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20/12/2009

Zeitgeist

images.jpgZeitgeist, littéralement "l'esprit du temps" en allemand est ce documentaire libre de droit, réalisé en 2007 par Peter Joseph (1). En raison de son contenu polémique (il est "anti" beaucoup de choses semble-t-il), il a suscité beaucoup de controverse et de critiques concernant la véracité des faits qu'il met en avant. Le thème central est l'invention de mythes et leur exploitation par une minorité de "puissants" afin de contrôler les masses, ce qui le rend par définition complotiste.

Le documentaire se décompose en fait en 3 parties distinctes. La première, intitulée The greatest story ever told, nous explique que les systèmes de pensée théiste, et plus particulièrement le christianisme, pourraient bien n'être qu'une grosse supercherie. Le narrateur explique que bien des symboles chrétiens auraient été "empruntés" à de très anciennes civilisations qui étaient polythéistes (Egypte antique, Sumer...). Ce chapitre, de loin le plus intéressant, est une déconstruction méthodique et brillante du christianisme et du personnage de Jésus Christ.

La deuxième partie, intitulée All the world's a stage, remet en cause la version officielle des attentats du 11 septembre 2001, en expliquant entre autre que la "théorie des crêpes" (les étages des immeubles s'écroulant les uns après les autres) n'est pas valable à moins qu'il n'y eut une explosion dans les deux tours après les crashs des avions. Théorie du complot ou pas, Peter Joseph s'appuie ici sur des analyses d'experts et des témoignages de personnes présentes sur le lieu du drame. Quant à l'avion qui se serait soit-disant écrasé sur le Pentagone, comment se fait-il qu'on n'en ai retrouvé aucune trace ?

La troisième partie, intitulée Don't mind the men behind the curtain, raconte l'histoire de la banque centrale américaine, ses liens présumés avec les cartels financiers et surtout, son rôle de catalyseur dans de nombreux conflits du XXème siècle (Seconde Guerre mondiale et autres). Le narrateur nous raconte de même comment le Krach boursier de 1929 aurait été causé volontaiement par les puissants de la finance...

Si les deux premiers volets nous semblent plus ou moins pertinents, en raison des faits historiques intangibles que la première met en avant et des faits scientifiques que la deuxième démontre, le troisième est à prendre avec des pincettes car il repose surtout sur une lecture subjective des faits historiques, même si bien entendu, nous n'ignorons pas les connections entre industries de guerre et cartels financiers mais aussi le fait que Prescott Bush, grand-père de George W. Bush, faisait commerce avec les nazis.

Si Zeitgeist a suscité critiques et controverse, il n'en demeure pas moins un documentaire intéressant qui n'hésite pas à rappeler, non pas que tout est fraude et complot mais qu'il convient de réaliser une bonne fois pour toutes qu'en gouvernance mondiale et autres formes de pouvoir, les choses ne sont jamais ce qu'elles paraissent être et que le pragmatisme prend toujours le pas sur l'ethique. Surtout, il invite à plus d'esprit critique, ce qui est une bonne chose.

Toutefois et gros bémol, le documentaire n'est pas dépourvu de défauts flagrants, comme tout simplement ne pas respecter les codes du documentaire : il ne cite pas les noms des personnes qui interviennent dans le docu, ni leur fonction (ou affiliation) et il n'indique pas les sources et dates des documents d'archives. Il est indéniable que la fiabilité des données concernant certains faits et phénomènes n'est pas évidente. J N

Zeitgeist (Peter Joseph, USA, 122 mins)

- Meilleur documentaire - 4th Annual  Artivist Film Festival and Artivist Awards - Hollywood - 2007.

(1) Afin de faciliter l'accès de son documentaire à un grand public, Peter Josephréalisateur et militant social, n'a pas doté son film de copyright. Zeitgeist est donc disponible gratuitement sur internet (Youtube, Torrent...).

07/06/2009

Speer & Hitler

www.jpgCe documentaire consacré au personnage d'Albert Speer est très pertinent, notamment de par sa structure : mi-docu, avec des images d'époque, mi-fiction avec l'excellent acteur allemand Sebastian Koch dans le rôle de Speer (Koch joue souvent le rôle de dirigeants nazis, comme dans "Opération Valkyrie" ou "Black Book"). Le film est également parsemé en permanence d'interviews de proches de Speer, d'historiens allemands et de son biographe officiel, Joachim Fest (1). Tout cela apporte très certainement de l'authenticité à ce "film-documentaire", ce que n'aurait probablement pas réalisé par exemple une fiction librement adaptée sur le très controversé Speer. Coupable ? Repenti ? opportuniste ? manipulateur ? méritait-il ses 20 ans de prison ou devait-il être pendu comme la majorité des autres chefs nazis ? Il n'y a pas de vérité définitive et ce documentaire est une excellente piste de reflexion sur un Albert Speer qui plus de 25 ans après sa mort demeure un sujet à débattre. J N

Speer & Hitler (Heinrich Breloer, Allemagne, 2005, 270 mins).    Avec Sebastian Koch, Tobias Moretti, Dagmar Manzel, Andre Hennicke, Axel Milberg.

- Meilleur acteur (Sebastian Koch) - Bavarian TV Awards 2005.

- Meilleur acteur dans une série télévisée (Sebastian Koch) - German Television Awards 2005.

- Best Biography & History program - Banff Television Festival 2006.

 

(1) Journaliste et historien allemand, Joachim Fest (1926-2006) est un spécialiste mondialement reconnu du IIIème Reich. En 1973, sa biographie consacrée à Adolf Hitler, Le Fuhrer, est traduite en 20 langues. En 2002, il décrit dans Les derniers jours de Hitler les derniers mois de la guerre (la seconde guerre mondiale), la chute de Berlin et le suicide de Hitler dans son Bunker. Ce livre inspirera le long-métrage allemand Der untergang ("La chute"), réalisé par Oliver Hirschbiegel.

30/05/2009

How Hitler lost the war

51cr-VclvfL__SS500_.jpgOu comment Hitler a perdu la guerre. Une question que se sont longtemps posé les historiens et spécialistes. Ce documentaire s'attarde donc sur cette question. Il n'est pas tout à fait récent puisqu'il remonte à 1989. Mais la date est assez éloignée du conflit le plus sanglant du XXème siècle et par conséquent n'enraye en rien la pertinence du documentaire. Celui-ci propose la superposition d'images d'archives à des interviews d'éminents historiens et de vétérans allemands et anglais de la seconde guerre mondiale. Longtemps, les spécialistes ont affirmé sans aucun doute que Hitler a perdu la guerre en raison du débarquement américain en Normandie. Mais était-ce uniquement le cas ? Aujourd'hui, nous nous accordons sur une version plus nuancée. A partir du moment où le IIIème Reich ouvrit le front de l'Est contre l'URSS de Staline (la fameuse opération Barbarossa), la guerre était définitivement perdue. Le prélude de cette défaite, nous affirme ce documentaire efficace (1 heure) se situe dans la conquête de la Biélorussie et de l'Ukraine. Au lieu d'accorder une certaine indépendance à ces 2 pays occupés (ce qui aurait pu en faire des alliés face à l'URSS), le régime nazi a systématiquement appliqué une politique de terreur, les vidant de leurs ressources naturelles et décimant des centaines de milliers d'individus, ce qui a retourné la population locale contre les nazis. Ces derniers avaient d'abord été accueillis chaleureusement. 1ère erreur donc de la part de Hitler puis erreur fatale avec la marche vers Stalingrad. Pour une analyse plus détaillée du cours politico-militaire de la Seconde Guerre mondiale, le brillant De Nuremberg à Nuremberg (1987) retrace magistralement une fresque sombre. J. N

How Hitler lost the war (1989, 67 mins)

10/08/2008

Valse avec Bachir

18947036.jpgLe réalisateur israélien Ari Folman revient dans cette autobiographie sous forme d'animation sur un événement sanglant de la guerre civile au Liban (1975-1990), survenu en 1982. En représailles à l'assassiant de Bachir Gemayel, les milices phalangistes, aidées par l'armée israélienne pénétrèrent dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila et massacrèrent environ 3000 personnes (les chiffres varient selon les estimations, de 1000 à 5000). Présent avec Tsahal au Liban, Folman affirme avoir eu une sorte de traumatisme après le départ de Tsahal. Il a perdu la mémoire et ne se souvient plus de rien. Il part donc questionner ses anciens compagnons de l'armée. Que s'est-il donc réellement passé cette nuit du 16 septembre 1982 ? Et quel est le dégré de responsabilité de l'armée israélienne ? Si les témoignages et archives ont montré que Tsahal a clairement couvert les milices phalangistes qui entrèrent et dévastèrent tout (hommes, femmes, enfants) sur leur passage, cette version n'est pas expréssement stipulée dans le film. La responsabilité de Tsahal est nuancée : si des images en animation de fusées éclairantes lancées par les soldats israéliens reviennent en leitmotiv, les témoignages d'anciens militaires affirment par contre que ces derniers n'étaient au courant de rien. D'aucuns (libanais en l'occurence) s'en plaindront. Mais faut-il vraiment s'en étonner ? Car les témoignages récoltés par Folman sont finalement à l'image de la position officielle israélienne. L'Etat hébreu a toujours nié avoir eu une responsabilité directe dans le massacre de Sabra et Chatila quand bien même les faits prouvent le contraire (d'ailleurs Ariel Sharon, ministre de la défense à l'époque, avait du démissionner en raison du scandale). Et il ne faut pas oublier que le réalisateur est israélien. Valse avec Bachir est un film orienté avant tout vers un public israélien. Mais ce qu'il convient de souligner est que c'est un film très personnel, où le réalisateur cherche avant tout à exorciser ses démons. Sans doute, revenir sur un acte aussi barbare que "Sabra et Chatila" par le biais de l'animation est un pari fort osé. Et l'adjonction à ce schéma d'un twist final plus que poignant (le mot est faible) est une idée brillante. J N

Valse avec Bachir (Ari Folman, Israël, 2008, 90 min).     Avec (voix) Ari Folman, Ori Sivan, Ronny Dayag, Shmuel Frenkel.

- En compétition (Palme d'or) - Festival de Cannes 2008.

- 1 nomination (Meilleur film de langue étrangère) - Oscars 2009.

- Meilleur film de langue étrangère - Golden Globe 2009.

- Meilleur film étranger - Césars 2009.

- Meilleure musique (Max Richter) - European Film Awards 2008.

- Meilleur film - Israel Awards 2008.

- 4 nominations - Annie Awards 2009.

- 2 nominations - BAFTA Awards 2009.

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27/05/2008

L'avocat de la terreur

1070526614.jpgPlus qu'une biographie de Jacques Verges, ce documentaire explosif de Barbet Schroder est une histoire du terrorisme international qui épouse une période (années 50-80) particulièrement marquée par les bouillonements idéologiques. Fils d'un père réunionnais et d'une mère vietnamiène, Jacques Vergès est né "colonisé" comme le dira un journaliste dans ce documentaire. Le très controversé avocat français (et fort détesté par certains) est connu pour avoir "défendu des causes indéfendables". Son premier procès médiatisé débute en Algérie, encore colonisée par la France, lorsqu'il prend la défense de Djamilah Bouhired, condamnée à mort mais finalement graciée. Il défendra ensuite le FLN, Carlos, Magdalena Kopp, Anis Naccache... et bien d'autres (pour ne citer que ceux-là : Milosevic, Omar Bongo, Kieu Samphan, Tarek Aziz, Bernard Bonnet...) dont le tortionnaire nazi Klaus Barbie (décédé en prison en 1991).

De 1970 à 1978, Verges disparaît et on ne sait toujours pas où il se trouvait : Cambodge ? (il était proche de Pol Pot), Chine ? Vietnam ? URSS ? Liban ? Difficile de savoir. Vergès entretient toujours le mystère. On sait que durant sa disparition, les mouvements palestiniens de libération (FPLP, FDLP) montent en puissance et Verges avait défendu des membres de ces organisations. L'avocat de la terreur est un documentaire-thriller puissant, riche en instructions et déroutant de par les connexions invraisemblables qu'il met en lumière. Minuscule défaut : le docu diverge par moments du sujet principal pour s'égarer dans des détails secondaires (comme par exemple lorsque le cas Wadi Haddad est abordé pendant 20 minutes). Mais l'essentiel est là. Schroeder distille à la fois une double reflexion sur un personnage énigmatique et complexe, et une époque riche en jalonnements politiques et idéologiques, à laquelle il est intimement lié. Un documentaire précieux, fort justement récompensé à la dernière cérémonie des Césars. J N

L'avocat de la terreur (Barbet Schroeder, France, 2007, 145 min)

- Sélection officielle - Un certain regard - Festival de Cannes 2007.

- Meilleur documentaire - Césars 2008.

- Meilleur documentaire - Etoiles d'or 2008.

- Présenté - Festival de Londres 2007.

- Présenté - Festival de Toronto 2007.

- Présenté - Festival de San Sebastian 2007.

- Présenté - Festival de Vancouver 2007.

- Présenté - Festival de Rotterdam 2008.