04/03/2022
Ukraine
On se devait bien de s'atteler dans cette catégorie au drapeau de l'Ukraine alors que le territoire de celui-ci a été envahi par la Russie depuis un peu plus d'une semaine. Sans doute est-il trop long de revenir sur les relations tumultueuses entre l'Ukraine et la Russie (qui commencent à se dégrader sérieusement depuis le conflit gazier de 2005) qui elles-même sont une conséquence du rapport de l'Ukraine, plus grand Etat d'Europe (603.549 km²), au pouvoir central soviétique. Rappelons que la collectivisation forcée des années 1930, opérée par le régime stalinien, qualifiée de génocide ("Holodomor") par l'Ukraine n'est reconnue tel quel que par 24 Etats aujourd'hui. Elle a causé entre 2.6 et 5 millions de morts sur le territoire ukrainien.
En termes de géopolitique, l'Ukraine fait, hélas, partie de ce qu'on appelle la "profondeur stratégique" de la Russie (comme le Liban pour la Syrie et l'Afghanistan pour le Pakistan). Alors que l'OTAN s'est élargie vers l'est de manière remarquée depuis la fin de la guerre froide (adhésion de 14 Etats depuis 1999...), la Russie - en reconquête sous Vladimir Poutine et sa nostalgie de l'URSS) - allait reconstituer son hégémonie sur son "étranger proche" : intervention en Géorgie en 2008 puis reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, intervention en Moldavie en 1992 (qui mène à la création de la Transnistrie, intervention militaire également au Tadjikistan (guerre civile en 1992-1996), et finalement intervention militaire en Ukraine à partie de 2014 (annexion de la Crimée, peuplée majoritairement de Russes). L'appui aux forces séparatistes à l'est de l'Ukraine dans la région du Donbas - qui s'ensuivait de l'existence de facto des Républiques de Lougansk et de Donetsk (nous reviendrons rapidement sur leurs drapeaux dans une note séparée), allait logiquement aboutir par la suite à une invasion russe en bonne et due forme. Au plus grand malheur, évidemment, de civils victimes des appétits de puissance d'un Poutine en quête de néo-impérialisme russe.
Officiellement indépendant depuis le 24 août 1991, l'Ukraine a adopté officiellement son drapeau actuel (proportions 2:3) le 28 janvier 1992. Les couleurs jaune et bleu sont attestées dès 1410 lorsqu'elles sont arborées par les forces armées de la voïvodie ruthène (elle est une division administrative du Royaume de Pologne de 1366 à 1772) lors de la Bataille de Grunwald, opposant le Royaume de Pologne-Lituanie à l'Ordre Teutonique le 15 juillet 1410. Ce même drapeau est ensuite hissé en 1848 lors du Printemps des Peuples à Lviv, par le conseil général ruthène, puis utilisé durant la courte indépendance ukrainienne (1917-1920), à la suite de la Révolution bolchevique. Le bleu symbolise le ciel tandis que le jaune représente les champs de blé dans les steppes.
J. N.
14:15 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, drapeau ukraine, russie, urss, holodomor, ruthénie, bataille de grunwald
09/02/2022
Vermont
Avec ce nouveau drapeau bleu américain, nous dépassons la moitié des Etats des Etats-Unis (26). Situé au nord-est et « coincé » entre New York, New Hampshire et le Canada (Québec), le Vermont (capitale : Montpelier) est le 45ème Etat américain par sa superficie (24.923 km²) et un des plus petits également de par sa population (624.000). Son relief montagneux (les Green Mountains y sont situées) et boisé (à 75%) explique le surnom de l’Etat (The Green Mountain State) mais également – entre autres – le drapeau.
En effet, les armoiries comprennent en arrière-plan les Green Mountains et le pin au milieu représente les forêts du Vermont. La vache et les ballots de paille symbolisent pour leur part l’industrie agro-alimentaire (poumon économique de l’Etat). Au dessus de l’écusson figure une tête de daim, représentant la faune de l’Etat. En dessous, la devise de l’Etat (Freedom and Unity) est écrite sur un ruban rouge. De proportions 3 :5, le drapeau actuel fut adopté le 1er juin 1923. J. N.
11:05 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vermont, drapeau vermont, drapeau des etats-unis, etats-unis, drapeau bleu des etats-unis, drapeau du vermont, green mountains
22/10/2021
Azawad
Nous revenons ici sur le drapeau d'un Etat non-reconnu. Il faut dire que les derniers traités remontent à fin 2013. Mais contrairement à la République sahraouie et au Somaliland qui continuent à exister de facto, l'Etat de l'Azawad, territoire recouvrant le nord du Mali (822.000 km²), n'a "existé" que durant quelques temps, proclamé le 6 avril 2012 par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MLNA, créé en octobre 2011). Celui-ci, représentant les Touaregs, ethnie berbère à cheval sur plusieurs Etats (voir carte ci-dessous) et représentant 5% de la population totale du Mali (1), avait déclenché le 17 janvier 2012, la cinquième rebellion touarègue contre le Mali, secondé par les groupes armés islamistes Ansar Eddine et MUJAO (tous deux affiliés à Daech), et AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique).
A la suite de la Guerre du Mali qui s'en est suivie (mais qui se poursuit depuis entre le gouvernement et les islamistes), un accord de cessez-le-feu était signé le 18 juin 2013 entre le gouvernement malien et le MNLA qui ne revendique plus officiellement l'indépendance de l'Azawad. Utilisé officiellement dès le 6 avril 2012, le drapeau est le même que celui du MNLA. De même, il est calqué sur celui de la Palestine, au niveau de la structure (drapeau ci-contre). Toujours sans Etat, l'entité palestinienne est prise comme référence car elle mène un combat, pour une construction étatique, contre un acteur bien plus supérieur militairement.
Qu'en est-il des couleurs ? Elles sont celles du panafricanisme. On apprend ici que deux conceptions se font concurrence, celle qui considère que les couleurs panafricaines sont le vert, le jaune et le rouge, choisies comme hommage au drapeau de l'Ethiopie, seul Etat africain resté souverain au XIXe siècle, et celle du Universal Negro Improvment Association and African Communities League (UNIA), organisation nationaliste noire internationale, fondée le 15 juillet 1914 par Marcus Grey à Kingston (Jamaïque). En lieu et place du jaune, c'est le noir qui est considéré couleur panafricaine. L'UNIA officialisa le choix des trois couleurs en 1920 (drapeau ci-contre).
Conséquence ici : le MNLA engloble sur le drapeau (proportions 1:2) "toutes les couleurs panafricaines" :
- rouge : sang versé par les esclaves, unissant les peuples originaires d'Afrique. Représente également le courage.
- vert : abondance de la nature d'Afrique.
- jaune : richesse spirituelle et matérielle.
- noir : le peuple noir en tant que nation.
J. N.
(1) Nous n'avons pu retrouver, par contre, des statistiques concernant sa proportion au sein de la population de l'Azawad.
14/07/2021
Paranà
Après Tocantins et Minas Gerais, nous avons opté dans cette catégorie récente des drapeaux des Etats brésiliens pour celui de l'Etat de Paranà en raison de sa ressemblance avec le drapeau du Brésil. Situé dans la région sud du pays, cet Etat basé sur l'agriculture comprend 5.4% de la population brésilienne totale (11 millions d'habitants ; superficie : 199.709 km²) et réalise 6.2% du PIB brésilien. La province de Paranà (capitale : Curitiba) fut créée le 19 décembre 1853. Elle était précédemment rattachée à celle de Sao Paulo mais en fut détachée en guise de punition, pour avoir participé à la révolte libérale de 1842. De proportions 7:10, le drapeau fut adopté le 9 janvier 1892 et fut modifié le 31 mars 1947.
Le drapeau est un quadrilatère vert, traversé diagonalement de la droite vers la gauche et de haut en bas par une large bande blanche symbolisant le Tropique du Capricorne (qui traverse le nord du Paranà). Similaire à celui du drapeau brésilien, le cercle bleu est traversé par une bande blanche (suggérant un horizon?). Au dessus de celle-ci figure Alpha Crucis, l'étoile la plus brillante de la Croix du Sud (figurent les 5 étoiles les plus brillantes de la constellation). Le cercle est entouré à gauche du pin du Paranà (emblématique de l'Etat) et à droite de la yerba mate, une espèce végétale de type ilex (comme le houx commun) produisant le maté, une boisson stimulante riche en caféine. Elle est cultivée principalement au sud du Brésil, en Argentine et au Paraguay. J N
19:58 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yerba mate, croix du sud, constellation de la croix du sud, alpha crucis, tropique du capricorne, paranà, etat du paranà, brésil, drapeau paranà
05/07/2021
Ouganda
On s'était toujours demandé ce qu'était cet oiseau au centre du drapeau de l'Ouganda, un des rares drapeaux de pays comportant un oiseau. Non que nous désirons réduire cet Etat africain à ce fait mais la première chose qui nous vient à l'esprit lorsque l'Ouganda est invoqué est le dictateur sanguinaire arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1971 puis évincé suite à la guerre à la guerre ougando-tanzanienne (1978-1979) et exilé en Libye puis en Arabie Saoudite où il décède en 2003. Le personnage est brillamment interprété au cinéma, en 2007, par Forest Whitaker.
Situé dans l'Afrique des Grands Lacs, l'Ouganda (241.550 km² ; 42 millions d'habitants) obtient son indépendance du Royaume-Uni le 9 octobre 1962. L'oiseau en question est une grue royale, symbole national du temps de la domination britannique (1894-1962). Elle vit essentiellement dans les savanes sèches d'Afrique subsaharienne mais également dans des zones plus humides (Ouganda, Kenya, Rwanda). Les couleurs sont celles du Congrès du peuple ougandais, parti politique créé en 1960 et qui mena le pays à l'indépendance.
Les couleurs symbolisent les peuples africains (noir), le soleil d'Afrique (jaune) et la fraternité entre Africains (le rouge, synonyme de sang versé pour l'indépendance, étant un dénominateur commun). La patte levée de la grue indique que l'Ouganda n'est pas figé et avance vers le progrès. De proportion 2:3, le drapeau fut conçu par Cecil Todd, professeur au département des beaux-arts de l'Université de Makerere et adopté officiellement le 9 octobre 1962. J N
15:00 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : idi amin dada, ouganda, drapeau ouganda, grue royale, guerre ougando-tanzanienne, cecil todd, congrès du peuple ougandais