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22/01/2022

Le goût de l'immortalité

catherine dufour,le goût de l'immortalité,science-fictionOn a également découvert cette autrice sur le tard, lauréate ici du Grand prix de l'imaginaire (2007), du Prix Bob Morane (2006) et du Prix du lundi de la SF française (2007). La structure du roman est une longue lettre, inspirée des Mémoires d'Hadrien (1951) de Marguerite Yourcenar. Racontée par une adolescente étrange et âgée de plusieurs siècles, l'histoire se situe en Mandchourie, en l'an 2213, plus précisément dans la ville hautement technologique de Ha Rebin. Secondé par cette fille, l'entomologiste Cmatic y mène son enquête tandis qu'une pandémie décime nos sociétés déjà ravagées par une pollution endémique (thématique remise d'ailleurs à l'ordre du jour avec la pandémie de Covic-19). Cette association le ménera vers l'immortalité, ou tout simplement vers un enfer sans nom. Le texte est riche, vertigineux, complexe à souhait, l'histoire est envoutante... Hormis la structure narrative qui participe de ce renouveau de la SF française, nous avons été fascinés par cette inventivité lexicalle et par ce récit sans compromis. Brillant. J. N.

Catherine Dufour, Le goût de l'immortalité, Le Livre de Poche, 2020, 318 p.

(publié pour la première fois en 2005 aux éditions Mnémos)

24/12/2021

La guerre de Sécession

john keegan,guerre civile des etats-unis,guerre de sécession,esclavage,guerre industrielle"Comprendre la Guerre de Sécession", aurions-nous pu appeler cet ouvrage brillant. Cette guerre civile américaine (1861-1865), la plus coûteuse en vies humaines de toute l'histoire des Etats-Unis (1) confirmait le concept de "guerre absolue", appliqué par Clausewitz aux guerres napoléoniennes (2), et préfigurait les guerres "totale" et "d'anéantissement" d'un XXème siècle horrifique (3).

Mais est-ce tout ? Comment saisir globalement les dimensions essentielles de ce drame fondateur ? C'est là qu'intervient cet éminent spécialiste de l'histoire militaire, décoré chevalier de l'Empire britannique en 2000. A la fois accessible de par son style limpide et tranchant au niveau de l'analyse, le récit aborde de nombreux thèmes (constituant pour la plupart des chapitres distincts) permettant de comprendre ce que fut cette guerre perdue d'avance pour le Sud (pour qui le conflit était "un combat de pauvres, une guerre de riches") : l'importance de la géographie du conflit, le fossé Nord-Sud, la vie des soldats, la question de l'esclavage, la psychologie des généraux, les batailles emblématiques, l'héritage sociopolitique... etc. Une référence incontournable. J. N.

John Keegan, La guerre de Sécession, Paris, Perrin, Tempus, 2020 (2011), 570 p.

(paru pour la première fois en 2009 sous le titre original The American Civil War. A Military History)

 

(1) Le conflit entraîne la mort de 620.000 soldats au total (360.000 pour l'Union, 260.000 pour la Confédération) tandis que les Etats-Unis perdent environ 405.000 soldats durant la Seconde Guerre mondiale (Europe et Pacifique).

(2) Dans son fameux De la guerre, traité de stratégie militaire rédigé entre 1816 et 1831.

(3) Le bilan total de décès (militaires et civils) pour la Première Guerre mondiale est de 10 millions tandis que celui de la Seconde Guerre mondiale est situé entre 60 et 80 millions.

22/12/2021

La vérité avant-dernière

philip k. dick,la vérité avant-dernière,anticipation,science-fiction,dystopie,contre-utopie,lutte des classes,manipulation des médias,manipulation de l'information,fake news,désinformationDans les tréfonds de la terre, bien à l'étroit dans leurs abris anti-atomiques, hommes, femmes et enfants continuent à fabriquer des soldats-robots à la chaîne, contraints en cela par un quota mensuel et encouragés par la voix du dirigeant "protecteur" Talbot Yancy. Car au-dessus, la guerre fait rage et il en va du futur de l'humanité. Mais est-ce vraiment le cas? Cela fait un moment que les informations récoltées par ci par là, semblent contradictoires. Que se passe-t-il réellement à la surface? Prenant son courage à deux mains, Nicholas Saint-James décide de s'y rendre...

Notre auteur préféré, qu'on ne présente plus et dont on vient d'écouter sur France Culture un excellent podcast qui lui est consacré ("Philip K. Dick, de la mystification à la psychose : des réalités malmenées (1928-1982"), continue de nous exalter avec ses dystopies tranchantes. A ce concept typique de l'anticipation (synonyme de contre-utopie) se conjuguent ici le thème de la manipulation de l'information (propagande et manipulation des masses ne sont pas en reste non plus), 50 ans avant que désinformation et fake news ne fassent des ravages dans nos sociétés débilisées par l'infobésité et le trop-plein de micro-information, et une réflexion futuriste sur la lutte des classes, qui n'est pas sans rappeler Le pianiste déchaîné, première oeuvre du brillant Kurt Vonnegut. Cette ultime vérité qui nous balance à la figure un simulacre (encore et toujours) de manière on ne peut plus cynique et perverse (adjectifs caractérisant, in fine, les mondes hallucinés de Philip K. Dick), fait partie de ces romans dickiens se lisant d'une traite tout en restant incisifs. L'essentiel en ce qui nous concerne. J. N.

 

Philip K. Dick, La vérité avant-dernière, J'ai Lu, 2014 (1974), 283 p.

(publié pour la première fois sous le titre original The Penultimate Truth, 1966)

01/11/2021

Histoire des Etrusques

jean-marc Irollo,civilisation étrusque,Rome,Rome Antique,Italie,Toscane,Ombrie,Latium,histoire des etrusques,etrurie,etrusques,italie,lombardie,toscaneNous étions tombés sur un article récent de Sciences et Avenir, affirmant que l'origine et l'héritage des Etrusques avait été décodé par la génétique. Cela nous a rappelé que cette civilisation avait suscité notre curiosité lorsque nous enseignions en classe de 6ème (l'ancien programme), en Histoire - la leçon sur la Rome antique. Et pour cause, autour de cette civilisation brillante, demeurent de nombreuses interrogations, notamment la langue, "isolat perdu, à l'instar du basque, au milieu du monde des idiomes indo-européens", et l'origine de ce peuple, établi au centre de l'Italie (essentiellement en Toscane, à l'ouest de l'Ombrie et au nord du Latium) depuis la fin de l'âge de Bronze (vers -900) jusqu'à -264, date d'une défaite finale contre les Romains et le début de l'unification progressive de l'Italie effectuée par ces derniers. Quant au mot Etrusque, nous l'avions découvert lorsque, gamin, nous lisions le tome 8 de la bande dessinée Alix, Le Tombeau étrusque...

etrurie,etrusques,italie,lombardie,toscane,jean-marc irollo,civilisation étrusque,rome,rome antique,ombrie,latium,histoire des etrusquesSi des désaccords persistent entre historiens (et archéologues) quant aux origines de cette civilisation où la place de la femme était beaucoup plus large que chez les autres peuples (Romains, Grecs), il n'en demeure pas moins que certains éléments (notamment l'art) permettent de cerner ses contours sociopolitiques. C'est ce que propose cet ouvrage synthétique, écrit par Jean-Marc Irollo (1956-2020), historien de l'art qui fut également directeur-adjoint des ressources humaines au Musée du Louvre. Six chapitres thématiques (société, religion, art...etc.) abordent de manière condensée ce peuple "énigmatique". Une excellente synthèse quand on désire mieux maîtriser une question historique et que l'on a pas le temps de lire un gros pavé. Efficace et instructif.

Quant à l'article que nous évoquions précédemment, il explique qu'une étude génomique récente a montré que "les populations étrusques de l'Italie centrale étaient bien d'origine autochtone et formaient un groupe génétique homogène". Sauf qu'une autre équipe de chercheurs mettait en avant, en 2017, une possible origine proche-orientale des Etrusques. Mystère toujours non-résolu. J. N.

Jean-Marc Irollo, Histoire des Etrusques. L'antique civilisation toscane VIIIe-Ier siècle av. J.-C., Perrin, Tempus, 2010 (2004), 212 p.

25/10/2021

Orages d'acier

ernst jünger,orages d'acier,première guerre mondiale,guerre de position,guerre des tranchées,allemagneCa faisait un bail que nous désirions lire ce célèbre témoignage de la Grande guerre. C'est ce bon J. C. qui nous avait fait découvrir l'auteur il y a environ une quinzaine d'années mais il s'agissait de cet étrange roman de science-fiction (que nous avons adoré), Eumewsil (1977), traitant de la figure de l'anarque. Puis lorsque nous avons commencé à enseigner l'Histoire en classe de Première au lycée, et notamment la Première Guerre mondiale, nous découvrions à nouveau l'auteur, plus précisément des extraits de cet ouvrage, constituant un document à travailler avec les élèves.

Très imagé et métaphorique, poétique par moments, ce témoignage concernant essentiellement la tristement célèbre guerre des tranchées, nous a littéralement transporté. Le tout se lit d'une traite. Ce qui est surtout marquant est le fait que le récit, héroïque à souhait (Jünger fut blessé 14 fois au front) est simplement descriptif, froid, "clinique", lorsqu'il s'agit de parler des morts, des blessés, des mutilations affreuses. Point d'émotion à ce niveau-là. Celle-ci se concentre plutôt sur le soldat-héros (avec le grade de lieutenant, Jünger fait partie des 14 lieutenants de toute l'armée allemande à avoir reçu l'Ordre pour le Mérite, plus haute distinction militaire - fondée par Frédéric II en 1740), et toute cette ferveur affichée (il faut dire que le nationalisme allemand bat son plein à ce moment-là) quand il s'agit de combattre et de tuer. Ce qui explique, entre autre, l'apparition de la notion de "brutalisation des soldats".

Ce qu'André Gide considère comme "incontestablement le plus beau livre de guerre que j'ai lu, d'une bonne foi, d'une honnêteté, d'une véracité parfaites", est un témoignage édifiant et incontournable sur ce que fut la guerre de position. Toute personne s'y intéressant doit lire cette autobiographie de guerre qui a fêté ses 100 ans l'an passé. Deux petits extraits ci-dessous pour R.

J. N.

"(...) C'est seulement par la suite que je connus l'entrechoc, le combat qui culmine dans l'apparition des vagues d'assaut, en terrain découvert, peuplant pour quelques minutes décisives et mortelles le vide chaotique du champ de bataille."

"Au-dessus du sol dépouillé, si impitoyablement déchiré et redéchiré, flottaient des gaz étouffants qui, jaunes et bruns, erraient nonchalamment. (...) La terre jaillissait en jets rugissants et une grêle d'éclats balayait le sol comme une ondée."

 

Ernst Jünger, Orages d'acier, Paris, Le Livre de Poche, 2020 (1989), 380 p.

(publié pour la première fois en 1920 sous le titre original In Stahlgewittern)