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01/11/2018

La facture

jonas karlsson,la facture5 millions de couronnes suédoises. C'est la facture que reçoit un jour par courrier un modeste employé d'un vidéoclub. Croyant d'abord à une énorme farce, notre principal protagoniste se rend très vite à l'évidence. Il y a bel et bien une taxe sur le bonheur à payer... Si insignifiante que soit la vie de ce jeune homme, il semblerait que des miettes suffisent à le rendre heureux occasionnellement à en faire un contribuable en or... C'est un roman court, kafkaïen (une belle pique lancée à une bureaucratie étouffante) mais avec une touche d'espoir, s’interrogeant drôlement et avec intelligence sur la notion de bonheur. Cette réflexion tombe à point nommé quand on voit que le monde dans lequel nous vivons - bouleversé par les réseaux sociaux), cruel et individualiste à souhait, chaque moment de plaisir est à savourer. Se lit vite et avec plaisir. J. N

Jonas Karlsson, La facture, Arles, Actes Sud, Babel, 2018, 189 p.

11/10/2018

Pourquoi la Grèce ?

téléchargement.jpgPhilologue, essayiste et helléniste française mais également membre de l'Académie française, première femme professeur au Collège de France et première femme membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Jacqueline de Romilly  s'est posée la question suivante : "comment peut-on expliquer que ces oeuvres grecques d'il y a 20 ou 30 siècles nous donnent, avec tant de force ce sentiment d'être encore actuelles et d'être faites pour tous les temps?"

Jacqueline de Romilly répond à cette question en analysant les textes grecs (Hésiode, Aristote, Eschyle, Hérodote, Homère, Euripide et bien d'autres...)  et nous éclaire sur ce qui explique qu'il n'y ait pas d'autre civilisation ancienne qui ait autant d'influence sur l'Europe. Cette Europe dont la psychologie est grandement marquée par la mythologie grecque. Un tour de force. J. N

"L'Iliade n'est ni une "guerre de Troie", ni une "geste d'Achille". Le poème rapporte une série de faits qui s'enchaînent, et dont l'enchaînement repose tout entier sur l’évolution des sentiments qui se succèdent dans un cœur d'homme". (...) Chacun peut-il se reconnaître, non pas certes dans la résurrection de Castor, mais dans la douleur de Pollux, et dans son désir d'obtenir, à n'importe quel prix, cette résurrection: le sentiment est profondément humain. (...) Ni les héros ni l'action ne sont par eux-mêmes universels: tout tient à la façon dont le poète a fait d'eux les symboles de situations ou de sentiments essentiels à l'homme".

 

Jacqueline de Romilly, Pourquoi la Grèce ?, Le Livre de Poche, 2015 (1994), 319 p.

01/09/2018

A tombeau ouvert

michel warschawski,israël,palestine,apartheid,foyer national juif,accords d'oslo,yitzhak rabin "J'ai tenté de dresser l'état des mieux d'une société gravement malade qui a dans une large mesure perdu ses freins dans une course folle, effaçant "toute sensibilité morale et toute intelligence culturelle" et qui détruit tout sur son chemin, y compris la possibilité même de vivre un jour en coexistence pacifique avec le monde arabe alentour".

Alors que l'Accord d'Oslo d'août 1993 - signé entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin - semblait ouvrir une ère nouvelle dans les relations israélo-arabes, quelques années plus tard, le processus de paix israélo-palestinien était au point zéro. Pis encore, celui-ci est à un niveau bien en dessous de la période ante-1993. Hormis le fait qu'il est désormais "impossible" de critiquer Israël, comme l'a si bien montré et critiqué Pascal Boniface il y a une quinzaine d'années, l'establishment politico-militaire israélien a versé dans une violence et un cynisme sans précédent. Mais surtout, comme l'explique Michel Warschawski, journaliste, militant pacifiste d'extrême-gauche et anti-sioniste israélien, c'est la société israélienne dans sa grande majorité qui a sombré dans le messianisme et le militarisme, considérant le peuple palestinien comme moins que rien et estimant que le laisser exister est déjà beaucoup... Si l'auteur considère que le 5 novembre 1995 (assassinat de Rabin) marque un tournant dans la politique palestinienne de l'Etat hébreux, il va en fait beaucoup plus loin et remonte à la nature contradictoire (Juif et démocratique) de l'Etat israélien où, comme on le sait, l'armée joue un rôle politique sans précédent, où "les officiers supérieurs font des déclarations politiques, menacent le gouvernement et s'adressent directement au peuple".

A l'heure où la Knesset vient de voter une loi définissant Israël comme "foyer national juif", officialisant (sans le reconnaître bien entendu) une politique d'apartheid, il est essentiel de lire cet ouvrage écrit en 2003 et constituant à la fois un réquisitoire contre les politiques appliquées à la population palestinienne et un plaidoyer pour une société israélienne plus humaine. Un livre coup de poing.  J. N

"La dégénérescence d'Israël, ce n'est pas seulement sa militarisation extrême et le messianisme nationaliste qui dominent le discours politique actuel. C'est aussi (...) un pourrissement de tout ce qui distingue une société civilisée d'un gang de voyous. (...) Le problème d'Israël n'est pas tant le poids des partis religieux et de leur idéologie dans l'appareil d'Etat, que l'absence de mouvement véritablement laïc et démocratique. (...)

 

Michel Warschawski, A tombeau ouvert. La crise de la société israélienne, Paris, La Fabrique, 2003, 125 p.

25/08/2018

La guerre de 1948

31C9K3RDDHL._AC_US218_.jpgOn aurait pu penser à la confrontation de deux points de vue opposés mais il ne s'agit pas de cela. Historien, professeur d'Université, faisant partie des "nouveaux historiens" israéliens mais également marxiste et anti-sioniste, Ilan Pappé propose - nouvelles archives accessibles à l'appui - une nouvelle histoire de la création de l'Etat d'Israël en mai 1948 et de la première guerre israélo-arabe qui s'en est suivie, une histoire plus axée sur les développements politiques que vers les aspects militaires. La raison est que "le destin de cette guerre s'est joué entre les politiciens des deux bords, avant même que le premier coup de feu ait été tiré. La seconde est que l'échec des parties à conclure une paix globale, après la guerre, est la principale raison du conflit israélo-arabe actuel" (p. 8).

515rpBbV2sL._AC_US218_.jpgHistorien palestinien qui a enseigné à Oxford, Harvard et à l’Université américaine de Beyrouth, secrétaire général de l'Institut des études palestiniennes depuis sa fondation en 1963, Walid Khalidi retrace pour sa part l'histoire de la guerre qui a suivi la proclamation de l'Etat hébreux le 15 mai 1948. La nouveauté ici est qu'il bat en brèche deux récits mythiques liés à cette guerre et défendus par chacun des deux bords. Selon l'historiographie officielle israélienne, Israël affrontait les armées de cinq Etats arabes (Egypte, Transjordanie, Irak, Syrie, Liban), supérieures en effectifs et en armement sophistiqué. Pour les historiens arabes, les armées arabes l'auraient emporté s'il n'y avait pas eu un premier cessez-le-feu imposé par les grandes puissances, permettant à Israël de se réorganiser puis de l'emporter.

Voici donc deux ouvrages précieux qui se complètent, la description minutieuse de la guerre (Khalidi) s'accouplant parfaitement à une histoire politique et diplomatique détaillée (Khalidi). Deux ouvrages indispensables pour qui veut dépasser les fantasmes irrationnels (arabes comme israéliens) et comprendre comment l'Etat hébreux a pu être constitué au milieu de régimes arabes cyniques, incompétents (et ne s'intéressant à la question palestinienne que dans le sens d'un renforcement de leur puissance), comment ce dernier l'a emporté en 1948-1949, et pourquoi le conflit israélo-palestinien n'est toujours pas résolu 70 ans plus tard.  J. N

 Ilan Pappé, La guerre de 1948 en Palestine. Aux origines du conflit israélo-arabe, Paris, La Fabrique, 2000 (1992), 388 p. Traduit de l'anglais par Michel Luxembourg.

Walid Khalidi, 1948. La première guerre israélo-arabe, Beyrouth, Etudes palestiniennes, Paris, Actes Sud, 2013 (1998), 163 p. Traduit de l'arabe par Farouk Mardam-Bey.

20/08/2018

La Corée du Nord à bicyclette

decrescenzo éditeurs,corée du nord,john everardContrairement à ce que pourrait laisser entendre le titre, il ne s'agit pas d'un road trip à bicyclette en Corée du Nord. Ancien diplomatique britannique, John Everard a été ambassadeur dans ce pays de 2006 à 2008. Désirant aller au-delà des "on dit" et des fantasmes et clichés qui circulent sur cet Etat autoritaire et déviant, Everard ne s'est pas contenté de jouer son rôle d'ambassadeur. Il a beaucoup bougé, parlé à beaucoup de monde (ce qui est assez rare pour un étranger en Corée du Nord). C'est ainsi qu'il a systématiquement confronté ce qu'il a vu et ce qu'il a entendu, parlant toujours (et c'est un plus qui montre qu'il n'y a pas ici de tentative de propagande - dans un sens comme dans un autre), avec beaucoup de prudence. Et c'est ce qui l'honore car il a bien saisi que tout portrait dressé d'un pays ne peut être que subjectif. Hormis le fait que le portrait dressé est très global (géopolitique, rapport au monde, accès des habitants à la nourriture et à l'électricité...etc), le livre est divisé en parties et chapitres indépendants les uns des autres (société, régime, économie, étrangers en Corée du Nord...etc.), ce qui permet au lecteur de passer à telle ou telle rubrique sans problème. A l'heure où la Corée du Nord de Kim Jung-un fait à nouveau parler d'elle (esquisse de rapprochement avec la Corée du Sud, rencontre au sommet avec Donald Trump), lire cet ouvrage est précieux pour ceux qui s'intéressent à un pays que finalement, on ne connaît que très peu. J. N

John Everard, La Corée du Nord à bicyclette. Un diplomate à Pyongyang, Fuveau, Decrescenzo éditeurs, 2018, 317 p.