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21/12/2006

DEJA VU

medium_18684934.jpgExtrait d'un dialogue du film, Jim Caviezel à Denzel Wahington : "You think you know what's coming ? You don't have a clue".  En effet, on a beau eu cherché, on a rien pu tirer de ce film. Le déja vu ? on n'a pas du tout entrevu ce phénomène dans ce nouveau "policier romantique" de Tony Scott. Ce qu'on remarque par contre c'est que Denzel Washington en héros sacrifié (à moitié seulement cette fois-ci) par le même Tony Scott, c'est du déja vu (Man on fire, 2004). Cette romance mêlée au tragique, très chère à Scott, c'est du déja vu (True romance, 1993, Domino, 2005). Un scénario mal fichu, un tas d'explications scientifiques aussi confuses qu'inutiles (porte spatio-temporelle, trou noir...) pour aboutir à quoi finalement ? A ce que Denzel (agent Doug Carlin) fasse un saut dans le passé, grâce à une machine très complexe et sophistiquée (ces propres créateurs ne semblaient pas capter son fonctionnement), pour sauver une nana dont il est tombé amoureux en examinant son cadavre au laboratoire d'autopsie.

Un suspense qui vous garde en haleine, à coup d'adrénaline ? d'accord, mais plus on avance et plus l'intrigue part en couilles, avec au final un happy end (presque) un peu trop tiré par les cheveux et flagrant d'incrédibilité. Prenez "Time Cop" (1995, avec Jean-Claude Van Damme), remplacez le réalisateur par Tony Scott, Van Damme par un meilleur acteur, en l'occurence D.Washington, ajoutez une meilleure photographie et des dialogues un peu plus constructifs (et encore, 15 mins pour expliquer que la machine peut remonter le temps) et vous aurez "Déja vu". Ne faites pas la même erreur que nous, n'allez pas le voir!

Déja vu (Tony Scott, USA, 2006, 126 mins).   Avec Denzel Washington, Val Kilmer, Paula Patton, Bruce Greenwood, Adam Goldberg, James Caviezel.

16/12/2006

THE HOST

medium_18684883.jpgA Séoul, Park-Hee Bong tient un snack avec sa famille, au bord de la rivière Han. Un jour, un monstre de nature inconnue (une sorte de réptile hybride) surgit de la rivière, attaque la foule et dévaste tout sur son passage. La petite fille de Park-Hee est enlevée par la bête. Toute la famille part en croisade pour la récupérer. Au-delà de cette histoire de monstre, Bong Joon-ho dénonce l'ingérence américaine en Corée du Sud et met en avant les familiales. Pour son deuxième film, le réalisateur coréen nous gratifie d'une nouvelle merveille dont seul l'ultra-créatif cinéma coréen a le secret. En 2004, son polar "Memories of Murder" (l'enquête policière réinventée) avait obtenu le Grand prix du Festival du film policier de Cognac ainsi que d'autres consécrations aussi bien à cette manifestation qu'à d'autres (Corée, Japon). A l'instar de Kim-Ki Duk et Im Kwon-Taek (déja confirmés), Bong Joon-ho se présente déja comme un grand réalisateur de son pays. Ceux qui veulent voir des films qui changent du mainstream hollywoodien, ne devraient pas hésiter et aller regarder les 2 films cités (s'ils aiment ce genre bien entendu).

THE HOST (Corée du Sud, Bong Joon-ho, 2006, 120 mins).   Avec Song Gang-ho, Byeon Heui-bong, Park Hae-il, Bae Du-na, Ko A-Sung.

19:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0)

12/12/2006

The departed

medium_10m.2.jpgLe dernier Scorsese est une claque. Rien à dire. Rappellons que c'est un remake de la trilogie "Infernal Affairs" (Hong-Kong, de Andrew Law), 3 volumes, avec les très connus Andy Law (As tears go by, House of flying daggers) et Tony Leung (In the mood for love, 2046). Le titre américain (departed) a une nuance sémantique bien plus intéressante que le titre français ("les infiltrés"), departed signifiant "agonisant". Pourquoi agonisant ? car ces deux infiltrés, un chez la police (Matt Damon), un chez la pègre locale (Leonardo Di Caprio), à force de mener une double vie, perdent leurs repères et se désagrègent à petit feu. Scorsese n'a pas fait un simple remake, il n'a d'ailleurs pas vu l'original. Il a apporté au film sa touche et des changements. On retrouve ici un de ses thèmes fétiches, les conflits (et batailles) urbains. On notera la performance époustouflante de Leonardo Di Caprio, pour sa 3ème collaboration avec Scorsese. Sans oublier Jack Nickolson, Alec Baldwin, Mark Wahlberg (un sacré franc-parlé et une jolie coupe de cheveux), et les autres. Le meilleur polar de l'année. "Outstanding".

THE DEPARTED (Martin Scorsese, USA, 2006, 151 mins).   Avec Leonardo Di Caprio, Matt Damon, Jack Nicholson, Mark Wahlberg, Martin Sheen, Alec Baldwin, Ray Winstone, Vera Farmiga.

30/11/2006

Fast Food Nation

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Le dernier opus de Richard Linklater (Tape, School of rock, Before sunrise, Waking life, A scanner darkly), mi-fiction, mi-documentaire est l'adaptation du livre éponyme de Eric Schlosser, vendu à 1.4 million d'exemplaires dans le monde (disponible actuellement en France aux éditions Autrement au prix de 19 euros).

"I'm telling you that there is shit in the meat."

Un directeur marketing de Mickey's Burger (l'équivalent de Burger King, Mac Do, Quick et autres) découvre par l'intermédiaire de son supérieur hiérarchique que la présence de coliformes fécaux dans les burgers est attestée. Sidéré, il va remonter la chaîne jusqu'aux élevages de bovins et les abattoirs, découvrant les pratiques illicites du monde de l'industrie agro-alimentaire... Dans les usines, la chaîne étant trop rapide, les travailleurs n'ont pas le temps de bien "traiter la viande", ce qui fait qu'à tous les coups (tous les jours pratiquement), de la bouse de vache est mélangée à la viande qui sera ensuite mangée par les consommateurs. En gros, nous mangeons de la merde depuis belle lurette. Vous l'avez donc compris, un film qui vous donne envie de ne plus mettre les pieds au Mac Do (et chez les autres aussi). Soit dit en passant, on savait déja que le Fast food c'est de la très mauvaise nourriture non ?

Mais il n'y a pas que ça, le film dénonce également les divers dégâts collatéraux engendrés par l'univers impitoyable des grosses entreprises agroalimentaires : appel à des travailleurs immigrés (méxicains car ils coûtent moins cher que les autochtones), surexploitation de ces gens-là, conditions de travail dégoûtantes (à l'abattoir, on peut facilement perdre un bras ou une jambe). Richard Linklater : "Nous voulions des personnages représentant l'intégralité de l'industrie du fast food : les enfants qui travaillent, les ouvriers qui sont employés dans les usines de conditionnement de la viande, la communauté des ranchs... [...] Nous dénonçons les dégâts occasionnés, à tous les niveaux par les lobbies de l'agroalimentaire, autant sur la santé des gens que sur l'environnement."  Les nombreuses péripéties du film montrent que tout est relié : les travailleurs méxicains sont des immigrés clandestins, ils ne peuvent pas passer la frontière sans l'aide d'un passeur aussi impitoyable que les lobbiyistes des firmes multinationales, celles-ci, pour faire encore plus de bénéfices et supporter la concurrence des autres, achètent toutes les terres possibles, n'hésitant pas à chasser les propriétaires par le biais de procès qu'elles seront sûres de remporter, impossible par ailleurs de les stopper car comme toujours il y a collusion entre elles et les politiques. Dans le même registre que des films comme Traffic et Thank you for smoking, ce "semi-documentaire" stigmatise la bassesse et l'hypocrisie du business-marketing et porte un regard noir (non sans humour) sur l'état de ce qu'est devenu l'humanité. Un monde cupide, où tout est bon pour faire de l'argent. Car tout ceci après tout est le produit de l'esprit des hommes. J. N

 

Fast Food Nation (Richard Linklater, 2006, USA, 105 mins).   Avec Greg Kinnear, Catalina Sandino Moreno, Wilmer Valderrama, Luiz Guzman, Ana  Claudia Talancon, Kris Kristofferson, Bruce Willis, Ashley Johnsson, Ethan Hawk, Patricia Arquette, Avril Lavigne.

 - Festival de Cannes - 2006 - En compétition.

 - Festival de Londres - 2006 - Présenté.

29/11/2006

A propos du Dahlia

860a6eaf9ec783094d1bea9ca959d1f9.jpgEh ben non, nous n'avons pas du tout été convaincus par l'adaptation faite par Brian De Palma. La première raison est bien entendu le bafouement total du roman explosif de James Ellroy. Comme pour Le Parfum (le chef-d'oeuvre de Patrick Süskind), adapté par Tom Tykwer, tout dépend  du fait qu'on ait lu ou pas le livre. "La fidelité au matériau d'origine est ici parfaitement bafouée, et les Ellroyistes intégristes ne manquerons pas de condamner le bon Brian au bûcher (des vanités ?)", déclare l'excellent magazine Mad Movies (n° 191, nov 2006, "Le Dahlia noir de Brian De Palma - Mission impossible ?, de Fausto Fasulo). En dépit du fait d'avoir vu le film juste après avoir finis le livre (le lendemain même), nous ne nous considérons pas comme des fanatiques d'Ellroy et ne considérons pas que le film ne s'analyse qu'à l'aune de la structure et du contenu du roman. Nous n'entrerons pas non plus dans une analyse détaillée, nous ne sommes pas assez "calés" pour cela. D'ailleurs, les critiques en ont beaucoup parlé déja, certains à tort et à travers d'ailleurs. ex : on reproche un scénario trop complexe. Mais l'intrigue du livre est justement complexe et possède des ramifications aussi tentaculaires que confuses.

Un livre n'est jamais parfaitement adapté, cela est impossbile, nous l'avions compris. Seulement, un minimum doit être respecté. Ce minimum chez Ellroy, c'est l'inventivité verbale crue et acide. Elle façonne les dialogues et constitue un élément-clé de la structure littéraire de l'oeuvre. Ces dialogues là stigmatisent l'atmosphère (tout le monde est corrompu et dépravé, flics, monde du cinéma...) régnante dans le L.A des années 40. Dans le film justement, les dialogues sont baclés. Où sont passés tous ces interrogatoires et ces entretiens "destroy" ? Ensuite, l'oeuvre est fondée sur la relation ambigue qui lie Bucky Bleichert et Lee Blanchard, amis, adversaires sur le ring et inspecteurs-partenaires. Ceci n'est pas vraiment exploité dans le film, tout comme la complexité du personnage interprété par Josh Hartett (Bleichert), homme de principes, mais qui en torture plus d'un lors d'interrogatoires bien musclés (curieusement absents du film). Idem pour le triangle amoureux (Hartnett - Johansson - Eckhart aka Bleichert - Lake - Blanchard) dont on entrevoit qu'une simple esquisse. 

Malgré une consistance grandissante acquise de film en film (génial dans Lucky number Slevin), Josh Hartnett était peut-être trop jeune pour interpréter ce personnage très complexe. C'est d'ailleurs Mark Wahlberg qui devait tenir ce rôle mais suite à une embrouille avec la production, il y a renoncé. On explique que Brian De Palma serait le réalisateur idéal, n'est-il pas le maître du film noir ? (Body double, Blow Out, The untouchables). Cette période est certainement révolue et nous pouvons rappeler quelques ratés récents à son actif (Mission to Mars, Femme Fatale). Peut-être que la créativité des scénarios de David Fincher, prévu initialement pour diriger le film, aurait abouti à un résultat plus original et plus solide. Mais ce dernier voulait tourner le film en 3 heures et en noir et blanc, ce qui a fait flipper les producteurs !!

Pourtant, la complexité de l'intrigue du livre, ses inextricables et lointaines ramifications (jusqu'à la frontière du Méxique), le nombre incalculable de personnes qui y sont mêlés de près ou de loin, font que 3 heures n'auraient pas été de trop. Entièrement d'accord avec l'article de Mad Movies, nous nous demandons comment James Ellroy a pu affirmer avec tant d'enthousiasme et de conviction que le film était très réussi (dans la post-face du livre, aux éditions Payot - Rivaves/Noir). Mais après tout, on l'a payé pour ça non ? Sur 20 ans, il a perçu 25.000 dollars/an pour les droits d'adaptation de son roman au cinéma...

The Black Dahlia (Brian De Palma, USA, 2006, 120 mins).   Avec Josh Hartnett, Scarlett Johansson, Aaron Eckhart, Hilary Swank, Mia Kirshner, Mike Starr, Patrick Fischler, John Kavanagh, Fiona Shaw.

- En compétition - Festival international de Venise 2006.

- 1 nomination aux Oscars 2006 (Meilleure mise en scène).

- 2 nominations aux Satellite Awards 2006.