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23/02/2020

Zero Days

programme nucléaire iranien,iran,israël,nsa,cia,etats-unis,royaume-uniAprès le visionnage de quelques documentaires réalisés par l'américain Alex Gibney, on a pu cerner ce qui intéresse ce réalisateur prolixe, considéré en 2010 par le magazine Esquire comme un des documentaristes les plus importants du moment, dans un article relevant le fait qu'il était "le biographe des hommes mauvais".

Il est évident que le natif de New York s'intéresse essentiellement à des actes illicites commis par les humains, soit le fameux scandale financier Enron (Enron: The Smartest Guys in the Room, 2005), l'arnaque Lance Armastrong (The Armstrong Lie, 2013), la torture effectuée par l'armée américaine dans une prison en Afghanistan et menant à l'assassinant de deux détenus (Taxi to the Dark Side, oscar du meilleur documentaire en 2008), le décorticage du fonctionnement de l'Eglise scientologue aux Etats-Unis (Going Clear: Scientology and the Prison of Belief, 2015), la fraude massive effectuée par un laboratoire pharmaceutique (The Inventor: Out for Blood in Silicon Valley, 2019), etc...

Zero Days raconte la découverte en 2010 d'un programme informatique appelé Stuxnet,  conçu par la NSA et faisant partie d'une opération appelée "Olympic Games" et visant à déstabiliser voire détruire le programme nucléaire de la République islamique d'Iran. A travers de nombreux entretiens dont des lanceurs d'alerte anonymes ayant travaillé pour la NSA mais également des personnalités politiques de premier plan (notamment des anciens directeurs de la CIA et de la NSA), on apprend qu'il s'agissait d'une opération conjointe impliquant la NSA, la CIA, le commandement de l'armée américaine et les services de renseignements britanniques et israéliens. Le virus Stuxnet attaqua en juin 2009 le site nucléaire iranien de Natanz, provoquant une dégradation de l'uranium enrichi par les centrifugeuses.

On apprend ici que comme souvent les autorités israéliennes voulurent aller plus loin que leurs homologues américaines et mirent en place (sans les consulter) une attaque plus agressive, ce qui permit la révélation de ce programme top secret. Que les Etats - notamment les Etats-Unis - commettent des actes peu moraux afin de déstabiliser des Etats déclarés déviants ou tout simplement ennemis n'a rien de nouveau ou d'étonnant. Le documentaire permet en fait de confirmer deux tendances se mettant progressivement en place depuis plusieurs années : l'autonomie (voire l'indépendance) d'Israël vis-à-vis des Etats-Unis dans la conduite de sa politique étrangère (officielle/officieuse) et la place de plus en plus importante au XXIème siècle de la cybercriminalité dans les conflits inter-étatiques. J N

Zero Days (Alex Gibney, USA, 2016, 113 min)

- Sélection officielle - Festival de Berlin 2016

26/01/2020

The Great Hack

cambridge analytica,internet,vol d'informations,facebook,alexander nix,netflix,ciblage politique,etats-unis,royaume-uni,donald trump,brexit,scandale"Toutes mes interactions, l'utilisation de ma carte de crédit, mes recherches, ma position, ce que j'aime, tout est récupéré en temps réel puis associé à mon identité. Les acheteurs ont donc un accès direct à mon pouls émotionnel. Grâce à ces informations, ils se battent pour mon attention. Ils me gavent d'un flux constant de contenu conçu sur mesure pour moi et que je suis le seul à voir (...). Mes peurs, ce que j'aime, mes intérêts, mes limites et jusqu'où aller pour les franchir."

C'est avec ces mots que débute, en voix off, ce documentaire constituant une alerte concernant les dérives d'internet, et plus précisément l'utilisation à mauvais escient des données personnelles.

cambridge analytica,internet,vol d'informations,facebook,alexander nix,netflix,ciblage politique,etats-unis,royaume-uni,donald trump,brexit,scandaleEn mai 2018, la société de publication stratégique Cambridge Analytica (Etats-Unis) était au cœur d'un scandale mondial de vol d'informations. En effet, dans le but d'effectuer du ciblage politique favorable - en 2016 - au Brexit (Royaume-Uni) et à l'élection à la présidence américaine de Donald Trump, CA a utilisé les données personnelles de plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs de facebook. Ces informations ont servi ensuite à influencer les intentions de vote d'électeurs indécis, via ce qu'on appelle dans la sphère internet le "targetting messaging".

cambridge analytica,internet,vol d'informations,facebook,alexander nix,netflix,ciblage politique,etats-unis,royaume-uni,donald trump,brexit,scandaleForce donc est de constater que, ni plus ni moins, cet accès illégal à des informations a engendré deux véritables tremblements de terre politiques. L'affaire est d'autant plus désolante que les deux scrutins en question furent serrés (aux Etats-Unis, cela s'est joué - à peu de choses près - dans trois Etats). Le scandale Facebook-Cambridge Analytica (qu'on peut considérer comme le plus grand scandale de vols d'informations via internet) remet également à l'ordre du jour le problème de traque à grande échelle - via des systèmes électroniques hyper-sophistiqués - de données privées permettant de cerner les univers (sociaux, économiques, politiques, psychologiques...etc) des individus. Dans ce domaine-là, ce scandale constitue ainsi un second coup de tonnerre après l'Affaire Edward Snowden (2013). A l'heure où l'intensité du lien social est de plus en plus faible un peu partout et où fake news, complotisme et désinformation pullulent sur le web, cette affaire met également en exergue les dérives engendrées par le web social et plus particulièrement les réseaux sociaux.

cambridge analytica,internet,vol d'informations,facebook,alexander nix,netflix,ciblage politique,etats-unis,royaume-uni,donald trump,brexit,scandaleDécryptant comment Cambridge Analytica a opéré dans le cadre des deux élections citées, le documentaire se concentre sur Britanny Kaiser, ancienne directrice au développement des affaires chez CA et lanceuse d'alerte (après qu'un premier lanceur d'alerte - Christopher Willie, également analyste chez CA - ait révélé l'affaire) et fournit les témoignages  de David Carrol (professeur de design multimedia, ayant poursuivi CA en justice) et Carole Cadwalladr (journaliste d'investigation travaillant pour The Guardian et The Observer) qui - prenant le relais des lanceurs d'alerte - a révélé au grand public les activités louches du tandem Cambridge Analytica/Facebook.

cambridge analytica,internet,vol d'informations,facebook,alexander nix,netflix,ciblage politique,etats-unis,royaume-uni,donald trump,brexit,scandaleScandales financiers (notamment les tristement célèbres Panama Papers) et vols d'informations constituent désormais, à la fois, le nœud gordien et la pierre angulaire du fonctionnement politico-économique de notre planète. Triste réalité quand on sait que ces pratiques ne vont pas cesser (comment le pourraient-elles?). Dans l’œil du cyclone et en faillite, Cambridge Analytica disparaît le 2 mai 2018 mais dirigeants (dont l'ancien directeur général, Alexander Nix) et algorithmes se retrouvent dans une autre société spécialisée dans l'analyse de données (et créée par la société mère de CA...), Emerdata Limited. Sanctionné par la justice américaine, Facebook a du payer en juillet 2019 (au moment où ce documentaire était diffusé) une amende de 5 milliards de dollars, somme que le réseau social le plus populaire n'aura probablement pas de problème à refaire assez rapidement.

Engagé politiquement (et nommé comme meilleur documentaire lors de la prochaine cérémonie des BAFTA Awards), ce documentaire diffusé le 24 juillet 2019 sur Netflix constitue un plaidoyer pour une plus ample protection des données personnelles, gage d'une véritable gouvernance démocratique. Un combat vain?

J N

 

The Great Hack (Karim Amer, Jehane Noujaim, USA, 2019, 114 min)

13/01/2020

Unseen Enemy

unseen enemy,épidémié,pandémie,ebola,zika,fièvre,h1n1,janet tobias,petite vérole,variole,inégalités,sécurité biologiqueAlors que nombreuses fictions ont été dédiées à la propagation spectaculaire d'un virus, ce documentaire constitue un avertissement aux humains quant à la possibilité de futures épidémies. En effet, depuis 30 ans, trente nouvelles maladies sont apparues, ayant le potentiel de se transformer en pandémies. Cette potentialité est renforcée par des mobilités humaine de plus en plus accrues (mondialisation oblige), des métropoles surpeuplées et une croissance démographique mondiale toujours en augmentation. En décembre 2013, le virus Ebola, apparu en Guinée, avait ensuite touché le Liberia et la Sierra Leone mais également (dans une moindre mesure) le Mali, le Sénégal, le Nigéria, les Etats-Unis, l'Espagne, l'Italie, et le Royaume-Uni. Cette maladie est transmissible par la salive, l'urine, le sang ainsi que les matières fécales.

La réalisatrice Janet Tobias a rencontré des scientifiques (médecins et chercheurs) qui ont fait face à des pandémies, notamment le virus H1N1 (2009, 1.4 milliard d'individus touchés), le virus Zika (Brésil, 2016), l'Ebola, mais également la petite vérole (ou variole), éradiquée en 1977 et qui aurait causé 500 millions de morts au XXème siècle (chiffre à vérifier). Soutenant que nous faisions face précédemment à des déclenchements (essentiellement) de virus et qu'il y a désormais un grand risque de gigantesques épidémies, le documentaire explique au grand public, à travers les trois premiers cas mentionnés, comment il est possible de lutter ensemble afin de réduire au minimum le risque d'épidémie, tandis que la fièvre touche chaque année 5 millions d'individus et en tue 200.000.

Hélas, comme nous le savons, dans un monde de plus en plus globalisé et écrasé par l'utralibéralisme économique, les inégalités ne cessent de se creuser et c'est justement dans les pays marqués par une grande pauvreté et dotés de moyens très insuffisants que les virus apparaissent. Dans le même temps, le budget mondial alloué à la sécurité militaire et policière est équivaut à dix fois celui de la sécurité biologique, ce qui en dit long sur la possibilité d'amélioration des conditions sanitaires. Assez désolant comme statistique (les humains ne changent pas), ce fait n'anéantit pas pour autant tout espoir. Car comme le rappelle, à la fin, ce documentaire, de simples réflexes quotidiens contribuent grandement à limiter (voire contrecarrer) le déclenchement d'un virus. Instructif.

J N

Unseen Enemy (Janet Tobias, 2017, USA, 97 min)

09/01/2020

A Good American

friedrich moser,william binney,attentats du 11 septembre 2001,nsa,thin thread,trailblazer,espionnage,etats-unis,lanceur d'alerte,edward snowden,edward loomis,j. kirk wiebe,a good americanOn apprend ici que le travail de William Binney à la NSA (où il a travaillé durant 30 ans) aurait pu faire éviter les attentats du 11 septembre 2001 mais qu'il fut court-circuité par de hauts responsables de la célèbre agence de renseignement américaine.

Démissionnaire le 31 octobre 2001, William Binney avait en septembre 2002 (avec deux autres lanceurs d'alerte - Edward Loomis et J. Kirk Wiebe) demandé à l'inspection générale du Département américain de la Défense d'enquêter sur les activités de la NSA, celle-ci ayant "dépensé des millions et des millions" sur le projet de surveillance Trailblazer (qui s'est révélé inefficace) qui remplaça ThinThread, projet mis en place par Binney et Loomis, s'avérant plutôt efficace (Binney était parvenu à prévoir les événements en Tchécoslovaquie de 1968 et l'invasion soviétique de l'Afghanistan en 1979) et qui coûtait beaucoup moins cher.

friedrich moser,william binney,attentats du 11 septembre 2001,nsa,thin thread,trailblazer,espionnage,etats-unis,lanceur d'alerte,edward snowden,edward loomis,j. kirk wiebe,a good americanStoppé trois semaines avant les attentats du 11 septembre 2001, ThinThread aurait permis d'éviter le plus gros attentat terroriste survenu sur le territoire des Etats-Unis, avance le documentaire, éléments à l'appui. Cette assertion (ainsi que le travail de Binney) permet de confirmer définitivement le fait que les autorités américaines auraient pu (du?) éviter les attentats des tours jumelles de New York (et du Pentagone). Vue sous un autre angle, elle amènerait à considérer que la première puissance mondiale a délibérément laissé faire, pour quelque raison obscure, ce qui entend que cet attentat constituait une machination américaine. Mais verser, du coup, dans la théorie du complot est un pas que nous ne franchirons pas. Hormis les nombreuses raisons qui ne poussent pas à adopter cette posture (notamment la faiblesse intellectuelle de la théorie du complot), nous pourrions estimer que les croisements d'intérêts économiques et politiques qui expliquent souvent ce type de situation (l'abandon du projet ThinThread) ne mènent pas nécessairement à laisser faire un attentat de grande amplitude. Mais bien entendu, cette histoire n'aide pas (et même accentue) à résoudre les zones d'ombre entourant les attentats du 11 septembre 2001...

friedrich moser,william binney,attentats du 11 septembre 2001,nsa,thin thread,trailblazer,espionnage,etats-unis,lanceur d'alerte,edward snowden,edward loomis,j. kirk wiebe,a good americanCritiquant durement l'administration Bush (et dans le viseur du FBI), William Binney a poursuivi durant le mandat de Barack Obama (2008-2012) sa dénonciation des activités de la NSA, affirmant que celle-ci effectuait une surveillance de masse, allant même jusqu'à témoigner que celle-ci violait délibérément la constitution des Etats-Unis. Préfiguration d'Edward Snowden, le plus célèbre des lanceurs d'alerte, Binney affirma à propos de ce dernier qu'il avait "rendu un grand service au monde entier". J N

A Good American (Friedrich Moser, Autriche, 2015, 100 min)

05/01/2020

The Kleptocrats

the kleptocratsA l'instar du documentaire The Panama Papers décryptant le scandale portant le même nom, The Kleptocrats effectue la même chose concernant le "Scandale 1MDB" (IMDB Scandal ou 1 Malysia Development Berhad Scandal). 1MDB est une compagnie stratégique de développement créée en 2009 et pilotée directement par le ministère malaisien des finances. Établie dans le but de mener des stratégies de développement économique à long terme, la compagnie est impliquée dans les secteurs de l'énergie, de l'immobilier, du tourisme et de l'agrobusiness. A partir de 2015, éclate le Scandale 1MDB. Explication (succincte).

the kleptocratsEn mars 2014, 1MDB est endetté de 10 milliards de dollars. En janvier 2015, les médias britanniques Sarawak Report et The Sunday Times, et l'américain The Wall Street Journal reçoivent d'un lanceur d'alerte (le banquier suisse Xavier Justo) 227.000 documents provenant de 1MDB et dévoilant fraude fiscale et blanchiment d'argent massifs. En juin et juillet, des enquêtes sont lancées par la Banque centrale de Malaisie et par la Commission malaisienne anti-corruption. Dans le même temps, le Wall Street Journal révèle que 700 millions de dollars (provenant de 1MDB) ont été transférés vers des comptes en banque appartenant au premier ministre malaisien Najib Razak. Le même journal révèle en mars 2017 que Razak aurait acheté à sa femme - avec les fonds détournés de 1MDB - un une bague en diamant d'une valeur de 27 millions de dollars (l'équivalent en Malaisie des salaires annuels de plus de 3300 enseignants, explique une personne interviewée dans le documentaire).

Finalement, après avoir perdu les élections législatives malaisiennes de mai 2018 (une première), Najib Razak est arrêté en juillet 2018 et son procès débute le 3 avril 2019. Il est inculpé pour 42 chefs d'accusation (dont blanchiment d'argent, corruption, fraude fiscale, abus de pouvoir, et abus de confiance).

the kleptocratsAu total, c'est plusieurs milliards de dollars qui ont été détournés du fonds 1MDB. L'affaire a des ramifications (comptes en banques, sociétés, opérations financières...etc) à Singapour, aux Iles Vierges britanniques, aux Emirats Arabes Unis, en Arabie Saoudite, en Suisse, en Australie, au Luxembourg, aux Etats-Unis, et aux Seychelles. Au centre de ce gigantesque scandale financier, un homme-clé, le businessman malaisien Jho Low. Toujours en cavale (recherché par les autorités malaisienne et américaine et traqué par Interpol), celui-ci a détourné 457 millions de dollars du fonds 1MDB dont 160 millions ont servi au financement du film The Wolf of Wall Street (Martin Scorsese, 2013) - notamment le cachet de 25 millions de dollars payé à l'acteur principal Leonardo DiCaprio - via la société de production Red Granite Pictures (cofondée par Riza Aziz, beau-fils de Najib razak...). Ironie du sort, cette fiction décryptant des magouilles financières s'est faite financer par les mêmes procédés. Quant aux producteurs, ils s'en sont sortis en remboursant à la justice américaine 60 millions de dollars... J N

The Kleptocrats (Sam Hobkinson, Havana Marking, USA, 2018, 115 min)