14/12/2020
Miss Hokusai
Il fallait bien mettre un petit commentaire pour notre 200ème long-métrage de l'année. C'est avec retard que nous avons découvert celui-ci puisque sa diffusion publique remonte à 2015. Il s'agit donc du regard porté sur le maître japonais Katsushika Hokusai (1760-1849), spécialiste de l'ukiyo-e (1) par sa fille O-Ei
Au caractère bien trempé, elle vit dans l'ombre du père tout en contribuant à la légende de celui-ci, en dessinant avec lui dans leur atelier aux allures de dépotoir. Un récit simple, humain et touchant, où la sublime nature japonaise se mêle avec délicatesse aux manifestations surnaturelles un peu plus fougueuses. Ce voyage contemplatif et onirique d'une grande beauté visuelle nous promène dans les oeuvres du maître (à l'instar du magnifique Loving Vincent (2017) qui rendait hommage à Van Gogh) tout en rendant justice et hommage à cette grande dessinatrice, et en nous faisant découvrir la vie de tous les jours dans un village japonais du début du XIXème siècle. Magnifique tout simplement. R. H et J. N
(1) Signifiant "image du monde flottant", c'est un mouvement artistique japonais de l'époque d'Edo (le nom de Tokyo entre 1603 et 1868) comprenant une peinture populaire et narrative originale mais surtout les estampes japonaises gravées sur bois.
Miss Hokusai (Keiichi Hara, Japon, 93 min)
- Meilleur film d'animation - Asia Pacific Screen Awards 2015
- Meilleur film d'animation - Fantasia Film Festival 2015
- 1 nomination (meilleur film d'animation) - Awards of the Japanese Academy 2016
- 1 nomination (meilleur film) - Festival d'animation d'Annecy 2015
- 1 nomination (meilleur film d'animation) - Annie Awards 2017
20:41 Publié dans Anime, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hokusai, miss hokusai, keiichi hara
14/11/2020
Baccano!
En voilà une que nous recommandons particulièrement. Baccano! ("Boucan"), ses personnages occidentaux, plus déjantés les uns que les autres, ses différentes temporalités, sa violence "scorseseienne" (qui ne se souvient pas de The Good fellas?), sa musique jazz (The Cotton Club, 1984), et son atmosphère Once upon a time in America (Sergio Leone, 1984). En effet, l'histoire se passe dans le milieu mafieux new-yorkais des années 1930, avec un réalisme qui n'est pas sans rappeler les productions cinématographiques les plus emblématiques.
Mais le scénario est beaucoup plus dense puisqu'il inclut des histoires se déroulant en 1711, 1930, 1931 et 1931 (sans ordre chronologique). Cela ne change pas le fait que les principaux protagonistes sont liés entre eux, d'une manière ou d'un autre, avec pour dénominateur commun : l'immortalité. Celle-ci fut acquise lorsqu'en 1711, un groupe d'alchimistes, embarquant pour l'Amérique sur le navire Advena Avis, invoqua un démon qui leur procura un elixir les rendant invulnérables et immortels. Tout ce beau monde se retrouve deux siècles plus tard pour régler des comptes, avec notamment un véritable feu d'artifice (le climax de la série) à bord du train "Flying Pussyfoot" (...).
Nous avons beaucoup aimé ce foisonnement de personnages et le développement de leur psychologie malgré leur nombre élevé. Entre le chef de gang sans aucun crédit, le mafieux intrépide et élégant (mention spéciale à Firo), les psychopates nigauds (mention spéciale aux deux imbéciles heureux que sont Miria et Isaac) ou sanguinaires (notamment Ladd Russo) et bien d'autres, on ne s'ennnuie guère. Cette panoplie de personnages "cliniques" (pour reprendre la formule de N.) tend probablement à accentuer cette atmosphère criseuse qui part dans tous les sens. Enfin, le croisement entre fantasy et mafia italienne de New York (auxquels s'ajoute une teinte d'humour) semble réussie, appréciée du moins. J N
Baccano!
(13 épisodes de 23 min)
Diffusion : 26 juillet - 1er novembre 2007
Studio : Brain's Brase
Réalisateur : Takahiro Omori
15:47 Publié dans Anime, Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baccano!, boucan, brain's brase, takahiro omori, fantasy, mafia italienne, new york, new york des années 1930
08/11/2020
Ghost in the Shell SAC 2045
Il fallait s'attendre à ce que Netlix, spécialiste de la récup' (entre autres) adapte la série animée japonaise culte Ghost in the Shell - Stand Alone Complex, adaptation elle-même du manga éponyme de Mamoru Oshii.
La première saison de Ghost in the Shell - SAC (2002-2003) se déroulait en 2030 dans la ville de Niihama-shi, nouvelle capitale d'un Japon post-Quatrième Guerre mondiale. Dans ce monde post-futuriste où quasiment toute personne porte des implants électro-mécaniques, la Section 9 - unité spéciale de la sécurité publique -, dirigée par l'éternelle Motoko Kusanagi, enquête sur toutes sortes de cybercrimes et traque Le Rieur (The Laughing Man), le maître du hacking.
Tandis que la structure de la saison 1 est constituée d'une intrigue générale tournant autour du Rieur (les épisodes appelés Complex) et de nombreux épisodes indépendants (appelés Stand Alone), la saison 2 ("2nd GIG", 2004-2005), plus sombre, traite d'un Etat japonais policier et plus précisément du problème de l'intrégation des réfugiés à Dejima (et de leur confrontation avec les autochtones) et de la récupération politique de cette question sociale.
Entre ces deux saisons, sortira en 2004 le long-métrage Ghost in the shell 2:Innocence, suite du premier opus adaptant le manga (Ghost in the Shell, 1995). Les deux films furent réalisés par Mamoru Oshii. En 2006, un film animé d'environ 2 heures (Ghost in the Shell: SAC Solid State Society) faisait suite à la série, en 2030. Tandis que Motoko avait quitté la Section 9 depuis deux ans, cette dernière - dirigée désormais par Togusa - enquête sur un étrange suicide collectif d'une secte (une scène marquante du début, qui devient culte) et découvre l'implication d'un autre maître du hacking, le Marionnetiste (The Puppet Master). Puis suivra en 2013-2014, Ghost in the Shell: Arise, une série de 5 OAV, reprenant l'histoire en 2027.
En 2017, le manga est adapté pour la première fois par les Américains, en l'occurence Dreamworks, avec Scarlett Johansson interprétant Motoko. Comme cela était prévisible, la forme l'a largement emporté sur la forme.
Ca faisait déjà beaucoup mais comme déjà dit, le site de streaming le plus célèbre s'est emparé du projet en 2017 et a diffusé au printemps dernier la première saison de la série commentée ici. Nous sommes donc en 2045 dans un monde où, à la suite d'une catastrophe économique, toute forme de monnaie papier ou électronique a été détruite. Le "Big 4" (les 4 principales puissances) est engagé dans une guerre durable afin de préserver une certaine stabilité économique. Les membres de la section 9 travaillent désormais comme mercenaires sous le Groupe "GHOST", chargés d'éliminer des menaces terroristes. Mais la découverte par leur ancien chef, Aramaki, d'un complot politique et l'émergence de ce qu'on appelle les "Post-humains" entraîne la Section 9 à se reformer.
Premier constat désolant : le graphisme, différent et en 3D, est d'une laideur visuelle aberrante et on se croirait dans un jeu vidéo. On ne comprend pas d'ailleurs pourquoi Motoko ressemble à une sexdole. Mais le plus grave est la simplication du scénario (faut attirer un public large et américain...) : moins de réflexion et beaucoup d'action spectaculaire (scènes de combat réussies par ailleurs), des personnages peu travaillés et sans profondeur aucune, et des dialogues franchement pauvres. Etonnant, vu que Kenji Kamiyama, scénariste de la saison 2 de Ghost in the Shell - SAC, était également aux commandes ici. Mais la pression des producteurs US a du jouer... Le dernier tiers de cette première saison prend un peu d'épaisseur et pose quelques questionnements sociopolitiques. Mais cela ne change pas grand chose au constat général. Après avoir détruit le manga (et série animée) culte qu'est Death Note, Netflix a dénaturé une oeuvre cyberpunk majeure. Et dire qu'une saison 2 va suivre...
J. N
GHOST IN THE SHELL - SAC 2045
(12 épisodes diffusés le 23 avril 2020)
Production : Netflix
Scénario : Kenji Kamiyama
Réalisation : Shinji Aramaki, Kenji Kamiyama
00:29 Publié dans Anime, Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : motoko kusanagi, ghost in the shell, ghost in the shel sac 2045, mamoru oshii, section 9, ghost in the shell stand alone complex, le rieur, the laughing man, post-humains, cyberpunk
06/11/2020
SoltyRei
Futur proche. Monde (presque)post-apocalyptique. Après qu'un gigantesque cataclysme ait décimé de nombreuses vies douze ans auparavant, de nombreux humains vivent désormais avec des "Resemble", des prothèses remplaçant des parties du corps humain et qui se sont généralisées depuis le Blast. Dans ce contexte délétère, Roy Revant, un chasseur de primes bourru rencontre Solty. Lui est à la recherche de sa fille disparue lors du Blast, elle c'est Solty, prénom que lui a attribué lui-même vu qu'elle est amnésique et ne se souvient même pas de ses origines.
Alors que la série progresse lentement (peut-être même un peu trop), à coup d'épisodes indépendants traitant d'une enquête spécifique, on découvre progressivement les éléments faisant de ce récit une fable sociale non loin d'une dystopie à la Blade Runner : un ordinateur central, le R.U.C (Reestablishment Universe Committee), qui gère les activités journalières de la cité et qui possède une milice privée (ainsi que des mechas), une aurore polaire recouvrant la ville et dégageant des ondes électromagnétiques, Hilda, une sorte de vaisseau gigantesque constituant une arme de destruction massive, les "Proceed", nom donné aux jeunes filles génétiquement modifiées, une ville basse avec des citoyens non enregistrés...etc.
C'est probablement cette dimension "sociofuturiste" qu'on relèvera ici car le reste est somme toute assez classique (mais solide). Un personnage torturé et violent mais qui s'humanise doucement mais surement au contact de cette jeune fille innocente, et au fur et à mesure que le récit s'assombrit après des débuts un brin légers. Innocente? Pas tout à fait car Solty est en fait "Resemble" à 100% et possède une force surhumaine... On les aime bien ces personnages féminins atypiques made in anime, synonymes de douceur et de destruction léthale à la fois, à l'instar de Lucy (sans le côté schizophrénique) dans la déroutante Elfen Lied.
J. N
SoltyRei
(24 épisodes de 24 min)
Diffusion : octobre 2005 - mars 2006
Studio : Gonzo
Réalisateur : Yoshimasa Hiraike
Scénariste : Noboru Kimura
14:30 Publié dans Anime, Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : solty rei, anime, japon, dystopie, soltyrei, solty, roy revant, monde post-apocalyptique
29/04/2020
Deadman Wonderland
Intéressant cet anime où nous retrouvons le thème bien connu d'un Japon ultra-moderne mais ultra-autoritaire aussi. L'histoire est centrée autour du personnage de Ganta Igarashi. Un jour, alors qu'il est en cours à l'école, un personnage étrange - une sorte de croque-mitaine - apparaît à la fenêtre puis massacre toute la classe sauf Ganta (on ne saura jamais pourquoi). Seul survivant, celui-ci est considéré comme le tueur et envoyé en détention à vie dans une prison de haute sécurité. Problème : dans celle-ci, on meurt à petit feu en raison d'une injection permanente de poison. Il est toutefois possible d'obtenir des bonbons qui neutralisent le poison mais pour cela, il faut cumuler des Cast Points que l'on peut obtenir aux jeux mortels de Deadman Wonderland.
Le jeune homme va d'abord subir la loi des caïds de la prison qui vont lui faire la misère mais à force de persévérance et aidée par une fille étrange, il va progressivement s'en sortir et même se découvrir des super-pouvoirs. La série - qui adapte les 21 premiers chapitres du manga éponyme - est intéressante de par les thèmes qu'elle brasse : Etat totalitaire, univers carcéral, David contre Goliath, failles du système judiciaire, dose de surnaturel, dépasser un passé douloureux...etc. Mais le thème le plus marquant est cette société attirée par le sordide comme l'étaient les Romains par les combats des gladiateurs et les jeux du cirque. En effet, les jeux mortels sont retransmis en live et sont payants pour les téléspectateurs, un thème déjà traité au cinéma et mettant à l'affiche Arnold Schwartzenneger (The Running Man, 1987) ou Jason Statham (Death Race, 2008).
De même, le thème du jeu mortel était déjà présent dans le manga culte Battle Royale, hélas jamais adapté en animation (mais transformé en film en 2000). Un scénario plutôt original et un character design de qualité font de Deadman Wonderland un anime solide. On reste toutefois sur notre faim car l'histoire n'est pas terminée (12 épisodes c'est un peu court) et une saison 2 n'a toujours pas été prévue. Il est également que le studio Manglobe, créé en 2002 et effectuant des séries de qualités (Samurai Champloo, Ergo Proxy, Michiko to Hatchin) a fait faillite en 2015... J. N
Deadman Wonderland
(12 épisodes de 25 min)
Diffusion : avril-juillet 2011
Studio : Manglobe
Réalisateur : Koichiro Hatsumi
10:04 Publié dans Anime, Series | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manglobe, anime, japon, deadman wonderland, manga