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22/05/2007

Dictionnaire du parfait cynique

medium_9782843044069.gif"Traités de charlatans ou de prestidigitateurs, les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux.

La forme discontinue dans laquelle ils s'expriment est une forme aristocratique ; elle apparaît en France au XVIème siècle, en même temps que s'essoufflent la théologie et la scolastique. Le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. Sa démarche est aux antipodes de celle du philosophe ; il se méfie de ce qui n'est pas concret ; le concept "homme" l'intéresse moins que les hommes réels, avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes.'' [...]      Roland Jaccard

De Chamfort à Oscar Wild, en passant par Cioran, Jules Renard, Schopenhauer, Shaw (et bien d'autres), des citations aussi drôles que cyniques, mais aussi, instructives!!

Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Zulma, 2007, 159 p.

06/05/2007

Sa Majesté des mouches

medium_9782070374809.3.gifLe premier roman de William Golding, écrivain britannique appartenant au courant post-moderniste, a obtenu le prix Nobel de littérature en 1983 (publié pour la première fois en 1954). Un avion transportant des enfants anglais de sexe masculin, s'écrase sur une île déserte. Les pilotes périssent, les gamins sont donc livrés à eux-mêmes. Trés vite, ils s'organisent en mini-société et élisent même un chef. Au départ, tout semble marcher pour le mieux, la société est divisée en catégories : chasseurs, éclaireurs, sentinelles... Mais ceci ne dure pas longtemps, cette "société" implose (car "l'homme est un loup pour l'homme" et les gens ne s'entendent pas), laissant place à un barbarisme des plus primaires...

Dans la notice bibliographique du livre, écrite par l'auteur, ce dernier s'explique. Impossible de dire que son discours n'est pas d'actualité aujourd'hui. Les rapports entre les gens, et à une échelle planétaire, entre les Etats, le prouvent... :

"[...] la responsabilité du désordre dont souffre le monde actuellement n'incombe ni à une classe, ni à une nation, ni à un système : ce désordre n'est que la reproduction - sur une plus grande échelle - des réactions enfantines quand on laisse à celles-ci pleine liberté de s'exprimer, dans les jeux par exemple. Le salut de l'humanité réside en chacun de nous, non pas dans un système, une croyance, ou à l'intérieur d'une frontière donnée. L'ennemi n'est pas au-dehors, mais en dedans."

William Golding, Sa majesté des mouches, Gallimard, Folio n° 1480, 1983, 256 p. (Livre paru pour la première fois en 1954, sous le titre "Lord of the flies").

28/04/2007

La tentation nihiliste

medium_9782130438281.gif"Le nevrosé est à la recherche d'une parcelle d'infini ; le psychotique, lui, a renoncé à cette quête - illusoire, vaine, sordide. La sagesse une fois encore jouxte la folie. Et le fou qui a perdu la raison sera toujours la parodie du sage qui a transcendé l'égo. Pour l'un comme pour l'autre, la vie est un acte sans acteur ; mais si l'un est paranoiaque, l'autre est metanoiaque."

[...] " Si l'on étreint avec une telle violence sa partenaire, c'est faute de pouvoir l'étrangler. Comme l'affirment, non sans panache, les plus cyniques parmi les psychanalistes, l'amour consiste à donner ce que l'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas. Ces prémisses acceptées, ne reste plus aux hommes qu'à se payer le corps des femmes - et aux femmes à se payer la tête des hommes, en ayant toujours à l'esprit qu'"un suicide réussi vaut mieux qu'un coït raté" (Roland Topor)."

"L'autobiographie est un genre qu'on aimerait réserver aux clochards. L'humiliation, ils l'expérimentent jour après jour, de même que l'irréparable désintérêt de l'homme pour ses frères humains. Ecrire quand on n'a pas atteint le degré zéro du dégoût devrait être passible d'une peine de prison. Mais c'est sur une chaise électrique qu'on devrait asseoir tous ceux qui revent de laisser une trace en nous assenant le récit de leurx exploits." [...]

[...] "Humanité oblige, nous ne manquons jamais de motifs pour désirer la mort d'autrui. L'armistice que nous avons conclu avec nos proches est sans cesse révocable ; quant aux autres, n'en parlons même pas : c'est déja bien beau quand nous les supportions. Nous nous flattons d'aimer l'homme, mais nous haïssons notre voisin. Et rien ne nous réconforte autant que les malheurs d'autrui."

"A l'opposé du romantique toujours pénétré du sentiment que le monde est un tissu de sens cachés, de symboles à déchiffrer et d'indicibles mystères, le nihiliste considère que la vie est courte, brutale, insipide. Il se gausse sans pitié de ces cerveaux exaltés en quête de fins dernières, de suppléments d'âme ou, pis encore, de "nouvelles valeurs" et qui n'ont ni le sens du grotesque ni celui du mépris, de la raillerie et de la derision."

Roland Jaccard, La tentation nihiliste, Quadrige n° 126, PUF, 1989, 160 p.

27/03/2007

Le festin nu

medium_9782070422371.gif"La drogue sacrée, qui ne crée pas de sujétion, pas d'esclavage, est dépeinte comme une merveilleuse vague d'égoût... mais la couleur disparaît et on retrouve la came ordinaire, la came de toujours... Souviens-toi : le résultat est toujours le même : la possession absolue devient le seul but, et seule la drogue peut rendre chair et os au visage et aux jambes..."

Le chef-d'oeuvre de William S. Burroughs (1914-1997). Un curieux voyage dans l'Interzone, quelque part entre New-York et Tanger. Connu pour ses romans hallucinés (drogue, homosexualité, anticipation), il fut associé à la Beat Generation (Jack Kerouac, Allen Ginsberg. Il est aussi connu pour son utilisation littéraire du cut-up, technique qui consiste à recréer un texte à partir de bribes découpées et mélangées au hasard, utilisant parfois des fragments d'autres auteurs.

"Tu connais les vieux - plus aucune pudeur de l'estomac, tu as envie de vomir rien qu'à les voir se goinfrer. Les vétérans de la drogue sont tous pareils. A leur seule vue de la camelote, ils commencent à mouiller et gargouiller. Pendant qu'ils mitonnent leur sauce blanche, la bave leur dégouline du menton, ils ont le ventre clapoteux et les tripes qui papillotent en péristole, et le peu de peau intacte qui leur reste sur les os se dissout, tu t'attends à voir le protoplasme en gicler sous le coup de seringue et retomber en pluie. C'est répugnant à voir..." [...]

"Il déblatérait à perdre le souffle, se tenant tout droit dans l'ombre allongée de la salle du tribunal, son visage torturé comme une pellicule déchiquetée, crevant des besoins de ses organes larvaires qui palpitaient au fond de sa chair d'ectoplasme, la chair incertaine du corps en manque (dix jours de jeûne forcé quand vint la première audience), chair qui se dissout dès la première caresse silencieuse de l'héroïne retrouvée."

"La pute s'amène à la porte, je lui dis que je veux une tranche de cul et j'y refile les biftons. On monte dans sa piaule et elle tombe ses fringues. Aussi sec je sors mon surin à cran d'arrêt et je me découpe un bon bistèque de cul comme demandé. Du coup, elle pousse une goualante à la sauvage, l'a fallu que je me déchausse pour lui faire taire sa gueule à coups de pompe. Après quoi je l'ai tringlée en prime."

"Piaillements, fracas de carreaux cassés et d'étoffes déchirées. Raz de marée en crescendo de grognements et d'ululements et de gémissements et de hoquets et de sanglots... Puanteur de foutre et de con et de sueur, relent plus faisandé de rectums défoncés... Diamants, étoles, fourreaux de soie, orchidées, fracs, smokings et sous-vêtements jonchent le parquet, foulés par des grappes de corps nus qui s'empoignent les uns les autres avec des contorsions frénétiques."

William Burroughs, Le festin nu (The naked lunch, 1959), Gallimard, Folio SF, n° 93, 2002, 335 p.

01/02/2007

L'immortalité

medium_9782070385881.gifToujours Kundera, le chef-d'oeuvre... 

"Le piège de la haine c'est qu'elle nous enlaçe trop étroitement à l'adversaire."

"Nous n'apprenons jamais pourquoi et en quoi nous agaçons les autres, en quoi nous leur sommes sympathiques, en quoi nous leur paraissons ridicules ; notre propre image est pour nous le plus grand mystère."

"J'ose affirmer qu'il n'y a pas d'érotisme authentique sans art de l'ambiguïté ; plus l'ambiguïté est puissante, plus vive est l'excitation."

"Rien ne met plus en joie que de rencontrer une femme naguère redoutée, mais qui, désarmée, ne fait plus peur."

"Le souci de sa propre image, voilà l'incorrigible immaturité de l'homme."

Milan Kundera, L'immortalité, Gallimard, Folio n° 2447, 1993, 535 p. Traduit du tchèque par François Kérel. (Paru pour la première fois en 1990).