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27/10/2006

The Forever War

medium_ff0060510862.01._SCTZZZZZZZ_.jpg1997, un astronef terrien est abattu par un vaisseau Tauran dans la constellation du Taureau. C'est le prélude d'une guerre totale. La Terre envoie un contingent d'élite pour combattre l'ennemi. Mais avant cela, les "surdoués" devront subir un entraînement  inhumain, auquel nombreux ne survivront pas. William Mandella fait partie des plus résistants, il va être de toutes les campagnes militaires, et survit à cette guerre qui n'en finit pas. Mais il n'est pas au bout de ses peines. Sans le savoir, il va franchir des portes de distortion spatio-temporelles, des centaines d'années s'écoulent...

Ce livre très bien écrit et passionnant (et un joli happy-end) est considéré comme l'une des oeuvres de science-fiction les plus réussies. Il obtint d'ailleurs le prix Hugo, en 1976 (Hugo Award ou Science Fiction Achievment Award), récompensant chaque année les meilleurs récits de science-fiction ou de fantasy publiés l'année précédente. Le nom de la récompense rend hommage à Hugo Gernsback, fondateur d'un des premiers magazines de science-fiction américain, Amazing Stories. Autre consécration : le prix Nebula (1975), décerné chaque année par la Science Fiction and Fantasy Writers of America à l'oeuvre de science-fiction jugée la plus novatrice.

L'auteur

A travers son roman, Joe Haldeman, un vétéran de la guerre, met en avant ses convictions : absurdité de la guerre, déshumanisation des soldats, manipulations psycho-mentales, comportement va-t-en guerre des politiques...

Né à Oklahoma City en 1943, il grandit dans plusieurs endroits (Nouvelle-Orléans, Washington D.C, Alaska...). Après des études d'astronomie, il part pour le Vietnam en 1967. A son retour il étudie les mathématiques et l'informatique de 1969 à 1970. Puis se coonsacre à l'écriture. Sa première nouvelle s'intitule War Year (1972). Puis on retrouve son expérience de guerre dans son roman, La guerre éternelle (1975), pour lequel il obtient un master en écriture de l'université  de l'Iowa. En 1977, il publie une anthologie, "La troisième guerre mondiale n'aura pas lieu" (Study war no more). En 1997, il donne une suite à "La guerre éternelle", La paix éternelle (Prix Hugo et Nebula), suivi de La liberté éternelle (1999). Cette trilogie sera adaptée en une bande dessinée de 3 volumes par Marvano (colorisée par Bruno Marchand sous le titre Libre à jamais, dans la collection FictionS, aux éditions Darguaud). En qui concerne La guerre éternelle, une série télévisée (USA) est en cours de production : The Forever War series. Le long-métrage Starship Troopers (Paul Verhoven, 1998) ressemble étrangement à l'histoire du roman de Haldeman, que l'on ne s'y trompe, c'est une adaptation du roman éponyme de Robert A. Heinlein, paru en 1959.

Joe Haldeman est également conseiller pour la National Space Society, membre du Space Studies Institue, et a été président de la Science Fiction and Fantasy Writers of America (1992-1994). Parmi ses autres romans connus : Pontesprit (Mindbridge, 1976), En mémoire de mes pêchés (All my sins remembered, 1977), Le vieil homme et son double (The Hewingway hoax, 1990), Camouflage (2004), War stories (2005)...

La guerre éternelle

Joe Haldeman, La guerre éternelle, J'ai Lu, SF, numéro 1769, 2001. (Le livre est paru pour la première fois en 1975). Titre original (en anglais) : THE FOREVER WAR.

Site officiel : http://www.home.earthlink.net/~haldeman/

Biblio en français : http://www.bdfi.net/auteurs/h/haldeman_joe.htm

25/10/2006

Spider

medium_9782070425693.gifPatrick McGrath nous entraîne dans le monde schizophrénique de Spider. Atmosphère glauque, ambiance morbide, brouillard permanent. De quoi déranger le lecteur et le scotcher en même temps à cette descente aux enfers.

Le livre est très bien écrit, les descriptions et les métaphores sont saisissantes. Extraits :

"Elle avait une certaine beauté, mais la vie et l'alcool auraient décoloré son visage, tué la lumière de son regard ; son teint était gris et cireux, son haleine fétide."

[...] " Il sirotait sa bière avec un sourire faux, cet homme aux gestes furtifs, cette fouine aux pattes sanglantes agitées de tremblements nerveux, cet animal nuisible, rusé, aux instincts lascifs et cruels."

[...] "Soudain, la masse houleuse se retourna maladroitement sur elle-même, comme une baleine athlétique, avec des rires rauques et des grognements étouffés. La tête blonde remonta. Tournée vers la fenêtre, elle se ballotait de haut en bas en gémissant comme si elle naviguait sur une mer agitée. Le vieux lit grinçait sous elle, comme les espars et les vergues d'un galion. Les grognements qu'elle poussait ressemblaient au sifflement du vent dans le hunier. Elle continuait son mouvement de balancier, le menton levé vers le plafond ou renfoncé sur sa poitrine, ses épais bras blancs la soutenant comme des colonnes" [...]

Eloge de la schizophrénie 

"Avec le temps, je mis au point mon système des deux têtes. J'utilisais le devant de mon cerveau dans mes rapports avec les autres habitants de la maison ; l'arrière quand j'étais seul. C'était là que logeait ma mère, pas devant. Je devins expert dans l'art de passer de l'avant à l'arrière et cela simplifia mon existence. Ma vraie vie se déroulait dans le compartiment arrière ; pour que tout y reste frais et vivace, il me fallait le cerveau avant comme protection, comme des tomates dans une serre. En bas, je parlais, mangeais, bougeais ; j'étais moi-même à leurs yeux. J'étais seul à savoir que ce "Je" n'était pas là, qu'ils ne voyaient que la serre. C'est derrière que j'étais, là où vivait Spider. Devant, j'étais Spider. La vie devint alors plus facile. Cela ne me gênait pas d'être un vilain garçon parce que je savais qu"il s'agissait en fait de Dennis. Quand mon père me faisait descendre à la cave à charbon, c'est Dennis qui appuyait sa tête contre la poutre et enroulait son petit doigt autour du clou rouillé. Spider, lui, était là-haut, dans sa chambre !"                                

Au cinéma, le roman a été adapaté en 2002 d'une main de maître par David Cronenberg (History of violence, Dead ringers, The fly, Crash, Existenz, The naked lunch...). L'excellent Ralph Fiennes y joue le rôle de Spider. Figurent également Gabriel Byrne (Miller's crossing) et Miranda Richardson.                              

Patrick McGrath, Spider, Gallimard, Folio n° 3772, 2002 (paru pour la première fois en 1990), 328 p.   Traduit de l'anglais par Martine Skopan.

24/10/2006

L'ignorance

medium_9782070306107.gifCe dernier livre en date de Milan Kundera (sorti en 2003) n'est pas son meilleur. Ca ne vaut pas par exemple L'immortalité ou L'insoutenable légèreté de l'être. Mais il y a au début un passage très intéressant, sur la notion de Nostalgie :

"Le retour, en grec, se dit nostos. Algos signifie souffrance. La nostalgie est donc la souffrance causé par le désir innasouvi de retourner. Pour cette notion fondamentale, la majorité des Européens peuvent utiliser un mot d'origine grecque (nostalgie, nostalgia) puis d'autres mots ayant leurs racines dans la langue nationale : anoranza, disent les Espagnols ; saudade disent les Portugais. Dans chaque langue, ces mots possèdent une nuance sémantique différente. Souvent, ils signifient seulement la tristesse causée par l'impossibilité de retour au pays. Mal du pays. Mal du chez-soi. Ce qui, en anglais, se dit : homesickness. Ou en allemand : Heinweh. En hollandais : heinwee. Mais c'est une réduction spatiale de cette grande notion. L'une des plus anciennes langues européennes, l'islandais, distingue bien deux termes : söknudur : nostalgie dans son sens général ; et heimfra : mal du pays. Les Tchèques, à côté du mot nostalgie pris du grec, ont pour cette notion leur propre substantif, stesk, et leur propre verbe ; la phrase d'amour tchèque la plus émouvante : styska se mi po tobe : j'ai la nostalgie de toi : je ne peux supporter la douleur de ton absence. En espagnol, anoranza vient du verbe anorar (avoir de la nostalgie) qui vient du catalan enyorar, dérivé, lui, du mot latin ignorare (ignorer).

Sous cet éclairage étymologique, la nostalgie apparaît comme la souffrance de l'ignorance. Tu es loin, et je sais pas ce que tu deviens. Mon pays est loin, et je ne sais pas ce qui s'y passe. Certaines langues ont quelques difficultés avec la nostalgie : les Français ne peuvent l'exprimer que par le substantif d'origine grecque et n'ont pas de verbe ; ils peuvent dire : je m'ennuye de toi mais le mot s'ennuyer est faible, froid, en tout cas trop léger pour un sentiment si grave. Les Allemands utilisent rarement le mot nostalgie dans sa forme grecque et préfèrent dire Sehnsucht : désir de ce qui est absent ; mais la Sehnsucht peut viser aussi bien ce qui a été que ce qui n'a jamais été (une nouvelle aventure) et elle n'implique donc pas nécessairement l'idée d'un nostos ; pour inclure dans la Sehnsucht l'obsession du retour, il faudrait ajouter un complément : Sehnsucht nach der Vergangenheit nach der verlorenen Kindheit, nach der ersten Liebe (désir du passé, de l'enfance perdue, du premier amour)."

Milan KUNDERA, L'ignorance, Folio, 2003, pp. 9-11.

19/10/2006

American psycho

medium_9782020253802.gifBret Easton Ellis est né à Los Angeles en 1964. Après des études littéraires à Bennington College, il s'installe à New York. Ses deux premiers romans, Moins que zéro, et Les lois de l'attraction ont connu un franc succès. Mais c'est son troisième roman, American psycho, "la bombe", qui l'a fait connaître du public. Ce livre, paru aux States en 1991, a fait scandale autant que la sortie de Taxi Driver (le célèbre film de Martin Scorsese) en 1976, ou celle de Clockwork Orange en 1971 (Stanley Kubrick).

Ellis a été classé, comme David Leavitt et Jay McInerney, parmi les nouveaux minimalistes. Certains le considèrent comme nihiliste, alors que lui-même se considère comme moraliste. Son éditeur Simon & Schuster lui avait versé une avance de 300.000 dollars pour écrire son livre. Mais la mise en circulation d'extraits du roman a provoqué un gros scandale. L'éditeur s'est donc retiré, ce qui a permis à la maison Vintage de saisir l'occasion et de l'éditer. Ire de l'opinion publique et des féministes, menaces de mort, ceci n'a pas empêché le livre d'être vendu à des milliers d'exemplaires aux USA. Il rencontra encore plus de succès à l'étranger, où il fut traduit dans 24 pays.

Pourquoi un tel choc ? une violence inouïe bien entendu mais c'est surtout le fait que le héros et monstre à la fois, Patrick Bateman, psychopate et tueur en série, est un exemple éclatant de réussite. Qui plus est, il demeure impunis.

Pas de commentaires sur l'ouvrage, quelques extraits : "Evelyn se tient devant le plan de travail en bois blond ; elle porte un chemisier Krizia de soie crème, une jupe de tweed rouille, Krizia aussi, et les mêmes ballerines d'Orsay que Courtney. Elle a attaché ses longs cheveux blonds en arrière, en un petit chignon  couture assez sévère, et m'accueille sans lever les yeux du plat ovale en inox de chez Wilton sur lequel elle a artistiquement disposé le sushi."

[...] "Tandis que j'embrasse et lèche son cou, elle fixe un regard passionné sur le récepteur grand écran Panasonic à télécommande et baisse le son. Je relève ma chemise Armani et pose sa main sur mon torse."

La meilleure adaptation au grand écran d'un roman de Bret Easton Ellis est assurément celle de : Les lois de l'attraction (Rules of attraction, 2001, Roger Avary). Celle de American psycho (Mary Harron, 2000, avec Christian Bale, très bon) est assez médiocre.

La bibliographie de Ellis : Moins que zéro (1985), Les lois de l'attraction (1987), American psycho (1991), The informers (1994, Zombies en français), Glamorama (1999), Luna Park (2005).

American psycho - Bret Easton Ellis. Editions du Seuil, 1985, 513 pages. Traduit de l'anglais par Alain Defossé.

Blog en anglais sur Bret Easton Ellis : http://www.notanexit.net/

 

16/09/2006

A scanner darkly

178f69a48e318277852d135ae03128e5.jpgA propos de Philip K. Dick

"A scanner darkly" est le 5ème long-métrage hollywoodien adapté de l'oeuvre de Philip K. Dick. Publié pour la première fois en 1952, celui-ci s'oriente rapidement, après des débuts classiques, vers une science-fiction plus personnelle, où se déploient un questionnement permanent de la réalité et une réflexion radicale sur la folie. On peut considérer que A scanner darkly (en français : "Substance M", disponible aux éditions Folio) est l'oeuvre la plus personnelle de Philip K. Dick. Explorateur inlassable de mondes schizophrènes, désorganisés et équivoques, il clame tout au long de ses oeuvres que la réalité n'est qu'une illusion, figée par une perception humaine imparfaite.

Philip K. Dick (1928-1982) eut une existence instable, faite de divorces multiples, de drogues, de tentatives de suicide ou de recherches mystiques. La rapidité avec laquelle sont écrites certaines de ses oeuvres (notamment Minority Report) s'explique par des consommations très fréquentes de LSD et d'amphétamines.

Avant A scanner darkly, le cultissime Blade Runner (inspiré de son roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?) fut réalisé par Ridley Scott (1982, avec Harrison Ford et Sean Young). Suivit Total Recall, inspiré de sa longue nouvelle "Souvenirs à vendre" et réalisé par Paul Verhoeven (1990, avec Arnold Schwarzenegger) puis Minority Report (adapté du roman homonyme), réalisé par Steven Spielberg (2002, avec Tom Cruise et Collin Farell) et le très moyen Paycheck (2003, avec Ben Affleck, Uma Thurman et Aaron Eckart), normal c'est réalisé par John Woo.

Le premier a avoir tenté de réaliser A scanner darkly fut le "réalisateur à risques" Terry Gilliam (Brazil, The fisher king, 12 monkeys, Fear and loathing in Las Vegas). Ensuite, Georges Clooney et Steven Soderbergh se sont emparés de l'affaire, ils sont tous les deux producteurs exécutifs dans ce long-métrage, réalisé par Richard Linklater.

Lorsqu'il décède à l'âge de 54 ans, P. K. Dick est peu connu du public. Toute sa vie durant, il fut relativement pauvre, parfois même miséreux (dans un de ses articles, il décrit avec humour l'époque où sa femme et lui  étaient contraints de se nourrir avec des boîtes de chien) alors que d'autres écrivains américains de science-fiction, comme Isaac Asimov (auteur culte du cycle Fondation), Robert A. Heinlein et Franck Herbert (Dune). (Cf. la préface de Julie Péjos dans Minority Report, éditions Folio, 2002) vivaient un grand succès.

Aujourd'hui, il est considéré comme un génie de la science-fiction même s'il ne possède pas le style le plus affiné (il écrivait trop vite). Inventions multiples, décalages vertigineux et hallucinants dans la perception du futur constituent sa marque de fabrique. On considère  que sa façon de percevoir le futur était différente de celle d'autres écrivains ayant plus de succès que lui. Sa façon de percevoir le futur était différente. Au lieu  de construire ses histoires sur des concepts (comme les autres), il le faisait autour de personnages. Ceux-ci n'étaient pas des héros mais des citoyens ordinaires du futur confrontés à toutes sortes de soucis quotidiens (argent, relations, emploi...). Comme tout le monde.

Dick fut sans doute inspiré dans ses oeuvres par sa vie même : soucis financiers, 5 fois marié, grosse consommation de drogues... Normal que certaines de ses oeuvres soient assez glauques (Substance M) : beaucoup de LSD. En 1982, il vu une avant-première de Blade Runner mais décéda avant la sortie de ce dernier. Dommage qu'il soit décédé avant la sortie des autres films adaptés de son oeuvre. Celle-ci demeure immense aujourd'hui et il est désormais considéré comme un éminent auteur de science-fiction.

     

Dans A scanner Darkly de Richard Linklater, l'univers de Philip K. Dick est revisité par l'animation : aux prises de vue des acteurs sont superposées des créations infographique très sophistiquées (comme dans Waking Life, 2001, du même réalisateur) : la performance des comédiens est recréée par les procédés de l'animation. Robert Downey Jr. est énorme. A travers ce monde déglingué où se conjuguent paranoïa, schizophrénie, hallucinations et démence, confusion entre le réel et l'irréel, on peut entrevoir une certaine critique de l'Amérique d'aujourd'hui marquée par la psychose qui résulte du 11 septembre 2001 (même si l'oeuvre est antérieure), sans que le film soit tout à fait politiquement engagé. Tout le monde est suspect et chacun est coupable jusqu'à preuve du contaire.

A SCANNER DARKLY (Richard Linklater, USA, 2006, 100 mins).  Avec Keanu Reeves, Winona Ryder, Robert Downey Jr., Woody Harrelson, Rory Cochrane.