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15/05/2018

Je suis vivant et vous êtes morts

je suis vivant et vous êtes morts,emmanuel carrère,philip k. dick"L'écriture d'Emmanuel Carrère est extraordinairement hypnotique tout en paraissant simple. Il possède cet art de rendre intéressant, vital, symbolique chaque destin qu'il décide de raconter."       Le Figaro

Nous avons finalement attendu de lire 25 romans (et nombreuses nouvelles) de Philip K. Dick, notre auteur fétiche, avant de s'attaquer à cette biographie de l'auteur décédé en 1984 réalisée par Emmanuel Carrère. Ce dernier dont nous apprécions énormément le style d'écriture - que nous avons découvert dans Limonov - mêle intimement biographie romancée de la vie de Philip K. Dick (Carrère réussit intelligemment à découper la vie de Philip K. Dick en périodes spécifiques) et l'oeuvre de ce dernier, commentée abondamment. Parmi les œuvres abordées, citons celles-ci : Ubik, Le maître du haut château, Le dieu venu du Centaure, Au bout du labyrinthe, Substance mort, Glissement de temps sur Mars, Les clans de la lune alphane (rien que ça). Un tour de force brillamment réussi. J. N, N. A.

Emmanuel Carrère, Je suis vivant et vous êtes morts, Eidtions du Seuil, Points, 2015 (1993), 411 p.

05/05/2018

De la résistance à la guerre civile en Grèce

de la résistance à la guerre civile en grèce. 1941-1946,joëlle fontaine,grèce,communisme,seconde guerre mondialeDiplômée de Sciences Po, agrégée, et spécialiste de la Résistance grecque (Seconde guerre mondiale), Joëlle Fontaine, fait bien de retracer les jalonnements politiques survenues en Grèce durant la période 1941-1946, période méconnue du grand public. Elle y explique comment la Résistance grecque (1), l'une des plus actives et efficaces de l'Europe occupée par les nazis, fut systématiquement court-circuitée par les Anglais (on ne percevra plus jamais Winston Churchill de la même manière) en pleine résistance à l'occupant allemand, avant d'être définitivement massacrée vers la fin de la guerre par ces mêmes Anglais travaillant main dans la main avec les collaborateurs.

Cette période, racontée de manière on ne peut plus claire et s'appuyant sur une documentation très solide, est le prélude de la guerre civile qui dura du 12 février 1946 au 16 octobre 1949 et qui opposa le Parti communiste de Grèce (appuyé par l'URSS et la Yougoslavie) au Royaume de Grèce (2), soutenu fort logiquement par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, désireux coûte que coûte d'éradiquer la "menace communiste" dans un contexte de début de Guerre froide et du bipolarité du monde (3).

Comprendre l'état politique et économique de la Grèce d'aujourd'hui mais également la période de la dictature des colonels (1967-1974) passe nécessairement par appréhender cette période critique qui annonce que la Grèce sera maintenue "dans le statut de pays dominé qui est le sien depuis sa création, avec la complicité de ses gouvernements successifs" (p. 360). Un ouvrage précieux.

Extraits  

"On ne peut comprendre ce qu'est la Grèce actuelle en ignorant toutes ces années de guerre et de dictature qui ont laissé des traces profondes. Elles expliquent en partie le maintien jusqu'à aujourd'hui d'une armée surdimensionnée par rapport à ce petit pays. Elles ont retardé la modernisation des structures économiques et sociales qui s'est faite dans la plupart des pays européens après la guerre. Elles ont au contraire permis le maintien en place d'élites parasites, complices de la domination des grandes puissances, entretenant la corruption et le clientélisme à l'origine du gonflement de la fonction publique. [...]

La tutelle financière et politique actuellement imposée à la Grèce par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, le scandale déclenché en novembre 2011 par la timide tentative du premier ministre grec pour consulter le peuple et "l'invitation" humiliante à y renoncer qui s'en est suivie - tout cela rappelle que la Grèce ne dispose que d'une souveraineté très limitée, comme elle en a fait maintes fois la douloureuse expérience au cours de son histoire." 

J. N

 

Joëlle Fontaine, De la résistance à la guerre civile en Grèce. 1941-1946, Paris, La Fabrique, 2012, 373 p.

 

(1) Le Front de libération nationale (ELAM) et sa branche armée, l'Armée populaire de libération nationale grecque (ELAS) constituaient le principal mouvement de résistance à l'occupation nazie. Ils étaient contrôlés par le Parti communiste de Grèce (KKE).

(2) La Grèce fut politiquement un Royaume durant trois périodes : 1832-1924, 1935-1941 et 1944-1973. Le retour en Grèce du roi Georges II en septembre 1946 est assuré par les Anglais.

(3) C'est le 5 mars 1946 que Winston Churchill popularise l'expression "rideau de fer", désignant une Europe divisée en deux blocs politiques et idéologiques antagonistes.

04/04/2018

Le syndrome de Vichy

vichy,le syndrome de vichy,henry rousso,résistancialisme,négationnisme,régime de vichy,france,collaboration,pétain,mémoire,historienS’il est un ouvrage traitant des mémoires de la Seconde guerre mondiale en France (thème enseigné au lycée en classe de Terminale) qui doit être lu, c’est bien celui-ci. Inventeur des néologismes négationinisme et résistancialisme, Henry Rousso, spécialiste de la Seconde guerre mondiale et directeur de recherche au CNRS, retrace minutieusement l’histoire de la mémoire d’une époque troublée, celle s’étalant de 1940 à 1944 et marquée par l’occupation allemande et le régime de Vichy. Quatre années que certains voudraient voir rayées de l’histoire de France. A lire absolument pour qui veut comprendre avec précision et objectivité les mémoires plurielles et contradictoires d’une période qui n’a pas finis de faire débat.  J. N

Extraits

« La mémoire est un vécu, en perpétuelle évolution, tandis que l’histoire – celle des historiens – est une reconstruction savante et abstraite, plus encline à délimiter un savoir constitutif et durable. La mémoire est plurielle en ce sens qu’elle émane des groupes sociaux, partis, Eglises, communautés régionales, linguistiques ou autres. De ce point de vue, la mémoire dite « collective » est à première vue une chimère, car somme imparfaite de mémoires éclatées et hétérogènes. L’histoire en revanche a une vocation plus universelle, sinon plus œcuménique. Malgré les conflits, elle est une propédeutique de la citoyenneté. La mémoire, parfois, est du registre du sacré, de la foi ; l’histoire est critique et laïque. La première est sujette au refoulement, tandis que, toujours a priori, rien n’est étranger au territoire de l’historien ».

[…]

« Les Français semblent refouler cette guerre civile, aidés en cela par l’établissement d’un mythe dominant : le résistancialisme. Le terme, forgé à la libération par les adversaires de l’épuration, a ici une autre acception. Il désigne un processus qui a cherché : primo la marginalisation de ce que fut la régime de Vichy et la minoration systématique de son emprise sur la société française, y compris dans ses aspects les plus négatifs ; secundo, la construction d’un objet de mémoire, la « Résistance », dépassant de très loin la somme algébrique des minorités agissantes que furent les résistants, objet qui se célèbre et s’incarne dans des lieux et surtout au sein de groupes idéologiques, tels les gaullistes et les communistes ; tertio, l’assimilation de cette « Résistance » à l’ensemble de la nation, caractéristique notamment du résistancialisme gaullien ».

[…]

« Le résistancialisme gaullien » […] se définit moins comme une glorification de la Résistance (et certainement pas des résistants), que comme la célébration d’un peuple en résistance que symbolise l’homme du 18 juin, sans l’intermédiaire ni des partis, ni des mouvements, ni d’autres figures de la clandestinité. [Cette vision] tente de se superposer à la réalité autrement plus complexe et composite de l’Occupation. »

 

Henry Rousso, Le syndrome de Vichy. De 1944 à nos jours, Editions du Seuil, Points, 2016 (1990), 417 p.

Publié pour la première fois en 1987.

01/04/2018

Limonov

41IHoHynnEL._SX300_BO1,204,203,200_.jpgC'est un personnage complexe, fascinant et polymorphe dont l'écrivain et réalisateur français Emmanuel Carrère dresse une biographie romancée. Truand à Kharkov (Ukraine), poète à Moscou, SDF puis domestique d'un milliardaire à New York (années 1970), écrivain et journaliste à Paris (années 1980), dissident puis prisonnier politique en ex-URSS, Limonov fonde en Russie le Parti national-bolchevique (1993), à l'heure où les idéologies politiques se cherchent un nouveau souffle (l'URSS n'est plus et la guerre froide est terminée) et viennent même à se mélanger. On parle à cette époque d'alliance "rouge-brun". En 2012, Edouard Limonov, personnage haut en couleurs, tente même - en vain - de se présenter à l'élection présidentielle russe de 2012.

Auparavant, il est en Bosnie-Herzégovine lors de la guerre civile (1992-1995). Les images vidéo le montrent discutant avec Radovan Karadzic (dont les troupes serbes font le siège de Sarajevo) puis tirant une rafale de kalachnikov en direction de la ville-martyr qui subit plus de trois mois de siège militaire. Après cet épisode, l'écrivain sulfureux n'est plus édité en France et tombe dans l'oubli. C'est justement le livre de Carrère - lauréat du Prix Renaudot en 2011 - qui refait parler de Limonov, le réhabilitant relativement (certains de ces romans sont réédités en France).

Au-delà d'un récit sur la trajectoire trouble d'un personnage hors du commun, détestable et attachant à la fois, ce roman est beaucoup de choses. D'après Emmanuel Carrère, la vie de Limonov "symbolise bien les rebondissements de la seconde partie du XXème siècle". En effet, hormis un essai sur la Russie du XXème siècle, le récit fournit des clés de compréhension sur le basculement du monde sociopolitique à la fin du XXème siècle. Nous avons été littéralement transportés par cette histoire passionnante de bout en bout et fort instructive.  J. N, N. A.

Emmanuel Carrère, Limonov, FOLIO, 2013 (édité pour la première fois en 2011), 489 p.

10/01/2018

Tout sur Mein Kampf

téléchargement.jpgLorsque la "bible des nazis", ouvrage écrit par Adolf Hitler, le plus grand criminel de tous les temps, tombait le 1er janvier 2016 dans le domaine public, une polémique éclatait en France en ce qui concerne l'impact de cette décision. Entre les "pour" et "contre" une diffusion gratuite et donc largement accessible, Claude Quétel (historien, directeur de recherche au CNRS et ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen) a préféré dépasser ce débat (qui à notre sens n'a pas lieu d'être) et proposer une réflexion en 10 questions (voir ci-dessous) sur la genèse et l'influence du discours haineux d'Hitler, permettant au lecteur de saisir ce qu'il représente essentiellement. Bien lui en a pris. Dans un style limpide (comme l'affirme d'ailleurs la quatrième de couverture) qui n'enlève rien au côté rigoureux et académique, il permet aussi bien aux spécialistes qu'aux néophytes de bien comprendre toutes les dimensions d'un livre bien trop fantasmé et souvent pris pour ce qu'il n'est pas. A lire absolument pour ceux qui veulent comprendre à la fois le contexte sociopolitique de l'époque, le parcours ante-IIIème Reich de Hitler et ce que "vaut" véritablement ce livre abject.  J. N

Claude Quétel, Tout sur Mein Kampf, Paris, Perrin, 2017, 278 p.

 

1. Qui était Hitler avant Mein Kampf ?

2. Comment Mein Kampf est-il né ?

3. Que dit Mein Kampf ?

4. Mein Kampf annonce-t-il les crimes à venir du IIIe Reich ?

5. Mein Kampf est-il le seul livre de Hitler ?

6. Quelle a été la diffusion de Mein Kampf en Allemagne ?

7. La France a-t-elle ignoré Mein Kampf ?

8. Quels autres pays ont publié Mein Kampf ?

9. Mein Kampf a-t-il été évoqué au cours du procès de Nuremberg ?

10. Qu'est devenu Mein Kampf jusqu'à nos jours ?