06/08/2019
Macédoine du Nord
Après le Swaziland en 2018, c'est un autre Etat qui a récemment changé de nom. Le 12 février 2019, la Macédoine (capitale : Skopje), pays des Balkans coincé entre la Grèce, la Bulgarie, l'Albanie, la Serbie et le Kosovo (25.713 km² ; 3 millions d'habitants) devenait officiellement la "République de Macédoine du Nord". La raison? Un long contentieux avec la Grèce qui reprochait à cet Etat, né le 8 septembre 1991 de l'éclatement de la Yougoslavie, de s’approprier son héritage culturel par le biais de son nom et de son drapeau national. Après que la Grèce eut suspendu son commerce avec le nouvel Etat (1994), celui-ci modifiait le drapeau en 1995. Mais la question du nom n'était toujours pas réglée (l’appellation Ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM) était validée par l'ONU en 1993) et la Grèce opposait son veto aussi bien à l'adhésion de la Macédoine à l'OTAN (candidate depuis 1999) qu'à son entrée à l'UE (candidate depuis 2004). Après l'Accord de Prespa (12 juin 2018), signé entre la Grèce et la Macédoine, cette dernière changeait donc de nom. Après validation des parlements des deux pays, l'accord entrait donc en vigueur en février 2019. Retour ici sur la problématique du drapeau et du nom du pays.
En août 1992, la Macédoine adopte un drapeau comprenant le "soleil de Vergina" (drapeau ci-contre). Découvert en 1977 à Aigéai (près de Vergina, au nord de la Grèce) par l'archéologue grec Manolis Andronikos dans une tombe royale macédonienne attribuée à Philippe II de Macédoine (382-336 avant J.C), ce symbole serait un emblème de la dynastie des Argéades qui régna sur le Royaume de Macédoine de -700 à -309 (cette interprétation ne fait toutefois pas l'unanimité). Le soleil de Vergina étant un symbole du Royaume de Macédoine (Vergina en fut la première capitale) qui fut à l'origine de l'expansion - sous Alexandre le Grand - de l’hellénisme en Asie (traversée de l'Hellespont puis victoire lors de la Bataille du Granique, en -334), l'Etat grec a contesté avec véhémence sa présence sur ce drapeau, le considérant comme faisant partie exclusivement de son héritage historique et culturel. La Grèce demandait également à ce que le nom Macédoine ne figure pas dans l’appellation officielle de la nouvelle république. Celle-ci était quand même admise à l'ONU le 8 avril 1993 et était reconnue par un nombre conséquent d'Etats dont les Etats-Unis, la Chine et la Russie.
Pour appréhender le problème du nom Macédoine, il est nécessaire de faire un survol historique et géographique de cette dernière. La "première" Macédoine correspond aujourd'hui à la Macédoine grecque (carte ci-contre) - qui recouvre les régions administratives grecques de Macédoine orientale-et-Thrace (en partie), de Macédoine de l'Ouest, de Macédoine centrale, ainsi que la République monastique du Mont Athos (région à statut particulier) - au sud-ouest de la Bulgarie, au sud-est de l'Albanie, et au sud et sud-est de l'Etat actuel de Macédoine du Nord (carte ci-contre). La langue parlée sur ce territoire peuplé de tribus thraces est le macédonien ancien, langue hellénique mais non-grecque. C'est là qu'apparaît le Royaume de Macédoine (VIIe s. avant J.C). Dans sa guerre contre l'Empire perse, Philippe II de Macédoine (382-336 avant J.C) parvient à unifier en 357 toutes les tribus (Grecs, Illyriens, Béotiens notamment) des régions voisines et agrandit son royaume de la Thessalie, de l'Epire, et de la Thrace méridionale (-340).
De même, la proportion dans ce royaume de l'actuelle Macédoine s'agrandit (carte ci-contre). Fils de Philippe II, Alexandre III de Macédoine, dit "le grand", poursuit son oeuvre et étend le royaume jusqu'en Asie. A sa mort, ses généraux se partagent son empire. La dynastie des Antigonides s'octroie la Macédoine qui, à ce moment-là comprend géographiquement ce qui correspond aujourd'hui à la Macédoine du Nord, à la Macédoine grecque, et à l'Oblast de Blagoevgrad (Bulgarie).
En -168, dans le contexte de la Troisième guerre de Macédoine, les Antigonides sont battus par la République romaine. La Macédoine passe sous sa souveraineté puis devient officiellement une province romaine en -146 (carte ci-contre), comprenant les territoires cités précédemment (la portion bulgare est beaucoup plus petite) auxquels il faut ajouter une partie de l'Albanie ainsi qu'une extension ver le sud. La région passe ensuite sous domination byzantine puis ottomane. Après la fin de la Seconde guerre mondiale, la Macédoine slave (c'est-à-dire correspondant à la Macédoine du Nord actuelle) rejoint le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes qui devient en 1930 le Royaume de Yougoslavie.
En 1945, est fondée la République populaire fédérative de Yougoslavie, composée de 6 Républiques populaires dont celle de Macédoine. Celle-ci adopte un drapeau rouge sur lequel figure une étoile décentrée rouge et bordurée de jaune (drapeau ci-contre). C'est ainsi, qu'à peu de choses près, le Royaume antique de Macédoine correspond en grande partie à la Grèce actuelle. Celle-ci estime qu'elle seule peut revendiquer l'héritage hellénique et s'en sert pour mettre en avant une continuité historique entre Macédoine antique et Macédoine grecque actuelle. Mais cela ne clôt pas le débat pour autant. Est-ce suffisant pour réclamer qu'une région voisine faisant partie de ce royaume et qui se nomme Macédoine dans ses frontières actuelles depuis 1918 ne puisse revendiquer également l'héritage d'Alexandre le Grand ? Il n'est pas aisé de répondre car même l'origine du nom "Macédoine" a droit à des versions historiques divergentes. De même, la langue parlée et l'ethnie dominante du Royaume de Macédoine n'étant pas grecques, il est légitime, d'une certaine manière, que la Macédoine du Nord est droit à revendiquer cet héritage.
Concernant le drapeau, celui-ci était donc modifié le 2 octobre 1995. Si la couleur rouge, symbolique de la région, fut préservée, le soleil de Vergina à 16 étoiles céda la place à un autre, non connoté, à 8 étoiles. Créé par l'architecte, graphiste et dessinateur Miroslav Grcev, le nouveau drapeau (proportions 1:2) divisa quelque temps la société macédonienne. Après un sondage montrant que 56.33% de la population était en faveur d'un nouveau drapeau, l'Assemblée nationale vota pour ce dernier par une majorité écrasante (110 pour, 2 abstentions, 4 contre).
Concernant l'Accord de Prespa, celui-ci entraîna en Grèce l'opposition des partis d'extrême-droite, d'extrême-gauche et du parti conservateur, Nouvelle Démocratie. La victoire de ce dernier aux élections législatives grecques du 7 juillet 2019 est considérée, selon certaines analyses, comme un vote sanction contre le premier ministre Alexis Tsipras et son parti de gauche, en raison - entre autres - de la signature de cet accord. Majoritairement nationaliste, la société grecque - non consultée - est farouchement opposée à la présence du nom "Macédoine" dans le nom officiel de l'Etat voisin. J. N
10:13 Publié dans Drapeau | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grèce, yougoslavie, macédoine, macédoine du nord, balkans, soleil de vergina, ex-yougoslavie, accord de prespa, miroslav grcev, argéades, philippe ii, philippe ii de macédoine, alexandre le grand, aigéai, manolis andronikos, ancienne république yougoslave de macédoine, macédoine antique, macédoine historique, albanie, bulgarie
12/12/2014
Indice de liberté de presse - 2014
Pour la quatrième année consécutive, la Finlande - archétype d'un système démocratique abouti - est le pays respectant le plus la liberté de presse, d'après les critères retenus par Reporters sans Frontières. Son classement annuel comprend 180 Etats (179 l'an passé, 178 en 2012). Les Pays-Bas sont seconds et la Norvège troisième.
Les pays scandinaves (dans la définition large du terme 'Scandinavie') sont d'ailleurs tous présents dans le Top 10 qui est également inchangé par rapport à l'année passée, à la différence près que d'une part le Liechtenstein (6e) et le Danemark (7e) et que d'autre part l'Islande (8e) et la Nouvelle-Zélande (9e) échangent de place.
Liberté de presse et niveau de corruption sont tous deux des indicateurs de démocratie. Par conséquent, il est fort logique que parmi les 10 premiers, 7 Etats figurent aussi dans le TOP 10 du classement selon l'Indice de corruption, effectué par l'ONG allemande Transparency International (voir notre note à ce propos).
En bas de classement, l'Erythrée est dernière à son habitude, suivie de la Corée du Nord et du Turkménistan, 3 Etats que l'on peut qualifier sans ambiguïté de "prisons à ciel ouvert". Ce top 10 des bonnets d'âne par rapport à l'an passé, à la différence que le Laos (171e) prend la place de Cuba (170e).
La France et les Etats-Unis sont respectivement 40ème et 46ème, la Russie 148ème. Au sein du continent africain, la Namibie est première (22e), suivie du Ghana (27e). Il faut descendre jusqu'au 91ème rang pour retrouver un pays arabe, le Koweit. Vient ensuite le Liban (106e).
Au niveau progression/régression, le Panama (87e) et l'Equateur (95e) font un bon de 24 places, suivis de l'Abanie (85e) qui en gagne 16. A contrario, la République centrafricaine (109e) enregistre la pire chute (-44). Le conflit en cours n'y est certainement pas étranger. Guerre et absence de liberté sont d'ailleurs intimement liés. Le Guatemala (125e ; -30), le Mali (122e ; -23), et la Zambie (93e ; -21) suivent. Mais il faut surtout noter la forte régression des Etats-Unis, autoproclamés pays de la liberté (-14). Enfin, la Grèce (99e) marque la plus mauvaise régression en Europe (-15) tandis que la Serbie (54e) y accomplit la meilleure progression (+9). J. N
Les 10 premiers
1.Finlande
2.Pays-Bas
3.Norvège
4.Luxembourg
5.Andorre
6.Liechtenstein (+1)
7.Danemark (-1)
8.Islande (+1)
9.Nouvelle-Zélande (-1)
10.Suède
Les 10 derniers
180.Erythrée (-1)
179.Corée du Nord (-1)
178.Turkménistan (-1)
177.Syrie (-1)
176.Somalie (-1)
175.Chine (-2)
174.Vietnam (-2)
173.Iran (+1)
172.Soudan (-2)
171.Laos (-3)
Classement complet
http://rsf.org/index2014/fr-index2014.php
19:20 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grèce, serbie, panama, équateur, albanie, guatemala, république centrfricaine, mali, syrie, somalie, vietnam, iran, soudan, états-unis, indice de liberté de presse 2014, reporters sans frontières, indice de liberté de presse, norvège, pays-bas, finlande, luxembourg, andorre, liechtenstein, danemark, suède, islande, nouvelle-zélande, chine, laos, erythrée, corée du nord, turkménistan
29/12/2011
Les pays européens les plus riches
Selon le PIB par habitant à parité de pouvoir d'achat, le Luxembourg se classe toujours premier dans ce classement des pays les plus riches d'Europe. Vient ensuite la Norvège, fort de ses réserves de pétrole et de poisson et certainement du fait que ce pays n'ait jamais adhéré à l'Union européenne. L'Allemagne est 10ème, le Royaume-Uni 11ème et la France 13ème. On retrouve une Grèce où la crise économique sévit, à une étonnante 17ème place, sur 39 pays. La Moldavie (39e), l'Ukraine (38e), et l'Albanie cloturent ce classement effectué selon les données du FMI.
Les 10 pays européens les plus riches
1.Luxembourg
2.Norvège
3.Pays-Bas
4.Autriche
5.Irlande
6.Suède
7.Islande
8.Danemark
9.Belgique
10.Allemagne
Classement complet
12:09 Publié dans Liste/Classement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les pays européens les plus riches, luxembourg, moldavie, norvège, pays-bas, autriche, irlande, suède, allemagne, albanie, ukraine, grèce, france, royaume-uni