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07/08/2018

Les joueurs de Titan

philip k. dick,les joueurs de titan,science-fictionDans un monde dépeuplé, après qu'un virus ait éradiqué la majorité de la population de la planète, les habitants sont tous quasiment stériles mais également immortels... Ces humains partagent la Terre avec une race extraterrestre, les Vugs. Ces derniers ont mis en place le Jeu, sorte de poker ultramoderne, vous permettant de posséder des régions entières ou de perdre votre femme. L'histoire n'est pas sans rappeler le premier roman de Philip K. Dick, Loterie solaire (1955), dans lequel une loterie géante vous permettait de devenir le Meneur de jeu, c'est-à-dire gouverner le monde.

Le point commun entre ces deux romans est l'imagination par Dick d'une société d'une part bâtie sur le divertissement, ou ce que Guy Debord avait appelé "La société du spectacle", et d'autre part qui proscrit les sentiments et a pour mots d'ordre cynisme et pragmatisme. Comme Loterie solaire, ce polar futuriste se lit d'une traite, et questionne au passage les thèmes de la télépathie et de l'usage de drogues chimiques. Surtout, de par les petites touches futuristes qui apparaissent en filigrane (des ascenseurs et des voitures qui parlent, des voitures volantes, des distances géographiques qui ne signifient plus vraiment grand chose), ce roman plus ou moins dystopique nous rappelle que le futur c'est déjà demain.  J. N

Philip K. Dick, Les joueurs de Titan, J'ai Lu, 2014, 255 p.

Paru pour la première fois en 1963 sous le titre original The Game Players of Titan.

28/07/2018

La peur des barbares

tzvetan todorov,la peur des barbares,civilisation,barbarie,islamisme,islamophobie,identités collectives"Dans le monde d'aujourd'hui et de demain, les rencontres entre personnes et communautés appartenant à des cultures différentes sont destinées à devenir de plus en plus fréquentes ; leurs participants sont les seuls à pouvoir empêcher qu'elles se transforment en autant de conflits. Avec les moyens de destruction dont nous disposons actuellement, leur embrasement pourrait mettre en danger la survie de l'espèce humaine. C'est pourquoi il est nécessaire de tout faire pour l'éviter. Telle est la raison d'être du présent livre". (1)

Pour ce faire, l'éminent historien, philosophe, sociologue et essayiste Tzvetan Todorov (1939-2017) nous éclaire sur plusieurs thèmes qui constituent les chapitres de son essai : 1.Barbarie et civilisation ; 2.Les identités collectives ; 3.La guerre des mondes ; 4.Naviguer entre les écueils (évocation de plusieurs cas particuliers de conflits intérieurs aux sociétés européennes ; 5.L'identité européenne. A travers ces notions, l'auteur a voulu "échapper aux approximations et aux amalgames, aux manichéismes et à la désignation de boucs émissaires, ainsi qu'à la posture avantageuse de redresseur de torts" (2).

Car c'est bien là le problème de la plupart des humains : une vision manichéenne du monde et une incapacité à faire du discernement... Dix ans après sa parution, cet ouvrage demeure d'actualité (humiliations subies par des pays de la part de grandes puissances politiques, guerres civiles et régionales, Etat islamique...etc.). Il a également le grand avantage d'être accessible (de par son écriture claire et agréable) à un large public. Une réflexion incisive qui nous permet d'aborder de manière globale et objective les enjeux du monde actuel.  J. N

Tzvetan Todorov, La peur des barbares. Au-delà du choc des civilisations, Paris, Robert Laffont, 2008, 312 p.

 

(1) p. 24.

(2) p. 26.

25/07/2018

Le bal des schizos

philip k. dick,le bal des schizos,dystopie,we can build youUne fois le roman terminé, la première constatation est que le titre n'a (presque) rien à voir avec le contenu. Ça arrive souvent, surtout chez Philip K. Dick (vu la bizarrerie de certains de ses titres de romans) mais là c'est vraiment trompeur. Là où on s'attendait à un trip de schizophrénie, il s'agissait en fait de quelque chose d'ostensiblement différent. Dans une Amérique dystopique (une fois n'est pas coutume), toute manifestation chez les humains de dépression ou de trouble mental est scrutée par les autorités et vaut à la personne en question d'être internée dans un centre rigoureusement contrôlé par le Bureau Fédéral de Santé Mentale. Le principal protagoniste, Louis Rosen, personnage en rupture de ban (c'est souvent le cas chez Philip K. Dick), voit son monde basculer le jour où il rencontre Pris, schizophrène qui vient d'être libérée par le système. Avec son père, celle-ci fabrique des automates plus vrais que nature. Après Edwin Stanton, héros de la guerre de Sécession, ces derniers s'attaquent ni plus ni moins à Abraham Lincoln. Alors qu'il semble y avoir une absence totale de sentiments chez Pris, les automates en question semblent plus humains que les humains eux-mêmes. C'est là où le titre en anglais prend tout son sens : "We can build you" (difficile en effet d'effectuer ici une traduction littérale - "nous vous façonnons" ?). Étrange monde où d'une part, les humains sont déshumanisés et les robots humanisés... C'est autour de ce thème que s'articule l'histoire (et où le titre en français n'a donc pas de sens). Un thème à deux volets qui prolonge une oeuvre comme Blade Runner (1968) et préfigure une autre, Radio Libre Albemuth (1985)J. N

Philip K. Dick, Le bal des schizos, Paris, J'ai lu, 2014, 283 p.

Paru pour la première fois en 1972 sous le titre original We can build you.

14/07/2018

La démondialisation

mondialisation,démondialisation,jacques sapir,économie,libre-échangeÉconomiste français de renommée internationale, Jacques Sapir décortique ici le fonctionnement de la mondialisation économique - processus irréversible depuis la fin de la guerre froide (ou ce qu'on appelle la troisième mondialisation), en s'attardant plus spécifiquement sur la mondialisation marchande et la mondialisation financière. Si la démondialisation est dans son acception large un concept mettant en avant une autre forme de mondialisation économique (à l'instar du mouvement altermondialiste) et stigmatisant les effets néfastes du libre-échange et de la dérégulation des finances, les définitions diffèrent toutefois. Pour Jacques Sapir, il s'agit de mettre en place une protection commerciale ou du protectionnisme, se traduisant par un retour aux barrières douanières, ce qui permettrait d'atténuer la concurrence au niveau mondial, celle-ci ne profitant qu'aux pays les plus riches. Si l'analyse est très technique, elle n'en demeure pas moins accessible à un large public. Les défenseurs ardents de la mondialisation ont clamé à cors et à cris que celle-ci profiterait à l'ensemble de la planète; il n'en a rien été en fait. Démontrant cela, cet ouvrage indispensable nous permet de comprendre les aberrations des théories néolibérales et du libre-échange.  J. N

Jacques Sapir, La démondialisation, Paris, Seuil, 2011, 272 p.

11/07/2018

Ubik

41JsuE65Z2L._SX303_BO1,204,203,200_.jpg"Ubik est un vertige contagieux. On lit Ubik, et on devient bizarre. Le réel se dissout, l'imaginaire se répand partout, le monde se fait cosa mentale, c'est éprouvant et c'est ineffaçable. [...] Il serait pâlot de préciser que c'est un chef-d'oeuvre."

Evelyne Pieiller, Le Magazine littéraire

S'il faut lire un seul roman de Philip K. Dick (que nous avons lu à la plage), c'est bien celui-là... Sans doute, tout a été déjà dit... Dick y dépeint une société en dépérissement accéléré, victime de son ultra-consumérisme et dominée par une technologie omniprésente. Paranoïa permanente, bataille entre télépathes, mondes parallèles, réalité vs illusion, dose de mysticisme... Tous les thèmes chers à l'auteur se retrouvent dans ce roman cultissime. En 2005, le magazine américain Time le classait parmi les 100 romans les mieux écrits en anglais depuis 1923. Complexe, prenant (voire absorbant), déroutant, c'est un roman dont on ne sort indemne, si on s'intéresse à cette SF très personnelle. Le critique de Time, Lev Grossman a affirmé à propos du livre que c'est "une histoire d'horreur existentielle profondément troublante, un cauchemar dont vous ne serez jamais sûr de vous être réveillé".  J. N

Philip K. Dick, Ubik, Paris, 10/18, 2014, 285 p.

(publié pour la première fois en 1969)