23/03/2021
Sites internet les plus visités
Notre dernier classement/liste remontant à mai 2020 et celui des sites internet les plus visités remontant à juillet 2019, il était temps de revenir sur ce dernier et de l'actualiser. L'idée a été, en fait, inspirée par la mise à jour de ce classement dans notre enseignement de géographie en classe de Première (Thème 2 : Une diversification des espaces et des acteurs de la production). Le classement est montré dans une sous-partie traitant du rôle des firmes transnationales dans la production mondiale. L'idée générale est que l'économie numérique est de plus en plus présente et puissante au sein de l'économie mondiale et que les plateformes numériques sont de plus en plus utilisées dans le commerce, d'où le classement permettant de constater que 4 sites d'e-commerce se retrouvent dans le TOP 12 (voir ci-dessous), argument renforçant l'idée générale.
En ce qui concerne le classement effectué par Alexa et appelé traffic rank, il est réalisé en fonction du nombre de visiteurs uniques et du nombre de pages vues par chaque visiteur. Le calcul de cette moyenne sur les trois derniers mois donne le "traffic rank". Toutes les extensions d'une adresse internet sont prises en compte et sont comptabilisés pour le même site. Si un site possède différentes extensions ou qui bénéficie d'adresses différentes qui toutes mènent à un seul site au contenu identique, ses visiteurs sont cumulés et comptabilisés pour le même site. La dernière mise à jour date du 8 février 2021.
Encore et toujours, Google Search et Youtube se situent respectivement à la première et seconde place. Les Etats-Unis dominent fort logiquement le classement et notamment le TOP 50 où ils placent 21 sites. Leur unique concurrent commercial, la Chine, suit de près avec 18 sites. L'Empire du Milieu place d'ailleurs 6 sites dans le TOP 10. Les deux géants économiques tuent toute concurrence puisqu'ils occupent quasiment le TOP 27 (y figure le site indonésien Ozekone appartenant au conglomérat MNC Corporation). Le partage égal entre les Etats-Unis et la Chine (13 chacun) est hautement symbolique d'une lutte entre les géants du numérique. L'hégémonie des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft - tous représentés dans ce classement) doit désormais composer avec son équivalent chinois, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi).
Dans le TOP 50, Etats-Unis et Chine totalisent 39 sites, laissant donc des miettes au reste, soit deux pays plaçant chacun deux sites (Japon, Russie), six pays en plaçant un (Pays-bas, Inde, Canada, Corée du Sud, Iran, Indonésie) et un territoire "spécial", Hong Kong (Google Hong Kong).
Enfin, la pandémie de Covid-19 - qui sévit depuis plus d'un an - a eu un impact sur ce classement, profitant au géant controversé de la vente en ligne, Amazon. Multinationale qui a effectué le plus de bénéfices depuis un an, l'entreprise de Jeff Bezos monte logiquement dans le classement. L'enfermement chez soi a aussi été bénéfique au géant du streaming, Netflix qui se hisse à la 20ème place et qui subit désormais une concurrence féroce de toute une cohorte qui s'est ajusté à cette tendance (Prime Video, Apple+, Disney+, HBO max...etc). Enfin, le confinement a entraîné l'utilisation massive de la vidéoconférence, hissant Zoom Video Communications à la 14ème place (l'utilisation du concurrent direct Meet est comptabilisée dans celle de Google). R H, J N
TOP 25 (au 8 février 2021)
1) Google (USA)
2) Youtube (USA)
3) Tmall (e-commerce/Chine)
4) Baidu (moteur de recherche/Chine)
5) Tencent QQ (portail/Chine)
6) Sohu (portail/Chine)
7) Facebook (USA)
8) Taobao (e-commerce/Chine)
9) Qihoo 360 (logiciels/Chine)
10) Amazon (e-commerce/USA)
11) Yahoo! (USA)
12) Jingdong Mall (e-commerce/Chine)
13) Wikipedia (USA)
14) Zoom (USA)
15) Sina Weibo (réseau social/Chine)
16) Sina Corp (portail/Chine)
17) Xinhuan News Agency (média/Chine)
18) Windows Live (USA)
19) Reddit (USA)
20) Netflix (USA)
21) Microsoft (USA)
22) Panda TV (streaming jeux vidéo/Chine)
23) Zhanqi TV (streaming jeux vidéo/Chine)
24) Okezone (portail/Indonésie)
25) Alipay (Chine)
19:07 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexa internet, sites internet les plus visités, sites internet, économie numérique, e-commerce, qihoo 360, yahoo!, wikipedia, sohu, taobao, batx, gafam, google, facebook, youtube, netflix, zoom, etats-unis, chine, indonésie, streaming, xiaomi, tencent qq, baidu, amazon, iran, pays-bas, inde, hong kong, canada, japon, russie, corée du sud, windows live, reddit, microsoft, panda tv, zhanqi tv, okezone, alipay, jingdong, sina weibo, sina corp, xinhuan news agency, tmall
29/03/2020
Lanceurs d'alerte au cinéma
C'est en pleine pandémie de coronavirus (avec un chiffre alarmant de plus de 660.000 personnes atteintes dont 30.000 décédées) que nous publions finalement cette note sur les lanceurs d'alerte. Le virus dévastateur, apparu dans la ville chinoise de Wuhan, a également son lot de lanceurs d'alerte, qui, comme souvent dans ces situations-là, n'ont pas été écoutés par des autorités supérieures incompétentes. Parmi eux, un médecin français qui sonne l'alerte dès 2015, Li Wenliang, premier médecin chinois à tenter de lancer l'alerte sur l'irruption du coronavirus mais censuré par le pouvoir chinois (il décède du virus le 7 février dernier et a été réhabilité à titre posthume par une commission d'enquête), et la médecin Ai Fen, l'"autre lanceuse d'alerte de Wuhan", également court-circuitée par les autorités chinoises mais toujours en vie. Ces personnages (notamment les deux derniers cités) auront peut-être leur histoire portée un jour à l'écran.
Ces derniers années, les films sur les lanceurs d'alerte se sont multipliés. Rien de plus logique puisque les actions des lanceurs d'alerte se sont également multipliées depuis le début des années 2000. Passage en revue des films de ce genre devenu à part.
Un lanceur d'alerte (whistleblower) est un individu ou groupes d'individus qui révèle des comportements illicites et/ou dangereux pouvant constituer une menace pour l'homme (Scandale du Mediator - La fille de Brest, 2015), l'économie (Panama Papers - The Laundromat, 2019), la société (espionnage de la NSA - Snowden, 2016) et l'environnement (pollution de l'eau potable en Californie - Erin Brockovich, 2000). Il est évident de même que ces situations peuvent se croiser.
Médias et pouvoir politique
Animé de bonnes intentions et désintéressé, le lanceur d'alerte porte les éléments qu'il a découvert à la connaissance, le plus souvent, des médias (première puissance de diffusion de la vérité), soit la presse écrite (ancien analyste de la RAND Corporation, Daniel Ellsberg (interprété par Matthew Rhys) transmet en 1971 une étude secrète du ministère américain de la Défense au New York Times et au Washington Post qui révèlent le scandale des Pentagon Papers - The Post, 2017), ou la télévision : en 1995, Jeffrey Wigand (Russell Crowe) dénonce dans l'émission 60 minutes de CBS l'utilisation de substances addictives par l'industrie du tabac qui l'employait. Celle-ci a dû payer 246 millions de dollars de dommages et intérêts pour atteinte à la santé publique (The Insider, 1999).
Après le scandale des Pentagon Papers, le président américain Richard Nixon n'était pas au bout de ses peines. Un an plus tard, 5 hommes étaient arrêtés pour être entrés par infraction dans les locaux du Parti démocrate. Alors que l'affaire était présentée comme un fait divers, les journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, décident de creuser et sont tuyautés par un informateur secret appelé "gorge profonde" (Liam Neeson). Celui-ci ne révélera son identité qu'en 2005, en la personne de Mark Felt, n° 2 du FBI (Mark Felt: The Man Who Brought down the White House, 2017). Le scandale du Watergate mènera à un complit ourdi par les hautes sphères du pouvoir et entraînera la première et seule démission d'un président des Etats-Unis (All the President's Men, 1976). C'est également la presse US qui contribua durant les années 1950 à la chute du sénateur Joseph McCarthy (et sa tristement célèbre "chasse aux sorcières" des années 1950-1954), en l’occurrence le journaliste Edward R. Murrow (David Strathairn) et son producteur, Fred Friendly (George Clooney), par le biais du journal télévisé de CBS (Good Night, and Good Luck, 2005).
A qui s'adresser
S'adresser directement aux autorités officielles peut également être une (unique) option. C'est ainsi que Daniel J. Jones (Adam Driver), directeur d'une enquête de la Commission spéciale du Sénat américain sur le programme de détention et d'interrogation de la CIA à la suite des attentats du 11 septembre 2011 (The Report, 2019), découvre les méthodes brutales et sadiques de cette dernière, ou ce qui a été appelé "technique d'interrogatoire renforcée". Menant la plus grande enquête jamais effectuée par la Commission du Sénat, Jones ne peut présenter ses résultats qu'à son supérieur, la sénatrice Dianne Feinstein (2014). Cette affaire mènera en 2015 à l'amendement McCain-Feinstein, mettant fin au programme en question. Mais aucun membre de la CIA ne sera poursuivi... Dans The Informant! (2009), c'est la CIA qui collecte les informations de Mark Whitacre (Matt Damon) qui rapporte les pratiques illégales du groupe alimentaire pour lequel il travaillait. Sauf qu'ici le lanceur d'alerte use de sa position pour s'enrichir illégalement, comme quoi certaines situations peuvent être ambiguës.
Une autorité officielle peut être la justice. C'est dont se saisit Lois Jenson (Charlize Theron) durant les années 1990, menant le premier recours collectif pour harcèlement sexuel aux Etats-Unis (date assez tardive pour un pays vantant sa "démocratie") et entre dans l'histoire de ce pays en faisant condamner pour cette accusation la mine qui l'employait dans l'Etat du Minnesota (North Country, 2005). Dans l'Affaire Harvey Weinstein - l'un des scandales sexuels les plus retentissants - pas moins de 93 femmes ont affirmé avoir été agressées sexuellement par l'ex-producteur vedette de Hollywood. Celui-ci a écope le 24 février dernier de 23 ans de prison pour agressions sexuelles et viols. Il ne serait pas étonnant qu'une fiction sur cette affaire voit le jour, centrée à la fois sur les victimes et la vie du prédateur sexuel (en mode "ascension et chute"). Enfin, un lanceur d'alerte peut s'adresser à une association. Découvrant la chasse aux dauphins à Taiji (Japon), Ric O'Barry, ancien dresseur de dauphins devenu activiste, s'adresse à Louie Psihoyos (ancien photographe du National Geographic) qui avec l'aide de l'ONG qu'il dirige (Oceanic Preservation Society) met en place une équipe qui parvient à filmer ce forfait caché par les autorités japonaises et à en faire un documentaire (The Cove, oscarisé en 2009).
A noter de même qu'un média peut être lui-même le lanceur d'alerte. Ce sont des journalistes d'investigation du Boston Globe qui dévoilent au début des années 2000 (obtenant le Prix Pulitzer en 2003) le Scandale d'abus sexuels dans l'archidiocèse de Boston. Entraînant une crise de l'Eglise catholique aux Etats-Unis, cette affaire mènera, notamment, à la démission de l'archevêque de Boston, Bernard Law en 2003 (Spotlight, 2015).
Lanceurs d'alerte et cinéma
La multiplication des lancements d'alerte constituent un filon intarissable pour le cinéma, notamment Hollywood, toujours à l'affût d'un bon coup. Ce thème très à la mode désormais permet, en effet, de renouveler celui - plus général - du héros, bassiné à toutes les sauces au cinéma et à la télévision, et depuis belle lurette. A ce thème réactualisé viennent se greffer trois dimensions attrayantes : la réalité des faits (les personnages ont existé), un plaidoyer pour la justice et la transparence, et le combat de David contre Goliath. Ces deux dernières caractéristiques se combinent parfaitement puisque dans un monde où la justice sociale n'a jamais existé, les dominés réclament justement un partage équitable des ressources, des pratiques économiques transparentes et une justice impartiale. On s'identifie au lanceur d'alerte, celui-ci étant souvent de la classe moyenne et menant une vie ordinaire. Force d'ailleurs est de constater que les films dévoilant des scandales et centrés sur le protagoniste principal présentent des structures narratives similaires.
Une action périlleuse
Si les actions des lanceurs d'alerte entraînent un processus de régulation, de controverse ou de mobilisation sociale, elles mènent de même à une mise en danger du protagoniste. Wigand (The Insider) fut menacé de mort. Le même sort fut réservé à Robert Bilott (Mark Ruffalo) en 2016. Cet avocat d'un grand cabinet partit en guerre contre l'entreprise de produits chimiques DuPont, responsable de l'empoisonnement à petit feu des habitants et des animaux de la localité de Parkersburg (Virginie occidentale). Sa dénonciation médiatique mit en péril sa carrière et sa famille (Dark Waters, 2019). Fondateur de Wikileaks, Julian Assange (interprété par Benedict Cumberbatch dans The Fifth Estate, 2013) est actuellement en prison, à Londres. Quant à Edward Snowden (Joseph Gordon-Levitt), véritable porte-drapeau de cet univers, immortalisé d'abord dans un documentaire oscarisé (Citizenfour, 2014) puis fictivement par Oliver Stone (Snowden, 2016), il est poursuivi par la justice américaine pour espionnage mais a obtenu l'asile politique temporaire en Russie.
En 2004, Dan Rather, journaliste vedette et sa productrice Mary Maples diffusent sur CBS un reportage racontant comment George W. Bush aurait essayé d'échapper à ses obligations militaires entre 1968 et 1974 - grâce à ses connections familiales et politiques - afin d'éviter de participer à la guerre du Vietnam. Les deux audacieux perdront leur emploi (Truth, 2015). Toujours dans le domaine politique (mais dans une dimension plus choquante), le journaliste Gary Webb (Jeremy Renner) du San José Mercury News, perdra la vie pour avoir osé défier la CIA et le gouvernement américain, révélant au grand public en 1996 que ces deux instances avaient monté et orchestré une opération secrète durant les années 1980, consistant à inonder les quartiers afro-américains de Los Angeles de crack en provenance du Nicaragua et à armer en contrepartie la rébellion contra dans sa guerre contre le gouvernement sandiniste (Kill the Messenger, 2014).
L'organisation des nations unies, supposé porte-flamme de la paix et de l'éthique, n'échappe pas non plus aux scandales. Les crimes sexuels commis ces dernières années par des casques bleus sur des mineures en Centrafrique (et dénoncés en 2016 par l'ONG CodeBlue) rappellent l'histoire de Kathryn Bolkovac (Rachel Weisz). Cette policière travaillant pour la compagnie privée américaine DynCorp dans le cadre d'un contrat dépendant de l'ONU, démantèle un réseau de prostitution impliquant des officiels de l'instance internationale en Bosnie-Herzégovine (années 1990). Vu les enjeux financiers (l'ONU a payé 15 millions de dollars à DynCorp) et les possibles retombées politiques, elle faillit y perdre la vie et ne travailla plus jamais pour la justice internationale. Des officiels onusiens durent démissionner mais aucun ne fut poursuivi en raison de leur immunité diplomatique (The Whistleblower, 2010).
Dans le domaine du sport, le neurologue pathologiste d'origine nigériane Bennet I. Omalu (Will Smith) révolutionne en 2002 le monde de la neurologie en découvrant des cas d'encéphalopathie traumatique chronique au sein de la National Football League. Dénonçant les dangers du sport le plus populaire aux Etats-Unis, il se fait vilipender par la NFL (vu les millions de dollars que brasse ce sport) qui tente de ruiner sa carrière (Concussion, 2015).
Lanceurs d'alerte et Guerre d'Irak (2003)
Dans le sillage de la guerre d'Irak de 2003, l'agente de la CIA, Valerie Plame (Naomi Watts), parvient à prouver avec l'aide de son époux (l'ambassadeur Joseph Wilson) que l'Irak ne s'est pas fourni en uranium auprès du Niger, argument qu'utilise le président américain George W. Bush pour justifier une invasion US de l'Irak. Mais les conclusions de son rapport sont ignorées par l'administration Bush... Wilson publie donc le rapport dans le New York Times. Conséquence : des membres de l'administration US dévoilent via la presse l'identité de Valerie Plame, grillant sa couverture (et mettant en danger ses contacts à l'étranger) et la discréditant (Fair Game, 2010).
A la même époque, Katharine Gun (Kiera Knightley) - agente des renseignements britanniques - transmet au quotidien The Observer un document transmis par la NSA et attestant d'un plan américain visant à soudoyer des membres non-permanents du Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir leur vote en vue d'une invasion de l'Irak. Gun sera poursuivie par la justice mais finalement acquittée car d'après la justice britannique, la condamner aurait entraîné la justice britannique à reconnaître l'illégalité d'une agression contre l'Irak (Official Secrets, 2019).
Toujours en 2003, l'armée américaine et la CIA sont empêtrés dans le Scandale d'Abou Ghraib. Dans cette prison située à 32 km de Bagdad, des membres des deux institutions infligeaient aux prisonniers irakiens des sévices dépassant l'entendement. C'est l'ONG de défense des droits de l'homme Amnesty International qui dévoilait le scandale, relayée ensuite par les médias américains (Standard Operating Procedure, 2008). Le même scandale touchera une autre prison d'un pays occupé par l'armée américaine, celle de Bagram en Afghanistan, sauf que dans ce cas-là, la torture volontaire mènera au meurtre prémédité de deux prisonniers (Taxi to the Dark Side, 2007). Pays très pauvre (le mot est faible), en guerre sans discontinuité depuis 1989 et foyer de l'islamisme radical, l'Afghanistan sera au cœur du programme secret de drones du gouvernement américain, révélé par The Guardian grâce aux informations de trois lanceurs d'alerte (National Bird, 2015).
Le trident Maison-Blanche/CIA/NSA est d'ailleurs systématiquement dans les mauvais coups. En 2010, c'est grâce, notamment, aux révélations d'anciens employés de la NSA qu'est dévoilée une opération secrète conjointe (renseignements américains, britanniques et israéliens) - appelée "Olympic Games" - visant à détériorer le fonctionnement du programme nucléaire iranien via une cyber-attaque (Zero days, 2016). Cette même NSA aurait pu, semble-t-il, éviter à la première puissance mondiale le plus grand attentat terroriste survenu sur son territoire, d'après les révélations d'un de ses anciens analystes (A Good American, 2015). La CIA et le FBI avaient également les moyens d'arrêter cela mais leur compétition couplée aux manigances de la CIA et à l'incompétence de l'administration Georges W. Bush n'a pas permis de contrecarrer les plans de la nébuleuse Al Qaïda (l'histoire est racontée dans la série The Looming Tower de la chaîne Hulu - 2018).
Récemment : les arnaques du siècle
Le temps passe et les dimensions scandaleuses des affaires s'amplifient. Deux scandales récents et survenus à deux années d'intervalle constituent tout simplement le summum en termes de volume d'informations, de sommes d'argent brassées et d'impact politique ou financier. Le scandale des Panama Papers (2016), impliquant fraude fiscale, évasion fiscale et blanchiment d'argent démarre avec une fuite de plus de 10 millions de documents (2.6 téraoctets de données) attestant de plusieurs milliards de dollars volés (The Panama Papers, 2018). Quant au scandale Facebook-Cambridge Analytica (2018), il révèle l'utilisation illégale de données de 87 millions de personnes (toujours The Guardian) et le rôle fondamental d'une société de stratégie politique dans deux événements politiques majeurs (The Great Hack, 2019).
Quant aux facteurs expliquant la multiplication des lancements d'alerte, ils sont sans aucun doute multiples et nous pouvons mettre en avant parmi ceux-là l'impact des nouvelles technologies (internet et réseaux sociaux). Tout est traçable désormais et rien ne peut être longtemps caché. Nous pouvons ajouter à cela un phénomène mondial de creusement des inégalités socio-économiques et de paupérisation massive des classes moyennes et pauvres. C'est ce facteur - induit par un phénomène de mondialisation ultra-libérale contrôlée par les plus riches - qui explique les crises sociales, économiques ou politiques (souvent les trois à la fois) de 2019 dans de nombreux pays (Chili, Liban, Honduras, Haïti, Iran, Colombie, Venezuela, Irak...etc).
Or, ces inégalités sont essentiellement causées par des combines financières illicites : fraude fiscale et évasion fiscale lorsqu'il s'agit du secteur privé (mais les politiques usent largement de ces pratiques), détournement de fonds (et autres) lorsqu'il s'agit de fonctionnaires de l'Etat. Cette deuxième tendance donne lieu à ce qu'on appelle une kleptocratie, soit le "gouvernement des voleurs" (kleptos = vol ; kratos = gouverner), un terme que l'on peut appliquer à la Russie de Poutine, la Libye de Kaddhafi, la Tunisie de Ben Ali, le Liban depuis belle lurette et bien d'autres... C'est d'ailleurs le titre d'un documentaire décryptant le Scandale 1MDB, démarrant en Malaisie et ayant des ramifications mondiales (The Kleptocrats, 2018). C'est ainsi que la possibilité pour des spécialistes de tracer tout et n'importe quoi via internet et la poursuite (le monde ne change pas) en parallèle de pratiques financières illégales mènent au dévoilement régulier de scandales : Offshore Leaks (2013), LuxLeaks (2014), SwissLeaks (2015), Panama Papers (2016), Football Leaks (2016), Bahamas Leaks (2016), Paradise Papers (2017), Football Leaks 2 (2018), Mauritius Leaks (2019), Luanda Leaks (2020)... La liste est longue (pour des scandales récents de tout genre, voir la série-documentaire Dirty Money (2018 - ) de Netflix) et devrait continuer à constituer un filon intarissable pour le cinéma ou la télévision.
J. N
Fictions/documentaires liés au dévoilement de comportements illicites (liste non-exhaustive).
- Official Secrets (Gavin Hood, 2019)
- Dark Waters (Todd Haynes, 2019)
- The Great Hack (Karim Amer, Jehane Noujaim, 2019) - documentaire
- XY Chelsea (Tim Travers Hawkins, 2019) - documentaire
- The Report (Scott Z. Burns, 2019)
- The Laundromat (Steven Soderbergh, 2019)
- The Kleptocrats (Sam Hobkinson, Havana Marking, 2018) - documentaire
- The Panama Papers (Alex Winter, 2018) - documentaire
- The Post (Steven Spielberg, 2017)
- Mark Felt: The Man who Brought Down the White House (Peter Landesman, 2017)
- Snowden (Oliver Stone, 2016)
- Zero Days (Alex Gibney, 2016)
- National Bird (Sonia Kennebeck, 2016) - documentaire
- La fille de Brest (Emmanuelle Bercot, 2016)
- Concussion (Peter Landesman, 2015)
- Spotlight (Tom McCarthy, 2015)
- Truth (James Vanderbilt, 2015)
- A Good American (Friedrich Moser, 2015) - documentaire
- L'enquête (Vincent Garenq, 2014)
- Citizenfour (Laura Poitras, 2014) - documentaire
- The Fifth Estate (Bill Condon, 2013)
- We Steal Secrets: the Story of Wikileaks (Alex Gibney, 2013) - documentaire
- The Whistleblower (Larysa Kondracki, 2010)
- Fair Game (Doug Liman, 2010)
- The Informant! (Steven Soderbergh, 2009)
- The Cove (Louie Psihoyos, 2009) - documentaire
- Standard Operating Procedure (Erroll Morris, 2008) - documentaire
- Taxi to the Dark Side (Alex Gibney, 2007) - documentaire
- North County (Niki Caro, 2005)
- Good Night, and Good Luck (George Clooney, 2005)
- Erin Brockovich (Steven Soderbergh, 2000)
- The Insider (Michael Mann, 1999)
- Silkwood (Mike Nichols, 1983)
- All the President's Men (Alan J. Pakula, 1976)
01:34 Publié dans Documentaire, Film, Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the report, adam driver, dianne feinstein, lois jenson, charlize theron, north country, oceanic preservation society, boston globe, louie psihoyos, ric o'barry, the cove, daniel j. jones, benedict cumberbatch, irak, joseph wilson, niger, fair game, panama papers, the great hack, the kleptocrats, ai fen, li wenliang, coronavirus, zero days, mossad, cia, the looming tower, harvey weistein, mauritius leaks, russie, luxleaks, swissleaks, bahamas leaks, paradise papers, offshore leaks, kleptocratie, luanda leaks, football leaks, liban, chili, iran, honduras, cambridge analytica, facebook, netflix, the panama papers, lanceur d'alerte, edward snowden, daniel ellsberg, mark felt
26/01/2020
The Great Hack
"Toutes mes interactions, l'utilisation de ma carte de crédit, mes recherches, ma position, ce que j'aime, tout est récupéré en temps réel puis associé à mon identité. Les acheteurs ont donc un accès direct à mon pouls émotionnel. Grâce à ces informations, ils se battent pour mon attention. Ils me gavent d'un flux constant de contenu conçu sur mesure pour moi et que je suis le seul à voir (...). Mes peurs, ce que j'aime, mes intérêts, mes limites et jusqu'où aller pour les franchir."
C'est avec ces mots que débute, en voix off, ce documentaire constituant une alerte concernant les dérives d'internet, et plus précisément l'utilisation à mauvais escient des données personnelles.
En mai 2018, la société de publication stratégique Cambridge Analytica (Etats-Unis) était au cœur d'un scandale mondial de vol d'informations. En effet, dans le but d'effectuer du ciblage politique favorable - en 2016 - au Brexit (Royaume-Uni) et à l'élection à la présidence américaine de Donald Trump, CA a utilisé les données personnelles de plusieurs dizaines de millions d'utilisateurs de facebook. Ces informations ont servi ensuite à influencer les intentions de vote d'électeurs indécis, via ce qu'on appelle dans la sphère internet le "targetting messaging".
Force donc est de constater que, ni plus ni moins, cet accès illégal à des informations a engendré deux véritables tremblements de terre politiques. L'affaire est d'autant plus désolante que les deux scrutins en question furent serrés (aux Etats-Unis, cela s'est joué - à peu de choses près - dans trois Etats). Le scandale Facebook-Cambridge Analytica (qu'on peut considérer comme le plus grand scandale de vols d'informations via internet) remet également à l'ordre du jour le problème de traque à grande échelle - via des systèmes électroniques hyper-sophistiqués - de données privées permettant de cerner les univers (sociaux, économiques, politiques, psychologiques...etc) des individus. Dans ce domaine-là, ce scandale constitue ainsi un second coup de tonnerre après l'Affaire Edward Snowden (2013). A l'heure où l'intensité du lien social est de plus en plus faible un peu partout et où fake news, complotisme et désinformation pullulent sur le web, cette affaire met également en exergue les dérives engendrées par le web social et plus particulièrement les réseaux sociaux.
Décryptant comment Cambridge Analytica a opéré dans le cadre des deux élections citées, le documentaire se concentre sur Britanny Kaiser, ancienne directrice au développement des affaires chez CA et lanceuse d'alerte (après qu'un premier lanceur d'alerte - Christopher Willie, également analyste chez CA - ait révélé l'affaire) et fournit les témoignages de David Carrol (professeur de design multimedia, ayant poursuivi CA en justice) et Carole Cadwalladr (journaliste d'investigation travaillant pour The Guardian et The Observer) qui - prenant le relais des lanceurs d'alerte - a révélé au grand public les activités louches du tandem Cambridge Analytica/Facebook.
Scandales financiers (notamment les tristement célèbres Panama Papers) et vols d'informations constituent désormais, à la fois, le nœud gordien et la pierre angulaire du fonctionnement politico-économique de notre planète. Triste réalité quand on sait que ces pratiques ne vont pas cesser (comment le pourraient-elles?). Dans l’œil du cyclone et en faillite, Cambridge Analytica disparaît le 2 mai 2018 mais dirigeants (dont l'ancien directeur général, Alexander Nix) et algorithmes se retrouvent dans une autre société spécialisée dans l'analyse de données (et créée par la société mère de CA...), Emerdata Limited. Sanctionné par la justice américaine, Facebook a du payer en juillet 2019 (au moment où ce documentaire était diffusé) une amende de 5 milliards de dollars, somme que le réseau social le plus populaire n'aura probablement pas de problème à refaire assez rapidement.
Engagé politiquement (et nommé comme meilleur documentaire lors de la prochaine cérémonie des BAFTA Awards), ce documentaire diffusé le 24 juillet 2019 sur Netflix constitue un plaidoyer pour une plus ample protection des données personnelles, gage d'une véritable gouvernance démocratique. Un combat vain?
J N
The Great Hack (Karim Amer, Jehane Noujaim, USA, 2019, 114 min)
01:18 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : internet, vol d'informations, facebook, alexander nix, netflix, ciblage politique, etats-unis, royaume-uni, donald trump, brexit, scandale, edward snowden, fake news, lien social, britanny kaiser, christopher willie, the guardian, the observer, emerdata limited, bafta awards, carole cadwalladr, david carrol, cambridge analytica
24/07/2019
Sites internet les plus visités
C'est sans surprise que dans le classement des sites internet les plus consultés, le moteur de recherche Google arrive en première position. Même constat pour Youtube (2e) et Facebook (3e). Ce classement est effectué par l'entreprise Alexa Internet (fondée en 1996, basée à San Francisco et rachetée par Amazon en 1999). Le site web de celle-ci est principalement connu pour fournir des statistiques sur le trafic du Web.
Appelé traffic rank, le classement d'Alexa est réalisé en fonction du nombre de visiteurs uniques et du nombre de pages vues par chaque visiteur. Le calcul de cette moyenne sur les trois derniers mois donne le "traffic rank". Toutes les extensions d'une adresse internet sont prises en compte et sont comptabilisés pour le même site. Si un site possède différentes extensions ou qui bénéficie d'adresses différentes qui toutes mènent à un seul site au contenu identique, ses visiteurs sont cumulés et comptabilisés pour le même site (pour plus de détails, se rendre sur la page d'explication d'Alexa).
Fort logiquement, les Etats-Unis ont 6 sites dans les 10 premiers. Les 4 autres reviennent à la Chine qui place Baidu (équivalent local de Google) en 4ème position et Tencent QQ (portail hébergeant le système de messagerie instantané le plus utilisé en Chine) en 6ème. Les inventeurs du net occupent 50% du TOP 20 (10), tandis que la Chine place 8 sites et la Russie - puissance en reconquête - 2 dont Vkontakte (16e), l'équivalent local de Facebook.
Twitter, Twitch, LinkedIn et eBay sont respectivement 23ème, 25ème, 26ème et 38ème. Il faut descendre jusqu'à la 33ème place pour retrouver le premier pays européen, le Royaume-Uni, avec Google UK. Viennent ensuite l'Allemagne (Google Germany, 41e) et la France (Xvideos, 46e). Force est de constater ici que le premier site visité en France est un site pornographique... Dans ce domaine c'est l'Américain PornHub qui est premier (25ème). Le classement des sites porno selon Alexa est variable selon les sources internet. Cette caractéristique (consulter le classement sur Alexa.com est payant...) couplée au fait qu'un autre site internet (similarweb.com) effectue également un classement des sites les plus visités nous enjoint donc à considérer une partie de ce classement avec des pincettes. Une chose est certaine, celui-ci est largement dominé par les Etats-Unis, suivis de la Chine. J. N
TOP 20 (au 17 janvier 2019)
1) Google (moteur de recherche/USA)
2) Youtube (streaming de vidéos/USA)
3) Facebook (réseautage social/USA)
4) Baidu (moteur de recherche/Chine)
5) Wikipedia (encyclopédie/USA)
6) Tencent QQ (portail Web/Chine)
7) Taobao (e-commerce/Chine)
8) Tmall (e-commerce/Chine)
9) Yahoo! (portail Web, médias/USA)
10) Amazon (e-commerce/USA)
11) Twitter (réseautage social/USA)
12) Sohu (portail Web/Chine)
13) Jingdong Mall (e-commerce/Chine)
14) Windows Live (logiciel en tant que service/USA)
15) Instagram (partage de photographies/USA)
16) Vkontakte (réseautage social/Russie)
17) Sina Weibo (réseautage social/Chine)
18) Reddit (microblog et divertissement/USA)
19) Sina Corp (portail Web et messagerie instantanée/Chine)
20) Yandex (services et produits internet/Russie)
15:55 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sites internet les plus visités, etats-unis, alexa internet, google, facebook, youtube, xvideos, chine, russie, france, allemagne, royaume-uni, tencent qq, baidu, wikipedia, twitch, twitter, taobao, amazon, similarweb, traffic rank
26/01/2011
The social network
Le temps des long-métrages sombres du talentueux David Fincher semble révolu (1). Après l'odyssée d'un homme hors du commun, qui naquit à l'âge de 80 ans et qui vécut sa vie à l'envers, sans être capable de stopper le cours du temps, adaptation d'une nouvelle de F. Scott Fitzgerald (2), Fincher adapte cette fois-ci The accidental billionaires: The Founding of Facebook, A Tale of Sex, Money, Genius, and Betrayal, roman de Ben Mezrich, publié en 2009. Retour donc sur la genèse de la création de Facebook, le site internet le plus visité au monde après Google. Cela débute en octobre 2003. Mark Zuckerberg (excellent Jessie Eisenberg), geek de l'informatique, vient de se faire larguer par sa copine. Revanchard, il pirate le système informatique de l'Université prestigieuse de Harvard, pique les photos des étudiantes et met en ligne une page ("Facemash") qui demande aux internautes de sélectionner la fille la plus canon du campus. La controverse engendrée (3) lui vaut d'être suspendu de la fac. Sur sa lancée, il crée par la suite The Facebook (qui deviendra donc Facebook tout court) qui sera mis en ligne le 4 février 2004. Limité d'abord à Harvard, le site s'étend ensuite aux universités de l'Ivy League (4) puis à la Californie pour ensuite gagner l'Europe et le reste du monde. Cette création révolutionnaire ne s'est pas faite sans heurts et débouchera sur un conflit entre les différents protagonistes s'en réclamant. Avec le savoir-faire qu'on lui connait, David Fincher établit les principaux faits de ce faux conte de fées. Mise en scène trépidante, sens de la narration, acteurs impeccables. Tout y est. On regrettera cependant un dénouement qui nous aura laissé sur notre faim. Le film a en tout cas été acclamé par la critique et a obtenu 8 nominations pour les prochains Oscars. Quant à Mark Zuckerberg, il est actuellement le plus jeune milliardaire au monde. Après Facebook, aurons-nous droit à un long-métrage sur les deux génies (5) qui inventèrent Google ?
The social network (David Fincher, USA, 2010, 120 mins). Avec Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Rooney Mara, Joseph Mazello, Brenda Song, Justin Timberlake, Bryan Barter.
- Meilleur réalisateur - Golden Globe 2011.
- Meilleur film - Golden Globe 2011.
- Meilleure musique (Trent Reznor) - Golden Globe 2011.
- Meilleur scénario (Aaron Sorkin) - Golden Globe 2011.
- 8 nominations - Oscars 2011 (en février prochain).
- 6 nominations - BAFTA awards 2011.
......
(1) Alien 3, Seven, Fight Club...
(2) The curious case of Benjamin Button (2008), avec Brad Pitt et Cate Blanchett.
(3) Zuckerberg est accusé de violation du respect de la vie privée, de droits d'auteurs et de piratage informatique.
(4) L'Ivy League est le groupe de 8 universités privées du nord-est des Etats-Unis. Elles sont parmi les plus anciennes et les plus prestigieuses.
(5) Larry Page et Sergei Brin.
17:06 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : the social network, david fincher, jesse eisenberg, facebook, rooney mara, andrew garfield, justin timberlake, mark zuckerberg, brenda song, oscar