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04/01/2009

Pride and glory

MV5BMTI2Mjg1MDk3OV5BMl5BanBnXkFtZTcwMjU4MTM5MQ@@__V1__SX94_SY140_.jpgSur le thème de la corruption des flics, nous avons régulièrement droit à une fiction, bonne ou mauvaise (1). Street Kings ("Au bout de la nuit" en français) de David Ayer (2), sorti en juin 2008, était solide dans le genre, ni innovant ni mauvais. Il fut suivi en octobre dernier par Righteous Kill ("La loi et l'ordre"), un navet (malgré la présence de De Niro et Al Pacino) signé Jon Avnet (3). Pride and glory ("Le prix de la loyauté", encore une traduction horrible) se situe dans la catégorie des bons polars, ni plus ni moins. Après le meurtre de quatre policiers, Francis Tierney demande à son fils Ray (Edward Norton toujours excellent) de reprendre du service et d'enquêter. Les soupçons de celui-ci se tournent vite vers son beau-frère et son propre frère. Pour ne rien arranger, le père est aussi policier. Que faire dans ce cas-là ? Protéger sa famille ou suivre son instinct moral ? Entre examen de conscience et loyauté familiale, cette tragédie grecque n'est pas sans rappeler l'excellent We own the night (4) de James Gray. Scénario solide, excellents acteurs. Que demander de plus ?

Pride and Glory (Gavin O'Connor, USA, 2008, 129 mins).    Avec Edward Norton, Colin Farell, Jon Voight, Noah Emmerich, John Ortiz, Jennifer Ehle, Shea Whigham.

(1) Citons comme "bons polars" Narc (2002, John Carnahan), Training Day (2001, Antoine Fuqua) ou encore Cop Land (1997, James Mangold). La liste est longue...

(2) Scénariste de Training Day (2001) et réalisateur de Harsh Times (2006).

(3) Déja réalisateur d'un autre navet en 2007 : 88 minutes.

(4) Sorti en novembre 2007.

04/12/2008

Changeling

MV5BOTA1Mzg3NjIxNV5BMl5BanBnXkFtZTcwNzU2NTc5MQ@@__V1__SX94_SY140_.jpgLos Angeles. 1928. Alors qu'elle rentre de son travail, Christine Collins découvre que son fils Walter a disapru. La police enquête et cinq mois plus tard, un garçon de neuf ans, trouvé dans un coin de l'Ilinois, lui est restitué comme étant son fils. Mais celle-ci est certaine que ce n'est pas le cas. A travers une vraie histoire, celle d'une maman (bouleversante Angelina Jolie) qui lutte contre un système pourri afin de retrouver son unique garçon, c'est un portrait peu reluisant que dresse le doublement oscarisé (1) Clint Eastwood de l'Amérique des années 20. Triste portrait en effet que de voir une femme lutter seule contre tous pour recouvrer son droit, et de se retrouver en asile psychiatrique pour avoir failli ternir l'image de la police. Dans cette atmosphère de corruption et d'impéritie généralisées mais également de terreur policière, c'est la condition de la femme qui est remise en cause, dans un pays considéré tout de même comme la nation de la liberté. A l'image de Gangs of New York (Scorsese, 2002) et There will be blood (P. T Anderson, 2007) (2), Changeling explique l'Amérique d'aujourd'hui en fouillant son passé. Ce genre de films sont nécessaires. Les histoires que racontent Clint Eastwood sont très souvent des mélodrames superbement mis en scène (reconstitution historique de l'époque, caméra irréprochable). Celle-ci ne déroge pas à la règle et comme les autres est teintée en toute fin d'un message optimiste prononcé par Angelina Jolie : l'espoir. Eastwood poursuit sa litanie de drames violents mais profondément humains. Du grand cinéma hollywoodien.

(1) La liste de récompenses est longue pour celui qui est acteur-réalisateur. En 1992, le western noir Unforgiven remporte 4 oscars dont ceux de meilleur film et meilleur réalisateur. Idem en 2005 pour Million dollar baby qui remporte également les oscars de meilleur film et meilleur réalisateur. En 2000, Eastwood est récompensé au Festival de Berlin d'un Ours d'argent pour l'ensemble de sa carrière.

(2) Mais aussi bien d'autres films. Citons North County (Niki Caro, 2005), une histoire de harcèlement sexuel qui se passe en 1987.

Changeling (Clint Eastwood, USA, 2008, 140 mins).    Avec Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan, Michael Kelly, Colm Feore, Jason Butler Harner, Amy Ryan.

- En compétition (Palme d'or) - Festival de Cannes 2008.

- Prix spécial pour l'ensemble de sa carrière (Clint Eastwood) - Festival de Cannes 2008.

24/11/2008

Death Race

MV5BMTkwMDU1ODg5Ml5BMl5BanBnXkFtZTcwNjMzNjY3MQ@@__V1__SX94_SY140_.jpgSpécialiste des adaptations façon série B (Mortal Kombat, Resident Evil, Alien vs Predator), Paul W. S. Anderson (ne pas confondre avec P. T Anderson...) effectue ici le remake d'un classique du cinéma bis, Death Race 2000 (Paul Bartel, 1975 - avec David Carradine et Sylvester Stallone). Dans une Amérique néo-retro et victime de l'obsession sécuritaire, les détenus d'une prison de haute sécurité sont appelés à participer à une course de bolides très spéciale. En effet, s'il suffit de franchier en premier la ligne d'arrivée afin de gagner, les voitures sont par contre armées jusqu'aux dents et tous les coups sont permis. 5 victoires pour un même "gladiateur" est synonyme de libération sans conditions. Notre héros (Jason Statham, le regard mauvais et la rancune tenace) va donc s'y mettre. Sachant que Anderson est un piètre réalisateur et qu'il a tout de même mis 14 ans à mettre en place son projet (...), qu'obtient-on cinématographiquement ? Une mauvaise caméra (multiplication inutile des angles de vue), des décors stéréotypés (le métal partout), des mauvais dialogues (dignes des films de Jean-Claude Van Damme) et un scénario complètement mal fichu. Que reste-il donc ? Des bonnes scènes de castagne et de courses-poursuites. En gros, on prend The fast and the furious, on ajoute des mitraillettes aux bagnoles et on obtient Death Race. C'est le genre de film qu'on regarde l'après-midi avec les copains, histoire de rigoler un bon moment.

Death Race (Paul W. S. Anderson, USA, 2008, 105 mins).    Avec Jason Statham, Joan Allen, Ian McShane, Tyrese Gibson, Natalie Martinez.

07/11/2008

Quantum of Solace

18996228.jpgPlace donc au 22ème James Bond, le second incarné par Daniel Craig. 1er constat : c'est la première fois qu'une suite est opérée entre deux opus. En effet, Quantum of Solace est la suite directe (l'action se situe une heure après, difficile de faire plus rapproché) de Casino Royale sorti il y a deux ans. Suite à la trahison de Vesper (Eva Green) dans le premier volet, Bond tente de découvrir qui l'a influencée et tombe sur une organisation tentaculaire et ultra-secrète dirigée par un certain Dominic Green (Mathieu Amalric). Après des sauts en Autriche et à Londres, il se retrouve en Bolivie où il découvre que Green entend non seulement arranger un coup d'Etat mais également s'emparer d'une richesse naturelle de première importance. 2ème constat : James Bond n'est plus ce qu'était James Bond. Et c'est normal car les temps ont changé (le cinéma aussi) et on ne peut pas demander à la franchise dêtre façonnée à l'image du premier James Bond (Dr. No) qui remonte tout de même à 1962. Si la première génération restera une référence en dépit du fait qu'elle a vieilli (notamment les épisodes avec Sean Connery et excepté les nombreux semi-ratages avec Roger Moore et les deux immondes épisodes avec Timothy Dalton), la série actuelle - qui débute avec Casino Royale - parvient à plus ou moins se réinventer et à se situer entre cette dernière et la seconde vague de 4 épisodes décevants (action + gadgets à gogo) avec Pierce Brosnan. Il est vrai que le manque de succès de celle-ci a entraîné des changements nécessaires (exit les gadgets, noircissement du personnage de Bond, intrigue plus solide et plus complexe...). Par rapport à la session Pierce Brosnan, les grosses scènes d'action adrénalinées n'ont pas bougé, ce qui est normal à l'ère du numérique et de l'écran bleu et alors qu'un film d'espionnage comme la trilogie Jason Bourne a crevé l'écran. La conjugaison de ces scènes d'action à un scénario solide n'est guère déplaisante et nous avons même droit à quelques agréables surprises. L'intrigue ne s'éternise pas dans des ramifications aussi inutiles qu'interminables et Bond n'est plus un tueur que rien ne touche. C'est vrai, il élimine à tire larigots mais il a toujours une bonne raison de le faire (c'est un agent secret) et il demeure un être torturé qui par moments s'égare dans des accès de sentimentalisme. Au final, Quantum of Solace (quantum = quantité ; solace = consolation) est un James Bond normal, pas spécialement innovant mais pas mauvais non plus. Direct et efficace, peut-on finalement demander plus que cela ?

18674703jj.jpgJames Bond continue de voyager et d'exploiter des thèmes politiques d'actualité : Russie et terrorisme informatique (Golden Eye, 1995), puissance des médias et menace chinoise (Tomorrow never dies, 1997), l'Azerbaïdjan et le pétrole de la Caspienne (The world is not enough, 1999), la Corée du Nord et le nucléaire (Die another day, 2002) et enfin l'Amérique Latine et le problème de l'eau, après le terrorisme international esquissé dans Casino RoyaleQuantum of Solace se situe en fait exactement entre The Bourne supremacy (action brutale, courses-pousuites effrénées) et Syriana (contexte géo-stratégique, conflits d'intérêts). On notera au passage que si Casino Royale fut le plus long épisode de la saga (02h20), sa suite, Quantum of Solace, est la plus courte (01h50). On remarquera aussi que pour la première fois et après 21 épisodes, James Bond ne couche pas avec une des "James Bond Girl" (on se demande pourquoi d'ailleurs), en l'occurence Olga Kurylenko qui après Hitman (2007) et Timothy Olyphant, s'acoquine avec un autre tueur froid. On saluera également la performance des acteurs. Mathieu Amalric, "le regard qui tue", est génial dans le rôle du "méchant". Il est le deuxième français à incarner ce rôle après Michael Lonsdale en 1979 (Mooraker), Judi Dench, toujours aussi convaincante dans le rôle de M., et comment oublier Daniel Craig, gueule cassée, qui détruit l'image du James Bond au visage impeccable (Pierce Brosnan) et qui tient presque le film sur ses épaules.

Quantum of Solace (Mark Forster, USA/UK, 2008, 117 mins).    Avec Daniel Craig, Mathieu Amalric, Olga Kurylenko, Judi Dench, Giancarlo Giannini, Gemma Arterton, Jeffrey Wright.

30/10/2008

Premières neiges

18988680.jpgDans une Bosnie post-guerre, le petit village de Slavno est dépourvu d'hommes. Il n'y a en tout et pour tout que six femmes, quelques enfants et un vieillard qui fait office de mufti. Comment dès lors joindre les deux bouts lorsque les hommes ne sont plus là et qu'il faut en même temps se résoudre à l'idée de faire son deuil ? Et surtout comment supporter son quotidien dans une localité coupée du monde (il n'y a presque pas d'eau et le réseau téléphonique est H.S) et où le seul revenu potentiel consiste en la vente de confiture (encore faudrait-il que quelqu'un vienne acheter) ? Ce sont ces questions que se pose la jeune réalisatrice bosniaque Aida Begic pour son premier long métrage. Ou comment se reconstituer psychologiquement après une guerre effroyable qui dura cinq ans et qui vit la population musulmane être la principale victime des exactions et crimes de guerre perpétrés par les armées locales serbes et croates. Dans ce sens, le film fait allusion (ou un rappel douloureux, essentiel contre l'oubli) au tristement célèbre massacre de Srebrenica (1996) durant lequel l'Armée de la République serbe de Bosnie, dirigée à l'époque par Ratko Mladic (toujours en cavale), décima 8000 hommes. Alors que Grbavica ("Sarajevo mon amour" est le titre français) de Jasmilla Zbanic (Lion d'or à la Mostra de Venise en 2006) traitait du même sujet mais à l'échelle de la ville (Grbavica est un quartier de Sarajevo), Snijeg (titre bosniaque), plus intimiste, le fait à l'échelle d'un village paumé de province. Deux films poignants, tout en évitant de basculer du côté du mélodrame, humanistes, et qui se complètent. Mention spéciale ici pour une interprétation très juste et la beauté d'une mise en scène sobre.

Premières neiges (Aida Begic, Bosnie, 2008, 100 mins).    Avec Zana Marjanovic, Jasna Ornela Bery, Sadzida Setic, Vesna Masic, Emir Hadzihafizbegovic, Jelena Kordic.

Titre original : Snijeg.

- Présenté - Semaine de la Critique - Festival de Cannes 2008.

- En compétition (Caméra d'or) - Festival de Cannes 2008.