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01/04/2018

Limonov

41IHoHynnEL._SX300_BO1,204,203,200_.jpgC'est un personnage complexe, fascinant et polymorphe dont l'écrivain et réalisateur français Emmanuel Carrère dresse une biographie romancée. Truand à Kharkov (Ukraine), poète à Moscou, SDF puis domestique d'un milliardaire à New York (années 1970), écrivain et journaliste à Paris (années 1980), dissident puis prisonnier politique en ex-URSS, Limonov fonde en Russie le Parti national-bolchevique (1993), à l'heure où les idéologies politiques se cherchent un nouveau souffle (l'URSS n'est plus et la guerre froide est terminée) et viennent même à se mélanger. On parle à cette époque d'alliance "rouge-brun". En 2012, Edouard Limonov, personnage haut en couleurs, tente même - en vain - de se présenter à l'élection présidentielle russe de 2012.

Auparavant, il est en Bosnie-Herzégovine lors de la guerre civile (1992-1995). Les images vidéo le montrent discutant avec Radovan Karadzic (dont les troupes serbes font le siège de Sarajevo) puis tirant une rafale de kalachnikov en direction de la ville-martyr qui subit plus de trois mois de siège militaire. Après cet épisode, l'écrivain sulfureux n'est plus édité en France et tombe dans l'oubli. C'est justement le livre de Carrère - lauréat du Prix Renaudot en 2011 - qui refait parler de Limonov, le réhabilitant relativement (certains de ces romans sont réédités en France).

Au-delà d'un récit sur la trajectoire trouble d'un personnage hors du commun, détestable et attachant à la fois, ce roman est beaucoup de choses. D'après Emmanuel Carrère, la vie de Limonov "symbolise bien les rebondissements de la seconde partie du XXème siècle". En effet, hormis un essai sur la Russie du XXème siècle, le récit fournit des clés de compréhension sur le basculement du monde sociopolitique à la fin du XXème siècle. Nous avons été littéralement transportés par cette histoire passionnante de bout en bout et fort instructive.  J. N, N. A.

Emmanuel Carrère, Limonov, FOLIO, 2013 (édité pour la première fois en 2011), 489 p.

10/01/2018

Tout sur Mein Kampf

téléchargement.jpgLorsque la "bible des nazis", ouvrage écrit par Adolf Hitler, le plus grand criminel de tous les temps, tombait le 1er janvier 2016 dans le domaine public, une polémique éclatait en France en ce qui concerne l'impact de cette décision. Entre les "pour" et "contre" une diffusion gratuite et donc largement accessible, Claude Quétel (historien, directeur de recherche au CNRS et ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen) a préféré dépasser ce débat (qui à notre sens n'a pas lieu d'être) et proposer une réflexion en 10 questions (voir ci-dessous) sur la genèse et l'influence du discours haineux d'Hitler, permettant au lecteur de saisir ce qu'il représente essentiellement. Bien lui en a pris. Dans un style limpide (comme l'affirme d'ailleurs la quatrième de couverture) qui n'enlève rien au côté rigoureux et académique, il permet aussi bien aux spécialistes qu'aux néophytes de bien comprendre toutes les dimensions d'un livre bien trop fantasmé et souvent pris pour ce qu'il n'est pas. A lire absolument pour ceux qui veulent comprendre à la fois le contexte sociopolitique de l'époque, le parcours ante-IIIème Reich de Hitler et ce que "vaut" véritablement ce livre abject.  J. N

Claude Quétel, Tout sur Mein Kampf, Paris, Perrin, 2017, 278 p.

 

1. Qui était Hitler avant Mein Kampf ?

2. Comment Mein Kampf est-il né ?

3. Que dit Mein Kampf ?

4. Mein Kampf annonce-t-il les crimes à venir du IIIe Reich ?

5. Mein Kampf est-il le seul livre de Hitler ?

6. Quelle a été la diffusion de Mein Kampf en Allemagne ?

7. La France a-t-elle ignoré Mein Kampf ?

8. Quels autres pays ont publié Mein Kampf ?

9. Mein Kampf a-t-il été évoqué au cours du procès de Nuremberg ?

10. Qu'est devenu Mein Kampf jusqu'à nos jours ?

06/01/2018

Dans la dèche au Royaume enchanté

téléchargement.jpgDans un monde futuriste, la société Bitchum a créé une technique rendant les humains virutellement immortels grâce à un système de sauvegarde régulière du cerveau (comme pour un disque dur) greffé ensuite sur la personne défunte. Alors que tout le monde est connecté par son esprit à un réseau central (sorte de matrice), le système monétaire n'existe plus, remplacé par un système de réputation et de popularité... L'histoire débute avec Julius qui travaille à Disney World et qui se fait assassiner. Ses soupçons se portent immédiatement sur Debra, une concurrente.

Considéré par le magazine Forbes comme une des personnalités les plus influentes du web, le blogueur Cory Doctorow (qui milite également pour des lois moins contraignantes concernant les droits d'auteur sur internet (1)) propose pour son premier roman un croisement entre polar, reflexion sur les réseaux sociaux et leur impact sur la société (2), et cyberpunk, où l'immersion de l'humanité dans un gigantesque système électronique (3) n'est pas sans rappeler des oeuvres comme Le passeur (1993) de Lois Lowry, Neuromancien (1980) de William Gibson, Ubik (1969) de Philip K. Dick ou encore Simulacron 3 (1964) de Daniel F. Galouye. Plus un tour de force qu'un chef-d'oeuvre, ce roman croise donc et subtilement plusieurs tendances de la science-fiction moderne couplées au roman noir, et a valu à son auteur le prix Locus du meilleur premier roman. Stimulante, l'oeuvre - assez courte - se lit d'une traite. J. N

Cory Doctorow, Dans la dèche au Royaume Enchanté, Folio SF, 2008, 230 p.

Paru pour la première fois en 2003 sous le titre original Down and Out in the Magic Kingdom.

- Prix Locus du meilleur premier roman - 2003

- Nomination au Prix Nebula - 2004

 

(1) Son roman est téléchargeable gratuitement.

(2) On peut considérer que le thème est avant-gardiste vu la date de parution du roman (2003).

(3) ou ce qu'un internaute a appelé dans son commentaire sur Amazon "une "pannexion" de l'humanité dans un internet ubiquitaire".

 

02/01/2018

Rêve de fer

norman spinrad,hiter,rêve d'acier,uchronieAvant Eric-Emmanuel Schmitt et sa fameuse biographie de 2001 (1), Norman Spinrad avait déjà opéré sur le personnage d'Hitler une uchronie en 1972. Né en Autriche en 1889 puis émigré en Allemagne, il servit dans l'armée allemande durant la Première guerre mondiale. "La paix venue, il fit une brève incursion dans les milieux radicaux munichois avant d'émigrer à New York en 1919 (2). Son parcours new-yorkais le mènera à épouser le métier d'écrivain. "La Convention mondiale de Science-fiction lui décerna en 1955 un Hugo posthume pour Le Seigneur du Svastika, terminé juste avant sa mort en 1953" (3). C'est sur cette notice biographique que débute ce roman culte de Spinrad (4) qui se poursuit par une mise en abîme (l'oeuvre d'Hitler dans l'oeuvre...) puis en postface par une étude brillante sur la structure et la symbolique du roman écrit par un auteur fictif. Allégorie géniale et extrême du IIIème Riech hitlérien, Rêve de fer est une parodie subtile du nazisme ainsi qu'un exercice de style original et réussi. Extrait : 

"Le traité de Karmak doit être dénoncé et tous les mutants et métis extirpés à jamais du dernier pouce de territoire helder. (...) Les lois sur la pureté raciale doivent être sévèrement renforcées et, tenant compte du relâchement qui a permis dans le passé à toutes sortes d'agents contaminants de s'infiltrer dans le creuset génétique de Heldon, des camps de sélection devront être installés dans tout le pays, où seront tous les Helders dont la pureté génétique souffre la moindre contestation, jusqu'à ce que leur généalogie et leur structure génétique aient été rigoureusement examinées. Ceux dont sera prouvée la contamination génétique auront le choix entre l'exil et la stérilisation." (5)

 

Norman Spinrad, Rêve d'acier, FOLIO SF, 2014, 383 p.

Paru pour la première fois en 1972 sous le titre original The Iron Dream.

- Prix Apollo - 1974

 

(1) Il s'agit de deux récits en parallèle, une biographie romancée d'Adolf Hitler et une biographie uchronique d'Adolf H.

(2) p. 19.

(3) p. 20.

(4) Auteur américain de science-fiction, Spinrad (né en 1940) fait partie de la nouvelle vague littéraire de science-fiction (1965-1980), née en Angleterre et répandue ensuite aux Etats-Unis. Ayant pour objet principal de renouveler les thèmes traités ainsi que les structures narratives. Font partie de cette vague Philip K. Dick, Thomas M. Dish, Philip José Farmer, Christopher Priest, Ursula K. Le Guin, Stanislaw Lem, Robert Silverberg...

(5) p. 183-184.

31/12/2017

Brèche dans l'espace / En attendant l'année dernière

en attendant l'année dernière,philip k. dick,science-fiction,brèche dans l'espacePreuve en est du parcours littéraire chaotique de notre auteur de S.F préféré, ces deux romans que nous avons lus à la suite lors de vacances passées dans les Cyclades n'ont rien à voir l'un avec l'autre alors qu'ils furent rédigés la même année. C'est rappeler ici que Philip K. Dick a eu des périodes très différentes d'écriture, la seconde étant inaugurée au début des années 1960 avec le cultissime Le maître du Haut-chateau, lauréat du prestigieux Prix Hugo (1). Pourtant Brèche dans l'espace ressemble plus, au niveau de sa structure linéaire et de son intrigue peu complexe à des livres comme Les marteaux de Vulcain ou Les chaînes de l'avenir. Alors qu'il est urgent de trouver une solution au problème de la surpopulation de la terre, des scientifiques découvrent par hasard un portail ouvrant sur un nouvel eldorado. Pour le meilleur ou pour le pire ? Agréable à lire, l'histoire se lit d'une traite et on ne s'y perd jamais.

en attendant l'année dernière,philip k. dick,science-fiction,brèche dans l'espaceC'est la différence essentielle avec En attendant l'année dernière (un titre très "dickien") où dans un monde futuriste, Gino Molinari, secrétaire des Nations unies et "despote obligé" fait de son mieux pour préserver l'humanité d'une destruction imminente. Pour cela, il fait alliance avec les Lilistariens pour se prémunir contre les attaques des Reegs, une race insectoïde... Le personnage principal, Eric Sweetscent, chirurgien spécialisé dans les greffes d'organes et médecin personnel de Molinari a la lourde tâche de sauver l'humanité (rien que ça) tout en tentant de se défaire de l'emprise de Kathy, son épouse envahissante. Tous deux sont amenés à consommer du JJ-180, une drogue à double tranchant. Rendant accro et attaquant le cerveau, celle-ci permet en même temps de se déplacer dans le temps, à moins qu'il s'agisse de voir l'avenir ou encore d'être transposé dans des univers parallèles, ou tout à la fois... C'est là que le lecteur se perd. Délires spatio-temporels, drogues altérant la réalité, réflexion philosophique sur l'humanité mais également sur la place de la technologie, récit traitant de l'avenir de l'humanité sur fond de guerre interstellaire mais centré sur quelques personnages au bord de la rupture, délires mystiques (2)... Du pur Philip K. Dick qu'on adore et qui préfigure des œuvres cultes comme Ubik (1969) et Substance mort (1977). J. N

 

Brèche dans l'espace, J'ai Lu, 2014, 251 p. (Paru pour la première fous en 1966 sous le titre original Crack in the space).

En attendant l'année dernière, J'ai Lu, 2015, 287 p. (Paru pour la première fois en 1966 sous le titre original Now wait for last year).

 

(1) Ce roman phare est actuellement décliné en série TV par le site Amazon. La saison 3 devrait débuter en 2018.

(2) Le secrétaire des nations unies épouse les maladies des humains jusqu'à en mourir puis ressusciter à chaque fois, soit une dimension très religieuse qui rappelle la période mystique de l'auteur.