27/03/2022
Deep Water
Retour aux affaires 20 ans plus tard pour Adrian Lyne - spécialiste du thriller érotique - qui adapte ici la romancière américaine Patricia Highsmith. Soit un couple aisé mais au bord de l'implosion. Tandis que les ressentiments, la rancoeur et le mépris continuent à s'installer insidieusement et inexorablement, Vic (Ben Affleck) semble s'accomoder des provocations de Bellinda (Ana de Armas), et plus précisément sa débauche et ses aventures extra-conjugales. Mais voilà que les amants commencent à disparaître.
L'histoire pose un questionnement bien connu (et déjà traité sur grand et petit écran ô combien de fois) : pourquoi un couple se maintient malgré un dysfonctionnement évident et porté au paroxysme? malgré la souffrance absolue? Pourquoi pas. Mais le problème est que la mise en scène est franchement lourdingue (pour ne pas dire hideuse), certaines situations tellement invraisemblables que cela en devient grand-guignolesque (notamment le final). Et in fine, un grand bémol sidérant : point de mystère (supposé tout de même être la pierre angulaire d'un thriller psychologique) puisque le décor est planté d'entrée, ce qui fait du film (sans aucun doute bien inférieur au matériau d'origine) un thriller érotique faussement sulfureux. Maigre consolation : la grande prestation des deux principaux protagonistes. J. N.
Deep Water (Adrian Lyne, USA, 2022, 115 min)
Cast : Ben Affleck, Ana de Armas, Tracy Letts, Grace Jenkins, Dash Mihok, Kristen Connolly, Rachel Blanchard.
17:02 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : deep water, adrian lyne, ben affleck, ana de armas, tracy letts, grace jenkins, patricia highsmith, thriller érotique
10/02/2022
Hitler's Circle of Evil - Ep. 7
The Rise and Fall of Reinhard Heydrich
Afin de rendre plus efficace sa police politique, Himmler recrute Reynardt Heydrich, fervent nazi dont les qualités d’organisation sont déjà reconnues. Il vient d’être expulsé de la marine pour une affaire de mœurs et a hâte de trouver du travail. Nommé en 1934 à la tête de la Gestapo, il en fait une machine de traque politique redoutable. Avec l’invasion de la Pologne, il monte en grade en étant nommé à la tête du RSHA (Office central de la sureté) fin septembre 1939. Le plus cruel des nazis, surnommé aussi bien « l’archange du mal » que « le boucher de Prague » (il est vice-gouverneur de Bohême-Moravie en 1941-1942), est le créateur des tristement célèbres Einsatzgruppen, ces escadrons de la mort chargés de liquider les Juifs dans les territoires occupés à l’est par le IIIème Reich. En janvier 1942, il préside la Conférence de Wannsee lors de laquelle est décidée la « solution finale ». Son irrésistible montée en puissance lui vaudra l’inimitié de Goering (dont le prestige baisse en raison de l’échec de la Luftwaffe dans la Bataille d’Angleterre) mais également Hans Frank (gouverneur de la Pologne). Mais en mai 1942, il est assassiné dans les faubourgs de Prague par des membres de la résistance tchèque formés et entraînés en Angleterre. R. H. / J. N.
09:00 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, hitler, allemagne nazie, adolf hitler, seconde guerre mondiale, hitler's circle of evil
19/10/2021
Mourir peut attendre
Une fois n'est pas coutume. Pour une fois en effet, nous avons préféré titrer notre commentaire avec le titre français plutôt que l'américain, sachant bien qu'il n'y a pas la même nuance sémantique. Mais nous avons considéré "mourir peut attendre" plus lyrique que l'imposant "no time to die", qui nous a également rappelé le titre du 20ème James Bond (Pierce Brosnan), l'immonde "Die another day" (2002) et la thématique du nucléaire nord-coréen.
Il y a presque 13 ans, nous revenions avec Quantum of Solace sur la "nouvelle" série James Bond, en mode café géopolitique, ruptures et continuité, Daniel Craig gueule cassée, etc... Nous ne serons donc pas très longs et sans doute beaucoup a déjà été dit sur la der des der de l'acteur britannique, opus dont la date de sortie fut reportée d'un an en raison du Covid. Qu'a-t-on donc retenu? La destruction du mythe du James Bond invincible avait déjà été opérée en début de série avec Casino Royale (2006) et Quantum of Solace (2008), qui ne forment au final qu'un seul épisode. C'est la poursuite du traitement chirurgical du personnage (Skyfall, Spectre) qui est en fait l'élément principal que nous retenons ici, laissant transparaître tellement d'épaisseur et de tragique que Daniel Craig, impressionnant en héros romantico-torturé, sorte de Thorgal des temps modernes, a définitivement inventé le James Bond crépusculaire, personnage qui n'a pas grand chose à envier aux westerns les plus sombres.
Le reste? Du conventionnel a-t-on entendu. Certes mais un James Bond n'a pas à innover constamment pour être considéré "bon". Les constantes demeurent, c'est ce qui en fait un James Bond et il faut tout de même noter des changements non négligeables, aussi bien au niveau du scénario (éliminer des personnages qu'on ne s'attend pas à voir partir et/ou éliminer sans fioritures les "mauvais", davantage de longueur accordée aux moments sentimentaux) que du traitement des "méchants" : plus d'épaisseur psychologique (ce sont des humains après tout) qui nous rendrait presque complaisants (Javier Bardem jadis, Rami Malek ici). L'enjeu de la menace est bien choisi également : si le thème des armes biologiques (ou chimiques) est désormais un grand classique, celui de la guerre asymétrique via les acteurs transnationaux (c.à.d les terroristes) mérite une grande attention en ce XXIème siècle marqué de plus en plus par ce type de guerres (au détriment de la guerre classique, si chère à Clausewitz).
Last but not least, un personnage féminin doit avoir un minimum de consistance pour faire tenir une histoire. Difficile d'égaler Eva Green (Casino Royale), sans doute la "meilleure" James Bond Girl de tous les temps ; mais après l'inutile Olga Kurylenko (pas la première nunuche à ce niveau-là, remarquez) et la piquante et sensuelle mais éphémère Bérénice Marlohe (Skyfall), force est de constater que Léa Seydoux a ce regard à fleur de peau tout en retenant cette tenacité dévastatrice, qui donnerait le tournis à tout homme normalement constitué. Sans être chauvins (loin de là), on notera avec délectation que les James Bond Girl made in France sont les plus nombreuses (Claudine Auger, Carole Bouquet et Sophie Marceau complètent le tableau).
Enfin, Hans Zimmer à la bande-son et Cary Fukunaga à la réalisation (on se souvient des plans et de la photographie dans la saison 1 de la série True Detective dont il est le réalisateur) complètent la réussite de ce James Bond qui clôt correctement cette saga. Des défauts (les placements de produits sont franchement agaçants), d'agréables suprises, de l'émotion, du spectacle, et même de la douceur. Voilà ce qu'il faudra retenir du 5ème volet de la saga, qui n'égale pas Skyfall mais redresse la barre après le décevant Spectre. Qu'en est-il 60 ans plus tard ? Aucune comparaison n'est véritablement pertinente entre les séries mais la question est ailleurs? La conception évoluera-t-elle de manière révolutionnaire? L'apparition d'un 007 féminin et black (Lashana Lynch) laisse entrevoir une lueur d'espoir. La suite le confirmera, ou pas.
J. N., R. H.
No time to Die (Cary Joji Fukunaga, UK, 2021, 163 min)
Cast : Daniel Craig, Léa Seydoux, Ralph Fiennes, Ben Whishaw, Rami Malek, Christoph Waltz, Lashana Lynch, Jeffrey Wright, Ana de Armas, Naomie Harris, Rory Kinnear, David Dencik.
11:41 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : james bond, daniel craig, léa seydoux, lashana lynch, jeffrey wright, cary joji fukunaga, christoph waltz, ana de armas, naomie harris, rory kinnear, david dencik, 007, ben whishaw, ralph fiennes, rami malek
30/07/2021
My octopus teacher
La conjugaison de deux faits nous a enjoint à regarder "La sagesse de la pieuvre", d'une part le fait que nous en avons beaucoup entendu parler (amis, médias), et d'autre part, le fait que nous avons constaté des critiques négatives. C'est qu'entre-temps, ce documentaire sud-africain et produit par Netflix a reçu la statuette du meilleur documentaire lors de la dernière cérémonie des oscars,
De quoi s'agit-il au juste? Le film suit Craig Foster (également producteur) pendant un an et son étrange relation avec une pieuvre. Parti faire de la plongée en apnée dans une forêt de varech à la point de l'Afrique du Sud, celui-ci a en effet rencontré ce céphalopode avec qui il nouera progressivement une certaine forme d'amitié. Filmant les activités de la pieuvre, il constate avec émerveillement la forme d'intelligence qu'elle possède, notamment lorsque celle-ci se retrouvera dans une situation désespérée face à un requin pyjama. Au travers de sa relation à l'animal, Foster nous fait découvrir la beauté de la faune et de la flore sous-marines.
Tout allait bien jusqu'ici et ce, malgré le fait que nous avons l'impression que Foster semble (et faire) découvrir que les espèces animales sont "intelligentes", ce qui n'est plus à prouver depuis un moment déjà et notamment les travaux de l'éminent ethologue néerlandais Frans de Waal. Hélas, le film se termine sur une fausse note sidérante. Foster avance avec emphase que sa relation avec la pieuvre lui a permis d'améliorer ses rapports avec son fils, donnant l'impression que tout ce périple était une sorte de catharsis, solution au réglage d'une crise existentielle (certains font du yoga ou du pilates, d'autres de la plongée...). Même si nous n'avons pas appris grand-chose que nous ne connaissions déjà, la photographie des fonds marins est magnifique et cela aurait suffit à notre bonheur. Mais que le mot de la fin soit un archétype d'anthropocentrisme nous a littéralement scotchés. Pauvres humains... Alors de là à empocher l'oscar.... Encore une fois, ces mêmes humains manquent cruellement de discernement, d'intelligence émotionnelle et de facultés cognitives. Heureusemet, aimerions-nous conclure, que la production n'est pas américaine, vu que sur les 37 docus précédents, 31 étaient américains. Mais il s'agit quand même de la langue anglaise... L'oscar du meilleur documentaire est souvent une déception, affirme notre spécialiste E. Comme le scandaleux American Factory l'an passé, celui-ci en est un. E F, J N
My Octopus Teacher (Pippa Ehrlich, James Reed, Afrique du Sud, 2020, 85 min)
- Meilleur documentaire - Oscars 2021
- Meilleur documentaire - BAFTA Awards 2021
- Meilleure musique - International Documentary Association 2021
- Meilleur documentaire - Festival du documentaire de Guangzhou 2020
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02:00 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique du sud, forêt de varech, my octopus teacher, la sagesse de la pieuvre, oscar du meilleur documentaire, oscar du meilleur documentaire 2021, craig foster, netflix, pieuvre, requin pyjama, pippa ehrlich, james reed
15/07/2021
Miraï
Nous avions découvert Mamoru Hosoda en 2006 avec le prometteur La traversée du temps. Nous le retrouvons durant les années 2010 avec l'étonnant (détonnant?) et grand succès Summer Wars (2009) puis les poignantes mais magnifiques fables sociales que sont Les enfants loups (2012) et Le garçon et la bête (2015). Toujours à travers ce dosage entre le fantastique et la simplicité, le réalisateur passé par le studio Madhouse explore les relations humaines à travers de nombreux thèmes. Ici, il s'agit de Kun. Ce jeune garçon de 4 ans est bouleversé lorsque vient au monde sa petite soeur Miraï (Miraï, ma petite soeur est le titre français du film tandis que le titre original signifie "Miraï du futur").
Kun a du mal à s'adapter à cette nouvelle situation et devient rapidement jaloux lorsque l'attention de ses parents se concentre sur le nouveau-né. Parti bouder dans le jardin, il découvre en fait un jardin magique lui permettant de voyager dans le temps et de rencontrer des membres de sa famille à différentes époques. Il y est guidé par sa petite soeur du futur. Comme Kiki, la petite sorcière il y a plus de 30 ans, Miraï est un récit initiatique, pas de l'adolescence comme ce dernier mais de l'enfance tout court, de ses joies et de ses affres. On retrouve les thèmes de la quête de soi, de l'acceptation de l'autre, de la tolérance, à travers ce petit garçon si proche de nous, auxquels s'ajoute une réflexion sur la parentalité dans un monde moderne tellement compliqué, composé d'humains fragiles mais capables de se surpasser.
Il y beaucoup de tendresse et de bienveillance ici sans toutefois verser dans l'excès et en maintenant une approche réaliste. Le film tient également sa force par la combinaison réussie entre discours universel et récit personnel. Tellement proche des humains, Miraï est une petite merveille sortie tout droit de l'imagination féconde d'un des réalisateurs japonais d'animation les plus en vue actuellement et qui semble bien parti pour succéder au maître Hayao Miyazaki. Son dernier opus, salué par la critique (et nominé aux Oscars), est le plus abouti et fera le bonheur des jeunes et des moins jeunes mais également de ceux qui ne sont pas attirés par l'animation japonaise. J N
Mirai no Mirai (Mamoru Hosoda, Japon, 2018, 98 min)
- 1 nomination (meilleur film d'animation) - Oscars 2019
- Meilleure animation indépendante - Annie Awards 2019
- 1 nomination (meilleur film) - Festival international d'animation d'Annecy 2018
- Meilleur film d'animation - Awards of the Japanese Academy 2019
- Meilleur film d'animation - Festival européen du film fantastique de Strasbourg 2018
17:56 Publié dans Anime, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mamoru hosoda, mirai no mirai, miraï ma petite soeur, miraï, japon, animation japonaise