29/04/2008
Mongol
Difficile de traiter au cinéma le personnage de Genghis Khan, tant les informations sur le premier empereur mongol sont insuffisantes ou invérifiables. Certaines se contredisent et d'autres sont fondées sur des légendes répandues par les biographes de Genghis Khan. Sergei Bodrov (Prisonner of the mountains, 96) s'est basé ici sur les écrits controversés de l'historien russe Lev Goumilyov. Il n'a pas effectué de biopic classique. Son film est plutôt une réflexion sur un homme considéré à tort comme uniquement sanguinaire. Car Genghis Khan ne fut pas uniquement un conquérant assoiffé de pouvoir. Fin politicien, visionnaire, intelligent et posé, il est celui qui unifia les troupes mongoles à une époque où celles-ci s'entredéchiraient en permanence. Il érigea également un code politique et moral à une époque (nous sommes au XIIème siècle) où les lois civiques n'étaient pas de mise, bien avant de mettre en place le plus vaste empire au monde (voir la carte ci-dessous). Il ne faudra donc pas s'attendre à un film comme Alexandre (Oliver Stone, 04) en allant regarder Mongol. La réflexion de Bodrov s'articule autour de la période qui va façonner la personnalité du jeune conquérant, celle allant de son adolescence jusqu'à ses premiers pas au pouvoir. Surtout, le réalisateur russe apporte une lumière nouvelle sur des faits méconnus, notamment l'influence positive de Borte, épouse de Genghis Khan, sur son mari. Mêlant le mythe à la réalité sur fond de saga épique, Mongol s'avère être une nouvelle façon de traiter les personnages historiques. Et Sergei Bodrov a réussi le pari de joindre intelligemment le spectaculaire au sobre.
Mongol (Sergei Bodrov, Rus/Mong/Kaz/All, 2007, 126 mins). Avec Tanadobu Asano, Sun Hong-Lei, Khulan Chuluun, Odnyam Odsuren.
- 1 nomination (Meilleur film étranger) - Oscars 2008.
- Meilleur acteur dans un second rôle (Sun Hong-Lei) - Asian Film Awards 2008.
- Meilleurs costumes, Meilleur montage sonore - Golden Eagle Awards (Russie) 2007.
- Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleure mise en scène - Nika Awards (Russie) 2008.
- Présenté - Festival de Toronto 2007.
- Présenté - Festival de Miami 2008.
- Présenté - Festival de Palm Springs 2008.
- Présenté - Festival de Santa Barbara 2008.
21:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mongol, sergei bodrov, tanadobu asano
25/04/2008
Into the wild
Fraîchement diplômé d'une fac prestigieuse de Atlanta et promis à un avenir brillant, Christopher McCandless (23 ans) en a pourtant marre de la société, de ses conventions et de son matérialisme. Laissant tout derrière lui (sa soeur et ses parents), se délestant de son argent et de sa voiture, il décide de partir à l'aventure, loin, très loin. Il va écumer l'Amérique (Dakota, Colorado, Californie...) jusqu'à arriver à son objectif ultime, l'Alaska, où il pourra se rapprocher de la nature. Pour son quatrième long-métrage, Sean Penn (qui sera le président du jury du prochain Festival de Cannes) nous offre une très belle ode à la nature sauvage et un hommage poignant à un être épris de liberté. Christopher McCandless (interprété par un Emile Hirsch qui ira certainement très loin) a véritablement existé. Le film s'inspire du livre du même nom ("Voyage au bout de la solitude" en français), écrit en 1996 par le journaliste américain Jon Krakauer, qui décrit le périple du jeune aventurier. La bande son rock complentative et de toute beauté a été réalisée par Eddie Vedder, le chanteur de Pearl Jam, qui a reçu pour le morceau "Guarenteed" le Golden Globe de la meilleure chanson.
Into the wild (Sean Penn, USA, 2007, 145 mins). Avec Emile Hirsch, Marcia Gay Harden, Jena Malone, Hall Holbrook, Catherine Keener, William Hurt, Brian Dierker, Vince Vaughn.
- 2 nominations - Oscars 2008.
- Meilleure chanson (Eddie Vedder) - Golden Globe 2008.
- Meilleure performance (Emile Hirsch) - National Board of Review 2007.
- Premier prix (Sean Penn) - Festival international de Rome 2007.
- Meilleur réalisateur - Palm Springs International Film Festival 2008.
- Audience Award (Meilleur film étranger) - Sao Paulo International Film Festival 2007.
- Meilleur film - Gotham Awards 2007.
20:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : into the wild, sean penn, emile hirsch, william hurt, marcia gay harden, eddie vedder
22/04/2008
3:10 to Yuma
Ce qui est intéressant avec James Mangold, est que quel que soit le genre de cinéma auquel il s'attaque, il parvient, sans révolutionner le thème, à mettre en place un film solide. Qu'il s'agisse de corruption au sein de la police (Cop Land, 1997), de thriller horrifique (Identity, 2003) ou de biopic (Walk the line, 2005). 03:10 to Yuma est en effet un très bon western, nerveux, violent et complexe, mettant aux prises Russell Crowe et Christian Bale. Le premier incarne Ben Wade, desperado terrifiant pourchassé par toutes les polices du coin. Le second, interprétant Dan Evans, ancien de la guerre de secession, fermier et père de famille, est chargé d'escorter Wade jusqu'à la ville de Contention (dans l'Arizona) puis de le faire monter à bord du train de 15h10 pour la ville de Yuma où il sera pendu. Le film est un remake de celui qui porte le même nom, réalisé en 1957 par Delmer Daves (avec Glenn Ford et Van Heflin dans les rôles des deux protagonistes).
3:10 to Yuma (James Mangold, USA, 2007, 117 mins). Avec Russell Crowe, Christian Bale, Ben Foster, Peter Fonda, Gretchen Mol, Dallas Roberts.
- 2 nominations (Meilleur son et meilleure musique) - Oscars 2008.
- Prix Spécial (Christian Bale - Meilleure performance) - San Diego Film Critics Society Awards 2007.
- 2 nominations - Satellite Awards 2007.
20:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 3:10 to yuma, james mangold, christian bale, russell crowe, ben foster, peter fonda
10/04/2008
Mad detective
Décidément, rien n'arrête plus Johnny To. Election (2005), Exilé (2006), Triangle (2006) et place maintenant à Mad detective, co-réalisé avec Wai Ka-Fai. On retrouve ici le thème de l'arme à feu qui disparaît (PTU, 2005). Il s'agit de celle de l'inspecteur Wong (Lee Kwok Lun), lui aussi mystérieusement disparu alors qu'il traquait dans la forêt un suspect avec son collègue Chi-wai (Lam Ka-Tung). L'inspecteur Ho Ka-On (Andy On) est chargé de l'enquête. Il demande pour cela l'aide de son ancien mentor, le "mad detective" Bun. Inspecteur hors-pair, possédant un sixième sens infaillible, celui-ci s'est malheureusement avéré un peu timbré. Lors d'une fête organisée pour le départ d'un de ses supérieurs, il découpa son oreille et la lui offrit (la scène sera culte et a valu au film d'être interdit aux moins de 18 ans). Exit donc la police. Mais pour Ho Ka-On, Bun est indispensable, il "voit les démons dans les coeurs des gens". Et lui seul peut aider son ancien disciple à briser les incohérences de Chi-wai dont les agisements sont loin d'être rassurants. Mise en scène géniale et virtuosité savoureuse. Voici un polar sombre et psychologique comme seul sait le faire le cinéma d'Asie du Sud-est. Génial Johnny To qui maîtrise toujours aussi bien le thème policier sans jamais se répéter. Nouvelle touche ajoutée ici : la frontière entre le réel et l'irréel.
Mad detective (Johnny To, Wai Ka-Fai, Hong-Kong, 2007, 90 mins). Avec Lau Ching-Wan, Andy On, Lam Ka-Tung, Kelly Lin.
- 1 nomination (Lion d'or) - Mostra de Venise 2007.
- Meilleur scénario - Hong Kong Film Critics Society Awards 2007.
- Présenté - Festival de Toronto 2007.
- Présenté - Festival de Tokyo 2007.
- Présenté - Festival de Vancouver 2007.
- 8 nominations - Hong Kong Film Awards 2007.
16:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mad detective, johnny to, wai ka-fai, lau ching-wan, andy on
07/04/2008
Smiley Face
Il paraît que Gregg Araki s'est bien marré qu'on l'ait tellement pris au sérieux après le chef-d'oeuvre sombre Mysterious skin (2005). Car entre son avant-dernier film qui traitait du sujet très délicat de la pédophilie et son dernier opus, il y a tout un monde. Comme quoi, le très indépendant Araki ne se prend pas du tout au sérieux pour sa part et aime bien s'éclater de temps en temps. "Smiley Face" c'est la journée ordinaire (ou pas) de Jane qui vient d'avaler des gateaux au cannabis. La voilà donc partie pour une longue défonce et un très long trip. S'il y a un décalage par rapport à ses autres films (The doom generation, 95 ; Nowhere, 97), on retrouve toutefois un thème habituel de Gregg Araki : une certaine jeunesse américaine paumée. Comédie déjantée et délirante mais sans toutefois être particulièrement marquante, Smiley Face fait plaisir à regarder.
Smiley face (Gregg Araki, USA, 2007, 84 mins). Avec Anna Faris, Roscoe Lee Browne, Danny Masterson, Ben Falcone, Adam Brody.
- Présenté - Festival de Cannes - Quinzaine des réalisateurs 2007.
- Présenté - Festival de Sundance 2007.
- Présenté - Festival du film américain de Deauville 2007.
- Présenté - Festival de Toronto 2007.
- Présenté - Festival de Karlovy 2007.
12:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : smiley face, gregg araki, anna faris, adam brody