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28/09/2006

A Love Song From Bobby Long

medium_t55932oovmx.2.jpgSorti dans les salles françaises il y a quelques semaines, ce film (titre français : "Love song") est paru aux Etats-Unis en 2004. C'est l'adaptation du roman de Ronald Everett Capps, intitulé "Off Magazine Street" (2002). L'histoire se passe à la Nouvelle-Orléans. Après la mort de sa mère qu'elle n'a pas vu depuis longtemps, Pursy (Scarlett Johansson) retourne à la maison familiale. Elle y découvre 2 amis de sa mère, Bobby Long (Travolta) ancien prof de littérature, et Lawson Pines, son acolyte. Les 2 sont plutôt aigris et boivent beaucoup (le premier bien plus que le second). L'arrivée de Pursy semble troubler leur petite vie, loin de vouloir décamper, ils préfèreraient que ce soit elle qui débarasse le plancher. Pour vivre en harmonie, chacun devra apprendre à cohabiter et à écouter l'autre.

On retrouve donc John Travolta, excellent dans ce rôle, à contre-courant, d'écorché de la vie, alcolo, dépravé... un rôle qu'il joue à merveille. Il faut reconnaître qu'on l'a rarement vu dans un rôle (ou un film) intéressant ces dernières années : Be cool (2005), The punisher (2004), Basic (2003), Swordfish (2001), Battlefield Earth (2000), pour ne citer que ceux-là... S. Johansson est toujours resplendissante. Quant à Gabriel Macht (dans le rôle de Lawson Pines), il a débuté sa carrière d'acteur à la fin des années 90. On le retrouvera dans The good shepherd de Robert De Niro (2006) avec entre autres, Matt Damon, Angelina Jolie, John Turturro..

 

A Love Song From Bobby Long (Shainee Gabel, USA, 2004, 120 mins).  Avec John Travolta, Scarlett Johansson, Gabriel Macht, Deborah Kara Unger, Dane Rhodes.

- Présenté au Festival de Venise - 2004.

22/09/2006

Good night, and good luck (reprise)

medium_18460478.jpgSorti dans les salles françaises en janvier 2006, ce deuxième film réalisé par Georges Clooney (après Confessions of a dangerous mind, en 2002) est un hommage à Edward R. Murrow, journalisté très respecté par ses pairs et engagé à l'époque (1953) contre les méthodes (faux procès, mensonges, atteinte au libertés individuelles) du sénateur Joseph McCarthy. Nous sommes donc en pleine guerre froide et en période accrue de "chasse aux sorcières". Directeur de l'information à CBS, Murrow (David Strathairn) va dénoncer dans son émission "See it now" la politique du tristement célèbre McCarthy, s'attirant même les foudres de son supérieur, William S. Paley (Frank Langella). Même menacé, Murrow luttera jusqu'au bout, contre ce qu'il dénonçait comme un système dictatorial, une atteinte aux droits de l'homme, dans un pays (les USA) qui se considère comme la plus grande démocratie au monde. C'est ainsi qu'il va s'atteler à défendre Milo Radulovich, aviateur de l'armée de l'air, accusé à tort (et radié de l'armée) d'être un espion communiste. On considère que les nombreuses attaques  portées à McCarthy (il y eut même une confrontation télévisée entre les 2 hommes) furent le début de la chute du sénateur controversé.

"See it now" fut créé par Murrow et son collègue Fred W. Friendly (interprété ici par Georges Clooney). L'émission obtint 4 "Emmy Awards" (Oscars récompensant les meilleures programmes télévisés, en 1953, 54, 57 et 58. La durée de l'émission était de 30 mins, le dernier épisode fut tourné le 7 juillet 1958.

Plusieurs documentaires sur Edward R. Murrow ont été réalisés, ainsi qu'un long métrage : Murrow (Jack Gold, USA, 1985, 114 mins). On peut voir dans ce très bon film de G. Clooney, un clin d'oeil sur l'Amérique d'aujourd'hui, les méthodes de McCarthy rappelant que le 26 octobre 2001, une loi fut votée par le Congrès : le "USA Patriot act" ("Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism"). Cette loi qui renforce les agences gouvernementales (CIA, FBI, NSA...) devait restreindre les libertés publiques (mises sur écoute).

Le film est en noir et blanc, les acteurs sont très bons (meilleur acteur - Festival de Venise - pour David Strathairn) et la période du film est parfaitement reconstituée, concernant les dialogues, la gestuelle et la façon de parler des acteurs. On se croirait vraiment dans un film américain des années 50.

On a vu pas mal de films américains politiquement engagés (contre la politique américaine), sortir cette année. Dans des styles très différents : Jarhead (Sam Mendes, réalisateur de American beauty), V for vendetta (James Mc Teigue), Syriana (Stephen Gaghan, scénariste de Traffic), A scanner darkly (plus implicite, Richard Linklater). Georges Clooney (un futur grand réalisateur) est en train de revêtir progressivement l'étiquette d'un réalisateur engagé. Il est d'aiileurs producteur exécutif dans les 2 derniers films cités.

GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK (Georges Clooney, USA, 2005, 93 mins).   Avec David Strathairn, Georges Clooney, Robert Downey Jr., Patricia Clarkson, Frank Langella, Jeff Daniels, Ray Wise.

 - Prix du meilleur acteur (David Strathairn) - Festival de Venise 2005.

 - Prix de la mise en scène (Georges Clooney et Grant Heslov) - Festival de Venise 2005.

 - 6 nominations aux Oscars 2005.

 - 4 nominations aux Golden Globe 2005.

20/09/2006

Thank you for smoking

thanks.jpgPas mal du tout cette satire qui raconte comment le très doué Nick Naylor (Aaron Eckart), travaillant pour le lobby du tabac, s'arrange à chaque fois pour contrer les politiques de prévention du tabagisme. Cynique mais séduisant, gros baratineur (un vrai sophiste), Nick a toujours le dernier mot (même lorsqu'il faillit crever, le tabac le sauve) car comme il l'a dit, l'essentiel n'est pas l'essence de ce que l'on dit mais comment on arrive à le rendre crédible (à l'aide d'arguments aussi solides que fallacieux) face à un interlocuteur. Il parvient même à serrer la main d'un cancereux (du tabac) de 15 ans.

Adaptée du roman homonyme de Christopher Buckley, cette comédie drole et efficace met en avant les effets du lobbying sur les processus décisionnels. Difficile de nos jours de défendre la consommation de tabac et pourtant, la proposition du sénateur Finistirre (William H. Macy) d'apposer aux boîtes de cigarettes la photographie d'un crâne de mort (représentant les dangers que fumer cause) sera battue en brêche...   Dans le même style, souvenons-nous de Wag the dog (Barry Levinson, 1997), satire sur la manipulation des médias.

Pas mal de clichés mais beaucoup de dialogues intéressants comme cette discussion entre Nick et des 2 "amis" (Maria Bello, David Koechner) des lobbies de l'alcool et des armes, "les marchands de mort". Chacun se vante de tuer un maximum de gens. Mais c'est Nick qui remporte la palme : 1200 morts/jour à cause du tabac. Les armes à feu : 11.000/an. L'alcool ? ses statistiques sont bien plus faibles..., ou encore les conseils que donne Nick à son fils, comment répondre à une question (il n'y a jamais de vérité absolue) par différentes façons et par différents arguments.

Le beau Aaron Eckart (Erin Brockovich, Any given sunday, Paycheck) est exellent dans son rôle. L'inoxydable William H. Macy (Boogy nights, Magnolia, Fargo, The cooler) est toujours aussi bon. Par contre, Katie Holmes est aussi peu convaincante dans ce rôle de journaliste véreuse, prête à tout pour son scoop, que dans celui de jeune avocate ambitieuse (Batman begins, 2005). Il est vrai que quand on sort avec Tom Cruise, toutes les portes sont ouvertes. On remarquera aussi le très bon J.K Simmons dans le rôle du boss insupportalbe (il joue le légendaire J. Jonas Jameson dans Spider Man).

THANK YOU FOR SMOKING (Jason Reitman, USA, 2005, 92 mins). Avec Aaron Eckart, Maria Bello, Cameron Bright, Adam Brody, Sam Elliott, Katie Holmes, David Koechner, Rob Low, William H. Macy, Robert Duvall, J.K Simmons.

 

16/09/2006

A scanner darkly

178f69a48e318277852d135ae03128e5.jpgA propos de Philip K. Dick

"A scanner darkly" est le 5ème long-métrage hollywoodien adapté de l'oeuvre de Philip K. Dick. Publié pour la première fois en 1952, celui-ci s'oriente rapidement, après des débuts classiques, vers une science-fiction plus personnelle, où se déploient un questionnement permanent de la réalité et une réflexion radicale sur la folie. On peut considérer que A scanner darkly (en français : "Substance M", disponible aux éditions Folio) est l'oeuvre la plus personnelle de Philip K. Dick. Explorateur inlassable de mondes schizophrènes, désorganisés et équivoques, il clame tout au long de ses oeuvres que la réalité n'est qu'une illusion, figée par une perception humaine imparfaite.

Philip K. Dick (1928-1982) eut une existence instable, faite de divorces multiples, de drogues, de tentatives de suicide ou de recherches mystiques. La rapidité avec laquelle sont écrites certaines de ses oeuvres (notamment Minority Report) s'explique par des consommations très fréquentes de LSD et d'amphétamines.

Avant A scanner darkly, le cultissime Blade Runner (inspiré de son roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?) fut réalisé par Ridley Scott (1982, avec Harrison Ford et Sean Young). Suivit Total Recall, inspiré de sa longue nouvelle "Souvenirs à vendre" et réalisé par Paul Verhoeven (1990, avec Arnold Schwarzenegger) puis Minority Report (adapté du roman homonyme), réalisé par Steven Spielberg (2002, avec Tom Cruise et Collin Farell) et le très moyen Paycheck (2003, avec Ben Affleck, Uma Thurman et Aaron Eckart), normal c'est réalisé par John Woo.

Le premier a avoir tenté de réaliser A scanner darkly fut le "réalisateur à risques" Terry Gilliam (Brazil, The fisher king, 12 monkeys, Fear and loathing in Las Vegas). Ensuite, Georges Clooney et Steven Soderbergh se sont emparés de l'affaire, ils sont tous les deux producteurs exécutifs dans ce long-métrage, réalisé par Richard Linklater.

Lorsqu'il décède à l'âge de 54 ans, P. K. Dick est peu connu du public. Toute sa vie durant, il fut relativement pauvre, parfois même miséreux (dans un de ses articles, il décrit avec humour l'époque où sa femme et lui  étaient contraints de se nourrir avec des boîtes de chien) alors que d'autres écrivains américains de science-fiction, comme Isaac Asimov (auteur culte du cycle Fondation), Robert A. Heinlein et Franck Herbert (Dune). (Cf. la préface de Julie Péjos dans Minority Report, éditions Folio, 2002) vivaient un grand succès.

Aujourd'hui, il est considéré comme un génie de la science-fiction même s'il ne possède pas le style le plus affiné (il écrivait trop vite). Inventions multiples, décalages vertigineux et hallucinants dans la perception du futur constituent sa marque de fabrique. On considère  que sa façon de percevoir le futur était différente de celle d'autres écrivains ayant plus de succès que lui. Sa façon de percevoir le futur était différente. Au lieu  de construire ses histoires sur des concepts (comme les autres), il le faisait autour de personnages. Ceux-ci n'étaient pas des héros mais des citoyens ordinaires du futur confrontés à toutes sortes de soucis quotidiens (argent, relations, emploi...). Comme tout le monde.

Dick fut sans doute inspiré dans ses oeuvres par sa vie même : soucis financiers, 5 fois marié, grosse consommation de drogues... Normal que certaines de ses oeuvres soient assez glauques (Substance M) : beaucoup de LSD. En 1982, il vu une avant-première de Blade Runner mais décéda avant la sortie de ce dernier. Dommage qu'il soit décédé avant la sortie des autres films adaptés de son oeuvre. Celle-ci demeure immense aujourd'hui et il est désormais considéré comme un éminent auteur de science-fiction.

     

Dans A scanner Darkly de Richard Linklater, l'univers de Philip K. Dick est revisité par l'animation : aux prises de vue des acteurs sont superposées des créations infographique très sophistiquées (comme dans Waking Life, 2001, du même réalisateur) : la performance des comédiens est recréée par les procédés de l'animation. Robert Downey Jr. est énorme. A travers ce monde déglingué où se conjuguent paranoïa, schizophrénie, hallucinations et démence, confusion entre le réel et l'irréel, on peut entrevoir une certaine critique de l'Amérique d'aujourd'hui marquée par la psychose qui résulte du 11 septembre 2001 (même si l'oeuvre est antérieure), sans que le film soit tout à fait politiquement engagé. Tout le monde est suspect et chacun est coupable jusqu'à preuve du contaire.

A SCANNER DARKLY (Richard Linklater, USA, 2006, 100 mins).  Avec Keanu Reeves, Winona Ryder, Robert Downey Jr., Woody Harrelson, Rory Cochrane.

15/09/2006

Je vais bien, ne t'en fais pas

medium_18649422.jpg''Je vais bien, ne t'en fais pas'' est l'adaptation du roman homonyme d'Olivier Adam (disponible aux éditions Le Dilettante). Dans la meme lignée que L'Equipier (2004), qui traitait de la difficulté de s'intégrer, à travers une histoire d'amitié, mais aussi d'amour qui se passe dans l'île bretonne d'Ouessant, Philippe Lioret s'atelle dans son nouveau long métrage sur la difficulté de communiquer et d'affirmer ses sentiments.

De retour de voyage, Lili, 19 ans, découvre que son frère jumeau a quitté le foyer familial suite à une dispute avec son père. Très marquée, Lili pète les plombs et se retrouve très vite en psychiatrie intensive... Une fois remise, elle part à la recherche de son frère...  Une histoire émouvante qui ne laisse pas indifférent. Mélanie Laurent (elle ira loin) est bouleversante de sensibilité et de fragilité. Un très bon travail aussi sur les personnages : on se rend compte que Kad Merad est en fait beaucoup plus que ce père ennuyeux et rarement à l'écoute et Julien Boisselier qui parait un peu béta, est finalement d'une générosité et d'une sensibilité insoupçonnées jusque là.  De bonnes critiques implicites de la société comme cette discussion qui ne rime à rien entre Lili et une fille rencontrée à une fête : ''t'es à sciences-po ? non à Shopi, et tu fais quoi à part ça ?''... ou comme ce joli tacle adressé au système psychiatrique.   Film coup de coeur !!

 

Je vais bien, ne t'en fais pas (Philippe Lioret, France, 2005, 100 mins).   Avec Mélanie Laurent, Kad Merad, Julien Boisselier.