpellier, gameiro, menez, néné, sissoko