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28/11/2007

Eastern promises

9875587bf71b7c5855bb83e0d78bbe0d.jpgDécidément, et pour notre plus grand plaisir, David Cronenberg n'a pas changé. Une première scène où un type se fait cisailler la gorge en gros plan et c'est parti. Le réalisateur canadien se penche ici sur le cas des dvori vzakonié, ces familles mafieuses russes. L'histoire se passe à Londres (les millionnaires russes sont de plus en plus nombreux dans cette ville). Qui dit mafia russe dit nécessairement univers violent. Et c'est à nouveau Viggo Mortensen qui s'y colle, comme dans l'avant-dernier opus de Cronenberg, A history of violence. Avec ce film, le réalisateur canadien débutait un nouveau cycle, en rupture avec ses films précédents (Existenz, Spider, The naked lunch...). Eastern Promises (la traduction française, "Les promesses de l'ombre", ne veut absolument rien dire) se situe donc dans la lignée de son prédessesseur. L'exploration de la violence et de sa propagation dans le quotidien de l'individu se poursuit bien que Cronenberg nie tout lien entre les deux films. C'est pur hasard a-t-il martelé. Nous sommes ici au coeur d'un Londres obscur et clandestin. Anna, une infirmière, fait accoucher une jeune fille qui succombe de ses blessures. Le journal intime de celle-ci l'oriente vers le resto d'un parrain russe... Au coeur de l'intrigue, le fonctionnement de la famille, la violence mais aussi le thème de la sexualité (la rixe dans le hammam, la relation entre Nikolai (Viggo Mortensen) et Kiril (Vincent Cassel)), très cher à Cronenberg (Rabid, Shivers, Crash). La mise en scène est brillante et le tout devrait valoir au film au moins quelques nominations au Oscars de l'hiver prochain. Les films de David Cronenberg se terminent mal. Celui-ci finit comme A history of violence, sur une note ambigüe. Du très grand Cronenberg.

Eastern promises (David Cronenberg, USA/UK/Canada, 2007, 100 mins).    Avec Viggo Mortensen, Naomi Watts, Armin Mueller-Stahl, Vincent Cassel, Sinéad Cusack, Donald Sumpter.

- Prix du public - Festival de Toronto 2007.

- Présenté - Festival de San Sebastian 2007.

- Présenté - Festival de Londres 2007.

27/11/2007

Youth without youth

5c3960dd782e0eca0506f60e7f8449a0.jpgLa quête de l'amour, l'angoisse de vieillir, la peur de mourir (ou comment effectuer une variante écrémée de The Fountain de Darren Aronofski), une refléxion sur les origines de l'écriture mais aussi sur celles de la conscience humaine, le tout étalé sur plusieurs époques (d'où le titre français "L'homme sans âge", pour une fois traduction plus ou moins adéquate), de sorte qu'on s'y perd et qu'on n'y comprend presque rien. 10 ans après The Rainmaker, Francis Ford Coppola revient derrière la caméra. Le projet est ambitieux mais foireux.

Youth without youth (Francis Ford Coppola, USA/France, 2007, 125 mins).    Avec Tim Roth, Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Marcel Iures, Alexandra Pirici.

21/11/2007

American gangster

d2e487b5571e8fede4b919215980fdc4.jpgA la manière de Heat de Michael Mann (un face à face entre Robert De Niro, un malfrat, et Al Pacino, un flic solitaire) ou encore de Lord of war (un flic contre un trafiquant d'armes - Ethan Hawke / Nicolas Cage), American Gangster est une confrontation entre Russell Crowe, détective aux manières de vivre dissolues mais paradoxalement homme intègre, et Denzel Washington, parrain de la mafia solitaire et aussi brutal que posé. Comme Al Pacino et De Niro, les deux protagonistes sont des oscarisés du meilleur acteur, Denzel Washington pour Training day (Antoine Fuqua, 2001) et Russell Crowe pour Gladiator (Ridley Scott, 2000). Pas étonnant donc que leur performance soit excellente (en route pour les prochains Oscars ?). A noter que Denzel Washinton aégalement obtenu l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Glory (Edward Zwick, 1989). Le film, très bien documenté, raconte comment Franck Lucas, parrain noir de la mafia, a pu, grâce à des connexions sur place, acheminer de la drogue du Vietnam aux Etats-Unis, pour ensuite innonder le marché d'héroïne pure à bas prix, cassant ainsi toute concurrence et s'octroyant un monopole absolu. Dans une atmosphère de débacle US au Vietnam, de misère sociale et de flics ripoux (c'est les seventies), Richie Roberts, un détective des stups, est chargé de remonter la filière de la drogue. Après les moyens Kingdom of heaven (05) et A good year (06), c'est du grand Ridley Scott.

American gangster (Ridley Scott, USA, 2007, 157 mins).    Avec Denzel Washington, Russell Crowe, Chiwetel Ejiofor, Josh Brolin, Cuba Gooding Jr, RZA, Clarence Williams III.

15/11/2007

Mon meilleur ennemi

c9a615a5df519faf91baa5b1d5df17a8.jpgAprès la tuerie des Jeux Olympiques de 1972 (One day in september, 99 - Oscar du meilleur documentaire) et Idi Amin Dada (The last king of Scotland, 06), Kevin MacDonald s'attaque au cas Klaus Barbie. Chef de la Gestapo à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale, surnommé "le boucher de Lyon", Barbie fut notamment responsable de la mort de Jean Moulin. Grâce à des connexions, il fuit après la fin des hostilités et part pour l'Amérique du Sud. En 1983, la Bolivie l'expulse en France. Il est jugé en 1987 pour crimes de guerre et est condamné à la prison à perpétuité. Il décède d'un cancer en 1991, à l'âge de 77 ans. Ce documentaire intelligent ne relate pas une chronologie des atrocités effectuées par le tortionnaire nazi mais montre plutôt par quels moyens et pourquoi ce dernier a pu fuir l'Europe et se réfugier en Bolivie. Pour les mêmes personnes qui ont gagné la guerre, Klaus Barbie était précieux. Agent redoutable de repression anti-communiste, il alllait aider la CIA dans la mise en place de régimes politiques dictatoriaux en Amérique du Sud (et notamment l'exécution de Che Guevara). Barbie est finalement capturé dans les années 80 et ramené en France pour être jugé.

La partie du procès est un peu courte dans le documentaire mais l'essentiel est dit, pourquoi le condamner si longtemps après ? pourquoi lui et pas d'autres ? Loin des abrutis fans du Front National que l'on a vu dans le film réclamer la libération de Klaus Barbie (on voit même un interviewé cracher implicitement sur le génocide des Juifs), le message du réalisateur est le suivant : c'est le même "establishment politique" jugeant Barbie en 1987, qui lui avait permis de fuir l'Europe en toute impunité à la fin du Second conflit mondial. C'est l'hypocrisie des hommes politiques qui y est stigmatisée et plus particulièrement les agissements de la CIA, soucieuse d'utiliser les services de Barbie dans sa lutte idéologique contre l'URSS (la Guerre Froide succède à la Seconde Guerre Mondiale). Si le film suscite des polémiques concernant la véracité de certains faits énoncés et la tonalité de son message, cela n'a rien de surprenant. Un documentaire politique ne peut être totalement objectif. J N

Mon meilleur ennemi (Kevin MacDonald, UK/France, 2007, 90 min)

- Présenté - Festival de Toronto 2007.

 

10/11/2007

In the valley of Elah

9ed7de0aa9b667ffc6e1fc739df80602.jpgDe retour d'Iraq, un soldat disparaît dans des circonstances troubles. Son père (Tommy Lee Jones), un ancien militaire, flaire quelque chose de louche car les autorités militaires sont peu loquaces. Avec l'aide d'un officier de police (Charlize Theron), il mène l'enquête. Une enquête qui le mènera bien au delà de ce qu'il pouvait imaginer, révélant la vérité sur le séjour de son fils en Iraq et ébranlant à jamais ses convictions. Entre polar et réquisitoire anti-guerre, Paul Haggis (réalisateur en 2004 de Collision, oscar du meilleur film) s'attache aux conséquences psychologiques d'une guerre qui n'en finit pas, sur la population américaine. Un film coup de poing qui s'inscrit dans une vague actuelle (en attendant Lions et agneaux, Redacted, Battle for Haditha, et les autres) de fictions sur la guerre en Iraq, 4 ans après le début du conflit.

In the valley of Elah (Paul Haggis, USA, 2007, 120 mins).     Avec Tommy Lee Jones, Charlize Theron, Susan Sarandon, Jason Patric, James Franco, Barry Corbin, Josh Brolin.

- En compétition (Lion d'or) - Mostra de Venise 2007.

- Meilleur film indépendant - National Board of Review 2007.

- Présenté - Festival de Toronto 2007.

- Présenté - Festival de Deauville 2007.