12/07/2021
EURO 2020 - Palmarès
En gagnant son second Euro, après celui de 1968, l'Italie rejoint la France avec deux sacres (1984, 2000), derrière l'Allemagne (1972, 1980, 1996) et l'Espagne (1964, 2008, 2012), trois victoires chacune. Suivent avec une victoire le Portugal, la Grèce, le Danemark, les Pays-Bas, la Tchécoslovaquie et l'URSS, premier vainqueur de l'épreuve en 1960.
Si la finale 2020 a comporté un nouveau finaliste (l'Angleterre) depuis 2004 (Portugal et Grèce), l'édition n'a pas connu, toutefois, de nouveau vainqueur. Ce qui est certain par contre est que l'Euro est plus inclusif que la Coupe du monde. En 21 éditions, celle-ci n'a connu que 8 vainqueurs (Brésil, Allemagne, Italie, Argentine, Uruguay, France, Angleterre, Espagne) tandis que l'épreuve continentale connaît déjà 10 nations victorieuses en 16 éditions.
A titre de comparaison avec les autres coupes continentales, la beaucoup moins médiatisée et populaire Coupe d'Asie des nations est proche (9 vainqueurs en 17 éditions ; compétition créée en 1956). Il ne peut y avoir par contre de comparaison avec la Coupe d'Afrique des nations (14/33 ; 1957), la Gold Cup (Amérique du nord, centrale et Caraïbe ; 7/25 ; 1963) et la Copa America (8/45 ; 1916) car ces compétitions se déroulent généralement tous les 2 ans. La dernière citée, plus vieille compétition de football au monde, ne comprend que 10 nations (sont régulièrement invitées une ou deux nations d'autres fédérations). Parmi celles-ci, seuls l'Equateur et le Venezuela n'ont pas encore gagné l'épreuve, remportée le 9 juillet dernier par l'Argentine. J N
2020 (Europe, disputé en 2021) : Italie - Angleterre 1-1 ap (3-2 tab)
2016 (France) : France - Portugal 0-1 ap
2012 (Ukraine/Pologne) : Espagne - Italie 4-0
2008 (Suisse/Autriche) : Allemagne - Espagne 0-1
2004 (Portugal) : Portugal - Grèce 0-1
2000 (Pays-Bas/Belgique) : France - Italie 2-1 ap (but en or)
1996 (Angleterre) : Allemagne - Tchéquie 2-1 ap (but en or)
1992 (Suède) : Allemagne - Danemark 0-2
1988 (RFA) : Pays-Bas - URSS 2-0
1984 (France) : France - Espagne 2-0
1980 (Italie) : RFA - Belgique 2-1
1976 (Yougoslavie) : Tchécoslovaquie - RFA 2-2 ap (5-3 tab)
1972 (Belgique) : RFA - URSS 3-0
1968 (Italie) : Italie - Yougoslavie 2-0
1964 (Espagne) : Espagne - URSS 2-1
1960 (France) : URSS - Yougoslavie 2-1 ap
14:18 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro, euro 2020, euro 2021, palmarès euro, france, allemagne, urss, italie, espagne, angleterre, grèce, portugal, danemark, tchécoslovaquie, pays-bas
EURO 2020 - FINALE : Italie - Angleterre 1-1 ap (3-2 tab)
IT'S COMING TO ROME : LA NAZIONALE REMPORTE L'EURO
Au bout d'une finale haletante, l'Italie a remporté l'Euro 2020 face à l'Angleterre (1-1 ; 3-2 aux tirs aux buts). La squadra azzura s'adjuge son second Euro, après celui de 1968.
J N
It's coming to Rome l'a finalement emporté sur It's coming home. Jouer sa finale à Wembley (une première depuis 1966) n'aura pas suffi à l'Angleterre, elle qui a joué 6 de ses 7 matchs dans son antre londonien. Ironie du sort, le seul match joué "à l'extérieur" (le quart de finale contre l'Ukraine), l'a été à.... Rome. On s'attendait à une finale intense et serrée entre la meilleure défense du tournoi (l'Angleterre n'avait encaissé qu'un seul but, sur coup-franc, contre le Danemark) et la meilleure attaque (12 buts et 6 buteurs chez les Italiens). On a été servi.
Même très rapidement puisque les Three Lions ouvraient le score dès la 2ème minute. C'est l'Italie qui été entrée tambour battant dans le match mais sur la remontée du ballon, l'arrière Trippier centrait pour Luke Shaw, son pendant côté gauche. Libre de tout marquage aux 6 mètres, il trompait Donnarumma d'une volée rasante au premier poteau. Buteur pour la première fois en sélection (16 capes), le joueur de Manchester United venait d'inscrire également le but le plus rapide en finale d'Euro (0-1, 2e).
Sonnés par ce but précoce, les transalpins mettaient du temps à réagir, d'autant plus qu'ils étaient privés de ballon et subissaient face à la rapidité des ailiers anglais. A ce moment-là, on n'en donnait pas cher de la peau d'une Italie prise dans la nasse. Mais la solidité de ses vieux briscards en défense (la charnière Bonucci-Chiellini) lui permettait de tenir la baraque. Bizaremment, les Anglais ont laché le pressing vers la demi-heure de jeu mais incapables de passer une défense tout aussi hermétique, les Italiens tentaient de loin, sans réussite (Insigne, 28e, Chiesa, 35e, Verratti, 45e). Transformée dans le second acte, la Nazionale prenait le contrôle du match et comme souvent c'est Chiesa qui sonnait la charge. Ses percussions à gauche étaient à deux doigts de faire mouche (57e, 66e) tandis que sa frappe à ras de terre, à l'entrée de la surface, était superbement repoussée par Pickford (61e).
Mais c'est un défenseur qui égalisait finalement. A la suite d'un corner dévié au second poteau par Cristante, Bonucci venait marquer à bout pourtant à la suite d'un cafouillage (1-1, 66e). A ce moment-là, la physionomie et la psychologie avaient complètement tourné. Affichant une possession de balle de 70%, l'Italie n'était pas loin de marquer un second but (73e, 75e). On s'étonnera d'ailleurs que le sélectionneur Gareth Southgate n'avait fait qu'un seul changement (Saka, 70e), un coaching qui a probablement participé de la défaite anglaise (voir ci-dessous).
Mieux dans les prolongations, l'Angleterre faisait jeu égal avec son adversaire. Les deux équipes auraient pu inscrire un second but, synonyme de k.o mais Pickford veillait au grain (103e, 107e) tandis que Donnarumma était suppléé par sa défense (108e, 110e). Direction le jeu cruel des tirs aux buts.
Bien malin aurait été celui capable de dire qui allait remporter la séance fatidique. L'exercice ne réussit pas beaucoup aux deux équipes. A l'Euro, l'Italie a réussi 3 séances sur 5 (la demi-finale contre l'Espagne incluse). En Coupe du monde, avant la victoire contre la France en 2006, elle avait systématiquement échoué (1998, 1994, 1990). L'Angleterre fait encore moins bien puisqu'à l'Euro, elle n'avait réussi qu'une séance sur 4 (et 3 échecs en Coupe du monde ; 2006, 1998, 1990). La tendance semble donc avoir été confirmée à ce niveau, d'autant plus que l'Italie avait battu son adversaire à ce jeu-là à l'Euro 2012. Un adversaire qui lui réussit souvent (voir ci-dessous l'historique des confrontations entre les deux équipes).
Les choix de Southgate et les tirs aux buts
En réussite dans ses choix tactiques jusqu'à cette finale (aucun but encaissé dans le jeu malgré les différents schémas et 5 victoires en 6 matchs), le sélectionneur anglais semble s'être emmélé les pinceaux au moment le plus crucial. Pourtant très bon dans son couloir droit, Trippier était remplacé à la 70e par le jeune Saka. Bien plus à son avantage lors des précédents matchs, le feu follet d'Arsenal s'est montré particulièrement brouillon et a été mangé tout cru par Chiellini. Remplaçant l'excellent mais émoussé Rice à un quart d'heure de la fin du temps réglementaire, Henderson a rendu une pâle copie. A la 120e, il était remplacé à son tour (!), Southgate ayant décidé de faire rentrer des tireurs de penalty. Mais le remplaçant Rashford ratait le sien. Les autres malheureux tireurs sont Sancho (également entré à la 120e) et Saka, respectivement âgés de 21 et 19 ans (Rashford en a 23). Avec une inexpérience pareille à ce stade de la compétition, la pression a été trop forte. Cette finale s'est finalement joué à un détail près, celui de l'expérience des coachs. Roberto Mancini a déjà 20 ans d'expérience (6 clubs entraînés dans 4 championnats en plus de la sélection nationale). En face, Gareth Southgate n'en a que 6...
Que tous les tireurs italiens (deux se sont ratés) soit âgés d'au moins 26 ans n'est pas anodin. Ce constat renvoie à une équipe italienne plus expérimentée. Une statistique édifiante souligne d'ailleurs cette caractéristique. Agés respectivement de 34 et 36, les défenseurs Bonucci et Chiellini totalisent à eux deux 221 sélections nationales (109 et 112) mais surtout, étaient tous deux titulaires lors de la finale de l'Euro 2012 (!), perdue par l'Italie.
L'expérience italienne couplée à une combativité de tous les instants a été la clé de la réussite lors de cette finale. Quant à l'Angleterre, elle possède actuellement une de ses générations les plus prometteuses. Si elle progresse davantage, elle sera plus expérimentée au Qatar fin 2022 et pourrait aller loin également.
Autour de la finale
Italie - Angleterre est la première finale d'un Euro, depuis 20 ans, où les deux finalistes inscrivent au moins un but. A l'Euro 2000, la France avait battu l'Italie 2-1 en prolongations (but en or). Sur 16 éditions, 7 se sont terminées de la sorte (43.7%). Elle est également la 6ème à aller en prolongations (37.5%) mais la 2ème seulement (après Tchécoslovaquie - RFA en 1976) à se décider aux tirs aux buts. Les buts ont également un sens. A 34 ans et 71 jours, Leonardo Bonucci est le plus vieux buteur en finale, battant le record de l'Allemand Berd Hölzenbien (30 ans et 103 jours), établi en 1976.
Quant au but de Luke Shaw, marqué après 2 minutes, il est le plus rapide d'une finale de l'Euro. L'arrière-gauche inaugure par la même occasion deux premières étonnantes : il est le premier joueur non-espagnol de Premier League (après Fernando Torres, Juan Mata et David Silva) et le premier joueur de Manchester United à marquer en finale.
Enfin, l'Italie remporte sa 2ème finale après celle 1968. Elle s'était inclinée contre l'Espagne en 2012 et contre la France en 2000.
Italie / Angleterre
Si le bilan global entre les deux équipes est équilibré (10 victoires italiennes, 8 anglaises et 10 matchs nuls), celui des rencontres officielless est très largement en faveur de l'Italie. En 9 matchs (voir ci-dessous), les Anglais ne se sont imposés qu'une seule fois, c'était le 16 novembre 1977 en éliminatoires de la Coupe du monde 1978. En compétition officielle, ils n'ont tout simplement jamais gagné (ou ne se sont jamais qualifiés après un match nul). Si la malédiction allemande a été vaincue, l'Italienne se poursuit.
- Euro 2020 (finale) : Italie - Angleterre 1-1 ap (3-2 tab)
- CM 2014 (premier tour) : Angleterre - Italie 1-2
- Euro 2012 (quart) : Angleterre - Italie 0-0 ap (2-4 tab)
- QUAL CM 1998 : Italie - Angleterre 0-0
- QUAL CM 1998 : Angleterre - Italie 0-1
- CM 1990 (match pour la 3ème place) : Italie - Angleterre 2-1
- Euro 1980 (premier tour) : Italie - Angleterre 1-0
- QUAL CM 1978 : Angleterre - Italie 2-0
- QUAL CM 1978 : Italie - Angleterre 2-0
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Buts : Bonucci (66e) pour l'Italie ; Shaw (2e) pour l'Angleterre.
Avertissements : Barella (47e), Bonucci (55e), Insigne (84e), Chiellini (90e), Jorginho (113e) pour l'Italie ; Maguire (106e) pour l'Angleterre.
Italie : Donnarumma - Di Lorenzo, Bonucci, Chiellini (cap.), Emerson (Florenzi, 118e) - Barella (Cristante, 54e), Jorginho, Verratti (Locatelli, 96e) - Chiesa (Bernardeschi, 86e), Immobile (Berardi, 55e), Insigne (Belotti, 91e).
Angleterre : Pickford - K. Walker (Sancho, 120e), Stones, Maguire - Trippier (Saka, 70e), Philips, Rice (Henderson, 74e) (Rashford, 120e), Shaw - Sterling, Mount (Grealish, 99e) - Kane (cap.).
01:35 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : finale euro 2020, euro 2021, euro 2020, euro, finale euro, italie, italie-angleterre 1-0, luke shaw, shaw, leonardo bonucci, bonucci, donnarumma, rashford, saka, sancho, mancini, southgate
08/07/2021
EURO 2020 - 1/2 : Angleterre - Danemark 2-1 ap
FIN DE LA MALEDICTION ANGLAISE ET DU REVE DANOIS
En remportant sa demi-finale contre une valeureuse équipe du Danemark (2-1 ap), l'Angleterre arrache pour la première fois de son histoire une finale à l'Euro. Elle affrontera l'Italie dimanche pour l'obtention du graal.
J N, S H
Décidément, cet Euro se sera avéré palpitant jusqu'au bout. Du jeu, de l'intensité, des buts, quelques surprises, et du suspense. Ce dernier a été au rendez-vous pour la seconde demi-finale puisque comme l'Espagne et l'Italie la veille, Anglais et Danois n'ont pu se départager après le temps réglementaire, mais à la différence près que les tirs aux buts n'ont pas été nécessaires, les Three Lion l'emportant finalement (2-1).
Devant un public très largement acquis à sa cause, l'Angleterre a grandement dominé la rencontre, forte de sa vitesse et de sa supériorité technique. Toutefois, après avoir subi d'entrée un pressing haut, les Danois parvenaient en milieu de première mi-temps à mettre le pied sur le ballon et à se montrer dangereux. Mais sur coup de pied arrêté qu'ils parvenaient à trouver la faille, le meilleur moyen de percer une défense infranchissable (0 but encaissé depuis le début du tournoi). Déjà auteur d'un joli but contre la Russie au premier tour, le milieu offensif de la Sampdoria, Mikkel Damsgaard envoyait des 25 mètres une frappe magistrale qui survolait le mur et atterissait près de la lucarne, ne laissant aucune chance à Pickford qui ne pouvait qu'effleurer le ballon (0-1, 30e).
Piqués au vif, les Anglais revenaient rapidement et sur un nouveau débordement et centre du virevoltant Saka (18 ans!), Kjaer marquait contre son camp, sous la menace de Sterling (1-1, 39e). La seconde mi-temps était entièrement anglaise même si la Danish Dynamite parvenait à obtenir quelques corners. Elle accusait toutefois le coup physiquement, contraignant le sélectionneur à effectuer 5 changements. Exemplaire d'abnégation, elle tenait le coup face aux déferlantes adversaires et arrachait les prolongations.
Mais cela ne faisait que retarder la sentence. Manquant de carburant alors qu'ils ne pouvaient plus faire qu'un seul changement tandis que leurs adversaires n'en avaient effectué qu'un dans le temps réglementaire, les Danois ne parvenaient plus à tenir le ballon et concédaient le penalty après un contact entre Maehle et Sterling, sanction litigieuse, confirmée par la VAR. La sanction était transformée en deux temps par Kane après que Schmeichel eut repoussé la balle dans ses pieds (1-2, 104e). Cruel pour le gardien de Leicester, impérial jusqu'ici.
On aurait aimé que les deux buts danois encaissés l'aient été d'une autre manière mais au final, le résultat est mérité pour une équipe anglaise un cran au dessus sur les plans physique et technique et qui aura largement dominé les débats. Le Danemark, qu'on n'attendait pas nécessairement à ce stade-là, sort la tête haute après sa meilleure compétion depuis 29 ans. S'appuyant sur son parcours à cet Euro, l'équipe pourrait progresser davantage et trouver une constance.
Quant à l'Angleterre, elle brise sa fameuse malédiction, celle de ne plus avoir atteint de finale de grande compétition depuis le sacre mondial à Wembley en 1966. La finale s'annonce alléchante, entre d'un côté la meilleure défense (les Anglais n'ont encaissé qu'un seul but, sur coup-franc) et d'un autre la meilleure attaque (2 buts par match de moyenne pour la Squadra Azurra). Entre une Angleterre désireuse de prendre une revanche sur l'histoire et une Italie voulant prouver qu'elle a changé (le catenaccio semble terminé), les débats s'annoncent très âpres.
Buts : Kjaer (39e, csc), Kane (104e) pour l'Angleterre ; Damsgaard (30e) pour l'Angleterre.
Avertissements : Maguire (49e) pour l'Angleterre ; Wass (72e) pour le Danemark.
Angleterre : Pickford - K. Walker, Stones, Maguire, Shaw - Philips, Rice (Henderson, 96e) - Saka (Grealish, 69e) (Trippier, 106e), Mount (Foden, 96e), Sterling - Kane (cap.).
Danemark : K. Schmeichel - A. Christensen (J. Andersen, 79e), Kjaer (cap.), Vestergaard (Wind, 105e) - Larsen (Wass, 67e), Höjbjerg, Delaney (M. Jensen, 88e), Maehle - Braithwaite, Dolberg (Norgaard, 68e), Damsgaard (Poulsen, 68e).
01:15 Publié dans Football | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : angleterre, danemark, angleterre-danemark, euro, euro 2020, euro 2021, angleterre-danemark 2-1 ap, kane, saka, sterling, schmeichel, damsgaard
07/07/2021
EURO 2020 - 1/2 : Espagne - Italie 1-1 ap (2-4 tab)
L'ITALIE EN FINALE APRES UN GROS COMBAT CONTRE L'ESPAGNE
Après avoir résisté à l'Espagne dans un match âpre, l'Italie s'est finalement imposée aux tirs aux buts et jouera la finale dimanche contre l'Angleterre ou le Danemark. Retour rapide sur ce beau match et cette rivalité entre latins.
J N
Il était dit que cette demi-finale très attendue entre deux équipes très techniques, qui défendent bien en général et qui sont capables de marquer à tout moment - soit très identiques au final (mais des schémas tactiques différents) - serait serrée, comme le sont souvent d'ailleurs les rencontres entre les deux (voir ci-dessous). Dans cette rencontre intense et rythmée, chaque équipe aura eu ses temps forts et le match nul paraît équitable même si l'Espagne a davantage dominé, notamment en fin de rencontre et durant la première prolongation. Mais en face c'est costaud à l'image d'un grand Bonucci, toujours aussi guerrier, qui a porté une équipe solidaire et vaillante jusqu'au bout.
Car après son égalisation à la 80ème minute, l'Espagne prenait le dessus et se procurait les situations les plus chaudes. En vain. Comme contre la Belgique en quart de finale, la Nazionale a tenu et a encore prouvé que ses 32 matchs d'affilée sans défaite (désormais 33) et ses 2 buts seulement encaissés sur les 12 derniers ne devaient rien au hasard. Les 2 buts de cette rencontre sont emblématiques des deux équipes dans cet Euro et dans les deux sens. Exerçant une grosse possession de balle, l'Espagne encaisse des buts en contre. Ici, il fut initié par le gardien Donnarumma. En 3 passes, Federico Chiesa (élu homme du match) se plaçait en position idéale dans la surface et fusillait Simon d'une superbe frappe enroulée (0-1, 60e). Les Transalpins sont rapides mais peuvent aussi manquer de concentration comme ce fut le cas (redhibitoire) contre l'Autriche et la Belgique, et comme ce fut le cas ce soir. Réactive, la Roja transperçait plein axe et après un une-deux avec Olmo, Morata fixait Donnarumma de près (1-1, 80e).
C'est finalement aux tirs aux buts que l'Italie s'est montrée moins maladroite (malgré un raté de Locatelli). Héros du match coté espagnol, Morata condamnait les siens, sa tentative étant repoussée par le gardien italien tandis qu'Olmo avait précédemment envoyé son tir dans les tribunes. Pour un tir décisif, le 4ème homme italien, Jorginho, se permettait une sorte de panenka décentrée. Le sang-froid culotté. Favorite depuis un moment déjà, la Squadra Azzura venait d'assurer que ce sera très dur de la battre en finale.
Montée en puissance après un début d'Euro poussif, la Roja méritait peut-être mieux. En tous les cas, la performance de cette génération prometteuse face à une équipe d'un tel calibre, couplée à trois prolongations jouées, annonce peut-être un futur brillant.
La rivalité en question
Encore un classique du football européen. Avant la rencontre de ce soir, les deux équipes s'étaient déjà rencontré 37 fois, pour un bilan équilibré : 11 victoires chacunes et 15 nuls. Mais au niveau des matchs officiels, l'Italie domine. Dans le climat politique tendu des années 1930, les deux se sont croisés dans une double demi-finale (il n'y avait pas encore de tirs aux buts à l'époque et les matchs nuls devaient être rejoués) lors de la Coupe du monde 1934, se jouant dans l'Italie fasciste de Mussolini. Lors de la première rencontre (1-1), véritable match de quartier, 11 joueurs sortent blessés (7 espagnols dont le gardien, 2 italiens). L'acte 2 est remporté par la Nazionale (1-0), favorisée par l'arbitre dans un mondial qui est lui était promis et qu'elle gagnera.
Les deux ne se retrouveront plus avant les premiers tours de l'Euro 1980 (0-0) et de l'Euro 1988 (victoire italienne 1-0). Mais comme Patrick Battisston en 1982, c'est un incident qui fera naître une certaine animosité entre Espagnols et Italiens. En quart de finale du mondial 1994, la Roja domine la seconde mi-temps après avoir égalisé et est à deux doigts de marquer en fin de match mais Julio Salinas manque l'immanquable. En contre, la star Roberto Baggio libère les siens (1-2, 88e) et crucifie les autres. Dans les arrêts de jeu, le défenseur central Mauro Tassotti assène à Luis Enrique un coup de coude dans le nez. Ce dernier, en sang, réclame un penalty mais l'arbitre n'a rien vu. L'Italie l'emporte et Enrique termine le match en pleurs. Quant à Tassotti, il sera rattrapé par la patrouille. La FIFA ouvre une enquête et inflige 8 matchs de suspension au vétéran,(34 ans) qui ne jouera ni la demi ni la finale et ne reverra plus l'équipe nationale.
Le vent tourne pour les Espagnols durant les années 2000 et le renouveau mis en place par Luis Aragones (sélectionneur de 2004 à 2008). En quart de finale de l'Euro 2008, dominateurs, ils l'emportent finalement aux tirs aux buts (0-0 ap) puis s'offrent la victoire finale. La Squadra Azzura accompagne de plus près encore la victoire espagnole à l'Euro 2012 puisqu'après un nul au premier tour (1-1), elle se fait étriller en finale (0-4). Entretemps, la Roja a été sacrée championne du monde.
Elle remet ça un an plus tard en demi-finale de Coupe des confédérations, où elle l'emporte à nouveau aux tirs aux buts (0-0). Mais pas de victoire finale cette fois-ci, avec une lourde défaite contre le Brésil (0-3). En déclin en 2016, la Roja fait face en 8èmes de l'Euro à une Italie qui tente de se trouver un nouveau souffle après 10 ans de disette. Celle-ci neutralise son advsersaire et lui inflige une défaite sans appel (2-0). Buteur, le défenseur Chiellini et capitaine actuel, est le seul rescapé, avec Bonucci, de ce match. En face, Alba, Morata et Busquets y étaient également.
L'Italie sera éliminée en quarts par l'Allemagne aux tirs aux buts et le renouveau ne sera pas confirmé. Lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018, l'Italie termine seconde de son groupe derrière l'Espagne qui la défait chez elle (3-0), pour un nul en Italie (1-1). Les Italiens doivent passer par les barrages qu'ils perdent contre la Suède (0-1, 0-0). La Squadra rate une Coupe du monde pour la première fois depuis 1958. Force est de constater par conséquent que quel que soit l'enjeu, les matchs entre ces deux équipes sont souvent dramatiques.
Finalement, avec cette victoire italienne aux tirs aux buts, la nouvelle Italie remet les pendules à l'heure. Au niveau comptable, elle domine toujours le bilan officiel avec 4 victoires pour 2 défaites et 6 nuls. Mais dans les faits, celui-ci semble égal. L'Espagne a accompagné le sacre mondial de l'Italie en 1934 et cette dernière a accompagné la victoire espagnole à deux Euro (2008, 2012). La suite de la compétition actuelle donnera davantage de sens (ou pas) à la victoire italienne de ce soir.
Buts : Morata (80e) pour l'Espagne ; Chiesa (80e) pour l'Italie.
Avertissements : Busquets (51e) pour l'Espagne ; Toloi (97e), Bonucci (118e) pour l'Italie.
Espagne : Simon - Azpilicueta (Llorente, 85e), Laporte, Eric Garcia (Pau Torres, 109e), Alba - Koke (Rodrigo Hernandez, 70e), Busquets (cap.) (Alcantara, 106e), Pedri (Rodrigo Hernandez, 119e) - Oyarzabal, Olmo, Ferran Torres (Morata, 62e).
Italie : Donnarumma - Di Lorenzo, Bonucci, Chiellini (cap.), Emerson (Toloi, 74e) - Barella (Locatelli, 85e), Jorginho, Verratti (Pessina, 73e) - Chiesa (Bernardeschi, 107e), Immobile (Berardi, 61e), Insigne (Belotti, 85e).
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04/07/2021
EURO 2020 - A propos de France - Suisse (3)
Après le sens de France-Suisse et les choix effectués par le sélectionneur Didier Deschamps, nous abordons rapidement le sens de la performance française à l'Euro 2021 et tentons de même un classement des éliminations des Bleus depuis 1998.
S H, J N
Nous avons l'impression que l'Euro 2021 de l'équipe de France de football a été décevant mais pas dramatique. Ce n'est pas un fiasco mais un échec (nous sommes loin quand même des campagnes de 2002 et 2010...). Le président de la Fédération française de football, Noël Le Graet a pour sa part parlé de "compétition ratée", sans remettre en cause le travail de Didier Deschamps.
Comme nous le disions dans notre premier volet, il est toujours difficile de confirmer après un sacre mondial et continental et trois équipes seulement ont réussi depuis 1972 à remporter une Coupe du monde puis l'Euro (ou l'inverse). En difficulté dans les 4 matchs joués, la France n'est jamais apparue totalement sereine, hormis contre l'Allemagne dans certaines séquences. En tant que championne du monde, elle n'a pas été à la mesure des attentes placées en elle. Etonnamment fébrile en défense et incapable de fluidifier son animation offensive, elle n'a finalement été meilleure qu'aucune équipe qu'elle a affronté. Invaincue toutefois, son bilan aurait pu être considéré mitigé mais pour cela il aurait fallu passer les 8èmes. Son Euro est donc un ratage sérieux mais pas dramatique. Ce qui nous renvoie vers la question finale : où placer cet Euro?
Nous avons tenté de placer cet échec parmi toutes les éliminations depuis le sacre de 1998. Soit la Coupe du monde et l'Euro. Rappelons concernant ce dernier qu'un tour supplémentaire (les 8èmes) a été ajouté depuis l'édition de 2016 (incluse). Difficile de faire pire que 2010. Le classement est décroissant, soit de l'infâme au très honorable
1. Coupe du monde 2010 : L'expulsion du groupe de Nicolas Anelka pour injures envers le sélectionneur Raymond Domenech est suivie du fameux incident de Knysna et ses retombées multiples. L'équipe de France, pitoyable de bout en bout termine à la dernière place, en phase de poules, dans un groupe comprenant l'Uruguay, le Mexique et l'Afrique du Sud. Bilan : 1 nul, 2 défaites / 1 but marqué, 4 encaissés. Honteux.
2. Coupe du monde 2002 : Privée avant la compétition de Pirès (blessé avec Arsenal), puis de Zidane (blessé en match de préparation) pour les deux premières rencontres au moins, la France, tenante du titre, possède toutefois dans ses rangs les meilleurs buteurs des championnats d'Italie (Trézeguet), d'Angleterre (Henry) et de France (Cissé). Résultat ? Elle ne marque aucun but en 3 matchs, Henry se fait expulser lors du second match (Uruguay) et Zidane joue le troisième (Danemark) sur une jambe. Pour la première fois, le tenant du titre se fait éliminer d'entreé. La loose.
3. Euro 2008 : Malgré des éliminatoires réussis (2ème de son groupe, derrière l'Italie), la France est orpheline de son leader Zidane, parti à la retraite. Après l'après-Kopa et l'après-Platini, l'après-Zidane s'avère compliqué. Placés dans le groupe de la mort, les Bleus réalisent une prestation famélique contre la Roumanie (0-0) avant de se faire balayer par les Pays-Bas (1-4). Dépassé rapidement contre l'Italie (blessure de Ribery et exclusion d'Abidal), le vice-champion du monde s'incline (0-2) et sort dès le premier tour avec 1 point au compteur. Lamentable.
4. Euro 2012 : L'après-Knysna est un vaste chantier. Sans briller mais en effectuant des prestations plutôt solides, la France se qualifie lors de la dernière journée des éliminatoires. Après des débuts encourageants (1-1 contre l'Angleterre, 2-0 contre l'Ukraine), la France se rate complètement lors du dernier match contre la Suède, pourtant déjà éliminée (0-2). Terminant seconde du groupe, elle affronte l'imbattable Espagne (futur champion) en quart et s'incline sans gloire (0-2). Vertement critiqués pour leur suffisance face à la Suède, les Bleus se signalent par des polémiques liés aux comportements dans le vestiaire et avec les médias. Décevant.
5. Euro 2004 : Annoncés comme favoris, les Bleus débutent par une victoire arrachée dans les dernières secondes contre l'Angleterre (2-1) grâce à un coup-franc et un penalty de Zidane. Considérée d'abord encourageante, cette performance en trompe-l'oeil masque en fait ce qui allait suivre. Les Bleus frisent la correctionnelle contre la Croatie (2-2) puis dominent sans convaincre une faible équipe de Suisse (3-1). Laborieux et limité tactiquement, le jeu français est incapable en quarts de venir à bout du catenaccio grec. C'est au contraire l'équipe d'Otto Rehhagel qui marque sur un contre en seconde mi-temps avant de tenir la baraque (1-0). Après cette déception et notamment une première mi-temps pitoyable, Zidane, Makelele, Thuram et Lizarazu (à la rue sur le but grec) annoncent leur retraite. Pénible.
6. Euro 2021 : Insuffisant (voir ci-dessus)
7. Coupe du monde 2014 : En construction après la prise en main de Didier Deschamps deux ans plus tôt, la bande aux prometteurs Pogba et Griezmann joue un bon football et bloque en quarts (objectif atteint) face au schéma tactique incompressible d'une Allemagne future championne (0-1). Prometteur.
8. Euro 2016 : Dans la continuité de 2014, les Tricolores montent en puissance. Objectif : atteindre les demi-finales d'un Euro se jouant en France. Après un premier tour poussif, la finale est atteinte après une grande victoire contre l'Allemagne en demi-finale (2-0). Plutôt dominatrice en finale contre le Portugal de Ronaldo, l'équipe de Didier Deschamps touche du bois dans les arrêts de jeu (Gignac) puis s'incline en prolongations sur une frappe venue de nulle part d'Eder (109e). On entendra plus jamais parler de l'ex-joueur de Lille mais la France échoue si près du but. En travers de la gorge.
9. Coupe du monde 2006 : Loin d'être favorite et poussive dans le jeu, la France s'extrait difficilement du premier tour, dans un groupe pourtant fort abordable (Suisse, Corée du Sud, Togo). Transformée en phase à élimination directe avec un Zidane étincelant, elle élimine succéssivement l'Espagne, le Brésil et le Portugal, tous battus dans le temps réglementaire. Dominatrice contre l'Italie, elle subit deux coups durs, avec la sortie sur blessure en 2ème mi-temps de Viera puis le fameux coup de boule de Zidane durant la prolongation. L'Italie s'impose finalement aux tirs aux buts (1-1 ; 5-4 tab). Une défaite imméritée pour des Bleus qui mettront des années à s'en remettre. Injuste.
15:27 Publié dans Football, Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, équipe de france de football, euro, euro 2020, euro 2021, france-italie, knysna, zidane, domenech, zinedine zidane, raymond domenech, grèce, didier deschamps, deschamps, gignac, eder