22/09/2021
Global Peace Index 2021
Un autre classement - comme on les aime - sur lequel nous avons médité dans notre préparation d'un cours HGGSP pour la classe de Terminale (Thème 2 : la guerre et la paix...) et qui n'est pas sans rappeler le Democracy Index ou l'Indice de perception de la corruption (ne pas oublier bien entendu les limites que présentent ces types de classement).
Le Global Peace Index (GPI) classe les Etats selon leur « niveau de pacifisme ». Ce classement est effectué par le think tank australien Institute for Economics & Peace dont les recherches dans ce cadre sont effectuées en collaboration avec d’autres organismes, notamment le Economist Intelligence Unit, créateur pour sa part du Democracy Index, classement des Etats selon l’état de la démocratie, cité précédemment. Le premier classement fut effectué en mai 2009.
L’indice mesurant le niveau de pacifisme est la synthèse de l’analyse de 23 indicateurs quantitatifs et qualitatifs (conflits internes et externes, relations avec les Etats voisins, niveau de criminalité dans la société, instabilité politique…etc.), chacun mesuré sur une échelle allant de 1 à 5. Plus le score est faible, plus l’Etat en question est pacifique.
Concernant le classement 2020, effectué en 2021, l’IEP affirme que « pour la neuvième année de suite, le pacifisme s’est détérioré, cette année de 0.07%. Mais c’est la seconde plus faible détérioration enregistrée dans l’histoire de l’indice de paix ». Le think tank souligne également que la pandémie de Covid-19 a fortement impacté l’état du pacifisme dans le monde, 5000 manifestations violentes ayant eu lieu dans 158 pays en 2020. Ces événements sont causés par de nombreux facteurs liés entre eux : « les restrictions imposées (Covid-19), des sentiments antigouvernementaux, les confinements, la hausse du chômage et le manque de soutien économique ».
Le classement actuel comprend 163 Etats. Le constat est habituel. Les Etats les mieux classés sont également bien classés dans les autres classements cités. Il s'agit généralement de pays occidentaux, riches et stables politiquemlent. Les pays scandinaves sont souvent là, comme l'Islande, champion du pacifisme et premier de ce classement, et le Danemark (3e). En seconde position figure la Nouvelle-Zélande, également un des pays "les moins corrompus au monde" et les plus démocratiques.
En bas de classement, une première supposition qui n'a rien de fantastique : classé dernier (163e), l'Afghanistan devrait garder cette place d'ici le prochain classement, vue le retour des Talibans au pouvoir fin août 2021. Viennent ensuite - logiquement - des pays pauvres et en guerre (ou presque) : Yémen (162e), Syrie (161e), Soudan du Sud (160e)... Enfin, classé 147ème, le Liban, où tout va mal actuellement, devrait perdre des places d'ici le prochain classement. Effectué en juin 2021, celui-ci est consacré à l'année 2020. Une chose est certaine, d'après l'analyse du think tank, l'esprit de paix continue, hélas, de reculer sur notre planète. J. N.
TOP 10
1. Islande
2. Nouvelle-Zélande
3. Danemark
4. Portugal
5. Slovénie
6. Autriche
7. Suisse
8. Irlande
9. Tchéquie
10. Canada
Les moins bien classés
149. Turquie
150. Pakistan
151. Corée du Nord
152. Venezuela
153. Soudan
154. Russie
155. Centrafrique
156. Libye
157. Congo-Kinshasa
158. Somalie
159. Irak
160. Soudan du Sud
161. Syrie
162. Yémen
163. Afghanistan
Classement complet :
https://www.visionofhumanity.org/maps/#/
19:51 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : global peace index, institute for economics and peace, australie, danemark, islande, nouvelle-zélande, portugal, canada, irlande, afghanistan, liban, syrie, soudan, soudan du sud, centrafrique, yémen, pakistan, turquie, russie
29/02/2020
Indice de perception de la corruption - 2019
L’ONG Transparency International a publié fin janvier 2020 son classement annuel sur la perception de la corruption des Etats. Créée en 1993 et basée à Berlin, cette ONG a pour vocation la lutte contre la corruption des gouvernements et institutions gouvernementales. Définissant la corruption comme « l’abus d’une fonction publique à des fins d’enrichissement personnel », Transparency International jouit d’un rayonnement mondial et possède des sections dans plus d’une centaine de pays.
Communiqué officiel
« Transparency International est l'organisation mondiale, issue de la société civile en pointe de la lutte contre la corruption. Elle rassemble les peuples à travers une puissante coalition mondiale dans le but de mettre fin à l'impact dévastateur de la corruption sur les hommes, les femmes et les enfants dans le monde entier. La mission de Transparency International est d'instiguer des changements jusqu'à ce que le monde soit libre de toute corruption. »
Mode de calcul
Comme il n’y a pas – par définition – de données publiques et exhaustives de la corruption, l’évaluation de la corruption se fonde d’une part sur des indicateurs provenant d’institutions internationales et d’autre part sur des sondages de personnalités provenant des milieux politiques, universitaires et des entreprises. Les Etats sont classés selon une échelle allant de 100 (très peu corrompu) à 0 (très corrompu).
Limites
Il est quasiment impossible de quantifier le phénomène de corruption, qui par ailleurs n’est pas que public. De même, il y a différents types de corruption (même à l’intérieur d’un même pays), qui par conséquent ne sont pas comparables. En outre, les cas de corruption qui concernent le monde des entreprises ne sont pas pris en compte. Enfin, Transparency International reçoit des financements d’entreprises faisant elles-mêmes l’objet de condamnations pour des faits de corruption.
Tendances
Comme dans des classements similaires (Indice de démocratie, Indice de liberté de presse), on retrouve dans le TOP 10 les pays nordiques. Le Danemark est premier (7ème dans le classement des pays selon l'Indice de démocratie, où la Norvège est première. Le monde occidental s'en sort bien, avec des indices peu élevés (voir ci-dessous) mais des pays comme la France et les Etats-Unis ne sont "que" 23èmes (ex-aequo). La Chine est 80ème tandis que la Russie est 137ème, ex-aequo avec le Liban. C'est le Qatar qui se classe le mieux dans le monde arabe (30e).
Dans le bas de ce classement de 179 Etats + Hong Kong (16e), l'Afrique occupe une place importante avec 21 Etats parmi les 37 derniers. On retrouve là des Etats effondrés (Yémen, Somalie, Afghanistan), instables (Soudan, Soudan du Sud, Venezuela, Irak), des régimes quasi-totalitaires (Corée du Nord, Turkménistan), des guerres civiles (Congo-Kinshasa, Libye), et bien entendu une ribambelle de PMA... Bref, là où la corruption est très élevée, il y a fort logiquement une pauvreté très élevée. J. N
Les 10 Etats les mieux classés
1. Danemark
1. Nouvelle-Zélande
3. Finlande
4. Suède
4. Suisse
4. Singapour
7. Norvège
8. Pays-Bas
9. Luxembourg
9. Allemagne
Les 10 Etats les moins bien classés
180. Somalie
179. Soudan du Sud
178. Syrie
177. Yémen
173. Soudan
173. Afghanistan
173. Venezuela
172. Corée du Nord
168. Libye
168. Guinée-Bissau
23:37 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corruption, indice de perception de la corruption, transparency international, indice de corruption, berlin, allemagne, nouvelle-zélande, finlande, suède, suisse, singapour, norvège, pays-bas, luxembourg, somalie, guinée-bissau, yémen, soudan, afghanistan, venezuela, corée du nord, soudan du sud, syrie, congo-kinshasalibye, irak, turkménistan
11/12/2014
Indice de corruption - 2014
La très respectée ONG allemande Transparency International a publié la semaine passée son classement annuel des pays selon l'indice de corruption. Basée à Berlin, cette organisation définit la corruption comme "l'abus d'une fonction publique à des fins d'enrichissement personnel".
Le classement 2014 comprend 175 Etats tandis que ceux de 2013 et 2012 en comportaient respectivement 177 (1) et 176 (2). Modèles de démocratie et d'Etat de droit, les pays scandinaves sont comme chaque année représentés dans le haut du classement, soit les Etats les moins corrompus. En effet, la classification est en ordre croissant et les pays sont classés selon une échelle allant de 100 (corruption extrêmement faible) à 0 (corruption extrême).
Ex-aequo avec la Finlande en 2012 et avec la Nouvelle-Zélande en 2013, le Danemark est cette fois-ci seul premier. Avec un indice de 92, il dépasse la Nouvelle-Zélande, deuxième (91). Viennent ensuite la Finlande (89), la Suède (87), et la Norvège (86). Autre pays nordique, l'Islande est 12ème (79).
Peu de changement également en bas de classement. En 2013, Somalie, Corée du Nord et Afghanistan étaient derniers ex-aequo. Cette fois-ci, les deux premiers cités sont toujours derniers (indice de 8), tandis que l'Afghanistan (172ème) "gagne une place" au profit du Soudan (173ème). Dernier pays indépendant, le Sud-Soudan est 171ème. Hormis la Corée du Nord, les deux autres Etats les plus "totalitaires", l'Erythrée et le Turkménistan, sont respectivement 166ème et 169ème.
Les Etats-Unis sont 17èmes tandis que la France est 26ème. Le pays des droits de l'homme partage cette place avec le Qatar, pays arabe le mieux représenté (viennent ensuite le Bahrain et la Jordanie, 55èmes ex-aequo). En Afrique, le Botswana est comme d'habitude le meilleur élève en la matière (31ème), suivi du Cap-Vert (42e) et des Seychelles (43e). J. N
Les 10 premiers
1.Danemark
2.Nouvelle-Zélande
3.Finlande
4.Suède
5.Norvège
.Suisse
7.Singapour
8.Pays-Bas
9.Luxembourg
10.Canada
Les 10 derniers
175.Somalie
.Corée du Nord
173.Soudan
172.Afghanistan
171.Sud-Soudan
170.Irak
169.Turkménistan
166.Ouzbékistan
.Libye
.Erythrée
Classement complet :
http://www.transparency.org/cpi2014/results
(1) Voir le classement 2013 :
http://eklektik.hautetfort.com/archive/2013/12/03/indice-de-corruption-2013-5237095.html
(2) 182 en 2011, 178 en 2010.
12:41 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : indice de corruption, transparency international, indice de corruption 2014, danemark, suède, norvège, finlande, nouvelle-zélande, suisse, erythrée, somalie, afghanistan, soudan, sud-soudan, corée du nord, irak, france, etats-unis, botswana, cap-vert
29/12/2013
Armadillo
Si les productions relatives à la guerre en Irak sont désormais légion, ce n'est pas le cas pour l'Afghanistan (1). Étrange lorsqu'on le sait que cet Etat est en guerre depuis plus de trente ans : guerre soviéto-afghane (1979-1989), guerres civiles (1989-1996), coalition internationale et guerre de guérilla (2001 - )...etc. Qui plus est, l'Afghanistan des Talibans acquérait une dimension internationale avec les attentats du 11 septembre 2001 et son implication présumée dans cette attaque terroriste de grande ampleur, dirigée contre les Etats-Unis d'Amérique.
Le réalisateur Janus Metz (2) a accompagné le Régiment danois des Grands Hussards, intégré à la Force Internationale d'Assistance et de sécurité (ISAF), opérant en Afghanistan à partir de 2001 sous l'égide de l'OTAN. Basés à Helmand (province du sud-ouest), dans la base militaire d'Armadillo, les soldats danois sont là pour pacifier la zone de leur juridiction, c'est-à-dire traquer les Talibans et apporter dans la mesure du possible une aide aux locaux dont le niveau de vie ne dépasse guère la misère. Mais face à un ennemi presque invisible qui harcèle sans cesse depuis plus de 10 ans les troupes d'occupation, la tâche s'avère rude, surtout lorsqu'on est pas préparé à mener une guerre de guérilla (3). Le cynisme prend dès lors très vite le pas sur les bons sentiments. Le tour de force du réalisateur est tout d'abord, d'avoir tourné un documentaire "en live", puisqu'il a accompagné sur les lieux ce régiment militaire (point de témoignages, juste filmer ce qu'il se passe), ensuite d'avoir du coup risqué sa vie (il dut rédiger son testament en cas de décès), et enfin, de nous immerger pleinement dans l'esprit d'un soldat alors qu'il s'agit d'un documentaire et non d'une fiction. Pour faire court, un docu choc et précieux. J N
Armadillo (Janus Metz Pedersen, Danemark, 2010, 105 min)
- Grand prix - Semaine de la critique - Festival de Cannes 2011
- Meilleur documentaire international - Festival de Zurich 2010
- Meilleur documentaire - Bodil Awards 2011
- Présenté - Festival de Londres 2011
- Présenté - Festival de Toronto 2010
(1) Signalons le documentaire américain Restrepo (2010), réalisé par Tim Hetherington et Sebastian Junger.
(2) Le Danemark présentait pour la première fois à Cannes un documentaire.
(3) L'armée israélienne l'avait appris à ces dépens lors de la guerre qu'elle mena contre le Hezbollah en 2006. Idem pour l'armée américaine dans les rues de Mogadiscio en octobre 1993.
16:00 Publié dans Documentaire, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : armadillo, afghanistan, danemark, helmand, janus metz pedersen
26/12/2013
Failed States Index - 2013
Le think tank américain Fund for Peace (1) publie chaque année depuis 2005 son classement des "Etats faillis" (Failed States). Flou et controversé, le concept définit généralement un Etat failli comme étant incapable aussi bien de maintenir un contrôle sur l'ensemble de son territoire (et d'avoir le monopole de la violence légitime, une idée chère à Max Weber), d'exercer une autorité légitime afin de prendre des décisions collectives, de procurer des services publics, et inapte à interagir avec la communauté internationale comme membre à part entière de cette dernière.
Souvent utilisée par les journalistes et commentateurs politiques pour décrire un Etat qui ne remplit pas les critères objectifs de souveraineté (2), cette notion fut critiquée par le linguiste et philosophe américain Noam Chomsky qui, dans son ouvrage Failed States : The Abuse of Power and the Assault on Democracy (2007), souligne l'ambigüité du concept, applicable selon lui aux Etats-Unis d'Amérique qui représenteraient une menace pour la sécurité internationale.
En théorie des Relations Internationales, cette notion fait suite à d'autres théories convergentes sur le dysfonctionnement de l'Etat. L'américain Robert Jackson parle en 1993 (3) de "quasi-Etat". Tout en détenant une personnalité juridique, cet Etat est privé de prérogatives essentielles (monopole de la violence, ressources économiques), et ne survit que grâce à la bienveillance de la communauté internationale. En 1995, un autre académicien américain, William Zartman, exposait sa théorie de l'"Etat effondré" (collapsed State) (4). Incapable de générer de la cohésion sociale, cet Etat est marqué par le patrimonialisme et la corruption. Les instances officielles sont dès lors concurrencées par des sources de pouvoir alternatives qui remettent en cause sa légitimité (Zartman appliqua ce concept à la Somalie, le Libéria, et l'ex-Yougoslavie). Quatre éléments montrent le caractère effondré de l'Etat :
- Il ne fonctionne plus comme centre de décision, perd sa légitimité, perd le droit de dicter les droits et les finalités collectives de la société.
- Il n'est plus le symbole de l'identité nationale. Il ne peut plus donner un nom à ces habitants et une signification à leurs actions sociales.
- L'organisation politique centrale n'exerce plus son autorité sur l'ensemble du territoire.
- L'Etat, en tant qu'acteur économique, ne dispose plus de capacités extractives et redistributives.
En 2005, est apparue la notion d'"Etat fragile". Elle présente une différence ostensible avec les autres. "Son émergence provient spécifiquement de l'initiative d'organisations : elle n'est pas le fruit de recherches politologiques mais d'une production institutionnelles de normes" (5).
Ainsi, au-delà des nuances existantes, ces quelques notions, sensiblement proches finalement, ont pour dénominateur commun d'évaluer (ou de stigmatiser) l'ampleur de dysfonctionnement d'un Etat reconnu par l'ensemble de la communauté internationale.
Portant sur 178 Etats, le classement de Fund for Peace qualifie d'Etat le plus failli en 2013 la Somalie (1e), suivie de la République Démocratique du Congo (ou Congo-Kinshasa) (2e) et du Soudan (3e). Les Etats les plus faillis de la planète sont fort logiquement des territoires pauvres ou marqués par des conflits militaires (présents ou passés). On retrouve chez les moins faillis les Etats scandinaves, toujours bien placés dans les classements "politiques" d'Etats. La Finlande est "première" (178e), suivie de la Suède (177e) et de la Norvège (176e). Jihad Naoufal
Les 10 Etats les plus faillis
1.Somalie
2.Congo-Kinshasa
3.Soudan
4.Sud-Soudan
5.Tchad
6.Yémen
7.Afghanistan
8.Haïti
9.Centrafrique
10.Zimbabwe
Les 10 Etats les moins faillis
178.Finlande
177.Suède
176.Norvège
175.Suisse
174.Danemark
173.Nouvelle-Zélande
172.Luxembourg
171.Islande
170.Irlande
169.Australie
Classement complet :
http://ffp.statesindex.org/rankings-2013-sortable
(1) Fund for Peace fut fondé en 1957. Basé à Washington D.C, son objectif principal est de prévenir les conflits.
(2) Pour une reflexion sur la souveraineté de l'Etat, Cf. Bertrand Badie, "De la souveraineté à la capacité de l'Etat", in Marie-Claude Smouts, Les nouvelles relations internationales - Pratiques et théories, 1998.
(3) Robert H. Jackson, Quasi-States : sovereignty, international relations and the third world.
(4) William H. Zartman, Collapsed States : The Desintegration and Restoration of Legitimate Authority.
(5) Jean-Marc Chataigner, Hervé Magro, Etats et sociétés fragiles: entre conflits, reconstruction et développement, 2007.
15:00 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fund for peace, etat failli, etat effondré, quasi-etat, etat fragile, william zartman, robert jackson, somalie, soudan, sud-soudan, yémen, zimbabwe, république démocratique du congo, finlande, suisse, suède, norvège, islande, nouvelle-zélande, luxembourg, tchad, afghanistan, haïti, centrafrique