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18/10/2006

Le monde selon Bush

18381487.jpgCet excellent documentaire, adapté de l'ouvrage d'Eric Laurent, "Le monde secret de Bush" (1), revient sur le début de la présidence de Georges Bush, des attentats du 11 septembre 2001 jusqu'à la deuxième guerre d'Iraq (2003). Nous constatons ici, avec acuité, l'influence des néo-conservateurs et de la droite évangéliste sur le processus décisionnel au sein de la Maison-Blanche mais également la collusion plus qe flagrante entre gens au pouvoir et grandes firmes. A travers des interviews fort révélatrices et très instructives, William Karel dresse un état des lieux de l'Amérique politique d'aujourd'hui. Si Fahreinheit 9/11 qui traite du même sujet mais pas de la même manière, a scandaleusement obtenu la Palme d'Or à Cannes (en 2004), ce documentaire là est bien plus intelligent, pondéré et rigoureux. J. N

Le monde selon Bush (William Karel, France, 2004, 90 mins).    Avec Robert Baer, Hans Blix, Frank Carlucci, James Robinson, David Corn, Stanley Hoffmann, Richard Perle, Michael Ledeen, David Frum.

- 1 nomination (Meilleur documentaire) - European Film Awards 2004.

 

(1) Publié en 2003. Eric Laurent est également auteur la même année de l'ouvrage "La guerre des Bush - Les secrets inavouables d'un conflit".

Bye bye Blackbird

f3863d9af954fc648ea2f9575b803f28.jpgLe premier long-métrage de Robinson Savary, fils du metteur en scène Jerôme Savary, et le premier gand rôle pour James Thiérée, petit-fils de Charlie Chaplin. Nous sommes à Londres, au début du XXème siècle, Josef, ouvrier sur un chantier, tombe amoureux de la belle trapéziste Alice. Les 2 vont préparer ensemble un numéro périlleux... L'histoire déchirante d'un amour impossible, située dans le monde magique du cirque. Mais à part ça ? Le film excelle bien plus dans sa forme : une photographie et un esthétisme impeccables, que dans son fond : un scénario un peu mal fichu. On ne comprend pas très bien, par ailleurs, à quoi rime tout ce "cirque". Tout cela est fort ennuyeux par moments. Mais ne soyons pas si sévères : un premier film avec beaucoup de défauts mais avec des qualités aussi.

Bye bye blackbird (Robinson Savary, UK, Lux, All, Aut, 2005, 100 mins).  Avec James Thiérrée, Derek Jacobi, Michael Londsale, Jodhi May, Izabella Miko.

 

12/10/2006

One day in september

18461306.jpg1972, Jeux olympiques de Munich. Pour la première fois, l'événement est retransmis par l'ensemble des télévisions du monde. Un groupe de 8 Palestiniens prend en otage l'équipe israélienne et réclame la libération de 200 prisonniers politiques palestiniens. La police munichoise, loin d'être préparée à ce type de crise, est rapidement dépassée par les évènements. 11 athlètes sont exécutés. 30 ans plus tard, des témoins de ce drame, dont le seul protagoniste palestinien encore vivant, apportent une nouvelle lumière sur cet événement sanglant qui défraya la chronique et marqua les esprits pour longtemps. J. N

 

One day in september (Kevin MacDonlad, USA, 1999, 90 mins).    Avec Michael Douglas (voix du narrateur), Gad Zahari, Ankie Spitzer, Jamal Al Gashey.

- Oscar du meilleur documentaire - 1999
- Meilleur montage (Justine Wright) - British Independent Film Awards 2000.
- Douglas Hickox Award (Kevin Macdonald) - British Independent Awards 2000.
- Golden Camera (Arthur Cohn) - Golden Camera (Germany) 2001.
- Présenté - Festival de Telluride - 2000
- 1 nomination (Meilleur documentaire) - European Film Awards 2000.
- 1 nomination (Meilleur documentaire) - International Documentary Association 2000.
- 1 nomination (Meilleur documentaire) - Online Film Critics Society Awards 2001.
- 1 nomination (Meilleur documentaire) - Satellite Awards 2001.

 

06/10/2006

Histoire d'un flop

medium_18653461.jpgEst-il possible de réaliser une "bonne" adaptation du cèlèbre roman de Patrick Süskind ? si complexe, déroutant, captivant... Ceux qui ont lu le livre (et ils sont certainement très nombreux), traduit en 45 langues et vendu à plus de 15 millions d'exemplaires, se sont surement posés la question avant d'aller voir le film, sorti en France le 4 octobre. Süskind avait toujours refusé jusque là de céder les droits de son livre (Le parfum) pour une adaptation au grand écran. Et pour cause. Même un réalisateur aussi talentueux que Tom Tykwer (Run Lola run, 1998, Princess & the warrior, 2000) s'est carrément planté. Si le début du film est intéressant - bonne reconstitution du Paris grouillant de la fin du XVIIIème siècle, visages ravagés, mentalités belliqueuses, justice impitoyable... -, la suite est bien trop linéaire, voire ennuyeuse, et ne suscite aucune reflexion, aucun émoi non plus. Un film divertissant, sans plus. Pas étonnant que les très exigeants Cahiers du cinéma affirment : "Pressé de noyer son spectateur de mille senteurs, il [le film] finit comme Grenouille par n'en avoir aucune." (Cf. Cahiers du cinéma, n° 616, octobre 2006).

Un travail technique énorme : 520 techniciens, une centaine de décors, 5200 figurants, film tourné en France, Espagne et Allemagne... Bref on l'a compris, beaucoup de moyens, comme Titanic de James Cameron, pour un résultat substanciel très faible. Aucun travail sur les personnages, notamment sur le principal : Jean-Baptiste Grenouille. Le pire est que le personnage du film (Ben Whishaw) est plutôt beau gosse alors que dans le roman de Suskind, c'est un être hideux et difforme, presque comparable au personnage principal d'Hygiène de l'assassin, le roman très connu d'Amélie Nothomb. Par ailleurs, dommage que les acteurs Alan Rickman et Dustin Hoffman (dans le rôle du parfumier Giuseppe Baldini), excellents d'habitude, soient aussi pathétiques que ponponnés.

Ceux qui n'ont pas lu le roman seront à coup sûr moins déçus que les autres. Ils verront un polar comparable à From hell (2001), qui traite du mystère Jack l'éventreur, le tueur qui écuma les rues de Londres vers la fin du XIXème siècle.  

LE PARFUM - Histoire d'un meurtrier (Tom Tykwer, Allemagne, 2006, 135 mins).   Avec Ben Whishaw, Dustin Hoffman, Alan Rickman, Rachel Hurd-Wood, Corinna Harfouch.

29/09/2006

Après Sarajevo

medium_18668074.jpgRares sont les films qui traitent de l'après-guerre. Si le cinéma regorge de très bons films qui portent une refléxion sur la guerre elle-même (Vietnam, seconde guerre mondiale, Balkans...), on ne trouve pas par contre de nombreux long-métrages qui oeuvrent avec acuité à traiter ce thème compliqué. Si on remonte dans le temps, on se souvient de l'excellent Allemagne année zéro (1947) de Roberto Rossellini.

Grbavica ou "Sarajevo, mon amour" (titre français du film), s'attache donc à dépeindre une société en convalescence et en lente reconstruction psychologique (après la guerre de Bosnie, 1990-1996), à travers la relation d'une mère (Esma) et de sa fille (Sara). Comme la plupart de ses camarades, Sara n'a pas de père, mort au combat ("shahid"). Ce constat rappelle tragiquement que la société bosniaque a perdu beaucoup de ses hommes durant la guerre, le massacre de Srebrenica en 1996 a fait entre 8000 et 12000 victimes (hommes, enfants et vieillards), ce qui est considéré comme le plus grand massacre depuis le second conflit mondial.   La mère de Sara travaille dur pour subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa fille : couture le jour, serveuse la nuit dans une discothèque, pension versée par une association caritative... Dans le Sarajevo d'après-guerre, difficile de sourire lorsque la crise économique sévit, l'hiver est rude... Les visages sont aigris, la solidarité n'est pas de mise et les rapports humains sont très loin d'être amicaux... Sans entrer dans le mélodrame, le récit est poignant et nous porte à refléchir : n'importe qui peut se retrouver dans ce type de situation.

Pour son premier long-métrage, Jasmilla Zbanic a obtenu la récompense suprême au Festival de Venise 2006 : le Lion d'or.

GRBAVICA  (Jasmilla Zbanic, Bosnie, 2006, 90 mins).   Avec Mirjana Karanovic (Esma), Luna Mijovic (Sara), Leon Pucev (Pelda), Kenan Catic (Samir), Jasna Ornela Berry (Sabina).